• Qui après nous vivrez

    "Qui après nous vivrez" de Hervé Le Corre - Rivages noir

    Présentation de l'éditeur :

    A la fin du XXIe siècle, dans une grande ville de province, une jeune femme et son compagnon viennent malgré les crises à répétition, de donner naissance à un enfant. Un jour, le réseau électrique français s'effondre et une émeute plus violente que les autres éclate. Le jeune père ne rentre pas chez lui. Pour sa compagne, l'angoisse va grandissant.
    Trois générations plus tard, dans un monde où toute technologie avancée a disparu, un petit groupe de gens a trouvé un abri de fortune dans une maison campagnarde qui a échappé à la destruction. Pas pour longtemps. Des pillards vont bientôt l'incendier et les survivants vont devoir fuir sur les routes avec leur carriole et leur cheval. Commence une épopée proche du western, où chaque jour l'enjeu est de survivre...

    Première page :

    Il avait plu toute la nuit. Fenêtres et portes secouées par le vent, averses qu’on entendait venir de loin, martelant le sol,nuées compactes s’abattant sur la maison dans une rumeur furieuse. Léo se réveilla dans une confusion de bruits organiques : écoulements, régurgitations, chuintements. Il aurait pu se trouver, engourdi, dans la tiédeur flasque et détrempée d’un être en train de le digérer. Il se rappela cette histoire de navigateur avalé par une baleine puis recraché par la volonté d’un dieu. Il ne savait plus qui la lui avait racontée. Sa mère,peut-être. Il convoqua son image mais elle ne vint pas et il en eut le souffle coupé, un sanglot logé dans la poitrine,poing écrasé contre son cœur. Seul le timbre de sa voix, cette douceur tremblante, lui revint si nettement qu’elle aurait pu parler tout près de lui. Enfin le pâle visage, toujours soucieux, se reforma dans son esprit et il bougea les lèvres pour la nommer.

    Le jour bleuissait aux contours des volets. Il s’étonnait toujours de ce prodige : le soleil continuait de se lever sur ce monde finissant qui n’en finissait plus. La planète tournait sur son axe comme une volaille desséchée empalée sur sa broche,mue par un increvable moteur. Son père lui avait expliqué que le monde n’avait pas toujours été tel que le garçon le connaissait depuis sa naissance.

    Ce que j'en pense :

    Les romans d’Hervé le Corre sont souvent très sombres. Celui-ci est vraiment noir. C’est un récit post apocalyptique mais le début de l’histoire pourrait tout à fait se dérouler de nos jours (ce qui ajoute du noir au noir !). Évidemment on pense à « La route », à « La servante écarlate » et à « Station Eleven » mais la conduite du récit est plus complexe puisqu’elle se déroule sur trois générations. C’est bien sûr très bien écrit comme tous les livres de cet auteur mais, à mon avis, ce livre n’arrive pas à la hauteur de « Après la guerre » ou « Traverser la nuit »

    Qui après nous vivrez

     

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  • Rester groupés

    "Rester groupés" de Sophie Hénaff - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Ça bouge au 36 Quai des Orfèvres. De nouvelles recrues rejoignent les rangs de la brigade maudite du commissaire Anne Capestan, dont Saint-Lô, sorti de l'hôpital psychiatrique dans la peau de D'Artagnan, et Ratafia, rat policier.
    Sale affaire pour l'équipe de bras cassés : trois assassinats éparpillés sur le territoire. Un point commun : le tueur a prévenu ses victimes. Cerise sur le gâteau : l'ex-beau-père de Capestan est l'une d'elles.

    Première page :

    24 novembre 2012, dans le Vaucluse

    Jacques Maire longeait le canal qui traversait L’Isle-sur-la-Sorgue. Il comptait les canards. Les herbes vertes qui coloraient l’eau transparente se balançaient mollement, disparaissant parfois sous les scintillements du soleil. La rivière paisible berçait quelques barques et invitait le promeneur au ralentissement.

    Avec son sourire confiant de bienfaiteur du village, Jacques répondit au salut lointain d’un employé de la bibliothèque, puis il obliqua sous les platanes pour rejoindre la boulangerie. Sur la place, la dalle de marbre du monument aux morts attira son attention. Une gravure fraîche allongeait la liste. Une goutte de peinture dorée, encore humide, s’échappait de la dernière voyelle.

    On avait ajoute un nom.

    Jacques Maire : 17 aout 1943‑25 novembre 2012.

    25 novembre.

    C’était demain.

    Ce que j'en pense :

    On prend les mêmes « bras-cassées », on en ajoute quelques autres aussi déjantés et on a une bonne suite à « Poulets grillés ». C’est un agréable moment de lecture avec quelques scènes qui restent quand même au dessus du lot, comme la bagarre avec les supporters anglais. L’intrigue peut paraître un peu complexe ce qui donne parfois l’impression de longueurs. Faut-il lire la suite ? J’ai un doute.

    Rester groupés

     

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  • Poulets grillés

    "Poulets grillés" de Sophie Hénaff - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Le 36 quai des Orfèvres s'offre un nouveau patron. Faire briller les statistiques en placardisant tous ceux qu'on ne peut pas virer et qui encombrent les services : tel est le but de la manoeuvre.

    Nommée à la tête de ce ramassis d'alcoolos, de porte-poisse, d'homos, d'écrivains et autres crétins, Anne Capestan, étoile déchue de la Judiciaire, a bien compris que sa mission était de se taire. Mais voilà, elle déteste obéir et puis... il ne faut jamais vendre la peau des poulets grillés avant de les avoir plumés !

    Un polar original, nerveux, et désopilant.

    Première page :

    Paris, 9 août 2012

    Debout devant la fenêtre de sa cuisine, Anne Capestan attendait l’aube. D’une gorgée, elle vida la tasse en porcelaine et la posa sur la toile cirée en vichy vert. Elle venait de boire son dernier café de flic. Peut-être.

    La très brillante commissaire Capestan, étoile de sa génération, championne toutes catégories des ascensions fulgurantes, avait tire une balle de trop. Depuis, elle avait été traduite devant le conseil de discipline, avait écopé de divers blâmes et de six mois de suspension administrative. Puis silence radio, jusqu’au coup de téléphone de Buron. Son mentor, devenu patron du 36, était enfin sorti de sa réserve. Capestan était convoquée. Un 9 aout. C’était bien dans les manières de l’homme. Une façon subtile de signifier qu’elle n’était pas en vacances, mais inemployée. Elle ressortirait de cet entretien flic ou virée, a Paris ou en province, mais au moins ressortirait-elle fixée. Tout valait mieux que ce bain entre deux eaux, cette espèce de flou qui coupe la marche en avant.

    Ce que j'en pense :

    L’idée de départ est excellente de réunir une équipe de « bras cassés » avec des personnalités vraiment originales. Il y a aussi une bonne dose d’humour mais qui n’ose pas aller jusqu’au burlesque (sauf avec la « moto crottes »). C’est parfois un peu lent dans la conduite du récit mais ce livre reste très agréable à lire.

    Poulets grillés

     

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  • Action ou vérité

    "Action ou vérité" de M. J. Arlidge - Les Escales

    Présentation de l'éditeur :

    Une vague de criminalité frappe Southampton : un incendie parti de rien, un vol de voiture qui tourne mal, un meurtre dans un parc. Rien ne semble rapprocher ces événements et pourtant, quelque chose les relie.

    Au fur et à mesure de son enquête, Helen Grace observe avec effroi un puzzle machiavélique prendre forme. Toute la ville est menacée. Face à cette affaire d'une ampleur et d'une complexité inédites, Helen parviendra-t-elle à protéger les habitants de Southampton ?

    Première page :

    Il ne voulait pas se lancer, pourtant il le fallait. Il était allé trop loin, il avait mis trop en jeu pour reculer maintenant. Il s'arma de courage et avança à pas de loup, ses sens aux aguets pour scruter la cour sombre. Au moindre mouvement, au moindre risque d'être repéré, il ferait demi-tour et s'enfuirait sans y réfléchir à deux fois. Tout était calme. Aucun signe de vie. Il continua.

    La baraque en préfabriqué était plantée devant lui, isolée dans l'obscurité. Une faible lueur filtrait à travers les stores, seule indication d'une présence. Une anomalie qu'il était facile de rater pour celui qui atterrissait ici par hasard, dans ce lieu de décrépitude et de mort : un dépotoir pour voitures abandon- nées et électroménager défectueux. Où la curiosité n'était ni appréciée ni encouragée. Une chaîne ver- rouillait les grilles de l'entrée et, même si le cadenas avait cédé sans difficulté, peu s'aventuraient ici à moins d'y être obligés. Et nul ne se doutait des secrets que le préfabriqué recelait.

    Des pots d'échappement rouillés, des caisses vides et des appareils électriques obsolètes jonchaient le sol. Il pouvait à tout moment buter contre un obstacle, attirer l'attention de sa victime. Il marchait d'un pas prudent, se frayait peu à peu un chemin au milieu des détritus. Au loin, une sirène hurla et un oiseau apeuré s'envola en poussant un cri aigu. Il l'ignora, concentré sur la tâche qui l'attendait.

    Ce que j'en pense :

    L’intrigue est assez bien conduite et l’auteur sait s’y prendre à coups de petits chapitres pour ménager le suspens. Certains personnages, en particulier la journaliste et le capitaine, en font vraiment trop pour paraître « méchants ». On sent que ce livre fait partie d’une série qui sans doute est en train  de s’essouffler. De plus, l’écriture et la traduction ne sont pas vraiment au top. A lire quand on n'a rien d'autre à lire !

    Action ou vérité

     

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  • Mictlàn

    "Mictlàn" de Sébastien Rutés - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    A l'approche des élections, le Gouverneur - candidat à sa propre réélection - tente de maquiller l'explosion de la criminalité. Les morgues de l'Etat débordent de corps anonymes que l'on escamote en les transférant dans un camion frigorifique. Le tombeau roulant est conduit, à travers le désert, par Vieux et Gros, deux hommes au passé sombre que tout oppose. Leur consigne est claire : le camion doit rester en mouvement.
    Vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sans autre arrêt autorisé que pour les nécessaires pleins de carburant. Si les deux hommes dérogent à la règle, ils le savent, ils iront rejoindre la cargaison. Partageant la minuscule cabine, se relayant au volant, Vieux et Gros se dévoilent peu à peu l'un à l'autre dans la sécurité relative de leur dépendance mutuelle. La route, semée d'embûches, les conduira-t-elle au légendaire Mictlán, le lieu des morts où les défunts accèdent, enfin, à l'oubli ?

    Première page :

    Les ruines d'une église couverte de tags obscènes, un cheval crevé sur le bas-côté, un bordel pour routiers abandonné, encore de l'essence pour quatre heures, peut-être cinq, et cette envie de pisser, mais les ordres sont formels : interdiction de s'arrêter ailleurs qu'aux stations-service pour faire le plein, et encore pas longtemps, ordre du Gouverneur à en croire le Commandant, Gros sait ce que ça veut dire, ça veut dire : si tu t'arrêtes, c'est pour toujours, si tu t'arrêtes pour pisser, autant creuser ta tombe sur le bas-côté au milieu des ordures, vu que bientôt tu ne vaudras pas mieux qu'une canette écrasée ou un reste de sandwich moisi ou un préservatif jeté par un camionneur qui a levé une putain dans un des bordels qui s'alignent le long de la route, autant creuser ta tombe et t'y coucher tout de suite, ça fera moins mal et ça durera moins longtemps, le Commandant ne l'a pas dit comme ça mais c'est ce qu'il voulait dire, on ne dit jamais les choses comme ça dans ce pays, d'ailleurs on ne dit jamais grand-chose, mais on sait se faire comprendre et on sait deviner ce qui n'est pas dit, question de survie, on dit : tout de suite mais…

    Ce que j'en pense :

    Le style et le rythme de l’écriture donnent une grande puissance à ce texte. On sent bien tout au long du récit que même si la route est toute droite cela ressemble fort à un dernier voyage où la parole est donnée aussi bien aux vivants qu’aux morts… mais qui est vivant ?  C’est un roman très noir, qui peut être dérangeant aussi bien au niveau du thème que de l’écriture, mais ce roman laisse des traces.

    Mictlàn

     

     

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  • Dangereusement douce

    "Dangereusement douce" de Antoine Laurain - Flammarion

    Présentation de l'éditeur :

    Nathalia, une jeune femme photographe, consulte un psychanalyste. Elle prétend avoir perdu le goût de son métier après avoir photographié un meurtre.
    Vrai ? Faux ?
    Désœuvrée, elle observe ses voisins d’en face. Le psychanalyste lui propose de raconter, par écrit – étage par étage –, ce qu’ elle sait d’eux.
    Les récits qu’elle lui dépose chaque semaine sont-ils imaginaires ou réels ?
    De séance en séance, le Dr Faber et sa mystérieuse patiente se rapprochent de la vérité.

    Première page :

    Au centre des pavés disjoints, il y a un grand arbre. On n'a jamais su exactement à quelle espèce il appartenait ; certains habitants penchent pour un merisier,d'autres pour un chêne, bien qu'il n'ait jamais produit aucun gland. Avant d'arriver sous l'arbre, il faut traverser le porche arrondi qui servait autrefois aux voitures à chevaux. Sur la gauche, l'escalier de pierre blonde monte vers les étages et sa rampe de fer forgé noir grimpe en torsades délicates au-dessus des marches. À droite un autre escalier, en bois, dessert les étages de la façade nord. Puis un autre au fond, en bois lui aussi,ceux de la façade ouest. La façade est, elle, n'est accessible que du fond de la cour par un escalier constamment dans l'obscurité. L'ensemble, le hall, les escaliers comme les plafonds, aurait besoin d'un sérieux coup de peinture, mais ici personne ne semble pressé de monter des échafaudages ni de sentir l'odeur des enduits.

    Derrière les fines fenêtres qui enserrent la cour, on voit passer des ombres. Une fenêtre se referme, une autre s'entrouvre qui laisse filtrer quelques bruits du monde…

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman assez étrange qui nous questionne sur les deux principaux personnages tout au long du récit. Le suspense est subtil mais nous porte jusqu’à la fin car on sait que quelque chose sera révélé. On pense parfois à « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock.  Ne pas oublier de relire l’exergue lorsque l’on a terminé la lecture de ce roman.

    Dangereusement douce

     

     

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  • Pisse Mémé

    "Pisse Mémé" de Cati Baur - Dargaud

    Présentation de l'éditeur :

    Quatre meufs autour de la quarantaine réunies autour d'un projet collectif : ouvrir un bar associatif où l'on pourrait lire, faire du yoga, passer du bon temps. Son nom : Pisse-mémé. Une comédie feel good qui évoque les oeuvres de Posy Simmonds et mêle astucieusement quatre parcours de vie, qui prenne le chemin d'une sororité heureuse !

    Extrait :

    Pisse Mémé

    Ce que j'en pense :

    Une belle histoire d’amitié, de sororité. C’est tendre et plein d’humour mais cela n’empêche pas d’aborder des sujets sérieux et encore très actuels. Dessins et dialogues sont souvent entremêlés (parfois un peu trop) et donnent de la vie et un beau dynamisme à cette BD.

    Pisse Mémé

     

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  • Shit !

    "Shit !" de Jacky Schwartzmann - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Quand Thibault débarque à Planoise, quartier sensible de Besançon, il est loin de se douter que la vie lui réserve un bon paquet de shit. Conseiller d’éducation au collège, il mène une existence tout ce qu’il y a de plus banale. Sauf qu’en face de chez lui se trouve un four, une zone de deal tenue par les frères Mehmeti, des trafiquants albanais qui ont la particularité d’avoir la baffe facile. Alors que ces derniers se font descendre lors d’un règlement de comptes, Thibault et sa voisine, la très pragmatique Mme Ramla, tombent sur la cache de drogue.

    Que faire de toute cette came ? Lorsque notre duo improvisé compare ses fiches de paie avec le prix de la barrette, il prend rapidement une décision. Un choix qui pourrait bien concerner tout Planoise.

    Première page :

    Enculés d’Albanais

    C’est pour ne jamais devenir comme Frédéric Blanchard que j’ai choisi de ne pas être enseignant. Nous avons pourtant de nombreux points communs. Nous sommes tous deux de gauche, lui France insoumise, moi modeste socialiste. Nous consacrons tous deux notre carrière, pour ainsi dire notre vie, à la jeunesse. Nous sommes tous deux de fervents républicains, amoureux de notre pays, la France. La différence ? Il pue de la gueule.

    Je le soupçonne de chiquer des chaussettes sales.

    Ses fringues aussi puent de la gueule. Pantalon en velours côtelé, chaussures Paraboot à rebord et coutures apparentes, chemise blanche, veste de marin informe. Frédéric porte un uniforme. Ensuite, c’est dans la tête : il est toujours fâché. Révolté. Ulcéré. Il fait tourner dans son cerveau surchauffé des gimmicks révolutionnaires, on dirait DJ Staline : le ministre de l’Éducation nationale est un nazi qui dispose d’une administration complice dont la principale obsession est d’augmenter les effectifs des classes ; tous les gouvernements, depuis 1983 et le tournant mitterrandien de la rigueur, sont vendus au grand capital ; les Arabes sont les nouveaux prolétaires ; les flics sont des chiens. Amen.

    Cela dit, seules deux choses priment réellement à ses yeux : le combat et lui-même. Frédéric aime combattre …

    Ce que j'en pense :

    Voilà un roman qui fait fi de la morale et qui pourrait même nous montrer comment se lancer dans le biseness de la vente de shit (c’est très pédagogique et très bien renseigné !). L’auteur connaît bien le quotidien de ces banlieues devenues des ghettos. Ce roman est très caustique, rempli d’humour et on est en empathie complète avec les personnages (en particulier Thibault). Même si le récit est souvent loufoque ce livre dresse un portrait très juste et plein de finesse de l’école et de la vie dans ces cités. Un vrai coup de coeur.

    Shit !

     

     

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  • Reste

    "Reste" de Adeline Dieudonné - L'Iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    Je ne suis pas certaine d'avoir pleinement saisi ce qui m'est arrivé, ni ce qui m'a conduite à agir comme je l'ai fait. Certains matins, tout me semble limpide. À d'autres moments, je me vois comme un monstre, une créature que je ne reconnais pas, qui m'aurait possédée dans un instant de vulnérabilité. Mais je crois que cette image vient du regard des autres.
    J'ai fait ce que je pouvais.
    Il n'y a pas de morale à cette histoire. Tout ce que je sais, c'est que je vous dois les faits. Je vais donc m'attacher à les relater pour vous, et sans doute aussi pour moi, avec toute la précision dont je suis capable. Ils m'emmèneront sur des territoires obscurs, dans les marécages de ma conscience et, pour quelques secondes encore, contre la peau de M.

    Première page :

    Mardi 5 avril 2022.

    M est là, allongé près de moi. Il est mort.

    Il est mort.

    J'espère, en les écrivant, que ces mots m'aideront à appréhender cette réalité.

    Je les observe, les déchiffre tandis qu'ils se forment sous ma main, les écris encore, pour en saisir la chair.

    Ils m'échappent, me glissent hors des yeux, je recommence.

    J'aurais dû vous appeler hier déjà, pour vous prévenir. Je ne le ferai pas.

    Alors que j'écris ces lignes, vous ignorez la mort de M. Je vous envie pour ça.

    9 h 32. J'ai regardé sa montre sur la table de nuit, là où il l'a laissée.

    Ce que j'en pense :

    C’est un « road-movie »assez peu vraisemblable en compagnie d’un cadavre, qui peut mettre mal à l’aise. On arrive cependant à suivre ce personnage, à l’accompagner dans son deuil et sa folie, mais sans être complètement embarqué dans son aventure. Quelque chose m’a retenu juste sur le bord. « Reste » n’a pas l’intensité de « La Vraie Vie » mais est bien supérieur à « Kérozène ».

    Reste

     

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  • Déserter

    "Déserter" de Mathias Enard - Actes Sud

    Présentation de l'éditeur :

    Quelque part dans un paysage méditerranéen orageux familier et insaisissable, en marge d’un champ de bataille indéterminé, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence. Le 11 septembre 2001, sur la Havel, aux alentours de Berlin, à bord d’un petit paquebot de croisière, un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand de génie, disparu tragiquement, resté fidèle à son côté du Mur de Berlin, malgré l'effondrement des idéologies.
    La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement... le nouveau roman de Mathias Enard – vif, bref, suspendu – observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.

    Première page :

    Il a posé son arme et se débarrasse avec peine de ses galoches dont l’odeur (excréments, sueur moisie) ajoute encore a la fatigue. Les doigts sur les lacets effiloches sont des brandillons secs, légèrement brûles par endroits ; les ongles ont la couleur des bottes, il faudra les gratter a la pointe du couteau pour en retirer la crasse, boue, sang séché, mais plus tard, il n’en a pas la force ; deux orteils, chair et terre, sortent de la chaussette, ce sont de gros vers macules qui rampent hors d’un tronc sombre, noueux a la cheville.

    Il se demande tout a coup, comme chaque matin, comme chaque soir, pourquoi ces godasses puent la merde, c’est inexplicable,

    tu as beau les rincer dans les flaques d’eau que tu croises, les frotter aux touffes herbeuses qui crissent, rien n’y fait,

    il n’y a pourtant pas tant de chiens ou de bêtes sauvages, pas tant, dans ces hauteurs de cailloux saupoudrées de chênes verts, de pins et d’épineux ou la pluie laisse une fine boue claire et un parfum de silex, pas de merde, et il lui serait facile de croire que c’est tout le pays qui remugle, depuis la mer, les collines d’orangers puis d’oliviers jusqu’au fin fond des montagnes, de ces montagnes, voire lui-même,

    Ce que j'en pense :

    Alternance entre deux récits qui n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre au niveau de la forme et des personnages. Bien sûr on peut trouver le titre du livre comme sujet commun. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au récit du mathématicien, celui avec le soldat m’a plus accroché mais, au final, ce roman est plutôt une déception.

    Déserter

     

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