-
Déserter
"Déserter" de Mathias Enard - Actes Sud
Présentation de l'éditeur :
Quelque part dans un paysage méditerranéen orageux familier et insaisissable, en marge d’un champ de bataille indéterminé, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence. Le 11 septembre 2001, sur la Havel, aux alentours de Berlin, à bord d’un petit paquebot de croisière, un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand de génie, disparu tragiquement, resté fidèle à son côté du Mur de Berlin, malgré l'effondrement des idéologies.
La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement... le nouveau roman de Mathias Enard – vif, bref, suspendu – observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.Première page :
Il a posé son arme et se débarrasse avec peine de ses galoches dont l’odeur (excréments, sueur moisie) ajoute encore a la fatigue. Les doigts sur les lacets effiloches sont des brandillons secs, légèrement brûles par endroits ; les ongles ont la couleur des bottes, il faudra les gratter a la pointe du couteau pour en retirer la crasse, boue, sang séché, mais plus tard, il n’en a pas la force ; deux orteils, chair et terre, sortent de la chaussette, ce sont de gros vers macules qui rampent hors d’un tronc sombre, noueux a la cheville.
Il se demande tout a coup, comme chaque matin, comme chaque soir, pourquoi ces godasses puent la merde, c’est inexplicable,
tu as beau les rincer dans les flaques d’eau que tu croises, les frotter aux touffes herbeuses qui crissent, rien n’y fait,
il n’y a pourtant pas tant de chiens ou de bêtes sauvages, pas tant, dans ces hauteurs de cailloux saupoudrées de chênes verts, de pins et d’épineux ou la pluie laisse une fine boue claire et un parfum de silex, pas de merde, et il lui serait facile de croire que c’est tout le pays qui remugle, depuis la mer, les collines d’orangers puis d’oliviers jusqu’au fin fond des montagnes, de ces montagnes, voire lui-même,
Ce que j'en pense :
Alternance entre deux récits qui n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre au niveau de la forme et des personnages. Bien sûr on peut trouver le titre du livre comme sujet commun. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au récit du mathématicien, celui avec le soldat m’a plus accroché mais, au final, ce roman est plutôt une déception.
__________
-
Commentaires