• De Pitchik à Pitchouk

    "De Pitchik à Pitchouk" de Jean-Claude Grumberg - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Vous est-il déjà arrivé un soir de réveillon de croiser le père Noël égaré dans votre propre cheminée ? Ou vous êtes-vous déjà endormi dans votre petit lit douillet et réveillé quelque part entre Pitchik et Pitchouk étoilé et numéroté ? Non ? Alors réjouissez-vous car ce conte est pour vous.
    Une très vieille personne – de mon âge, c’est tout dire – me confia sous le sceau du secret la recette de ce conte de Noël à déguster chaud ou froid, à Pâques ou à Roch Hachana, avec un thé citron ou un verre de vodka, seul ou avec la terre entière, à l’hosto ou chez soi près de sa cheminée Napoléon III : cueillir quelques brins de passé, de présent, de mémoire et d’oubli. Ajouter des rires d’enfants, plein la casserole, et des larmes à gogo, un père Noël standard avec sa mère Noël. Saupoudrer le tout d’un nuage de fleur d’oubli. Couvrez et laissez mijoter à feu doux. Pourquoi l’oubli ? Pour obliger la mémoire infidèle à se souvenir de ce qui fut et qui n’est plus, de ceux qui furent et disparurent.

    Première page :

    À Noël dernier, mes enfants, ils sont presque tous déjà grands-parents, sont passés me faire coucou avant de rejoindre leurs propres enfants qui donnaient une fête je ne sais plus où. Moi, je n'ai pas eu le cœur de me joindre à eux. Ils ne me l'ont du reste pas proposé. Je me suis donc retrouvée seule chez moi. Ne sachant pas quoi faire, j'ai décidé de regarder la télé, mais je n'y ai rien trouvé d'intéressant, pardon, rien qui m'intéresse. Depuis quelque temps je ne trouve rien d'intéressant, ni à la télé, ni ailleurs d'ailleurs. Bon, c'est comme ça, dit-on, quand on vieillit trop.

    Je me suis donc mise au lit, mais là je n'ai pas trouvé le sommeil. Où s'était- il donc caché ?

    Ce que j'en pense :

    C’est un joli conte (moins puissant que "La plus précieuse des marchandises") qui commence de façon assez loufoque mais qui se révèle souvent malicieux et intelligent. C’est à la fois tendre et triste. Même si cela peut paraître un peu décousu, tout s’imbrique admirablement jusqu’à la fin qui finira bien par arriver ! L’auteur ne croit plus au père Noël mais croit encore en l’amour.

    De Pitchik à Pitchouk

     

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  • Atmore Alabama

    "Atmore Alabama" de Alexandre Civico - Actes Sud actes noirs

    Présentation de l'éditeur :

    Lorsqu’il atterrit en Floride, il sait exactement où sa voiture de location doit le mener : Atmore, bourgade paumée au fin fond de l’Alabama. Il s’installe chez l’habitant, instaure un semblant de routine et rencontre une jeune Mexicaine désespérée. Un lien naît entre lui, l’étranger que l’on devine ravagé par la douleur, et cette fille à la dérive, noyée dans la drogue. Que vient chercher ce Français au royaume des rednecks, de l’ennui et des armes à feu ? Rien ne paraît l’intéresser sinon la prison, à l’écart de la ville, autour de laquelle il ne peut s’empêcher d’aller rôder…
    Ce roman de la chute, noir, dense, invoque dans un même surgissement le décor d’une Amérique qui s’est perdue et le saccage intérieur d’un homme qui ne sait plus comment vivre.

    Première page :

    Williams Station Day 7h45

    Le premier train du jour surgit du brouillard. Deux gros yeux jaunes, en colère, jaillissent soudain, éclairant le museau renfrogné de la locomotive qui tire derrière elle des dizaines de wagons et de containers. Wllliams Station Day, dernier samedi d'octobre. L'odeur de carton-pâte des petits matins froids. Une brume épaisse couvre la matinée comme un châle. A l'approche de la gare, le train pousse un mugissement de taureau à l'agonie. La foule assemblée là pour le voir passer lance un grand cri de joie, applaudit, se regarde applaudir, les gens se prennent à témoin, oui, le Williams Station Day a bien officiellement commencé. Je regarde Eve, ses yeux aux teintes orangées brillent d'un éclat enfantin. Certains wagons sont bariolés aux couleurs de l'événement, d'autres aux couleurs de la sainte Amérique. La ville d'Atmore fête sa fondation, cent ans plus tôt, autour de la voie ferrée, seule et unique raison de son existence. On célèbre aujourd'hui l'établissement d'une vague gare devenue une vague ville. Le serpent monstrueux traverse, raide, Atmore pendant un bon quart d'heure, un kilomètre au moins de wagons et de containers avance à une allure modérée, bruyamment, devant une population qui revient tous les ans se célébrer elle-même. L'air est encore frais.

    Ce que j'en pense :

    C’est une histoire pleine de tristesse et de désespoir et le style de l’auteur rend bien ce ressenti. C’est bien écrit (peut-être un peu trop bien !) la forme est intéressante mais on n’a pas beaucoup d’empathie pour les personnages. Ce livre est quand même assez original dans son genre.

    Atmore Alabama

     

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  • Six fourmis blanches

    "Six fourmis blanches" de Sandrine Collette - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Dans ces montagnes du nord de l’Albanie, le mal rôde toujours. Dressé sur un sommet aride et glacé, Matthias s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle. À des kilomètres de là, Lou et ses compagnons partent pour trois jours de trekking intense. Mais, égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de l’un d’entre eux, ils vont devoir lutter pour survivre.

    Première page :

    Mathias

    Le mal suinte de ce pays comme l’eau des murs de nos maisons tout le long de l’hiver. Enraciné en nous, telle une sangsue fossilisée sur une pierre. C’est ce que disait mon grand- père, et avant lui son père, et le père de son père : depuis toujours ces montagnes sont maudites. Qui se souvient que quelque chose de beau y ait été conçu, s’y soit développé ? Que de contreparties à notre présence ici, que de compromis pour nous donner, parfois, le sentiment de bien vivre. Les vieux répètent à l’envi que les mauvais esprits ont choisi cet endroit pour venir mourir ; qu’ils y agonisent des années durant, crachant des imprécations sur nos roches et nos forêts malingres. Nous sommes de trop dans ces vallées ; nous en payons le prix fort. Nous aurions dû abandonner ces terres où nous n’avons jamais été les bienvenus. Si seulement nous étions raisonnables. Mais nous sommes faits de la même caillasse, refusant de céder une once de terrain, acharnés à faire pousser les tubercules qui nous permettent de tenir amaigris jusqu’au printemps suivant. Heureux d’un rien, aussi.

    — Nous observons stupéfaits les gens des villes étrangères investir notre région pendant les vacances.

    Ce que j'en pense :

    Le récit est très bien conduit même si on devine que ces deux histoires de Mathias et de Lou vont se croiser. L’autrice sait nous entraîner au cœur de catastrophes naturelles et elle nous tient en haleine de bout en bout. J’ai eu beaucoup d’empathie pour les trois personnages principaux qui sont parfaitement décrits. Le style est agréable et efficace. C’est un bon livre de Sandrine Collette mais tout à fait aussi fort que « On était des loups »

    Six fourmis blanches

     

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  • "La plaque qui brille au retrait de la mer" de Jean-Pierre Siméon - Éditions Project'îles

    Présentation de l'éditeur :

    Dans La Flaque qui brille au retrait de la mer, Matière à réflexion, essai et aphorismes, Jean-Pierre Siméon s’empare avec énergie et malice de l’occasion qui lui est donnée d’apporter réponse à l’insoluble et ambigu questionnement « Mais comment donc êtes-vous devenu poète ? ».

    Jean-Pierre Siméon donne des clés au forçat volontaire qu’est le poète pour révolutionner cette matière qu’est la langue. Dans l’exploration de la nécessaire tension qui définit l’expérience humaine entre l’aspiration à la norme et « le désir d’effraction » - tension intrinsèque à la langue et à la vie elle-même - c’est alors une éthique qui se dessine, une morale de l’arrachement.

    Première page :

    Mais comment donc êtes-vous devenu poète ? Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de poètes qui n'aient été un jour ou l'autre confrontés à la question. Le diable si pour ma part je ne me suis pas trouvé cent fois requis de répondre à cette interpellation dont le ton varié sur lequel elle était proférée — de simple étonnement, d'admiration, de compassion, voire parfois de presque accusation — me mettait également en fâcheuse posture. Parce que même si je veux en faire ici la matière de ma réflexion, il est honnête de commencer par avouer, paradoxalement, que je n'en sais rien. Que nul poète sans doute ne peut exactement le dire. Certes, tout poète, acculé, peut bien, comme il faudra que je le fasse pour n'avoir point l'air de me dérober, évoquer tel moment originel reconstruit par la mémoire, telle rencontre, telle circonstance, tel événement de son enfance ou de sa jeunesse, mais le questionneur a tôt fait de comprendre qu'on ne lui offre là que des hypothèses, des arguments fragiles, des souvenirs incertains, bref des preuves qui ne prouvent rien puisqu'il est probable qu'il a vécu lui-même tel moment semblable, telle circonstance approchante, telle rencontre possiblement favorisante et qu'il n'est pas devenu poète pour autant.

    Ce que j'en pense :

    Évidemment que ce livre ne nous donnera aucune réponse définitive mais il nous aura aidé, au moins, à savoir ce que n'est pas la poésie, en nous interrogeant sur nos supposées certitudes.  C'est sans doute l'essence de la poésie de nous interroger sur ce qui nous entoure et fait la vie.

    La plaque qui brille au retrait de la mer

     

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  • "Le labyrinthe inachevé" de Jeff Lemire - Futuropolis

    Présentation de l'éditeur :

    Will est chef de chantier. Tout au long de sa journée, Will est hanté par sa fille, morte dix ans auparavant et à son incapacité à s’en rappeler, comme de se remémorer les événements importants de sa vie. Il en néglige toute socialisation, dans sa vie privée comme au travail. Jusqu’à ce qu’un mystérieux appel téléphonique au cœur de la nuit chamboule sa vie. L’appel lui indique que sa fille est toujours vivante, coincée dans le labyrinthe d’un livre de jeux qu’elle n’avait pas terminé avant de disparaître. Convaincu que son enfant le contacte d’au-delà de ce monde, il utilise un labyrinthe inachevé d’un de ses journaux et une carte de la ville pour ramener sa fille à la maison…
    Jeff Lemire revient avec un roman graphique légèrement fantastique où le surnaturel côtoie le réel. Par sa grande humanité et son écriture teintée de surréalisme, ce récit rappelle les meilleurs romans de Haruki Murakami.

    Extrait :

    Le labyrinthe inachevéLe labyrinthe inachevé

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce que j'en pense :

    Très bel album qui parle de souvenir, de deuil. Le scénario, les dessins, les couleurs, la mise en page… tout concorde à nous embarquer avec le héros dans un univers semi fantastique entre rêve et réalité.  Je n’avais encore pas lu d’albums de cet auteur mais je sens que je vais en lire quelques autres.

    Le labyrinthe inachevé

     

     

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  • Accordez moi la parole

    "Accordez moi la parole" de Vinciane Moeschler - Mercure de France

    Présentation de l'éditeur :

    Salomé est une jeune romancière à succès. Alors qu’elle commence l’écriture de son prochain livre, Raphaëlle Lombardo surgit dans sa vie. Maman à la tendresse qui dérape, elle peine à faire grandir ses enfants. Elle est l’épouse que le conjoint abandonne, la fille qu’on a mal aimée. Son petit dernier, son « bébé d’amour », était sa dernière chance. En commettant l’interdit, elle rejoint le cercle tragique des criminelles et réclame la parole : être jugée plutôt que réduite au silence.
    À contre-courant de la maternité idéalisée, Vinciane Moeschler dresse le portrait d’une femme que personne n’a voulu voir sombrer. En abordant de manière frontale un sujet qui dérange, elle questionne les limites d’un acte qui assassine nos repères. Un roman inclassable, terriblement puissant.

    Première page :

    Jugée responsable de mes actes, j'ai dû répondre des faits devant une cour d'assises.

    Comme la main un peu ferme qui se dépose sur votre épaule, j'ai approuvé.

    Accordez-moi la parole. Tout inculpé y a droit, non ?

    Je ne souhaitais pas qu'on me prenne pour une cinglée, qu'on me tienne à l'écart.

    Privée de ce procès, réduite au silence, je n'aurais pas eu la possibilité de raconter.

    Mon histoire.

    Cette histoire.

    Qui m'a conduite à l'acte le plus indicible qui soit.

    Donner sens à l'abominable allait me permettre d'accepter l'enfer que serait ma vie.

    Non pas celle qui m'a été proposée à la naissance.

    Pas celle que j'aurais souhaitée.

    Celle que vous, eux, les autres, ont piétinée.

    Celle qui m'a été confisquée parce qu'on m'a laissée trop seule.

    Ce que j'en pense :

    De nouveau un coup de cœur pour ce livre de l’autrice (après Alice et les autres). Le sujet principal est l’infanticide mais d’autres thèmes y sont abordés, comme la prison, la maladie mentale, le rôle de la romancière…C’est écrit de façon fragmentée, directe, originale et peut se lire très rapidement. C’est un livre intense, sensible et puissant qui nous questionne sur la frontière entre la « normalité » et la « folie ».

    Accordez moi la parole

     

     

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  • Les enfants véritables

    "Les enfants véritables" de Thibault Bérard - J'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    Cléo est une jeune femme solaire. Pourtant, tout n'est pas que lumière dans son monde... Entre les absences de sa mère "herbe folle" et les sacrifices de son père "chêne", elle a grandi au coeur d'une histoire familiale tourmentée. Mais par-delà ses failles et ses blessures, elle avance. Lorsqu'elle croise le chemin de Théo, lui aussi accidenté de la vie, elle est bien décidée à lutter pour leur droit au bonheur. Théo est veuf ; il a deux enfants. Comment les choses pourraient-elles être simples ?Guidée par sa soif inextinguible de vie, Cléo engage son plus beau combat pour leur amour et, surtout, pour ce lien plus fort que tout - plus fort que celui du sang - entre elle et les enfants.

    Première page :

    — Mais Papa, on est d’accord, c’est moi ton enfant véritable ?

    Paul sourit sous son bonnet. « On est d’accord. » Cette gamine, elle ne s’arrête jamais. Va savoir où elle est allée chercher cette histoire d’enfant véritable… Peut-être sur le dos d’un livre, dans la bibliothèque ? Ça lui dit vaguement quelque chose. De sa main gauche, il serre plus fort le morceau de bois qu’il sculpte et, de l’autre, il jette trois coups de canif rapides sur l’écorche tendre, afin de se donner une idée de la forme voulue, pour plus tard. Entre ses doigts de bûcheron, la figurine paraît minuscule… Il la fait tourner un moment sous le soleil d’été, devinant du coin de l’oeil les montagnes qui les entourent, lui et sa fille.

    Sa Cléo. Cléo s’est juchée sur un rocher plat bien chaud, au-dessus de lui, ses chaussures de randonnée délassées dans l’air – elle les agite comme deux petites balles au bout de ses mollets rondelets, pour faire sentir à son père qu’elle est impatiente d’entendre sa réponse.

    Ce que j'en pense :

    C’est dans la continuité de son précédent roman « Il est juste que les forts soient frappés ». L’auteur poursuit ses questionnements sur la parentalité, sur les relations familiales. C’est souvent très juste, assez puissant et, pour moi, toujours très émouvant. Les personnages sont très attachants, en particulier Camille, César et Solène. Un roman à la fois très fort et rempli de douceur.

    Les enfants véritables

     

     

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  • Attraper le lapin

    "Attraper le lapin" de Lana Bastasic - Gaïa

    Présentation de l'éditeur :

    Après douze ans sans nouvelles, Sara, une Bosnienne installée à Dublin, reçoit un appel de son amie d'enfance, Lejla. Cette dernière lui demande de venir la chercher au pays pour la conduire à Vienne, où se trouverait son frère disparu pendant la guerre, deux décennies plus tôt. Malgré la distance et les années de silence hostile, Sara accepte de l'aider. Ensemble, elles se lancent dans un road-trip au coeur des ténèbres de l'Europe et plongent dans le "terrier" de leur passé commun.

    Première page :

    qu’on commence par le début. On a quelqu'un, puis on ne l’a plus. Voilà à peu près toute l’histoire. Sauf que tu dirais, toi, qu'avoir quelqu'un, ce n:est pas possible. Ou devrais-je plutôt dire : elle dirait ? Il v a des chances que ce soit mieux, que ça te plaise davantage. dans un livre. Bon, d'accord.

    Elle dirait donc qu’avoir quelqu’un ce n'est pas possible. Mais elle aurait tort. On peut posséder les gens pour honteusement peu. Seulement, elle préfère se voir comme l’immuable principe du bon fonctionnement de l'univers. La vérité, c'est qu'on peut avoir quelqu'un, mais pas l’avoir, elle. On ne peut pas avoir Lejla. À moins de la tuer, de l’encadrer, de l'accrocher au mur. D'ailleurs sommes-nous encore les mêmes une fois figés sur la pellicule ? Pour moi, certain : s'arrêter et Lejla, ça a toujours fait deux. C'est pour ça qu'elle est floue sur tant de photos. Elle n'a jamais su s’arrêter.

    Même maintenant, dans ce texte. je la sens presque gigoter. Elle glisserait entre deux phrases si elle pouvait. comme une mite entre les lames d'un store. et elle grignoterait cette histoire de l'intérieur. Elle se réserverait les fringues à paillettes qui lui ont toujours tellement plu. elle se rallongerait les jambes, se gonflerait les seins. ajouterait quelques mèches à ses cheveux. Moi. elle me massacrerait. elle ne laisserait que quelques touffes pendouiller sur mon crâne. elle me collerait un défaut d’élocution. une patte folle. elle inventerait une difformité qui me ferait lâcher mon crayon.

    Ce que j'en pense :

    C’est une très belle surprise que ce livre, qui commence par la fin (ou finit par le début !). L’héroïne recherche presque l’impossible qu’elle a « cru » vivre dans son enfance en Bosnie, avec son amitié de jeunesse, la guerre, l’absence, l’amour rêvé… C’est écrit d’une façon très originale, avec beaucoup de comparaisons surprenantes, souvent loufoques mais malheureusement cela manque parfois de fluidité.

    Attraper le lapin

     

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  • Macha ou l'évasion

    "Macha ou l'évasion" de Jérôme Leroy - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Macha-des-Oyats, 107 ans, vit dans le « monde de la Douceur ». Née au tout début du XXIème siècle, c’est l’une des dernières personnes à avoir connu l’époque ultraviolente et morose du « monde de la Fin ». Macha raconte sa jeunesse solaire et rebelle, son amour perdu, sa fuite vers un idéal… Un éclairage sans fard sur notre époque. Un roman noir à méditer.

    Première page :

    Vers 2100 et des poussières, ZAD d'Équemauville

    Ils sont arrivés dans notre ZAD un mardi.

    Il y avait deux filles et un garçon. Je ne les connaissais pas.

    Ou je ne me souvenais pas d'eux.

    Après tout, j'ai cent sept ans depuis le printemps.

    Je les avais peut-être croisés lors de ces fêtes où nous nous retrouvons à plusieurs milliers pour le plaisir d'être ensemble, d'échanger nos produits, de rencontrer celui ou celle avec qui on partagera un arbre pour quelques jours ou pour la vie... Qui sait, je les avais peut-être même eus comme élèves, à l'époque où j'enseignais dans les Arbres-Écoles de la région ?

    La première chose qui m'ait frappée, c'était que tous les trois, les deux filles et le garçon, étaient très beaux. Ils rayonnaient d'intelligence et dégageaient une impression de calme tout en ayant l'air très décidés. Ils avaient à peine vingt ans.

    Cela voulait dire qu'ils appartenaient à la quatrième génération de la Douceur.

    Je les ai comparés avec ceux de leur âge qui vivaient dans le monde de la Fin. Cette manie de la comparai- son me prend de plus en plus fréquemment quand je rencontre de très jeunes gens.

    Ce que j'en pense :

    A l'origine c'est un livre jeunesse des éditions Syros, cela prouve bien qu'il ne faut pas trop catégoriser la littérature. C'est une très belle fable qui nous montre que malgré ce qui risque d'arriver (et qui arrive!) à notre monde (fascisme, extrême droite, réchauffement...) l'avenir peut être dans la Douceur. Ce livre très bien écrit se lit d'une traite. On se prend à rêver : et si le mode de vie adoptée par ce que l'on qualifie de "marginaux", de Zadistes, préfigurait avec bonheur notre avenir !

    Macha ou l'évasion

     

     

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  • Famille

    "Famille" de Lydie Salvayre - Tristram

    Présentation de l'éditeur :

    "Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère."

    Première page :

    Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère.

    Il est 14 h 55. La série « Coeurs brisés » va bientôt commencer. La mère allume la télé et s'assied sur le canapé du salon. Le fils s'installe à ses côtés. Je suis rien j'inexiste dit-il. Mon esprit est tué. On l'a jeté vivant dans un puits atomique aux abords du Grand Rhône. Mes pensées sont dictées par un ordinateur central basé à Washington. Cependant la chair de mon être est à vif. Elle saigne. Elle souffre. Qui pourrait m’expliquer ce dilemme ?

    Ce que j'en pense :

    Dans ce récit très court l’autrice dresse le portrait d’une famille d’une manière assez cinglante et parfois cruelle. Elle sait mettre le doigt où ça fait mal ! Beaucoup de thèmes sont abordés dans ces pages : la violence, la misère affective bien sûr mais aussi la détresse face à la maladie mentale.

    Famille

     

     

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