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Jacaranda
"Jacaranda" de Gaël Faye - Grasset
Présentation de l'éditeur :
Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.Première page :
La guerre ! J’ignore pourquoi j’ai répondu « la guerre » quand Sophie, la déléguée qui préparait ma défense au conseil de classe, m’a demandé pour quelles raisons mes résultats du dernier trimestre étaient si catastrophiques. Elle a insisté : « La guerre ? » J’ai répété : « Oui, la guerre. » Je n’allais quand même pas avouer que je n’avais rien foutu, que j’étais un tire-au-flanc qui passait son temps à rêvasser et à écouter du rock. Il fallait trouver une explication convaincante, impossible à vérifier, et qui puisse émouvoir le conseil de classe. J’aurais pu prendre l’excuse de la maladie grave, du cancer ou de l’insuffisance cardiaque, mais il aurait fallu fournir des justificatifs médicaux ; ou raconter que mes parents s’étaient récemment séparés, mais c’était le cas de la moitié des élèves du bahut et ça ne les empêchait pas d’avoir des notes convenables. Alors, sans trop réfléchir, j’ai dit que c’était à cause de la guerre dans le pays de ma mère. Je n’en revenais pas d’inventer un mensonge pareil ! Mais plus j’y pensais et plus je trouvais cette histoire crédible. Aux infos, on parlait de ce conflit depuis des semaines, avec des images choquantes qui hantaient l’esprit.
Ce que j'en pense :
Le sujet est terrible. On mesure à la lecture de ce roman l’énorme traumatisme vécu par les Tutsi et nos responsabilités en tant qu’occidentaux, pour avoir laisser faire ou avoir fermer les yeux. L’écriture ne gomme pas la cruauté de certaines scènes faisant malheureusement partie de l’histoire du pays. Un bon livre et des personnages représentatifs de plusieurs générations. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Stella. Un petit bémol : j’ai trouvé quelques longueurs dans la dernière partie et des passages un peu trop factuels.
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