• Entre fauves

    "Entre fauves" de Colin Niel - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n’a plus trouvé la moindre trace de Cannellito, le seul plantigrade avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait encore ces forêts, pas d’empreinte de tout l’hiver, aucun poil sur les centaines d’arbres observés. Martin en est chaque jour plus convaincu : les chasseurs auront eu la peau de l’animal. L’histoire des hommes, n’est-ce pas celle du massacre de la faune sauvage ? Alors, lorsqu’il tombe sur un cliché montrant une jeune femme devant la dépouille d’un lion, arc de chasse en main, il est déterminé à la retrouver et la livrer en pâture à l’opinion publique. Même si d’elle, il ne connaît qu’un pseudonyme sur les réseaux sociaux : Leg Holas. Et rien de ce qui s’est joué, quelques semaines plus tôt, en Afrique.
    Entre chasse au fauve et chasse à l’homme, vallée d’Aspe dans les Pyrénées enneigées et désert du Kaokoland en Namibie, Colin Niel tisse une intrigue cruelle où aucun chasseur n’est jamais sûr de sa proie.

    Première page :

    30 mars

    Charles

    L’heure était venue de faire face aux hommes, leurs silhouettes de bipèdes dressées dans le crépuscule comme des arbres en mouvement, si proches de lui à présent, à peine trois foulées pour les atteindre, et leur odeur sans pareille,sueur amère et terre lointaine, et leurs cris indéchiffrables,et leurs peaux couvertes d’autres peaux qui n’étaient pas les leurs, jamais il ne les avait tant approchés, il avait fallu qu’ils l’y poussent, un jour entier à les sentir à ses trousses,un jour entier à sillonner le bush, à ramper sous les épines des acacias, à raser les murs de pierre enflammés de soleil,à creuser et recreuser cent fois sa trace, de broussaille en broussaille, les pas dans les mêmes empreintes, les détours innombrables entre les troncs, n’importe quoi pour les faire lâcher prise, un jour entier à se sentir gibier et non plus prédateur, la patience mise à mal, agacée, nerfs à vif, un jour entier auquel il venait de mettre fin, surtout ne pas leur laisser cette victoire-là, pas lui, pas ici, pas dans ce désert qu’il arpentait depuis toujours et dont il savait tout, les ruses et les ingratitudes, les nuits glacées autant que les jours brûlants,…

    Ce que j'en pense :

    C’est vrai que ce livre est très bien construit en se mettant tour à tour dans la tête des différents personnages (y compris le lion !) et en alternant les lieux (entre Afrique et Pyrénées). Il y a beaucoup de descriptions et de termes « savants » pour décrire l’arc et tout cela parait un peu longuet. Oui, c'est bien écrit, mais malheureusement, je n’ai éprouvé aucune empathie pour les personnages, ce qui n’était pas le cas pour un autre livre du même auteur (Darwyne).

    Entre fauves

     

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  • Darwyne

    "Darwyne" de Colin Niel - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Darwyne Massily, un garçon de dix ans, légèrement handicapé, vit à Bois Sec, un bidonville gagné sur la jungle infinie. Le centre de sa vie, c’est sa mère, Yolanda, une femme qui ne ressemble à nulle autre, la plus belle, la plus forte et la plus courageuse. Mais c’est compter sans les beaux-pères qui se succèdent régulièrement dans leur petit carbet. Justement, un nouvel homme vient s’installer : Jhonson, un vrai géant celui-là. Au même moment surgit Mathurine, une éducatrice de la protection de l’enfance. On lui a confié un signalement concernant le garçon. Une première évaluation a été conduite quelques mois auparavant par une collègue qui a quitté précipitamment la région.

    Première page :

    – Son amou-our, durera toujours…

    Darwyne n’aime rien comme les chants d’adoration dans la bouche de la mère.

    – Son amou-our, calme la frayeur…

    À bien y réfléchir, il n’aime pas grand-chose de ces matins de culte à l’église de Dieu en Christ. Il n’aime pas la sensation de la chemise synthétique et collante sur sa peau moite. Il n’aime pas la façon qu’ont les autres garçons de le regarder en croyant qu’il ne s’en rend pas compte, depuis ce banc où ils se retrouvent chaque dimanche comme si c’était un jour d’école.

    – Son amou-our, réveille en douceur…

    Il n’aime pas le diacre à la cravate, non plus, celui qui se tient près du guitariste. Avec ses gros yeux et sa moustache,il lui rappelle les fois où la mère a demandé qu’on prie pour libérer son fils des mauvais esprits qui le persécutaient. Cela fait un moment que ce n’est plus arrivé, et Darwyne était petit à l’époque, mais il s’en souvient très bien. Il se souvient des mains qu’on apposait sur sa tête et ses épaules en disant des choses qu’il ne comprenait pas…

    Ce que j'en pense :

    C’est une histoire très étrange qui se passe dans un univers original et assez inquiétant. On suit pas à pas ce jeune garçon en se demandant à chaque instant ce qu’il est capable de faire dans cette jungle amazonienne qu’il comprend d’une manière mystérieuse. Ce roman est très original, entre roman noir et fantastique dont la forêt est un des personnages essentiels. Coup de cœur.

    Darwyne

     

     

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  • Le bonheur est dans le crime

    "Le bonheur est dans le crime" de Ali Rebehi - édition du masque

    Présentation de l'éditeur :

    Qu’il fait bon vivre à Valmont-sur-Loing…
    Alice Bonneville, professeure de droit pénal à la retraite, y coule des jours tranquilles dans sa magnifique demeure en pierre, où elle vit avec son neveu Arthur, psychologue clinicien. Entre son club de lecture, ses activités bénévoles, ses marches en forêt de Fontainebleau, ses grandes conversations avec sa femme de ménage Inès et ses visites à son meilleur ami Haroun, qui tient le salon de thé du coin, il reste tout juste à Tante Alice le temps de se consacrer à sa passion : la pâtisserie.
    Sa paisible existence se voit troublée lorsque son voisin Paul Faye, auteur à succès des Cinq Vérités celtiques, est retrouvé assassiné. Qui donc a pu s’en prendre à ce pape du développement personnel ?
    Entre deux sablés à l’orange, Tante Alice décide de mettre son nez dans l’enquête. Ah, si son défunt mari pouvait l’aider, il aurait sans doute bien des choses à lui dire ! À commencer par cette deuxième vérité celtique : « Il est impératif de dialoguer avec ton instinct. »

    Première page :

    Impossible pour Alice Bonneville de rater le gros type en sueur, en survêtement trop serré, yorkshire en laisse, qui avançait vers elle. Impossible de faire comme si elle ne l’avait pas vu lancer son paquet de cigarettes vide entre les fougères et la bruyère cendrée. Elle venait d’achever sa randonnée quotidienne sous un ciel gris orangé, encore épatée d’avoir pu observer à la jumelle deux jeunes chevreuils. Une pure joie d’exister l’avait saisie tout au long de sa promenade. Ce sagouin avait tout gâché. Elle ferma les yeux et tenta de se raisonner. Non ma chérie, tu ne saisiras pas cette bûche à tes pieds, tu ne prendras pas ton élan pour devenir le bras armé de Némésis, la déesse grecque de la vengeance, ou sa servante la plus dévouée. Tu ne le frapperas pas avec la force du plus grand batteur de baseball de tous les temps. Tu ne deviendras pas la spécialiste incontestée du hachis de tête humaine. Abandonnant à regret ces idées destructrices, Alice s’avança vers le type au yorkshire et dégaina sa carte du club de lecture de Valmont-sur-Loing.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre plutôt pédant et très léger pour ne pas dire futile. Si on enlève les descriptions de cuisine : recettes, vaisselles… cela allège déjà de la moitié du livre. L’intrigue est pratiquement inexistante. Il faut attendre un peu plus de la moitié du livre pour avoir un cadavre ! Certains passages sont proches du ridicule et les personnages ne sont pas attachants.

    Le bonheur est dans le crime

     

     

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  • Qui après nous vivrez

    "Qui après nous vivrez" de Hervé Le Corre - Rivages noir

    Présentation de l'éditeur :

    A la fin du XXIe siècle, dans une grande ville de province, une jeune femme et son compagnon viennent malgré les crises à répétition, de donner naissance à un enfant. Un jour, le réseau électrique français s'effondre et une émeute plus violente que les autres éclate. Le jeune père ne rentre pas chez lui. Pour sa compagne, l'angoisse va grandissant.
    Trois générations plus tard, dans un monde où toute technologie avancée a disparu, un petit groupe de gens a trouvé un abri de fortune dans une maison campagnarde qui a échappé à la destruction. Pas pour longtemps. Des pillards vont bientôt l'incendier et les survivants vont devoir fuir sur les routes avec leur carriole et leur cheval. Commence une épopée proche du western, où chaque jour l'enjeu est de survivre...

    Première page :

    Il avait plu toute la nuit. Fenêtres et portes secouées par le vent, averses qu’on entendait venir de loin, martelant le sol,nuées compactes s’abattant sur la maison dans une rumeur furieuse. Léo se réveilla dans une confusion de bruits organiques : écoulements, régurgitations, chuintements. Il aurait pu se trouver, engourdi, dans la tiédeur flasque et détrempée d’un être en train de le digérer. Il se rappela cette histoire de navigateur avalé par une baleine puis recraché par la volonté d’un dieu. Il ne savait plus qui la lui avait racontée. Sa mère,peut-être. Il convoqua son image mais elle ne vint pas et il en eut le souffle coupé, un sanglot logé dans la poitrine,poing écrasé contre son cœur. Seul le timbre de sa voix, cette douceur tremblante, lui revint si nettement qu’elle aurait pu parler tout près de lui. Enfin le pâle visage, toujours soucieux, se reforma dans son esprit et il bougea les lèvres pour la nommer.

    Le jour bleuissait aux contours des volets. Il s’étonnait toujours de ce prodige : le soleil continuait de se lever sur ce monde finissant qui n’en finissait plus. La planète tournait sur son axe comme une volaille desséchée empalée sur sa broche,mue par un increvable moteur. Son père lui avait expliqué que le monde n’avait pas toujours été tel que le garçon le connaissait depuis sa naissance.

    Ce que j'en pense :

    Les romans d’Hervé le Corre sont souvent très sombres. Celui-ci est vraiment noir. C’est un récit post apocalyptique mais le début de l’histoire pourrait tout à fait se dérouler de nos jours (ce qui ajoute du noir au noir !). Évidemment on pense à « La route », à « La servante écarlate » et à « Station Eleven » mais la conduite du récit est plus complexe puisqu’elle se déroule sur trois générations. C’est bien sûr très bien écrit comme tous les livres de cet auteur mais, à mon avis, ce livre n’arrive pas à la hauteur de « Après la guerre » ou « Traverser la nuit »

    Qui après nous vivrez

     

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  • Rester groupés

    "Rester groupés" de Sophie Hénaff - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Ça bouge au 36 Quai des Orfèvres. De nouvelles recrues rejoignent les rangs de la brigade maudite du commissaire Anne Capestan, dont Saint-Lô, sorti de l'hôpital psychiatrique dans la peau de D'Artagnan, et Ratafia, rat policier.
    Sale affaire pour l'équipe de bras cassés : trois assassinats éparpillés sur le territoire. Un point commun : le tueur a prévenu ses victimes. Cerise sur le gâteau : l'ex-beau-père de Capestan est l'une d'elles.

    Première page :

    24 novembre 2012, dans le Vaucluse

    Jacques Maire longeait le canal qui traversait L’Isle-sur-la-Sorgue. Il comptait les canards. Les herbes vertes qui coloraient l’eau transparente se balançaient mollement, disparaissant parfois sous les scintillements du soleil. La rivière paisible berçait quelques barques et invitait le promeneur au ralentissement.

    Avec son sourire confiant de bienfaiteur du village, Jacques répondit au salut lointain d’un employé de la bibliothèque, puis il obliqua sous les platanes pour rejoindre la boulangerie. Sur la place, la dalle de marbre du monument aux morts attira son attention. Une gravure fraîche allongeait la liste. Une goutte de peinture dorée, encore humide, s’échappait de la dernière voyelle.

    On avait ajoute un nom.

    Jacques Maire : 17 aout 1943‑25 novembre 2012.

    25 novembre.

    C’était demain.

    Ce que j'en pense :

    On prend les mêmes « bras-cassées », on en ajoute quelques autres aussi déjantés et on a une bonne suite à « Poulets grillés ». C’est un agréable moment de lecture avec quelques scènes qui restent quand même au dessus du lot, comme la bagarre avec les supporters anglais. L’intrigue peut paraître un peu complexe ce qui donne parfois l’impression de longueurs. Faut-il lire la suite ? J’ai un doute.

    Rester groupés

     

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  • Poulets grillés

    "Poulets grillés" de Sophie Hénaff - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Le 36 quai des Orfèvres s'offre un nouveau patron. Faire briller les statistiques en placardisant tous ceux qu'on ne peut pas virer et qui encombrent les services : tel est le but de la manoeuvre.

    Nommée à la tête de ce ramassis d'alcoolos, de porte-poisse, d'homos, d'écrivains et autres crétins, Anne Capestan, étoile déchue de la Judiciaire, a bien compris que sa mission était de se taire. Mais voilà, elle déteste obéir et puis... il ne faut jamais vendre la peau des poulets grillés avant de les avoir plumés !

    Un polar original, nerveux, et désopilant.

    Première page :

    Paris, 9 août 2012

    Debout devant la fenêtre de sa cuisine, Anne Capestan attendait l’aube. D’une gorgée, elle vida la tasse en porcelaine et la posa sur la toile cirée en vichy vert. Elle venait de boire son dernier café de flic. Peut-être.

    La très brillante commissaire Capestan, étoile de sa génération, championne toutes catégories des ascensions fulgurantes, avait tire une balle de trop. Depuis, elle avait été traduite devant le conseil de discipline, avait écopé de divers blâmes et de six mois de suspension administrative. Puis silence radio, jusqu’au coup de téléphone de Buron. Son mentor, devenu patron du 36, était enfin sorti de sa réserve. Capestan était convoquée. Un 9 aout. C’était bien dans les manières de l’homme. Une façon subtile de signifier qu’elle n’était pas en vacances, mais inemployée. Elle ressortirait de cet entretien flic ou virée, a Paris ou en province, mais au moins ressortirait-elle fixée. Tout valait mieux que ce bain entre deux eaux, cette espèce de flou qui coupe la marche en avant.

    Ce que j'en pense :

    L’idée de départ est excellente de réunir une équipe de « bras cassés » avec des personnalités vraiment originales. Il y a aussi une bonne dose d’humour mais qui n’ose pas aller jusqu’au burlesque (sauf avec la « moto crottes »). C’est parfois un peu lent dans la conduite du récit mais ce livre reste très agréable à lire.

    Poulets grillés

     

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  • Action ou vérité

    "Action ou vérité" de M. J. Arlidge - Les Escales

    Présentation de l'éditeur :

    Une vague de criminalité frappe Southampton : un incendie parti de rien, un vol de voiture qui tourne mal, un meurtre dans un parc. Rien ne semble rapprocher ces événements et pourtant, quelque chose les relie.

    Au fur et à mesure de son enquête, Helen Grace observe avec effroi un puzzle machiavélique prendre forme. Toute la ville est menacée. Face à cette affaire d'une ampleur et d'une complexité inédites, Helen parviendra-t-elle à protéger les habitants de Southampton ?

    Première page :

    Il ne voulait pas se lancer, pourtant il le fallait. Il était allé trop loin, il avait mis trop en jeu pour reculer maintenant. Il s'arma de courage et avança à pas de loup, ses sens aux aguets pour scruter la cour sombre. Au moindre mouvement, au moindre risque d'être repéré, il ferait demi-tour et s'enfuirait sans y réfléchir à deux fois. Tout était calme. Aucun signe de vie. Il continua.

    La baraque en préfabriqué était plantée devant lui, isolée dans l'obscurité. Une faible lueur filtrait à travers les stores, seule indication d'une présence. Une anomalie qu'il était facile de rater pour celui qui atterrissait ici par hasard, dans ce lieu de décrépitude et de mort : un dépotoir pour voitures abandon- nées et électroménager défectueux. Où la curiosité n'était ni appréciée ni encouragée. Une chaîne ver- rouillait les grilles de l'entrée et, même si le cadenas avait cédé sans difficulté, peu s'aventuraient ici à moins d'y être obligés. Et nul ne se doutait des secrets que le préfabriqué recelait.

    Des pots d'échappement rouillés, des caisses vides et des appareils électriques obsolètes jonchaient le sol. Il pouvait à tout moment buter contre un obstacle, attirer l'attention de sa victime. Il marchait d'un pas prudent, se frayait peu à peu un chemin au milieu des détritus. Au loin, une sirène hurla et un oiseau apeuré s'envola en poussant un cri aigu. Il l'ignora, concentré sur la tâche qui l'attendait.

    Ce que j'en pense :

    L’intrigue est assez bien conduite et l’auteur sait s’y prendre à coups de petits chapitres pour ménager le suspens. Certains personnages, en particulier la journaliste et le capitaine, en font vraiment trop pour paraître « méchants ». On sent que ce livre fait partie d’une série qui sans doute est en train  de s’essouffler. De plus, l’écriture et la traduction ne sont pas vraiment au top. A lire quand on n'a rien d'autre à lire !

    Action ou vérité

     

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  • Shit !

    "Shit !" de Jacky Schwartzmann - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Quand Thibault débarque à Planoise, quartier sensible de Besançon, il est loin de se douter que la vie lui réserve un bon paquet de shit. Conseiller d’éducation au collège, il mène une existence tout ce qu’il y a de plus banale. Sauf qu’en face de chez lui se trouve un four, une zone de deal tenue par les frères Mehmeti, des trafiquants albanais qui ont la particularité d’avoir la baffe facile. Alors que ces derniers se font descendre lors d’un règlement de comptes, Thibault et sa voisine, la très pragmatique Mme Ramla, tombent sur la cache de drogue.

    Que faire de toute cette came ? Lorsque notre duo improvisé compare ses fiches de paie avec le prix de la barrette, il prend rapidement une décision. Un choix qui pourrait bien concerner tout Planoise.

    Première page :

    Enculés d’Albanais

    C’est pour ne jamais devenir comme Frédéric Blanchard que j’ai choisi de ne pas être enseignant. Nous avons pourtant de nombreux points communs. Nous sommes tous deux de gauche, lui France insoumise, moi modeste socialiste. Nous consacrons tous deux notre carrière, pour ainsi dire notre vie, à la jeunesse. Nous sommes tous deux de fervents républicains, amoureux de notre pays, la France. La différence ? Il pue de la gueule.

    Je le soupçonne de chiquer des chaussettes sales.

    Ses fringues aussi puent de la gueule. Pantalon en velours côtelé, chaussures Paraboot à rebord et coutures apparentes, chemise blanche, veste de marin informe. Frédéric porte un uniforme. Ensuite, c’est dans la tête : il est toujours fâché. Révolté. Ulcéré. Il fait tourner dans son cerveau surchauffé des gimmicks révolutionnaires, on dirait DJ Staline : le ministre de l’Éducation nationale est un nazi qui dispose d’une administration complice dont la principale obsession est d’augmenter les effectifs des classes ; tous les gouvernements, depuis 1983 et le tournant mitterrandien de la rigueur, sont vendus au grand capital ; les Arabes sont les nouveaux prolétaires ; les flics sont des chiens. Amen.

    Cela dit, seules deux choses priment réellement à ses yeux : le combat et lui-même. Frédéric aime combattre …

    Ce que j'en pense :

    Voilà un roman qui fait fi de la morale et qui pourrait même nous montrer comment se lancer dans le biseness de la vente de shit (c’est très pédagogique et très bien renseigné !). L’auteur connaît bien le quotidien de ces banlieues devenues des ghettos. Ce roman est très caustique, rempli d’humour et on est en empathie complète avec les personnages (en particulier Thibault). Même si le récit est souvent loufoque ce livre dresse un portrait très juste et plein de finesse de l’école et de la vie dans ces cités. Un vrai coup de coeur.

    Shit !

     

     

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  • Bretzel et beurre salé

    "Bretzel et beurre salé" de Margot et Jean Le Moal - Calmann Levy

    Présentation de l'éditeur :

    Mais qui est le nouveau propriétaire mystère de la plus belle maison de Locmaria, celle de la pointe de Kerbrat ?
    Tout ce paisible village du Finistère le guette depuis des semaines et voilà que débarque, en pleine tempête, Cathie Wald, une pimpante Strasbourgeoise. La cinquantaine, divorcée, caractère bien trempé, elle a décidé de prendre un nouveau départ en Bretagne, et d’ouvrir à Locmaria un restaurant de spécialités
    alsaciennes.
    La plupart des habitants l’accueillent à bras ouverts,ravis de ce petit vent de changement. Mais certains voient son installation d’un mauvais oeil. Et ne tardent
    pas à lancer les hostilités. Après une soirée choucroute, un notable du village s’effondre, et Cathie est accusée de l’avoir empoisonné.
    Une tentative de faire plier bagages à l’étrangère ?
    Quoi qu’il en soit, Cathie n’est pas du genre à se laisser intimider. Et rien ne l’arrêtera pour prouver l’innocence de sa choucroute traditionnelle, quitte à se lancer elle-même sur les traces du coupable !

    Première page :

    Les nuages noirs sillonnaient le ciel, charriant des bourrasques de pluie qui giflaient le paysage martyrisé. Le vent, dont la force avait défié les prévisions des météorologistes les plus pessimistes, transformait la mer en marmite infernale. Des creux de plus de huit mètres, des vagues dont le sommet éclatait en embruns. À quelques miles du littoral, un navire hauturier se frayait un chemin dans la tempête, submergé par l’océan affamé en quête de victimes expiatoires. La mer, frappée par une de ses crises régulières, attaquait furieusement les côtes de granit aux formes déchiquetées et les plages de sable blanc. Elle savait qu’elle n’en viendrait pas à bout aujourd’hui, et qu’elle pouvait seulement les recouvrir d’algues arrachées par la violence de ses flots. Mais, dans quelques siècles ou millénaires, elle aurait grignoté ces rochers qui lui tenaient tête depuis si longtemps.

    Sur terre, la situation était tout aussi chaotique, les vagues en moins, ce qui n’était quand même pas négligeable. Le vent prenait d’assaut le rivage et les landes dans des hurlements stridents. Il enveloppait les forêts centenaires, modulant ses cris en hululements lugubres quand il jouait avec les branches dénudées des hêtres et des chênes impavides.

    Ce que j'en pense :

    C’est rempli de clichés, sur la Bretagne, sur les femmes, les relations amoureuses…On devine assez rapidement qui peut être le coupable. Les personnages sont très mal dégrossis et ne suscitent aucune empathie. Il fallait que je lise ce livre qui fait partie d’une première sélection pour un prix « polar sans violence» ! C’est du genre « cosy mystery » mais pour le cosy c’est plutôt « cucul » et pour le mystery c’est du mystère cousu de gros fil blanc. Et dire qu’il y a plusieurs tomes de prévus !

    Bretzel et beurre salé

     

     

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  • Petiote

    "Petiote" de Benoit Philippon - Les Arênes

    Présentation de l'éditeur :

    L’histoire d’un loser qui n’a plus rien à perdre. Pour récupérer la garde de sa fille, Gus, un père au bout du rouleau, se lance dans une prise d’otages dans l’hôtel de naufragés où il vit. Sa revendication ? Un Boeing pour fuir au Venezuela avec Émilie, sa petiote.

    Pour ce plan foireux, Gus s’allie à Cerise, une prostituée à perruque mauve. À eux deux, ils séquestrent les habitants déglingués et folkloriques de cet hôtel miteux : George, le tenancier, Boudu, un SDF sauvé des eaux, Fatou, une migrante enceinte, Gwen et Dany, un couple illégitime enregistré incognito, Hubert, un livreur Uber jamaïcain, mais aussi Sergueï, un marchand d’armes serbe en charge d’un transit de drogue mafieux. Et bien sûr, Émilie, son ado rebelle de quatorze ans.

    La capitaine de police Mia Balcerzak est la négociatrice de cette cellule de crise. Crise familiale, crise de la quarantaine, crise sociale, crises de nerfs… quoi qu’il arrive, crise explosive !

    Première page :

    « Il faut que je me jette »

    Gus se tient sur le rebord du toit Il observe le monde qui s'agite sous ses pieds. Les lumières rouges et or rebondissent contre les tôles des voitures, sur le bitume mouillé, le long des vitrines illuminées, bien que les boutiques soient fermées et que les lanceurs d'alerte serinent le peuple avec la nécessité vitale des économies d'énergie. Et ce SUV rutilant garé sur la place handicapés... Gus, cette hypocrisie le révolte. Une moue de lassitude se dessine sur son visage. Il en a mare. De cette société, de ses paradoxes, de son illusion de morale. Les parapluies qui se croisent sur le trottoir esquissent une danse tout en rondeur Sous ses imitations Stan Smith, achetées sur un marché pour quinze euros dans le but, pathétique, il en convient, de se la jouer branché auprès de sa fille qui l'a catalogué indétrônable ringard, Gus trouve la vue à l'image de sa vie : d'un vide vertigineux-

    Les épaules voûtées d'avoir porté une charge émotionnelle trop lourde, il redresse le dos. Il hésite. Balance son poids d'un côté, puis de l'autre. Bras ballants dans son imperméable informe et ringard. Comme lui. Elle a raison, sa fille.

    Gus est con et désespéré, enfin. con, c'est ce que sa femme pense de lui, désespéré, ça il en est sûr.

    Ce que j'en pense :

    Ce livre est bien dans la lignée de « Cabossé » :  du noir bien sûr mais avec de la tendresse, de l’humour et de l’amour. Évidemment le récit est proche de la farce et il ne faut pas trop chercher de réalisme (quoi que !). On y trouve des personnages bien cabossés par la vie mais très attendrissants . C’est un livre « gentiment » amoral et je conviens qu’il faille se laisser aller dans cette lecture pour l’apprécier.

    Petiote

     

     

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