• La dernière guerre ?

    "La dernière guerre?" de Elias Sanbar - tracts Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    « Pour divorcer, il eût fallu avoir été déjà mariés, quand ce conflit était né dans l’impossibilité même d’une union. » Elias Sanbar
    Il suffit de remonter à ce qui oppose les sociétés palestiniennes et israéliennes depuis 1948 pour comprendre ce qu’il y a d’existentiel, de part et d’autre, dans le conflit qui, depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, a placé Gaza sous les bombes et causé des pertes effroyables dans sa société civile. La naissance d’Israël, et les deux guerres qui l’ont précédée et suivie, s’est jouée sur un socle d’injustice : la négation du droit des Palestiniens à résider sur leur terre. Ce point presque aveugle de la tragédie en cours est bien la source de toutes les désolations ; il réduit à néant tout ce qui, depuis des décennies, a pu faire espérer un horizon de partage, de reconnaissance et de cohabitation pacifiée. Jusqu’à conduire, presque fatalement, à cette « dernière guerre », selon les termes d’Israël… L’épilogue d’épisodes dilatoires qui, à défaut d’annoncer des jours radieux délivrés de la menace souterraine du terrorisme, conduirait à l’éviction des Palestiniens hors des terres « israéliennes » et à la négation définitive de leur droit au retour. Une sortie de scène irréversible, au mépris du droit international, dont nul ne saurait douter qu’elle ne conduise à de pires malheurs.

    Extrait :

    Elias Sanbar, dans son texte,  cite Edgar Morin : « Un nouveau foyer de guerre s'est allumé au Proche-Orient après le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023, suivi par les bombardements meurtriers d'Israël sur Gaza. Ces carnages, accompagnés de persécutions en Cisjordanie et de déclarations annexionnistes, ont réveillé la question palestinienne endormie. Ils ont montré à la fois l'urgence, la nécessité et l'impossibilité d'une décolonisation de ce qui reste de la Palestine arabe et de la création d'un État palestinien. Comme nulle pression n'est, ni ne sera, exercée sur Israël pour arriver à une solution à deux pays, on ne peut prévoir qu'une aggravation, voire un élargissement de ce terrible conflit. C'est une leçon tragique de l'histoire : les descendants d'un peuple persécuté pendant des siècles par l'Occident chrétien, puis raciste, peuvent devenir à la fois les persécuteurs et le bastion avancé de l'Occident dans le monde arabe.[...]

    La démocratie est en crise sur tous les continents : elle se voit de plus en plus remplacée par des régimes autoritaires, qui, en disposant des moyens de contrôle informatique sur les populations et les individus, tendent à former des sociétés de soumission qu'on pourrait appeler néototalitaires. La mondialisation n'a créé aucune solidarité et les Nations unies sont de plus en plus désunies.»

    Edgar Morin, Le Monde, 22 janvier 2024

    Ce que j'en pense :

    Magnifique plaidoyer, très juste et rempli d’humanité. A un moment où l’on parle surtout d’islamo-gauchisme et, où celles et ceux qui essaient de prendre la défense du peuple palestinien sont souvent accusés d’antisémitisme, j’espère que cette parole sera relayée le mieux possible par notre système médiatique (souvent à la solde de la propagande israélienne) et sera entendue par le plus grand nombre.

    La dernière guerre ?

     

     

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  • Le mur des silences

    "Le mur des silences" de Arnaldur Indridason - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une vieille maison, une paroi de la cave s’effondre et révèle un corps emmuré. Cette découverte macabre se mêle aux recherches inlassables de Konrad pour faire la lumière sur l’assassinat de son père. Pressant la police d’enquêter, ce dernier oublie ses mensonges de l’époque et se retrouve inculpé. Faut-il croire les fantômes du passé ? La vérité est-elle seulement souhaitable ? Entre violence familiale, sacrifices et impunité, les cold cases ressurgissent toujours…

    Première page :

    Peu après être entrée dans la maison, Eyglo avait vite ressenti le malaise évoqué par la femme. Il arrivait régulièrement que des gens l'appellent en lui demandant de venir chez eux parce qu'ils souffraient d'angoisses inexplicables. Certains cherchaient à entrer en contact avec leurs proches défunts et parlaient de bruits inquiétants. Eyglo refusait de participer à ces chasses aux fantômes, à quelques rares exceptions près, et elle avait réussi à se débarrasser de cette femme au téléphone quelques jours plus tôt en lui notifiant une fin de non recevoir assez ferme. Son répit avait été de courte durée.

    Deux jours plus tard, par une soirée d'automne, une quinquagénaire qu'elle n'avait jamais vue était venue sonner à sa porte. Juchée en haut des marches, sous une pluie diluvienne et souriant d'un air embarrassé, elle avait avoué être la personne qui l'avait appelée récemment pour lui parler de sa maison. Elle s'était empressée d'ajouter qu'elle ne venait pas lui demander d'organiser une séance de spiritisme ou quoi que ce soit de ce genre, mais souhaitait uniquement qu'elle l'accompagne chez elle pour faire le tour de la maison et lui dire si, elle aussi, elle percevait quelque chose susceptible d'expliquer l'anxiété et le trouble…

    Ce que j'en pense :

    C’est assez décevant. Ce roman parait long, répétitif et rempli de clichés (on pourrait même parler de poncifs !). On passe juste à la surface de chaque personnage et des lieux où l’intrigue se déroule. Je ne comprends pas comment les livres de cet auteur ont eu un tel succès… sans doute le prestige des polars nordiques bien relayé par l’ensemble des médias ! Non je ne lirai pas la suite de cette histoire avec l’inspecteur Konrad.

    Le mur des silences

     

     

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  • Dehors la tempête

    "dehors la tempête" de Clémentine Mélois - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Par des allers-retours entre la vie des personnages et la sienne, Clémentine Mélois nous fait pénétrer avec humour et tendresse au plus près de cette expérience à la fois personnelle et universelle, la lecture. Pendant que dehors, soufflent les tempêtes, nous vivons dans les livres. Car tout commence par la lecture.

    Première page :

    D’abord, j’ouvre le livre en grand et je colle mon nez au milieu des pages pour les respirer. Chaque édition a son identité olfactive très singulière faite d’encre grasse, de papier et de moisissures. Mes souvenirs de lecture sont indissociables de l’odeur des livres. L’Île au trésor a son odeur de foin rance, Le Seigneur des Anneaux a son odeur de grenier chaud, Vingt mille lieues sous les mers a son odeur de biscuit goudron et, lorsqu’il m’est arrivé de les relire dans une autre édition, c’est comme si quelque chose clochait, comme s’il manquait un truc. Comme un café servi dans un verre à eau ou du vin dans une tasse à thé. (Ayant toutefois conscience de la bizarrerie de cette manie, je fais en sorte que personne n’en soit témoin.)

    Ce que j'en pense :

    En écrivant sur sa relation à certains livres Clémentine Mélois nous parle d’elle mais aussi de nous, de notre façon d’envisager le monde à travers nos lectures. On peut dire que c’est à la fois intime et universel. C’est agréable à lire, plein d’humour et de malice.

    Dehors la tempête

     

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  • "Le café sans nom" de Robert Seethaler - Sabine Wespieser

    Présentation de l'éditeur :

    En cette année 1966, Robert Simon décide de prendre un nouveau départ, la trentaine venue. Employé journalier au marché des Carmélites, dans un faubourg populaire de Vienne, il réalise son vieux rêve et redonne vie au café laissé à l'abandon devant lequel il passe chaque jour. C'est avec sa coutumière attention aux détails que le grand écrivain Autrichien évoque les destinées modestes de ceux qui deviendront les habitués du Café sans nom.
    Depuis Le Tabac Tresniek (2014), Seethaler n'avait plus mis en scène sa ville natale : ses descriptions de Vienne renaissant de ses cendres vingt ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale ont ici une tendresse et une saveur particulières.

    Première page :

    Robert Simon quitta l’appartement dans lequel il vivait avec la veuve de guerre Martha Pohl, à quatre heures et demie, un lundi matin. C’était la fin de l’été 1966, Simon avait trente et un an. Il avait petitdéjeuné seul – deux oeufs, du pain beurré, du café noir. La veuve dormait encore. Il l’avait entendue ronfloter dans la chambre. Il aimait bien ce bruit, ça l’émouvait curieusement, et il jetait quelquefois un oeil par la porte entrebâillée, dans l’obscurité où palpitaient les narines grandes ouvertes de la vieille femme.

    Dehors le vent lui fouetta le visage. Quand il venait du sud, il charriait la puanteur du marché, un relent d’ordures et de fruits pourris, mais ce jour-là le vent venait de l’ouest, l’air était pur et frais. Simon longea le grand bloc gris des retraités du tramway, la tôlerie Schneeweis & fils, et une rangée de petites boutiques qui, toutes, à cette heure, étaient encore fermées. Il gagna la Leopoldsgasse par la Malzgasse, et après avoir traversé la Schiffamtsgasse, atteignit la petite Haidgasse. Au coin de la ruelle, il s’arrêta pour jeter un coup d’oeil à la salle de l’ancien café du marché. Il colla son front à la vitre et scruta l’intérieur en plissant les yeux.

    Ce que j'en pense :

    L’auteur sait nous montrer des gens très ordinaires avec beaucoup d’empathie et de tendresse. C’est teinté d’une légère mélancolie car on sait que lors de la prochaine décennie tout va changer dans ce quartier encore très populaire. A la lecture de ce roman débordant d’humanité j’étais transporté dans ce secteur de Vienne au cours des années 60, en compagnie de ces personnages attachants. Un beau roman.

    Le café sans nom

     

     

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  • L'homme peuplé

    "L'homme peuplé" de Franck Bouysse - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Harry, romancier à la recherche d’un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme à l’écart d’un village perdu. C’est l’hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent.

    Serait-ce lié à son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier ? Quel secret cachent les habitants du village ? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l’épicerie ? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n’y a qu’une infime différence.

    Première page :

    Caleb

    Le gras du ciel libère d’épais flocons qui nappent peu à peu la nature endormie. Perchée sur le rebord de la fenêtre, une mésange bleue, que l’on dirait ornée d’un loup de carnaval, observe son reflet. À moins qu’elle ne regarde l’être aux plumes ternes de l’autre côté de la vitre, menant à sa bouche sans bec une étrange brindille au bout incandescent d’où sort une pâle fumée. Une paire de pattes le fait tenir debout, et une autre lui sert à saisir des choses que l’oiseau ne sait pas nommer ; et d’une de ces choses, la plus terrifiante de toutes, il a même vu jaillir un éclair dans un bruit de tonnerre et aussitôt dégringoler un pigeon du haut d’un chêne. En revanche, la mésange n’a jamais vu de telles pattes soulever l’homme de terre pour l’emmener ailleurs.

    Caleb observe la mésange qu’ébouriffe la brise. Il envie l’oiseau, capable de demeurer un long moment immobile dans le froid, capable de le ramener à sa place en ce monde, quand lui vient le désir de s’en écarter…

    Ce que j'en pense :

    Jusque vers la moitié du livre on se dit que l’auteur nous entraine à nouveau dans son univers de paysans taiseux dans ses paysages de Corrèze et on a l’impression de retrouver les mêmes personnages que dans ses autres livres… Et puis petit à petit on se questionne et on peut aussi se sentir un peu perdu. La lecture parait plus difficile, déroutante, on ne sait plus où se situent le réel et l’imaginaire. Au final on se rend compte que c’est un très bon roman sur la création, l’imaginaire, sur l’écriture d’un roman.

    L'homme peuplé

     

     

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  • Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon

    "Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon" de Jeon Gunwoo - folio policier

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une supérette de quartier, quatre femmes d'âges divers se retrouvent pour de petits travaux et de bons après-midi de papotage. Toutes s'ennuient auprès de maris qui rivalisent de paresse et de machisme. Quand un exhibitionniste sévit dans le quartier, elles décident d'enquêter pour le faire arrêter. Et y parviennent. Un peu plus tard, dans leur résidence, un serial killer reprend ses activités après quelques années de pause. Sa spécialité : laisser près du corps de ses victimes un badge représentant un smiley. Ensemble, pour gagner la prime qui paiera le divorce de l'une d'elles, bravant mille dangers, les quatre Sherlock Holmes de la supérette vont se lancer aux trousses de l'assassin...

    Première page :

    Chien Enragé

     

    Gong Miri avoue.

    - J'ai tué mon mari.

    Il y a un moment de flottement. Miri avait prévu le coup et, pour tout dire, elle l'escomptait. Le silence plane toujours, troublé par le tic-tac régulier du métronome qui se balance de droite à gauche sur le bureau. Son mécanisme transparaît derrière le verre, où les petites roues dentées et les ressorts bien visibles donnent à l'ensemble son élégance et un petit quelque chose de particulier. Les rayons du soleil qui pénètrent par la fenêtre et se posent sur l'instrument lui ajoutent un air mystérieux.

    - Puis-je vous demander pourquoi ? finit par réagir l'homme.

    Sa voix est douce, apaisante, comme d'habitude. Elle chatouillerait presque. Avec un plaisir dissimulé, qui jaillit pourtant du fond de son cœur, Gong Miri lui répond sur un ton monocorde.

    - Tout ce qu'il fait, une fois rentré à la maison, c'est regarder le foot. Pas juste les matchs nationaux, il fait aussi le tour du monde. …

    Ce que j'en pense :

    Un polar coréen, je me suis dit que cela devait être dépaysant. C’est vrai qu’en lisant les premières pages il y avait de l’humour, de l’originalité. Mais très vite je me suis ennuyé et le style m’est apparu un peu balourd (est-ce la traduction ?). Les très très longues descriptions de bagarres et de poursuites sont dignes d’un film burlesque mais sont d’un ennui mortel à la lecture.

    Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon

     

     

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  • Toutes les vies d'Alice

    "Toutes les vies d'Alice" de Lucie Castel - Charleston

    Présentation de l'éditeur :

    « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. » Telle est la devise de Sarah, qui s’est efforcée de construire sa vie en accord avec ce principe simple, à force de Post-it et de to-do lists. Mais dans ce mécanisme en apparence bien huilé se cache un grain de sable qui pourrait tout faire basculer…

    Le jour où elle apprend que sa soeur est hospitalisée dans un état catatonique, à peine quelques jours après lui avoir laissé un message énigmatique, Sarah se rend immédiatement à son chevet. En retrouvant Aigues-Mortes, la ville de leur enfance, qu’elle a fuie vingt ans auparavant, c’est comme si tout son passé refaisait surface. Les terreurs nocturnes qui l’assaillent et les ombres qui l’obsèdent sont plus présentes que jamais… mais c’est peut-être enfin l’occasion de les affronter pour trouver sa place à elle.

    Première page :

    Aigues-Mortes, 22 septembre 1987.

    Les cloches de l’église s’étaient tues. Aigues-Mortes ne portait jamais aussi bien son nom que les jours d’enterrement.

    Entre les remparts de la cité fortifiée, le malheur des uns frappait aussi les autres. Pendant un temps, tous les habitants portaient le deuil, tantôt avec sincérité tantôt avec hypocrisie, parfois un peu des deux.

    Catherine Louvier reposa sa nièce à terre. La petite n’avait que la peau sur les os, mais après l’avoir trimballée du cimetière jusqu’au magasin, le constat était clair : elle pesait une tonne.

    — Allez ma chérie, assieds-toi sur le banc, mémé Odette va ouvrir la porte.

    Catherine agita la main en direction de sa mère qui venait de les rejoindre. Odette eut l’air surprise.

    — C’est toi qui as les clés, précisa Catherine avec un léger agacement.

    — Pas du tout. Si je les avais prises, je m’en souviendrais.

    Ce que j'en pense :

    Le thème du livre tourne principalement autour des secrets de famille mais beaucoup d’autres sujets sont abordés et cela fait un peu beaucoup. J’ai été touché par le personnage des deux sœurs et par celui de l’adolescente mais j’ai trouvé l’histoire un peu « convenue » et le personnage de la mère à peine crédible.

    Toutes les vies d'Alice

     

     

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  • Les brouillards noirs

    "Les brouillards noirs" de Patrice Gain - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Violoncelliste, Raphaël ne vit qu’à travers son instrument. Sa passion l’a éloigné depuis onze ans de sa fille Maude. Lorsqu’il apprend sa disparition lors d’un voyage aux îles Féroé, il se rend aussitôt dans cet archipel, terre sauvage et intimidante, à l’écart du monde. Il découvre que Maude militait contre le grindadráp, une chasse traditionnelle sanglante des baleines-pilotes qui fait la fierté des insulaires et que combattent les militants d’une ONG. Face à des autorités indifférentes, alors que les brouillards noirs s’emparent de l’archipel, troublant davantage les pistes qui pourraient mener à la jeune femme, Raphaël enquête pour retrouver sa fille.

    Première page :

    Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Un dimanche d'octobre, le premier du mois. J'étais dans un des villages côtiers de la presqu'île de Crozon, avec le quatuor que j'avais intégré huit mois plus tôt, pour un concert dans une chapelle offerte à tous les vents. Le dernier d'une tournée de six représentations dans l'ouest de la France. Quand le téléphone a coassé, j'ai laissé le batracien s'époumoner sur la table de nuit de ma chambre d'hôtel. Je n'étais pas d'humeur à échanger avec qui que ce soit. Je n'aime pas les dimanches. Je ne les ai jamais aimés. Ils se ressemblent tant, égrènent l'ennui, le poissent. Je traîne cette affliction dominicale quels que soient le lieu et les éventuelles personnes qui l'accompagnent. Un boulet hérité de mon adolescence et de l'obligation que j'avais de m'endimancher, d'assister à l'office et aux rituels familiaux. C'est l'idée que je m'en suis faite. J'ai souvent été en butte à un subconscient cabossé par un tas de choses que je n'ai aucune envie d'examiner à la lueur du jour. Malgré de louables efforts, je n'ai rien pu faire pour m'en départir.

    J'écoutais l'étonnante Dom La Nena, tout en feuilletant de vieux magazines…

    Ce que j'en pense :

    L’auteur réussit parfaitement à nous emmener dans ces lieux noirs, inquiétants, battus par les vents. Nous sommes au cœur de cette nature sauvage et de ces chasses sanglantes. Nous sommes également pleinement avec cet homme avec son violoncelle, sur la trace de sa fille, à la recherche d’un amour qui lui a été enlevé. C’est un roman poignant, plein d’humanité et qui nous laisse « au bord des larmes ».

    Les brouillards noirs

     

     

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  • Entre fauves

    "Entre fauves" de Colin Niel - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n’a plus trouvé la moindre trace de Cannellito, le seul plantigrade avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait encore ces forêts, pas d’empreinte de tout l’hiver, aucun poil sur les centaines d’arbres observés. Martin en est chaque jour plus convaincu : les chasseurs auront eu la peau de l’animal. L’histoire des hommes, n’est-ce pas celle du massacre de la faune sauvage ? Alors, lorsqu’il tombe sur un cliché montrant une jeune femme devant la dépouille d’un lion, arc de chasse en main, il est déterminé à la retrouver et la livrer en pâture à l’opinion publique. Même si d’elle, il ne connaît qu’un pseudonyme sur les réseaux sociaux : Leg Holas. Et rien de ce qui s’est joué, quelques semaines plus tôt, en Afrique.
    Entre chasse au fauve et chasse à l’homme, vallée d’Aspe dans les Pyrénées enneigées et désert du Kaokoland en Namibie, Colin Niel tisse une intrigue cruelle où aucun chasseur n’est jamais sûr de sa proie.

    Première page :

    30 mars

    Charles

    L’heure était venue de faire face aux hommes, leurs silhouettes de bipèdes dressées dans le crépuscule comme des arbres en mouvement, si proches de lui à présent, à peine trois foulées pour les atteindre, et leur odeur sans pareille,sueur amère et terre lointaine, et leurs cris indéchiffrables,et leurs peaux couvertes d’autres peaux qui n’étaient pas les leurs, jamais il ne les avait tant approchés, il avait fallu qu’ils l’y poussent, un jour entier à les sentir à ses trousses,un jour entier à sillonner le bush, à ramper sous les épines des acacias, à raser les murs de pierre enflammés de soleil,à creuser et recreuser cent fois sa trace, de broussaille en broussaille, les pas dans les mêmes empreintes, les détours innombrables entre les troncs, n’importe quoi pour les faire lâcher prise, un jour entier à se sentir gibier et non plus prédateur, la patience mise à mal, agacée, nerfs à vif, un jour entier auquel il venait de mettre fin, surtout ne pas leur laisser cette victoire-là, pas lui, pas ici, pas dans ce désert qu’il arpentait depuis toujours et dont il savait tout, les ruses et les ingratitudes, les nuits glacées autant que les jours brûlants,…

    Ce que j'en pense :

    C’est vrai que ce livre est très bien construit en se mettant tour à tour dans la tête des différents personnages (y compris le lion !) et en alternant les lieux (entre Afrique et Pyrénées). Il y a beaucoup de descriptions et de termes « savants » pour décrire l’arc et tout cela parait un peu longuet. Oui, c'est bien écrit, mais malheureusement, je n’ai éprouvé aucune empathie pour les personnages, ce qui n’était pas le cas pour un autre livre du même auteur (Darwyne).

    Entre fauves

     

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  • Tout ce qui manque

    "Tout ce qui manque" de Florent Oiseau - Allary éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Roman de la rupture amoureuse, cahier du pays natal, Tout ce qui manque fait le point sur tout ce qui compte. À la manière d'un John Fante d'Intercités, Florent Oiseau ajoute à sa plume une pointe de mélancolie dont le sarcasme flegmatique émeut autant qu'il réjouit.

    " Le projet m'apparaissait évident, j'utiliserais le village pour tisser un décor, raconter une histoire en apparence inoffensive mais avec, cette fois, un but bien précis : dire entre les lignes tout ce que j'avais cru malin de taire. Ana, tu n'es pas juste une infirmière ; Ana, tu n'es pas une colocataire ; Ana, tu n'es pas une habitude, t'aimer est ma première certitude, l'avoir mal fait est la deuxième, vouloir écrire un livre pour inverser le cours de notre histoire est la dernière. "

    Première page :

    Dehors, chauffeurs de taxi et pigeons se partageaient le parvis, des cigarettes et des avis. Un brouillard âcre se pavanait partout. Dans le hall, un pianiste malhabile semblait découvrir son instrument, tandis qu'une file patiente dégoulinait devant l'enseigne Brioche dorée. Dans cette gare, il faisait toujours froid. J'ai pris un ersatz de café et un sandwich, Le Champêtre, cantal, jambon roquette, et toute la sécheresse de l'univers. Le café avait le goût des remords. Autour de moi, des créatures avec trop peu d'espace entre les yeux, calmes et frigorifiées, regardaient le tableau des départs en attendant de se voir indiquer leur quai. J'ai observé le panorama tout en avançant vers mon train. La fréquentation des gares, rendue obligatoire par mon travail, avait fait de moi une sorte d'anthropologue ferroviaire et mon constat était sans appel : les voyageurs les plus laids – au départ de Paris – transitent par Austerlitz.

    Ce que j'en pense :

     Incontestablement Florent Oiseau maitrise l'écriture. Ce livre est bourré de sensibilité mais aussi d'une certaine nonchalance. C'est parfois assez sarcastique et c'est peut-être ce qui pourrait rebuter certaines lectrices ou lecteurs. J'ai bien aimé les personnages de cette petite ville du Périgord, et le chien également.

    Tout ce qui manque

     

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