• Lundi mon amour

    "Lundi mon amour" de Guillaume Siaudeau - Alma éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    Puisque l’agence de voyage refuse de lui fournir 2 billets pour la lune, Harry décide de se lancer dans la construction d’une fusée, faite de bric et de broc.

    Attention, ce livre ne vous apprendra pas à construire une fusée, même si vous y trouverez quelques pistes. Ce livre ne vous indiquera pas la meilleure marche à suivre pour vous rendre sur la lune, même s’il vous y aidera probablement un peu. Ce livre ne vous rendra pas moins indécis lors de votre prochain achat d’aspirateur, quoiqu’il pourrait bien vous enlever quelques doutes. Ce livre ne vous conseillera pas quel costume choisir en telle ou telle circonstance, bien qu’il y apportera certaines clés.

    Ce livre est tout sauf ça. Enfin un peu quand même.

    Première page :

    "Il m’est encore arrivé un de ces trucs. Une histoire pas possible. Trop longue à expliquer. Je vais vous la raconter quand même, parce que j’ai un peu de temps avant que la fusée ne soit complètement opérationnelle. Je parle de la fusée que je suis en train de construire dans ma chambre. Oh, pour l’instant elle ne ressemble pas à grand-chose, mais Jacky doit m’apporter demain encore une demi-douzaine de rouleaux de papier- toilette. Ils me servent à consolider la base. Vous voyez, je n’ai pas vraiment envie que le jour où cette fusée décollera pour de bon, j’aie de mauvaises surprises. Alors je fais mon maximum. Les fusées, ça se joue au millimètre. Un rouleau de papier- toilette en trop, et vous pouvez dire adieu à votre rêve. Il ne doit pas en manquer non plus, il faut exactement la bonne quantité. Même chose pour les trombones, les allumettes, les élastiques et tous les autres accessoires nécessaires à sa fabrication. J’y travaille la nuit avec ma tête et le jour avec mes mains. Ça me prend tout mon temps et ce n’est pas plus mal, parce qu’ici voyez-vous, on entend un peu trop le bruit des pendules."

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre qui se lit très vite et qui nous embarque dans un univers à la fois naïf et poétique. C’est un livre qui fait du bien, qui apporte beaucoup de douceur, de tendresse et d’amour dans ce monde de l’enfermement et des hommes en blouse blanche.  L'écriture de l'auteur a beaucoup de points communs avec celle de Thomas Vinau (et pour moi c'est un vrai compliment).

    Lundi mon amour

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  • "Les fureurs invisibles du cœur" de John Boyne - jean Claude Lattès

    Présentation de l'éditeur :

    Cyril Avery n’est pas un vrai Avery et il ne le sera jamais – ou du moins, c’est ce que lui répètent ses parents adoptifs. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ?
    Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif d’un couple dublinois aisé et excentrique par l’entremise d’une nonne rédemptoriste bossue, Cyril dérive dans la vie, avec pour seul et précaire ancrage son indéfectible amitié pour le jeune Julian Woodbead, un garçon infiniment plus fascinant et dangereux.
    Balloté par le destin et les coïncidences, Cyril passera toute sa vie à chercher qui il est et d’où il vient – et pendant près de trois quarts de siècle, il va se débattre dans la quête de son identité, de sa famille, de son pays et bien plus encore.
    Dans cette œuvre sublime, John Boyne fait revivre l’histoire de l’Irlande des années 1940 à nos jours à travers les yeux de son héros. Les Fureurs invisibles du cœur est un roman qui nous fait rire et pleurer, et nous rappelle le pouvoir de rédemption de l’âme humaine.

    Première page :

    "1945 - Le coucou dans le nid

    Les bonnes gens de Goleen

    Bien longtemps avant que nous ne sachions qu'il était le père de deux enfants de deux femmes différentes, l'une à Drimoleague et l'autre à Clonakiltv, le père James Monroe, devant l'autel de l'église Notre-Dame de l'Étoile de la mer, dans la paroisse de Goleen, à l'ouest de Cork, accusa ma mère d'être une putain.

    Toute la famille occupait le second rang, et mon grand-père était assis à l'extrémité de la rangée ; il astiquait avec son mouchoir la plaque de bronze gravée à la mémoire de ses parents, clouée au dos du banc devant lui. Il portait son costume du dimanche, repassé la veille au soir par ma grand-mère, qui enroula son rosaire autour de ses doigts crochus et bougea les lèvres en silence jusqu'à ce qu'il pose sa main sur la sienne pour qu'elle se tienne tranquille. Mes six oncles, aux cheveux noirs couverts de brillantine parfumée à la rose, étaient assis à côté d'elle en ordre croissant d'âge et de stupidité. Chacun était de trois centimètres plus petit que son voisin de droite et les écarts étaient visibles depuis le fond. Les garçons faisaient de leur mieux pour garder les yeux ouverts ce matin-là. La veille ils étaient allés au bal à Skull. Ils étaient rentrés imbibés d'alcool, et n'avaient dormi que quelques heures avant d'être réveillés par leur père pour assister à la messe.

    Au bout de la rangée, sous une sculpture en bois marquant la dixième station du chemin de croix, était assise ma mère, dont le ventre frémissait de terreur en pensant à ce qui allait arriver. Elle osait à peine lever les yeux."

    Ce que j'en pense :

    Ce livre a souvent été comparé au « Monde selon Garp »… il ne faut quand même pas exagéré ! Le livre de John Boyne m’a paru trop long (et pas seulement à la fin !!). Je reconnais toutefois qu’il pourrait y avoir des points communs avec Irving et que l’auteur sait écrire, en particulier des dialogues pleins d’humour. Avec une centaine de pages de moins je crois que j’aurai mis une note de plus à ce roman irlandais.

    Les fureurs invisibles du cœur

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  • Un père sans enfant

    "Un père sans enfant" de Denis Rossano - Allary éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Le père est Douglas Sirk, metteur en scène de théâtre dans les années 20 et réalisateur apprécié de Goebbels dans les années 30. Marié à une juive, il doit fuir l’Allemagne pour les États-Unis où, grâce à ses mélodrames, il conquiert Hollywood.

    L’enfant est Klaus Detlef Sierck, le fils que Douglas a eu avec sa première femme, une actrice ratée devenue une nazie fanatique.
    Quand ils divorcent en 1928, elle lui interdit de voir son fils de quatre ans dont elle fera un enfant star du cinéma sous le
    Troisième Reich.

    Le père ne reverra jamais son fils, sauf à l’écran.

    Au soir de sa vie, dans les années 80, Douglas Sirk s’entretient avec Denis Rossano, un jeune étudiant en cinéma. Le réalisateur fait revivre Berlin, la propagande, son second mariage, l’exil, les grands studios après guerre, mais ne dit rien ou presque sur Klaus. Toute la vie, toute l’œuvre de cet homme furent pourtant la quête désespérée de son fils adoré.

    Pour mettre des mots sur cette histoire que Douglas Sirk n’a jamais racontée, Denis Rossano mène l’enquête, jusqu’à découvrir ce que le cinéaste lui-même ignorait.

     

    Première page :

    "Un lac dans les montagnes de Bavière. L'eau a gelé dans la nuit; maintenant, c'est l'aube et le ciel s'éclaircit. Une brume d'aurore flotte encore, elle va se dissiper lentement. Un homme se tient debout sur la rive, chaudement vêtu. Il serre contre lui un tout petit garçon.

    - Regarde, Klaus, c'est la nature qui respire.

    La lumière, entre rose et bleu, embue le paysage. Des silhouettes mystérieuses émergent au cœur du lac. Immobiles, cristallines. L'enfant accroché à son cou écarquille les yeux. Il a trois ans. Un épais bonnet de laine recouvre ses cheveux blonds. Il tend sa main droite, protégée d'une moufle, vers les formes incertaines.

    - Was... commence-t-il.

    - Qu'est-ce que c'est ? Je ne sais pas, Klaus, je ne sais pas.

    Les parois enneigées des Alpes, tout à coup, reflètent les lueurs du matin naissant. Les vapeurs se dispersent et la surface glacée apparaît plus clairement, recouverte d'une poudre blanche sur laquelle se dessinent des traces de pas animales. Le père reconnaît alors ce qu'il observe.

    - Schwäne, chuchote-t-il à l'oreille de son fils.

    Des cygnes. Des cygnes venus se poser le soir et qui se sont endormis, avant que les glaces ne les pétrifient."

    Ce que j'en pense :

    Voilà un vrai roman qui prend des allures de biographie, d’enquête, de témoignage, de documentaire… L’auteur sait admirablement nous conter les questionnements, les ambiguïtés, les compromissions, les renoncements et les blessures de Douglas Sirk, le grand spécialiste des films mélodramatiques. C’est un livre qui nous apprend beaucoup sur cette période troublée de l’Allemagne des années 30-40. Récit bien structuré, style fluide, chapitres courts font que ce livre se lit très facilement, même si on n'est pas spécialement cinéphile.

    Un père sans enfant

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  • Propriété privée

    "Propriété privée" de Julia Deck - Minuit

    Présentation de l'éditeur :

    Il était temps de devenir propriétaires. Soucieux de notre empreinte environnementale, nous voulions une construction peu énergivore, bâtie en matériaux durables. Aux confins de la ville se tramaient des écoquartiers. Notre choix s'est porté sur une petite commune en plein essor. Nous étions sûrs de réaliser un bon investissement.
    Plusieurs mois avant de déménager, nous avons mesuré nos meubles, découpé des bouts de papier pour les représenter à l'échelle. Sur la table de la cuisine, nous déroulions les plans des architectes, et nous jouions à déplacer la bibliothèque, le canapé, à la recherche des emplacements les plus astucieux. Nous étions impatients de vivre enfin chez nous.
    Et peut-être aurions-nous réalisé notre rêve si, une semaine après notre installation, les Lecoq n'avaient emménagé de l'autre côté du mur.

    Première page :

    "J’ai pensé que ce serait une erreur de tuer le chat, en général et en particulier, quand tu m’as parlé de ton projet pour son cadavre. C’était avril déjà, six mois que nous avions emménagé. Les maisons neuves rutilaient sous le soleil mouillé, les panneaux solaires scintillaient sur les toits, et le gazon poussait dru des deux côtés de l’impasse. Tu m’avais accompagnée à l’extérieur pendant que je rempotais les soucis sous la fenêtre de la cuisine. Les feuilles s’ébattaient entre mes mains gantées, et parmi elles les bourgeons gonflés à bloc, prêts à éclater sous la puissance des fleurs. Tu avais réfléchi à tous les détails pour occire le gros rouquin. Comme tu les exposais tranquillement, adossé à la porte d’entrée, j’ai continué de creuser la terre sans répondre."

    Ce que j'en pense :

    Cela commence plutôt bien, comme une bonne satire sociale dans les milieux "bobos". C'est caustique, un peu mordant. Mais cela ne tient pas longtemps car on ne réussit pas à s'intéresser aux personnages qui sont souvent un peu caricaturaux. Et puis ce presque thriller ne nous accroche pas vraiment mais on continue jusqu'au bout. En fermant le livre on est un peu déçu, sans doute parce qu'on en attendait trop, et qu'on imaginait du "Yves Ravey".

    Propriété privée

     

     

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  • Les buveurs de lumière

    "Les buveurs de lumière" de Jenni Fagan - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    Le monde entre dans l'âge de glace, il neige à Jérusalem et les icebergs dérivent le long des côtes. Pour les jours sombres qui s'annoncent, il faut faire provision de lumière – neige au soleil, stalactites éclatantes, aurores boréales.

    Dylan, géant barbu et tatoué, débarque au beau milieu de la nuit dans la petite communauté de Clachan Fells, au nord de l'Écosse. Il a vécu toute sa vie dans un cinéma d'art et essai à Soho, il recommence tout à zéro. Dans ce petit parc de caravanes, il rencontre Constance, une bricoleuse de génie au manteau de loup dont il tombe amoureux, et sa fille Stella, ex-petit garçon, en pleine tempête hormonale, qui devient son amie. Autour d'eux gravitent quelques marginaux, un taxidermiste réac, un couple de satanistes, une star du porno.
    Les températures plongent, les journaux télévisés annoncent des catastrophes terribles, mais dans les caravanes au pied des montagnes, on résiste : on construit des poêles, on boit du gin artisanal, on démêle une histoire de famille, on tente de s'aimer dans une lumière de miracle.
    Dans ce roman éblouissant au lyrisme radical, peuplé de personnages étranges et beaux, Jenni Fagan distille une tendresse absolue qui donne envie de hâter la fin du monde.

    Première page :

    "Ils sont parfaitement clairs sur le sujet. Ils emploient des phrases déclaratives courtes. Des majuscules. De l'encre rouge. Certains points sont soulignés. En somme : ils veulent tout. C'est la fin. Dylan utilise des ciseaux à ongles pour tailler les poils rebelles qui dépassent de sa barbe, il se penche au-dessus d'une rangée de lavabos dans les toilettes pour dames et s'asperge le visage. Il a joué de nombreux rôles devant ces miroirs : Jedi, Goonie, zombie, ado téléki-nésique vengeur - un gamin de Soho ayant grandi dans un cinéma d'art et d'essai : il se couchait sur la scène en pyjama pour regarder les étoiles glisser sur le plafond pendant des heures. Sa grand-mère disait qu'ils étaient les gardiens d'un conclave, un endroit où les gens venaient pour se sentir un moment en sécurité, pour se rappeler qui ils avaient été autrefois - une chose si souvent ignorée (à l'extérieur) mais ici à l'intérieur : lumières, caméra, action !

    Dylan enfile son pull et se dirige vers le foyer désert. Le guichet de la billetterie sent le renfermé. Une traînée de verres de gin vides mène jusqu'à sa cabine de projection. Il se rappelle brièvement avoir trinqué à Tom et Jerry, Man Ray, Herzog et Lynch, Besson et Bergman, aux filles du peep-show d'à côté, à Hansel, Gretel et tous leurs amis. Il prend à nouveau la lettre. Même si elle le lui avait dit, il n'aurait rien pu faire. Le compte est vide. Il y a moins que rien. Le déficit affiche tellement de chiffres qu'il cesse de compter. Un tas de factures impayées est soigneusement rangé …."

    Ce que j'en pense :

    Dans un contexte apocalyptique l’auteure réussit à instiller de l’espoir avec ses personnages qui apparaissent tous en rupture avec les normes de « l’ancien monde ». Chacun·e croit que tout est encore possible : l’amour, le changement de sexe, la mort apaisée, un nouveau mode de vie…. Tout cela est écrit dans une langue merveilleuse, poétique, surprenante. Ce livre, malgré le froid glacial qu’il décrit, contient de la tendresse, de la douceur et de la chaleur.

    Les buveurs de lumière

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  • La madone de Notre-Dame

    "La madone de Notre Dame" de Alexis Ragougneau - Points policier

    Présentation  de l'éditeur :

    À Notre-Dame de Paris, sous le soleil du 15 août, une jeune femme provocante, tout de blanc vêtue, sème le trouble dans la procession. Le lendemain, elle s'effondre en plein cœur de la cathédrale. Si la police et le parquet semblent pressés de clore une affaire qui entache le prestige de l'Église, le père Kern, suivant son intuition et sa propre piste, est prêt à remonter aux racines du mal...

    Première page :

    "LUNDI

    On a une alerte à la bombe, Gérard. Dans le déambulatoire. Cette fois c'est du sérieux, du lourd.

    Une épaule calée contre le cadre de la porte, son gigantesque trousseau de clés pendu au bout du bras, le surveillant observait le sacristain s'affairer, ouvrir une à une les armoires de la sacristie, en sortir des chiffons, des éponges, des produits d'entretien pour l'argenterie, marmonnant à intervalles réguliers quelques jurons de sa propre composition.

    Tu m'écoutes, Gérard ? Tu devrais aller jeter un coup d'oeil, je t'assure. Quinze ans de carrière, jamais vu un truc pareil. Il y a de quoi faire péter la cathédrale tout entière.

    Gérard interrompit ses recherches et parut enfin s'intéresser au surveillant. Celui-ci venait de suspendre le trousseau à un simple clou fiché dans le lambris de la sacristie.

    Tout à l'heure si tu veux j'irai voir. C'est bien comme ça ? Ça te va ?

    Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, Gérard ? T'as plus le temps pour les trucs prioritaires ?

    Écoute, tu me les brises, je t'assure. Trente ans que je bosse ici ; chaque année c'est la même chose, tous les 15 août il faut qu'ils me foutent un foutoir pas possible dans la sacristie. 

    Ce que j'en pense :

    Après avoir lu « Opus 77 » j’avais très envie de lire des livres précédents de Alexis Ragougneau. Évidemment ce n’est pas la même écriture, c’est beaucoup plus « classique » et commun mais on est en présence d’un bon petit polar. Le sujet et les personnages sont originaux, même si la fin est un peut trop tôt « attendue ». Je pense que je vais poursuivre la découverte de cet auteur.

    La madone de Notre-Dame

    La madone de Notre-Dame

     

     

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  • Te laisser partir

    "Te laisser partir" de Clare Mackintosh - Le livre de poche thriller

    Présentation de l'éditeur :

    Un soir de pluie à Bristol, un petit garçon est renversé par un chauffard qui prend la fuite. L’enquête démarre, mais atteint rapidement son point mort. Le capitaine Ray Stevens et son équipe n’ont aucune piste. Rien. Après cette nuit tragique, Jenna a tout quitté et trouvé refuge au pays de Galles, dans un cottage battu par les vents. Mais plus d’un an après les faits, Kate, une inspectrice de la criminelle, rouvre le dossier du délit de fuite. Et si l’instant qui a détruit tant de vies n’était pas le fait du hasard  ?

    Première page :

    "Le vent rabat ses cheveux mouilles sur son visage et elle plisse les yeux pour se protéger de la pluie. Par ce temps, tous sont presses et filent a vive allure sur les trottoirs glissants, le menton enfoui dans le col. Les voitures qui passent éclaboussent leurs chaussures ; le bruit de la circulation l’empêche d’entendre plus de quelques bribes du flot de paroles qui a commence au moment ou les grilles de l’école se sont ouvertes. Les mots sortent pêle-mêle de sa bouche dans l’excitation suscitée par ce nouveau monde dans lequel il grandit. Elle saisit quelque chose a propos d’un meilleur ami, d’un expose sur l’espace, d’une nouvelle maitresse. Elle baisse les yeux et sourit de son enthousiasme, ignorant le froid qui se faufile sous son écharpe. Le garçon lui rend son sourire et lève la tete pour sentir la pluie, ses cils mouilles noircissant le contour de ses yeux.

    — Et je sais écrire mon nom, maman !

    — C’est très bien mon fils, dit-elle en s’arrêtant pour embrasser avec amour son front humide. Tu me montreras a la maison ?

    Ils marchent aussi vite que des jambes de cinq ans le permettent. De sa main libre, elle porte son sac d’école, qui claque contre ses genoux."

    Ce que j'en pense :

    On peut se laisser prendre par ce livre même s’il ne mérite pas le nom de thriller pendant plus de la moitié de la lecture. C’est conduit, de façon assez habile mais pas exempt de clichés. L’héroïne est bien décrite mais les personnages des deux policiers paraissent plutôt caricaturaux. De plus, l’écriture nous apparaît souvent un peu besogneuse.

    Te laisser partir

     

     

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  • Opus 77

    "Opus 77" de Alexis Ragougneau - Viviane Hamy

    Présentation de l'éditeur :

    " Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l'ouvrage militaire a été´ recyclé en ermitage. Et s'il lui vient l'idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par cœur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire:
    L'enfant prodige choisit sa voie.
    Il suscite espoirs et ambitions.
    Le fils trébuche, s'éloigne, ressasse.
    Dans son exil, l'enfant devient un homme.
    Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s'égare.
    Blessé, il dépérit dans sa prison de béton.
    Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c'est moi qui l'ai, David. Moi, Ariane, ta sœur. "

    Première page :

    "Nous commencerons par un silence.

    Mais les minutes de silence, vous savez bien, ne durent jamais soixante secondes pleines, y compris dans le recueillement d'une basilique genevoise, un jour de funérailles. L'impatience a vite fait de surgir, quoique l'assemblée se compose pour l'essentiel de musiciens de l'OSR, par définition respectueux du tempo imposé par leur chef. Cette fois, Claessens n'est pas au pupitre. Il est couché dans son cercueil, devant l'autel, couvé des yeux par un curé pénétré de sa mission. Célébrer l'artiste. Glisser deux ou trois mots sur une possible inspiration divine ; on ne sait jamais, ça ne mange pas de pain, un peu de prosélytisme ne nuira pas au défunt. Quant à sa fille, assise au piano quelques mètres plus loin, elle ne dira probablement rien tellement elle a l'air ailleurs.

    Il y a, surplombant mon clavier, nichée dans la pierre, une Vierge à l'Enfant. Son visage tourné vers le vitrail accroche la lumière du jour. Le Christ, poupon joufflu, cheveux bouclés, me fixe de ses yeux d'albâtre, l'air supérieur. Pas moyen de savoir ce qu'il pense ; sous la Mère et son Fils, dans ma robe de soie noire un peu trop décolletée pour l'occasion, ma tignasse rousse au-dessus des touches ivoire, je dois sûrement faire mauvais genre, une véritable Marie Madeleine. Je suis venue jouer un air à l'enterrement de mon père."

    Ce que j'en pense :

    Une histoire de famille, une histoire de musique, une histoire de liberté et/ou d’emprisonnement, une histoire d’amour. C’est un roman « partition » avec ses pianissimo, ses forte, ses fortissimo… et ses silences. C’est un roman très bien construit et très bien écrit, c’est aussi un magnifique portrait de femme. L’Opus 77 de Chostakovitch est continuellement présent en fond sonore. Un livre intense, émouvant qui m’a happé du début à la fin.

    Opus 77

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  • La terre invisible

    "La terre invisible " de Hubert Mingarelli - Buchet-Chastel

    Présentation de l'éditeur :

    Dans l’Allemagne occupée, un photographe de guerre ne parvient pas à s’en aller et à rentrer chez lui en Angleterre. Il est hanté par la libération d’un camp de concentration à laquelle il a assisté.Il décide de partir au hasard des routes. Il photographiera les gens de ce pays devant leur maison dans l’espoir de comprendre qui ils sont pour avoir pu laisser faire ce qu’il a vu.Un jeune soldat anglais, qui vient juste d’arriver et qui n’a rien vécu de la guerre, l’escortera et conduira la voiture réquisitionnée à travers l’Allemagne sans deviner les motivations qui poussent le photographe. Mais lui aussi porte un secret plus intime qui le hante et dont il ne parle pas. La Terre invisible raconte leur voyage.

    Première page :

    "Allemagne, juillet 1945

    Depuis presque deux semâmes de ce mois de juillet brûlant j'attendais à Dinslaken, au bord du Rhin, je n'arrivais pas à m'en aller. Pourtant je pensais avoir tout photographié. Tous les jours le soleil était blanc et les nuits n'apportaient aucune fraîcheur. On étouffait le jour et la nuit. Je ne savais pas pourquoi je restais ici, passant le plus clair de mon temps à l'hôtel, n'ayant bientôt plus d'argent. Le matin je descendais voir le fleuve et le soir j'allais m'asseoir sur le banc de la Diîrenstrasse. Je fermais les yeux, attendant qu'il fasse un peu moins chaud pour rentrer."

    Ce que j'en pense :

    Comme toujours chez Mingarelli des hommes sont en errance et il ne se passe pas grand-chose. C’est, pour moi, tout l’intérêt de ce genre de livre : laisser de l’espace au silence, à la suspension, à l’intériorité. Beaucoup de choses nous resteront un peu mystérieuses, voire improbables, dans cette histoire. je peux comprendre que certains lecteurs puissent s’ennuyer mais pour moi c’est un livre apaisant, reposant, même s’il n’atteint pas la force de certains de ses autres livres (comme « La beauté des loutres »).

    La terre invisible

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  • Deux kilos deux

    "Deux kilos deux" de Gil Bartholeyens - JC Lattès

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une région isolée de Belgique, les Hautes Fagnes, une tempête de neige s’abat les bois, les landes et les villages. Elle recouvre tout et maintient les hommes dans le silence et dans l’attente.
    Sully, un jeune inspecteur vétérinaire, débarque là pour mener un contrôle dans une exploitation avicole. Il y a eu des plaintes, des soupçons. Sully cherche des réponses auprès des habitants  et des exploitants agricoles. Pendant son enquête, il trouve souvent refuge dans un diner où travaille Molly, belle et bouleversante, et Paul, le patron qui lit Walt Whitman, cuisine le poulet comme personne et semble toujours attendre que quelque chose arrive.  Chaque rencontre compte, conjure le temps, promet un autre avenir.
    Deux kilos deux est  un western, une enquête, une  réflexion sur la condition animale et sur la condition humaine, c’est aussi une histoire d’amour.

    Première page :

    "Il y a une beauté de la jeunesse et il y a de la beauté des années, dit Sully J. Price en croisant le regard de Molly , c'était imprimé sur la plaque de son uniforme. Et Molly allongeait le cou pour arroser les clients de café fumant. De loin, on voyait son visage de jeune fille. Mais quand elle s'approchait, on voyait la femme, les enfants qu'elle avait eus, la force qu'elle avait eue, celle avec laquelle elle avait affronté la suite de la vie.

    Il neigeait depuis le matin. Le parking du diner s'était rempli de camions. Les gens du coin, venus prendre leur petit déjeuner, des œufs au bacon pour la plupart, attendaient que le temps s'améliore pour reprendre la route.

    Au-dessus du comptoir, la télévision ne présageait rien de bon. La tempête avançait sur la carte animée. Des épandeuses crachaient du gravier sur les routes enneigées et le journaliste, habillé comme un sapin de Noël, semblait annoncer la fin du monde.

    Ce que j'en pense :

    L’intrigue s’excite un peu dans les 50 dernières pages mais c’est vraiment très mince par  rapport au nombre de pages consacrées à la maltraitance animale et à l’élevage de volailles. Même si le discours est intéressant et mérite d’être évoqué on attend autre chose d’un roman. Heureusement, de temps en temps il y a de l’humour et de belles phrases ! Et puisque ce livre en est rempli, disons que l’auteur a une plume originale.

    Deux kilos deuxDeux kilos deux

     

     

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