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"Chacun pour soi" de Claude Bourgeyx - Le Castor Astral
Présentation de l'éditeur :
Mosaïque de vies, le livre présente des personnages du quotidien, qui s’interrogent et forcent à nous questionner. Dans la continuité de Des gens comme ça, Claude Bourgeyx expérimente, à travers les dialogues, les tourments de personnages faisant face à des événements tantôt tragiques, tantôt absurdes, souvent drôles. Alternants conversations troublantes et déclarations comiques, l’auteur se situe dans un univers entre Lewis Carroll et Topor, entre humour noir et non-sens, surréalisme et fantastique.
Première page :
LA VIE
- La vie, parfois, vous savez...
- Je ne suis pas sûr de savoir. Que faudrait-il donc que je sache ?
- Ce mélange de tragique et de légèreté...
- Oui, bien sûr.
- La vie, toujours tragiquement inachevée...
- Si vous pouviez être plus explicite, ça m'arrangerait.
- Les épreuves qu'elle inflige, les orages qui s'abattent...
- D'accord, mais où voulez-vous en venir ? Essayez au moins de faire une phrase complète.
- La vérité se niche souvent dans les points de suspension d'une phrase sans fin. Les points de suspension en disent long pour peu que l'on tende l'oreille.
- Si vous avez quelque chose à dire sur la vie, dites-le clairement. Là, je n'entends rien à ce que vous semblez vouloir me faire comprendre.
- Penser au temps vécu, nier sa fuite, essayer de cultiver l'instant. Difficile.
- Je vous en prie, épargnez-moi ce soliloque nourri d'un tissu de banalités....
Ce que j'en pense :
Une série de petites scènes dialoguées, entre absurde, ironie, férocité à l’humour souvent grinçant. Tous les textes ne sont pas au même niveau, si une bonne moitié nous fait rire (souvent jaune), les autres peuvent un peu tomber à plat et ne nous arrachent qu’une moue dubitative.
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"Jacques e tla corvée de bois" de Marie-Aimée Lebreton - Buchet-Chastel
Présentation de l'éditeur :
Jacques est un jeune appelé du 35e régiment, un de ces hommes envoyés en Algérie dans les années 1959-1960 pour accompagner la transition après les années de guerre, se faire les dents et devenir des hommes, leur dit-on. Il laisse derrière lui son père, et surtout celle qu’il aime, Jeanne, qui reste tout près, en pensée, tout au long de son exil. Là-bas, en Algérie, Jacques retrouve son ami d’enfance, François, un jeune officier plein d’assurance, qui viendra, juste après la proclamation de l’indépendance, rappeler lors d’une cérémonie officielle le sens de l’engagement militaire et les valeurs patriotiques, comme pour mieux organiser l’occultation de l’horreur qui vient de se dérouler. Jacques ne reconnaît plus son ami, devenu un étranger pour lui. Que fera-t-il de son sentiment de trahison ?
Première page :
« Quelqu’un de bien », avait noté Mangano quand la commission lui avait demandé son avis. C’était à cause de son attitude réservée, des joues trop creuses, une déformation congénitale qui rendait son aspect singulier. À part ça, une bonne éducation, le sens du devoir et une attitude respectueuse à l’égard de toute forme d’autorité.
Ce n’était pas facile de recruter parmi les jeunes appelés. À ce stade, il valait mieux ne pas se tromper.
Ces derniers temps, l’armée française avait perdu beaucoup d’hommes et quand il avait accepté la mission, Mangano s’était juré de ne rien laisser passer.
Ce que j'en pense :
Ce livre aborde une période assez noire de l’histoire de France en Algérie. On rentre dans ce livre en suivant un jeune homme plutôt effacé et assez « taiseux ». La forme du récit, par petites touches très courtes, semble intéressante, au moins dans les premières pages. Mais l’intérêt faiblit au fil de l’histoire. De plus la lecture n’en ai pas toujours fluide et cela est du au style de l’autrice qui parait, à mon avis, souvent hésitant et même confus. Dommage !
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"Skeleton road" de Val McRermid - Flammarion
Présentation de l'éditeur :
Des ouvriers découvrent dans le centre historique d'Edimbourg les restes d'un cadavre au sommet d'un immeuble. A qui appartient ce squelette, et comment est-il arrivé jusque-là ? C'est à l'inspectrice Karen Pirie qu'est confiée la résolution de l'énigme. Bientôt, elle va devoir s'enfoncer plus loin qu'elle ne l'aurait cru dans l'histoire tragique des Balkans, là où couve encore la violence de crimes de guerre inavoués. Val McDermid signe avec Skeleton Road un polar captivant et parfaitement maîtrisé, hanté par le souvenir sanglant des guerres de Yougoslavie des années 1990.
Première page :
Le coucher de soleil est souvent majestueux dans le port touristique crétois de La Canée. Des reflets dorés, rouges et roses font scintiller les coques des canots de location, des yachts de seconde catégorie et des bateaux de plaisance. Les remparts historiques délimitant le port s'élèvent, solides, vers le ciel fragile, telles des ombres projetées sur un écran, et le long des quais des touristes admirent avec nonchalance un artiste de rue ou un stand de bijoux, flânant de restaurants en magasins de souvenirs.
Autour du port, les bâtiments qui composent la ville s'entassent pêle-mêle, certains partant à l'assaut de la colline, d'autres serrés les uns contre les autres comme des bâtisses romaines. Des locations de vacances et des résidences pour retraités surplombent la foule de bateaux et de promeneurs, leurs façades striées par les derniers rayons du soleil.
Assis à l'une des tables en terrasse, un homme observe les touristes, impassible, un fond de Metaxa sept étoiles posé devant lui. Une petite soixantaine d'années, large d'épaules, quelques kilos en trop. Il est vêtu d'un short bleu marine et d'un polo vert bouteille qui laisse voir ses avant-bras musclés au bronzage cuivré comme sa boisson. Il porte des lunettes teintées sensiblement plus élégantes que le reste de sa tenue.
Ce que j'en pense :
C'est un bon polar, bien écrit et qui a le mérite de nous replonger dans la guerre de l'ex Yougoslavie. L'autrice s'est très bien documentée dans ce domaine. Les personnages sont bien campés, particulièrement l'inspectrice écossaise Karen Pirie. Le principal bémol que je ferai à ce roman c'est qu'on peut facilement découvrir dès le milieu du livre qui est le coupable.
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"L'empathie" de Antoine Renand - Pocket
Présentation de l'éditeur :
" Il resta plus d'une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l'homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d'un puzzle qu'il avait sous les yeux depuis des années et qu'il parvenait enfin à assembler. On en parlerait. Une apothéose. "
Cet homme, c'est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit.
Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la " brigade du viol ".
Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets.Première page :
Il avait commencé par s'introduire dans des maisons. Pas pour voler. Non qu'il fût opposé à cette idée, car il n'hésitait jamais à dérober un objet de valeur ou qu'il trouvait à son goût si une opportunité se présentait. Mais à cette époque il gagnait relativement bien sa vie, la navigation lui offrant un revenu suffisant au vu de ses très modestes besoins.
D'autres raisons l'avaient poussé à pénétrer dans ces foyers. L'oisiveté, principalement. Le navire sur lequel il devait embarquer pour le Brésil était coincé au port de Plvmouth pendant huit jours, pour un problème de logistique. Il aurait pu partir sur un autre cargo, mais il avait préféré attendre.
Les villes ne l'intéressaient que très peu, seul l'océan le fascinait. Il avait eu vite fait de sillonner Plvmouth, dont les quelques attraits touristiques le laissaient indifférent, et entreprit de faire de longues promenades dans la périphérie. Alpha ne s'ennuyait jamais vraiment, habitué depuis l'enfance à se réfugier dans des rêveries solitaires.
Ce que j'en pense :
C’est bien sûr un livre très « prenant » avec une intrigue qui au début parait assez commune mais que l’auteur complexifie en « creusant » chacun·e de ses personnages. On peut se sentir mal à l’aise devant la description de certaines scènes. L’auteur a une écriture plutôt cinématographique, il nous donne à voir (parfois peut être un peu trop). Le "méchant" de l'histoire a également trop de compétences de super héros, ce qui affaiblit un peu la force du récit.
C’est quand même un bon premier roman (pas complètement un coup de cœur) et on attend le deuxième qui devrait sortir en mars.
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"A crier dans les ruines" de Alexandra Koszelyk - Aux forges de Vulcain
Présentation de l'éditeur :
Tchernobyl, 1986. Lena et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans l’usine de leur ville, bouleverse leurs vies. Car l’usine en question, c’est la centrale de Tchernobyl. Et nous sommes en 1986. Les deux amoureux sont séparés. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena, quant à elle, grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Mais, un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver le pays qu’elle a quitté vingt ans plus tôt.
Première page :
Quand Léna arrive à Kiev, elle ne s'attend à rien ou plutôt à tout. Des odeurs de son enfance, la musique de sa langue natale, les dernières images avant son exil. Mais de fines particules assombrissent les lumières de la ville, la grisaille embrume ses souvenirs. Des silhouettes la frôlent et semblent appartenir à un autre temps. Quand elle remonte le col de sa veste, un homme lui fait signe de l'autre côté de la rue puis s'approche. À quelques mètres d'elle, il découvre son erreur : il l'a prise pour une autre. Elle comprend à peine ses excuses en russe. Léna regarde la silhouette, celle-ci n'est déjà plus qu'un point à l'horizon.
« À la prochaine à droite, vous serez arrivé à votre destination. »
La voix métallique du GPS la sort de sa rêverie. Au bout de l'allée clignotent les néons de l'agence de voyages. Elle pousse la porte, de l'air chaud enveloppe ses mollets. Derrière le comptoir se tient une femme qui lui tend un dépliant….
Ce que j'en pense :
C’est un premier roman avec quelques qualités et beaucoup d’imperfections. L’autrice s’est bien documentée sur la catastrophe. Elle y a greffé une histoire d’amours adolescentes mais cela tourne à la romance fade et assez prévisible. Si le livre se lit facilement (malgré un style parfois « bancal ») il m’a laissé sans émotion (ou juste sur le bord !). C’est bien loin du poème d’Aragon que l’autrice reprend en titre. Poème à lire ici : http://dormirajamais.org/poeme-a-crier/
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"Les petits outrages" de Claude Bourgeyx - Le Castor Astral
Présentation de l'éditeur :
" Bon sang, c'est quoi, le poids des mots ? Cinq cents grammes ? Un kilo ? Allez savoir ! Sans i, compter que les mots n'ont pas tous le même poids. Il existe des mots lourds comme camion ou indigestion, et des mots légers comme duvet ou soupir. Il faut savoir que les mots légers ou réputés tels peuvent être lourds. Lourds de conséquences. Alors posons-nous la question : un mot léger, mais lourd de conséquences, pèse-t-il plus ou moins qu'un mot lourd aux conséquences légères ? " Claude Bourgeyx est passé maître dans l'art du dérapage. De la plus anodine des réalités, il tire des situations exceptionnelles où surréalisme et fantastique caracolent dans un joyeux bruissement de mots. C'est cocasse, cruel, étouffant, léger, pernicieux, intoxicant.
Claude Bourgeyx tient un scalpel à la place du stylo. Acides et destructeurs, ses textes se révèlent comme un grand cru de l'humour par l'absurde.Première page :
Maja
Mais qui a bien pu engrosser la Maja nue, de Goya, au musée du Prado ? La drôlesse est enceinte de cinq mois, on ne peut plus dissimuler son état aux visiteurs. On se demande qui est le père. Le conservateur ? Ce n'est pas crédible pour la raison qu'il entretient une liaison avec une copie du David de Michel-Ange. Le responsable de la sécurité ? Pas davantage. Celui-là vise ailleurs, du côté de la Cour. En ce moment, il courtise les Ménines avec l'espoir qu'elles favoriseront son approche de l'infante. Joli monde ! Alors qui ? Un gardien. Un visiteur. Un touriste étranger, peut-être. Un Japonais, si ça se trouve. Beau scandale en perspective ! On imagine sans peine la une des journaux à sensation : l'enfant de la Maja nue a les yeux bridés. Mais aussi, il faut la voir, mollement étendue sur ses coussins de soie, lascive, provocante... La tentation même.
Maintenant, il est trop tard pour pratiquer une IVG. Quel scandale, mon Dieu, quel scandale!
Des critiques d'art prétendent que le comte d'Orgaz ne serait pas étranger à cette paternité. Il se serait rendu à Madrid juste avant son enterrement, par la navette de 7 h 48. Là, il aurait eu un rapport bref mais intense avec la jeune femme. Faudra-t-il recourir au test de paternité ? Déjà des voix s'élèvent pour l'exiger.
En attendant, une main charitable a accroché au mur, à côté de la pécheresse, une petite toile vierge qui servira de berceau au bâtard.
Ce que j'en pense :
Recueil de textes courts (nouvelles) qui amènent du fantastique, du burlesque, de l’humour noir, de l’absurde… dans le quotidien. C’est souvent très réussi et cela mérite d’être lu à voix haute ou d’être mis en scène. On ne peut s’empêcher de rire en lisant ces petits bijoux de littérature.
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"Kim Jiyoung, née en 1982" de Nam-joo Cha - éditions NIL
Présentation de l'éditeur :
Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d'un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l'année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu'elle aime mais qu'il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d'autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d'une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu'on ne s'y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court.Première page :
Kim Jiyoung a trente-cinq ans. Elle s'est mariée il y a trois ans et a en une fille l'an dernier. Elle; son mari Jeong Daehyeon et leur fille Jeong Jiwon, sont locataires dans une résidence de la banlieue de Séoul. Jeong Daehyeon travaille dans une importante entreprise de high-tech; Kim Jiyoung a travaillé dans une société de communication jusqu'à la naissance de sa fille. Jeong Daehyeon rentre chez lui tous les jours de la semaine vers minuit et passe au moins un jour par week-end seul au bureau. Sa belle-famille 'vivant à Busan et ses propres parents tenant un restaurant, Kim Jiyoung s'occupe seule de sa fille. Quand Jeong Jiwon a eu un an. elle a commencé les matinées aménagées à la garderie située au rez-de-chaussée d'un immeuble de leur résidence.
C'est le 8 septembre que pour la première fois un étrange symptôme a fait son apparition chez Kim Jiyoung. Son mari se souvient parfaitement de la date car c'était le jour de Baengno. Il prenait son petit-déjeuner - des toasts et du lait -quand Kim Jiyoung est sortie sur la loggia et a ouvert la fenêtre. Le soleil brillait dans le ciel mais un air frais s'est glissé dans la cuisine. Kim Jiyoung est revenue vers la table, les épaules contractées.
Ce que j'en pense :
L’intérêt principal de ce livre est de nous faire découvrir de l’intérieur la Corée du sud et de nous montrer que les problèmes des femmes sont universels. Cela ressemble à un essai qui voudrait devenir roman mais n’y parvient pas vraiment. L’écriture (traduction ?) est désolante de platitude. Lorsque l’humour est présent c’est sans le faire exprès (« lui offrant un verre quand elle essuyait un nouveau revers »).
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"Ils ont voulu nous civiliser" de Marin Ledun - j'ai lu
Présentation de l'éditeur :
Thomas Ferrer n'est pas un truand - pas vraiment. Ses petits trafics lui permettent simplement de sortir la tête de l'eau. Lorsqu'une transaction avec Baxter, un vrai criminel, tourne mal, Ferrer le laisse pour mort avant de prendre la fuite. Baxter se lance alors à sa poursuite avec deux de ses associés avides de vengeance. Tandis qu'une puissante tempête s'abat sur le sud-ouest, Ferrer doit sauver sa peau à tout prix. Mais la traque sera sans pitié. Marin Ledun livre ici un roman sombre et sous tension, dans lequel les éléments se déchaînent en même temps que la folie humaine.
Première page :
Thomas Ferrer fourguait les canards qu'il volait pour huit euros le kilo à un revendeur dénommé Baxter qui gagnait officiellement sa vie comme shaper. Printemps et été, il vivait de petits boulots de saisonnier sur les exploitations agricoles des environs ou dans les bars de la côte, mais dès qu'arrivait octobre, les plages surveillées fermaient, les touristes retournaient d'où ils venaient, les paysans comptaient le fric que leur avait rapporté le maïs, et les types comme lui devaient bien trouver de quoi passer l'hiver.
Huit euros, une misère. Deux ans plus tôt, la transaction lui aurait rapporté le double de cette somme, mais il s'était laissé surprendre sur la propriété d'un agriculteur à la retraite de Begaarts qui cherchait à le coincer depuis longtemps. Ce dernier n'avait rien trouvé de mieux que de l'attacher à son tracteur sous la menace d'un fusil Yildiz calibre 12, avant d'appeler les flics. Ce jour-là, Ferrer chargeait près d’une cinquantaine de volailles….
Ce que j'en pense :
Il n’y a pas de temps mort dans cette histoire, c’est la tempête qui donne le rythme de ce livre …et c’est, à mon avis, le « personnage » le plus intéressant de ce roman (avec le vieux Alezan). Les passages sur la guerre d’Algérie sont assez forts. Mais les scènes d’affrontements, de bagarres s’étirent trop en longueur et on est un peu perdus, en particulier lorsque cela se passe dans la maison d’Alezan. En résumé : un livre qui se laisse lire mais les dimensions sociales et politiques ne sont pas assez présentes (contrairement à ce que disent certaines critiques).
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"Les contours de la mélancolie" de Léa Herbreteau - Calmann Lévy
Présentation de l'éditeur :
Madeleine est assise dans le fauteuil de ma soeur, ses mains jointes sur les cuisses. Sourire aux lèvres. Depuis quand exactement est-elle ici ?
Avant, Elena était consultante en philosophie et rédigeait une thèse, jusqu'au jour où tout s'est effondré. Depuis, elle passe ses journées enroulée dans sa couette, un café au sauvignon à portée de main, et pense à Théo. Théo qui est parti, mais qui est encore partout.
Un matin, sa voisine Madeleine frappe à sa porte. Ses cheveux sont longs et gris, ses vêtements sont noirs. Sa peau est constellée de taches de vieillesse et elle pue le médicament. Elle dit qu’elle vient juste pour le café. Juste pour discuter.
Mais les jours passent et Madeleine est toujours là, bien décidée à s’insinuer dans la vie d’Elena, à lui chuchoter des pensées de plus en plus sombres.
Première page :
Je ne voyais pas l’intérêt de m’habiller. Mais je me suis pliée aux convenances. J’ai mis un pantalon, des chaussures et même un slip propre.
— Comment ça va, Elena ?
Les yeux de Corinne me scannent derrière ses lunettes rondes. Elle porte encore son chandail vert, assorti à son pantalon kaki. De nouvelles taches brunes constellent ses mains.
— Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vues. Tu ne viens plus vraiment au bureau.
Un début de chaleur inconfortable s’installe dans ma poitrine. Je me force à sourire. Ma N + 1 touille son café. Elle ne m’en a même pas proposé.
— Je suis en arrêt maladie.
Elle joint ses mains et se penche au-dessus de son bureau, en souriant avec ses gencives.
— Six mois d’absence, tout de même… Nous aimons t’avoir ici, Elena. Ta collaboration et le travail réalisé autour de ta thèse sont très utiles à notre cabinet.
Pendant une seconde, je la crois presque et me tortille sur ma chaise, les mains jointes dans une position de pénitence.
Ce que j'en pense :
Façon très originale d’aborder le thème de la dépression, en faisant apparaître un personnage qui la représente. L’écriture est alerte, vive et se veut très moderne avec parfois un vocabulaire assez cru qui peut dérouter. La tonalité du roman est plutôt sombre (malgré des notes d’humour) et c’est même assez violent psychologiquement. On se dit souvent que ça va se terminer très mal….
Question pour l’éditeur : Pourquoi mettre le nom de l’autrice en plus gros caractères que le titre du roman ?
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