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"Derniers mètres jusqu'au cimetière" de Antti Tuomainen - 10/18
Présentation de l'éditeur :
À 37 ans, Jaakko a tout pour être heureux.
Jusqu'au jour où, lors d'une simple visite médicale, il apprend qu'il va bientôt mourir. La raison de ce triste verdict : quelqu'un l'empoisonne depuis longtemps à son insu.
Alors que cette annonce aurait suffi pour faire de cette journée la pire de sa vie, Jaakko n'est pas au bout de ses surprises.
En rentrant chez lui, il découvre sa femme sur la chaise longue du jardin en plein ébat avec le livreur de leur entreprise. Trop, c'est trop !
Jaakko décide d'utiliser les derniers jours qui lui restent pour enquêter lui-même sur son empoisonnement. Et nombreux sont ceux à avoir un mobile pour le tuer, lui qui est l'heureux propriétaire d'une société hautement rentable et spécialisée dans la culture d'un champignon : le matsutake.Première page :
Vous avez bien fait de nous fournir un échantillon d'urine.
Le visage allongé du médecin assis derrière le bureau respire le sérieux et la gravité. La monture sombre de ses lunettes souligne le bleu de ses yeux et sa manière de fixer son interlocuteur.
Cela..., commence-t-il, cela requiert quelques explications. J'ai été en contact avec mes collègues de Kotka et de Helsinki. Ce qu'ils disent correspond sur toute la ligne à ce que nous pouvons déjà en conclure. Nous n'aurions rien pu faire, même si nous Pavions décelé lors de votre visite précédente. Comment vous sentez-vous ?
Je hausse les épaules. Je répète les mêmes informations que la fois précédente, en y ajoutant les derniers symptômes. Tout a commencé subitement avec de fortes nausées qui m'ont littéralement fauché. Mon état s'est ensuite amélioré, mais pour un instant seulement. Par moments, je me sens si faible que je crains de m'évanouir. Je suis pris de quintes de toux. La nuit, le stress me tient éveillé. Quand je m'endors enfin, je fais des cauchemars. J'ai souvent mal à la tête, comme si je me prenais des coups de couteau derrière les yeux. J'ai la gorge sèche en permanence. Les vomissements ont repris et surgissent sans crier gare.
Ce que j'en pense :
Ce livre nous fait penser à un autre auteur finlandais, malheureusement disparu : Arto Paasilinna. On y retrouve le même type d’humour assez noir et plutôt grinçant ainsi qu’un côté décalé, presque absurde. On peut donc rire assez souvent au cours de la lecture mais on est quand même assez loin du maître finlandais.
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"Marseille 73" de Dominique Manotti - Équinoxe Les Arènes
Présentation de l'éditeur :
La France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne. En six mois, plus de cinquante d’entre eux sont abattus, dont une vingtaine à Marseille, épicentre du terrorisme raciste. C’est l’histoire vraie.
Onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, les nervis de l’OAS ont été amnistiés, beaucoup sont intégrés dans l’appareil d’État et dans la police, le Front national vient à peine d’éclore. Des revanchards appellent à plastiquer les mosquées, les bistrots, les commerces arabes. C’est le décor.
Le jeune commissaire Daquin, vingt-sept ans, a été fraîchement nommé à l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, lieu de toutes les compromissions, où tout se sait et rien ne sort. C’est notre héros.
Tout est prêt pour la tragédie, menée de main de maître par Dominique Manotti, avec cette écriture sèche, documentée et implacable qui a fait sa renommée. Un roman noir d’anthologie à mettre entre toutes les mains, pour ne pas oublier.Première page :
1973- Grasse, charmante cité provençale, ses fleurs, ses parfums, ses trente mille habitants, et son petit millier de travailleurs immigrés, souvent tunisiens, ouvriers agricoles, ouvriers du bâtiment, tous travailleurs au noir.
A l'automne 1972, le gouvernement français décide de contrôler la population immigrée beaucoup plus strictement qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La circulaire Marcellin-Fontanet impose aux immigrés qui souhaitent entrer sur le sol français ou qui y résident déjà d'être munis d'un contrat de travail et d'avoir un logement décent pour pouvoir obtenir un permis de séjour et, ainsi, être « régularisés ». Quatre-vingt-six pour cent des immigrés présents sur le sol français passent d'un coup de la catégorie des « travailleurs au noir » à celle des « travailleurs clandestins » et alimentent du jour au lendemain une catégorie nouvelle, celle des « sans-papiers » candidats à l'expulsion dès l'été 73.
A l'approche de l'échéance, Ordre nouveau, mouvement d'extrême droite, nationaliste et néofasciste, s'engouffre dans la brèche ouverte par le gouvernement et lance, le 9 juin 1973, une campagne nationale « Halte à l'immigration sauvage ».
Ce que j'en pense :
Comme toujours chez Dominique Manotti c’est très bien documenté, un vrai travail de journaliste. Tout cela se passe à Marseille en 1973 mais pourrait presque se passer actuellement dans beaucoup de quartiers de villes françaises. C’est un bon polar historique et politique. Peut-être que le commissaire Daquin aurait mérité un peu plus de place dans ce roman.
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"Le cafard" de Ian MacEwan - Gallimard
Présentation de l'éditeur :
Un jour, Jim Sams, cafard au destin extraordinaire, se réveille dans le corps du Premier ministre britannique. Il sait une chose : il a une mission à accomplir. Rien ni personne ne l'arrêtera dans sa volonté de porter la « voix du peuple », le Réversalisme. Dans un habile jeu de miroirs, ce court texte rappelle évidemment La métamorphose de Kafka et le regard désabusé et satirique d'un Jonathan Swift. Il nous donne à voir un monde de faux-semblants et les rouages impitoyables du pouvoir. Avec intelligence et humour, Ian McEwan propose un commentaire piquant et absurde de la société britannique actuelle.
Première page :
Extrait de la préface
Au prix d’âpres et intenses négociations menées par un Premier ministre puis un autre, d’un Parlement en proie au chaos et à la paralysie, de deux élections législatives et de violentes divisions à travers le pays, la Grande-Bretagne poursuit ces derniers temps la plus vaine et la plus masochiste des ambitions jamais imaginées dans l’histoire des îles Britanniques. Le reste du monde, à l’exception des présidents Poutine et Trump, a suivi ces développements avec consternation. Si nous réussissons un jour à quitter l’Union européenne, nous entamerons alors pour quinze ans la longue marche arrière vers un simulacre de ce que nous avons été, avec nos multiples accords commerciaux, notre coopération scientifique et militaire, et mille autres dispositions utiles.
Ce que j'en pense :
C’est une satire, un pamphlet, dans lequel on peut reconnaître les principaux protagonistes du Brexit (en particulier Boris Johnson) ainsi que le président américain (sans doute le portrait le plus savoureux). On sent bien que l’écriture de ce livre a fait un bien fou à Ian McEwan, comme un cri, une colère devant ce qui advient à son pays. Si j’ai ri de temps en temps je ne peux pas dire que je sois rentré dans l’univers satirique de MacEwan.
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"White Coffee" de Sophie Loubière - Pocket
Présentation de l'éditeur :
Sur la Route 66, aux côtés du criminologue Desmond G. Blur, Lola Lombard a risqué sa vie et celle de ses enfants pour tenter de retrouver Pierre, son mari disparu depuis quatre ans. Sa confrontation avec un tueur en série l'a douloureusement marquée. Elle rentre en France ignorant si Pierre fait partie des victimes. Mais Gaston, leur fils, est persuadé que son père est vivant. Son retour pourrait bien menacer la relation nouée entre Lola et Desmond. Chacun endure la séparation d'un côté de l'Atlantique : elle à Nancy, lui à Chautauqua, petite ville de l'État de New York où le criminologue enquête sur d'étranges phénomènes. Apparitions, disparitions, vandalismes, les morts suspectes s'additionnent. Le plus dangereux prédateur n'est pas forcément celui qu'on croit.
Première page :
Août 2009
Désert de Mojave, Californie
C'était un temps de mauvais vent. Un ciel d'acier annonçait l'orage. En son domaine, un coyote courbait l'échine, dessinant une ombre brûlante sur le sable. Un soleil écrasé de nuages accrochait des reflets d'ambre à son pelage. Assourdissant silence peuplé de grésillements d'insectes.
Le désert s'apprêtait au pire, bientôt battu par la pluie, puni de ses faiblesses. Car jadis on avait ouvert ses entrailles pour en récolter les trésors et il s'était laissé faire. On avait tiré de ses veines le suc, taillé à coups de pics et de pioches un linceul stérile. Bien après la fermeture de la mine un homme était apparu, curieux de ces cicatrices. Il avait exploré les galeries, palpé le ventre de la Terre de ses doigts maigres et il s'était proclamé roi. Muscles tendus, jurant, crachant, l'homme avait charrié là d'horribles choses, ensemencé le sol de prières…
Ce que j'en pense :
Ce n’est pas vraiment une suite de « Black Coffee » mais c’est une belle façon de poursuivre l’histoire avec les mêmes personnages. C’est très réussi et on s’y laisse entrainer sans difficulté. L’écriture est toujours agréable chez Sophie Loubière. Je pense cependant que, pour apprécier au mieux ce « White Coffee » il est préférable de lire les deux livres sans laisser trop de temps entre les deux lectures.
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"Avant que j'oublie" de Anne Pauly - Verdier
Présentation de l'éditeur :
Il y a d’un côté le colosse unijambiste et alcoolique, et tout ce qui va avec : violence conjugale, comportement irrationnel, tragi-comédie du quotidien, un « gros déglingo », dit sa fille, un vrai punk avant l’heure. Il y a de l’autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, à la sensibilité artistique empêchée, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixelisé de feue son épouse ; mon père, dit sa fille, qu’elle seule semble voir sous les apparences du premier. Il y a enfin une maison, à Carrières-sous-Poissy et un monde anciennement rural et ouvrier.
De cette maison, il va bien falloir faire quelque chose à la mort de ce père Janus, colosse fragile à double face. Capharnaüm invraisemblable, caverne d’Ali-Baba, la maison délabrée devient un réseau infini de signes et de souvenirs pour sa fille qui décide de trier méthodiquement ses affaires. Que disent d’un père ces recueils de haïkus, auxquels des feuilles d’érable ou de papier hygiénique font office de marque-page ? Même elle, sa fille, la narratrice, peine à déceler une cohérence dans ce chaos. Et puis, un jour, comme venue du passé, et parlant d’outre-tombe, une lettre arrive, qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré la distance sociale, sa fille ressemble tant.
Première page
Le soir où mon père est mort, on s’est retrouvés en voiture avec mon frère, parce qu’il faisait nuit, qu’il était presque 23 heures et que passé le choc, après avoir bu le thé amer préparé par l’infirmière et avalé à contrecœur les morceaux de sucre qu’elle nous tendait pour qu’on tienne le coup, il n’y avait rien d’autre à faire que de rentrer. Finalement, avec ou sans sucre, on avait tenu le coup, pas trop mal, pas mal du tout même, d’ailleurs c’était bizarre comme on tenait bien le coup, incroyable, si on m’avait dit. On avait rangé les placards, mis la prothèse de jambe, le gilet beige, les tee-shirts et les slips dans deux grands sacs Leclerc, plié la couverture polaire verte tachée de soupe et de sang, fait rentrer dans la boîte à médicaments – une boîte à sucre décorée de petits Bretons en costume traditionnel – le crucifix de poche attaché par un lacet à une médaille de la Vierge, à un chapelet tibétain et à un petit bouddha en corne. On avait sorti du chevet des petits sachets de moutarde, une compote abricot, un paquet de BN, faut pas se laisser entamer, une pince à épiler en plastique, un menu de la semaine sur lequel il avait essayé de noter quelque chose…
Ce que j'en pense :
Livre magnifiquement écrit. C’est un témoignage, un récit… qui pourraient être très communs, on a tous perdu un père, une mère, on s’est tous retrouvés devant une maison vide avec beaucoup de petites (ou grandes) choses que l’on n’ose pas jeter, on a tous eu des souvenirs à la fois bons et mauvais de notre enfance… et pourtant Anne Pauly écrit des pages très originales, d’une très grande sensibilité, pleines de pudeur et d’une grande justesse. j’ai vraiment eu l’impression en lisant ce livre de pénétrer ma propre intimité.
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"Là où les chiens aboient par la queue" de Estelle-Sarah Bulle - Liana Levi
Présentation de l'éditeur :
Dans la famille Ezechiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son "nom de savane", choisi pour embrouiller les mauvais esprits, ses croyances baroques et son sens de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni Petit-Frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Mais sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l'histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis la fin des années 40 : l'enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'inéluctable exil vers la métropole..
Première page :
J’ai quitté Morne-Galant à l’aube parce que c’était la seule façon de ne pas cuire au soleil. Morne-Galant n’est nulle part, autant dire une matrice dont je me suis sortie comme le veau s’extirpe de sa mère : pattes en avant, prêt à mourir pour s’arracher aux flancs qui le retiennent. J’ai vu ça des dizaines de fois avant mes sept ans, la naissance du veau qui peut mal finir. Papa laissait toujours faire ; c’était à la nature de décider qui devait vivre et qui devait mourir.
Pourtant, il aimait ses bêtes. Il en avait cinq ou six au moment où je me suis sauvée. Elles vivaient autour de la maison, poussaient de longs beuglements rauques pour qu’on les mène au bac d’eau en tôle ondulée planté au milieu du terrain. Papa détachait une à une les chaînes qui les retenaient à des piquets et les bêtes couraient jusqu’au bac. Les jours de canicule, elles s’étranglaient s’il n’allait pas assez vite. Il les immobilisait d’un ordre sec et sonore, « Là ! », et il frappait les taureaux nerveux du plat de son coutelas. Les trois premiers mois, il laissait les petits sans attache, parce qu’ils restent de toute façon à côté de leur mère.
Hilaire traitait ses enfants comme il traitait ses animaux : un verre de tendresse, un seau d’autorité et un baril de « débrouyé zôt’ ». …
Ce que j'en pense :
On apprend beaucoup de choses intéressantes sur la Guadeloupe et sur son histoire assez récente (à partir de la seconde guerre mondiale). C’est bien écrit avec pas mal de mots et d’expressions créoles pleines de saveur. Cependant le choix de donner la parole alternativement à plusieurs personnages m’a un peu gêné. Je considère que le personnage féminin d’Antoine suffisait pour construire un bon roman. Cette dispersion m’a fait prendre de la distance et je ne me suis pas complètement impliqué dans cette histoire.
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"Marcher jusqu'au soir" de Lydie Salvayre - points
Présentation de l'éditeur :
L’humeur railleuse et le verbe corrosif, Lydie Salvayre se saisit du prétexte d’une nuit passée au musée Picasso pour questionner le milieu artistique et ses institutions. Se tournant vers son enfance de pauvre bien élevée et abordant sans masque son lien à un père redouté et redoutable, elle essaie de comprendre comment s’est constitué son rapport à la culture et à son pouvoir d’intimidation, tout en faisant l’éloge de Giacometti, de sa radicalité, de ses échecs revendiqués et de son infinie modestie.
Première page :
Non, je lui ai dit non merci, je n'aime pas les musées, trop de beautés concentrées au même endroit, trop de génie, trop de grâce, trop d'esprit, trop de splendeur, trop de richesses, trop de chairs exposées, trop de seins, trop de culs, trop de choses admirables. Résultat : les œuvres entassées s'écrasent les unes sur les autres comme les bêtes compressées d'un troupeau et la singularité propre à chacune d'elles se voit aussitôt étouffée. Puis j'ai ajouté, tu vois ce qui est mal foutu dans les musées c'est que leur transition vers le dehors s'opère toujours de façon trop brutale, je veux dire sans la moindre préparation. Il faudrait aménager des passages, quelque chose comme des sas de décompression, des paliers de réadaptation au médiocre, de réaccoutumance progressive à la laideur, de sorte qu'au sortir de cette overdose de sublime à te flanquer la nausée, sitôt le seuil franchi, le retour à la vie quotidienne si imparfaite, si grise, si moche parfois, s'opère plus en douceur, tu comprends ?
Et comme au lieu de me répondre Alina s'apprêtait à revenir sur l'intérêt de sa proposition, je lui ai redit non non et non de la façon la plus tranchée, quand je dis non c'est non, terminé, tout en cherchant dans ma tête des arguments pour me défiler, des arguments de taille….
Ce que j'en pense :
Lydie Salvayre dit les choses comme elle les ressent, sans fioriture, directement, au fil de ses pensées. Certains diront qu’il y a de l’excès aussi bien dans les idées que dans la forme de ce livre mais c’est précisément ce que j’ai aimé dans cette diatribe : retrouver ce que nous n’osions pas dire à voix haute quand nous sommes confrontés à « l’art ». J’ai beaucoup aimé la façon dont elle parle de Giacometti. Mais j’ai un peu moins apprécié les dernières pages qui viennent un peu comme un « rattrapage » de ce qu’elle a écrit sur Picasso.
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"Entre deux mondes" de Olivier Norek - Michel Lafon
Présentation de l'éditeur :
Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.
Un assassin va profiter de cette situation.
Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.Première page :
Quelque part en mer Méditerranée.
La main sur la poignée d'accélération, il profita du bruit du vieux moteur pour y cacher sa phrase sans créer d'incident ou de panique.
Jette-la par-dessus bord.
Maintenant ?
— On s'en débarrassera plus facilement au milieu de la mer que sur une aire de parking. Elle tousse depuis le départ. Pas question de se faire repérer une fois qu'on les aura collés dans les camions en Italie.
Dans l'embarcation, deux cent soixante-treize migrants. Âges, sexes, provenances, couleurs confondus. Ballottés, trempés, frigorifiés, terrorisés.
Ce que j'en pense :
Un bon « polar-documentaire » mais pas tout à fait un polar ni un documentaire. C’est écrit de façon simple et très fluide. L’auteur sait donner de l’empathie à ses personnages. Il sait également créer de l’émotion tout le long du récit, parfois avec des ficelles un peu trop grosses (par exemple en reproduisant certaines scènes). J’ai eu l’impression, en terminant le livre, d’avoir lu un bon roman ado, avec tout ce qu’il faut de bons sentiments et de bonnes informations sur un sujet de société…mais pourquoi pas !
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"La soif" de Jo Nesbo - folio policier
Présentation de l'éditeur :
Une jeune femme est assassinée après un rendez-vous pris sur un site de rencontres. Les violentes marques de morsures dans son cou laissent les enquêteurs sans voix. Deux jours plus tard, le corps d'une autre utilisatrice de ce site est découvert, mutilé de la même façon. Pour le chef de la police, un seul homme peut identifier ce tueur. Mais Harry Hole, libéré de ses démons et heureux avec son épouse, s'est promis de ne plus mettre les siens en danger. Malgré tout, un détail de cette affaire l'intrigue, comme un écho d'une enquête classée depuis longtemps. Le destin le place face à un dilemme : mener une vie paisible et tirer un trait définitif sur son passé, ou arrêter enfin le seul criminel qui lui a échappé et qui continue de le hanter...
Première page :
Il fixait le néant blanc. Comme il le faisait depuis trois ans. Personne ne le voyait et il ne voyait personne. À part chaque fois que la porte s’ouvrait et aspirait suffisamment de vapeur pour lui permettre de distinguer un homme nu, l’espace d’une seconde, avant qu’elle se rabatte et que tout se nimbe de brouillard. Les bains allaient bientôt fermer. Il était seul. Il resserra le peignoir en éponge autour de sa taille, se leva de la banquette, sortit, passa devant le bassin vide, gagna les vestiaires. Pas d’eau coulant dans les douches, pas de conversations en turc, pas de pieds nus sur les carreaux du sol. Il se contempla dans le miroir, passa un doigt le long de la cicatrice de sa dernière opération, qui était encore visible. Il avait mis du temps à s’habituer à son nouveau visage. Son doigt poursuivit sur le cou, la poitrine, s’arrêta à la naissance du tatouage. Il ouvrit le cadenas de son casier, enfila son pantalon, passa sa veste par-dessus son peignoir encore humide, laça ses chaussures. Il s’assura une dernière fois qu’il était seul avant de rejoindre le casier dont le cadenas à chiffres avait une tache de peinture bleue.
Ce que j'en pense :
Cela fait plaisir de retrouver Harry Hole, presque heureux mais avec toujours ces « fragilités » ses doutes et questionnements… et aussi son humour. L’enquête est un peu « sanglante » mais on s’y laisse prendre jusqu’à la fin qui laisse envisager une suite (car rien n’est jamais fini !). En résumé : un très bon polar, bien écrit mais sans doute pas le meilleur Nesbo.
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"Surface" de Olivier Norek - Pocket
Présentation de l'éditeur :
Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.
Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier... Comment se reconstruire dans de telles conditions ?
Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier...Première page :
Lancés à tombeau ouvert dans les rues de Paris, les deux types bringuebalés à l'arrière du véhicule s'acharnaient à lui faire lâcher son arme.
Du sang partout. Beaucoup trop de sang. Et son visage. Dieu, ce visage ! Un massacre... Ça et là, des veines apparentes et sectionnées ne menaient plus nulle part, crachant rouge en continu. Et sa joue droite, déchirée presque entièrement, révélait un rictus de souffrance.
— J'veux pas prendre une balle perdue, putain !
s'écria le chauffeur. Arrachez-lui son flingue !Feu rouge grillé. La berline qui surgit à leur droite ne réussit pas à freiner complètement et leur arracha une partie de l'aile dans un crissement de pneus désespéré.
Ils forcèrent sur les doigts de plus belle. Tirant, écartant. En vain. La main s'était contractée en une crampe autour de la crosse du pistolet. Le doigt, enroulé autour de la détente, menaçait à chaque virage ou cahot de balancer une cartouche de 9 mm au hasard de sa trajectoire.
— Impossible, c'est de la pierre !
Ce que j'en pense :
Polar assez traditionnel qui se lit très vite car l’auteur sait y faire. Norek sait admirablement manier les dialogues. Le personnage principal est plutôt original avec ses problèmes psychologiques liés à des blessures au visage lors d’une interpellation. Sa relation avec le psychologue est intéressante. Tous les personnages sont attachants et le cadre est plutôt bien mis en scène. Un petit bémol : je préfère la rencontre avec le chien plutôt que le retour de l’amant qui me parait un peu convenu.
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