• Richesse oblige

    "Richesse oblige" de Hannelore Cayre - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    Dans les petites communautés, il y en a toujours un par génération qui se fait remarquer par son goût pour le chaos. Pendant des années l’engeance historique de l’île où je suis née, celle que l’on montrait du doigt lorsqu’un truc prenait feu ou disparaissait, ça a été moi, Blanche de Rigny. C’est à mon grand-père que je dois un nom de famille aussi singulier, alors que les gens de chez moi, en allant toujours au plus près pour se marier, s’appellent quasiment tous pareil. Ça aurait dû m’interpeller, mais ça ne l’a pas fait, peut-être parce que notre famille paraissait aussi endémique que notre bruyère ou nos petits moutons noirs… Ça aurait dû pourtant…

    Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient même des pauvres afin de remplacer leurs fils pour qu’ils ne se fassent pas tuer à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des petits-enfants encore plus riches, et, parfois, des descendants inconnus toujours aussi pauvres, mais qui pourraient légitimement hériter ! La famille de Blanche a poussé tel un petit rameau discret au pied d’un arbre généalogique particulièrement laid et invasif qui s’est nourri pendant un siècle et demi de mensonges, d’exploitation et de combines. Qu’arriverait-il si elle en élaguait toutes les branches pourries ?

    Première page :

    – Est-ce que tu crois que c’est une tenue correcte, ça, pour un enterrement ?

    – Ben c’est mon plus beau survêt… Celui en velours ! Et toi, tu t’es vue ? On dirait… Mais, on s’en fout, non ?

    Elle avait raison, Hildegarde, on s’en foutait. Nous avions l’air de deux shlagues, c’est vrai, mais quoi que nous choisissions de porter, de toute façon, tout le monde nous regarderait de travers. 

    Il y avait Juliette, ma fille, en vert kaki, qui était dans sa période tenue de camouflage. Pistache et Géranium, nos deux clébards hideux sans laisse ni collier avec des nœuds autour du cou. Hildegarde en survêtement noir en velours, donc, pour faire chic, avec des Nike noires taille 46 sur lesquelles elle avait dû passer un vague chiffon pour enlever la poussière. Et enfin moi avec mes nouvelles orthèses japonaises en titane qui me permettaient de me passer de mes béquilles. Pour le moment ma démarche ressemblait peu ou prou au pas de l’oie, mais ça s’améliorait de jour en jour. C’est sûr que tout ça détonnait au cimetière du Trocadéro, là où les de Rigny avaient leur caveau entre la famille Dassault et la famille Bouygues. 

    Vu que j’avais acheté l’encart le plus cher du Figaro pour annoncer en grande pompe le décès de tata, beaucoup de personnes étaient venues, mais aucune d’elles ne nous avait saluées. Mieux, il s’était créé entre ces gens et nous trois un vide, une sorte de cordon sanitaire …

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre rempli d’une saine indignation. L’autrice ne se gène pas pour dire ce qu’elle a à dire sur ceux qui accaparent la richesse. Le personnage de Blanche est très sympathique et le parallèle entre les années 1870 et l’époque actuelle est intéressant. Entre autre, cela nous permet de découvrir le système du remplacement militaire. C’est un roman de rebelle, de rébellion avec, il faut le reconnaître, des parties un peu moins crédibles… un bon livre mais j’ai préféré « La daronne ».

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  • Cinq cartes brûlées

    "Cinq cartes brûlées" de Sophis Loubière - fleuve noir

    Présentation de l'éditeur :

    Laurence Graissac grandit aux côtés de son frère, Thierry, qui prend toujours un malin plaisir à la harceler et à l'humilier. Du pavillon sinistre de son enfance à Saint-Flour, elle garde des blessures à vif, comme les signes d'une existence balayée par le destin. Mais Laurence a bien l'intention de devenir la femme qu'elle ne s'est jamais autorisée à être, quel qu'en soit le prix à payer. Le jour où le discret docteur Bashert, en proie à une addiction au jeu, croise sa route, la donne pourrait enfin changer...

    Thriller psychologique d'une rare intensité, Cinq cartes brûlées va vous plonger au cœur de la manipulation mentale. De celle dont on ne revient jamais indemne.

    Première page :

    En lui se répandait une onde miraculeuse, une extase si intense que sa perception du temps et de l’espace en était modifiée. Il lui semblait qu’elle affectait aussi la chambre, en resserrait les murs, irradiant sol et plafond d’une prodigieuse clarté. Il jouissait, agrippé aux hanches de sa partenaire, debout contre le lit, dans ce mouvement alternatif et violent. Ses muscles se relâchèrent et il s’affala sur le matelas.

    C’était presque aussi fort que la première fois, opéré avec moins de maladresse. Cette femme transcendait ses défaillances. Au creux de sa chevelure, il puisait l’ombre et la lumière, noyait ses doutes, ses certitudes.

    — Tu as aimé ?

    Leur premier rapport sexuel complet.

    — Dis-moi, tu as joui ?… Un peu ?

    Allongée près de lui, elle garda le silence. Lorsque les portes de l’ascenseur se refermaient sur eux tout à l’heure, elle lui avait glissé à l’oreille :

    — Je t’ai apporté quelque chose.

    Un cadeau. Il s’était senti crétin d’être venu les mains vides. Ils n’en étaient qu’à leur troisième rendez-vous et elle le surprenait avec un cadeau. En entrant dans la chambre d’hôtel, au miroir fixé à la porte coulissante de la penderie, son propre reflet l’avait frappé : à la place de son visage se dessinait une autre figure...

    Ce que j'en pense :

     C'est très bien écrit, comme d'habitude chez Sophie Loubière. L'autrice nous fait pénétrer dans la vie d'une femme qui nous apparaît d'abord comme victime, avec des scènes parfois dérangeantes avec son frère. Puis, insidieusement, quelque chose nous questionne autour de son comportement, de ses rencontres.... jusqu'au final qui "boucle" le livre. C'est du bon travail mais qui me parait un peu froid (c'est sans doute voulu), et cela m'a empêché de "rentrer" complètement dans l'histoire.

    Cinq cartes brûlées

    Cinq cartes brûlées

     

     

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  • Skeleton road

    "Skeleton road" de Val McRermid - Flammarion

    Présentation de l'éditeur :

    Des ouvriers découvrent dans le centre historique d'Edimbourg les restes d'un cadavre au sommet d'un immeuble. A qui appartient ce squelette, et comment est-il arrivé jusque-là ? C'est à l'inspectrice Karen Pirie qu'est confiée la résolution de l'énigme. Bientôt, elle va devoir s'enfoncer plus loin qu'elle ne l'aurait cru dans l'histoire tragique des Balkans, là où couve encore la violence de crimes de guerre inavoués. Val McDermid signe avec Skeleton Road un polar captivant et parfaitement maîtrisé, hanté par le souvenir sanglant des guerres de Yougoslavie des années 1990.

    Première page :

    Le coucher de soleil est souvent majestueux dans le port touristique crétois de La Canée. Des reflets dorés, rouges et roses font scintiller les coques des canots de location, des yachts de seconde catégorie et des bateaux de plaisance. Les remparts historiques délimitant le port s'élèvent, solides, vers le ciel fragile, telles des ombres projetées sur un écran, et le long des quais des touristes admirent avec nonchalance un artiste de rue ou un stand de bijoux, flânant de restaurants en magasins de souvenirs.

    Autour du port, les bâtiments qui composent la ville s'entassent pêle-mêle, certains partant à l'assaut de la colline, d'autres serrés les uns contre les autres comme des bâtisses romaines. Des locations de vacances et des résidences pour retraités surplombent la foule de bateaux et de promeneurs, leurs façades striées par les derniers rayons du soleil.

    Assis à l'une des tables en terrasse, un homme observe les touristes, impassible, un fond de Metaxa sept étoiles posé devant lui. Une petite soixantaine d'années, large d'épaules, quelques kilos en trop. Il est vêtu d'un short bleu marine et d'un polo vert bouteille qui laisse voir ses avant-bras musclés au bronzage cuivré comme sa boisson. Il porte des lunettes teintées sensiblement plus élégantes que le reste de sa tenue.

    Ce que j'en pense :

    C'est un bon polar, bien écrit et qui a le mérite de nous replonger dans la guerre de l'ex Yougoslavie. L'autrice s'est très bien documentée dans ce domaine. Les personnages sont bien campés, particulièrement l'inspectrice écossaise Karen Pirie. Le principal bémol que je ferai à ce roman c'est qu'on peut facilement découvrir dès le milieu du livre qui est le coupable.

    Skeleton road

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  • L'empathie

    "L'empathie" de Antoine Renand - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    " Il resta plus d'une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l'homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d'un puzzle qu'il avait sous les yeux depuis des années et qu'il parvenait enfin à assembler. On en parlerait. Une apothéose. "
    Cet homme, c'est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit.
    Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la " brigade du viol ".
    Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets.

    Première page :

    Il avait commencé par s'introduire dans des maisons. Pas pour voler. Non qu'il fût opposé à cette idée, car il n'hésitait jamais à dérober un objet de valeur ou qu'il trouvait à son goût si une opportunité se présentait. Mais à cette époque il gagnait relativement bien sa vie, la navigation lui offrant un revenu suffisant au vu de ses très modestes besoins.

    D'autres raisons l'avaient poussé à pénétrer dans ces foyers. L'oisiveté, principalement. Le navire sur lequel il devait embarquer pour le Brésil était coincé au port de Plvmouth pendant huit jours, pour un problème de logistique. Il aurait pu partir sur un autre cargo, mais il avait préféré attendre.

    Les villes ne l'intéressaient que très peu, seul l'océan le fascinait. Il avait eu vite fait de sillonner Plvmouth, dont les quelques attraits touristiques le laissaient indifférent, et entreprit de faire de longues promenades dans la périphérie. Alpha ne s'ennuyait jamais vraiment, habitué depuis l'enfance à se réfugier dans des rêveries solitaires.

    Ce que j'en pense :

    C’est bien sûr un livre très « prenant » avec une intrigue qui au début parait assez commune mais que l’auteur complexifie en « creusant » chacun·e de ses personnages. On peut se sentir mal à l’aise devant la description de certaines scènes. L’auteur a une écriture plutôt cinématographique, il nous donne à voir (parfois peut être un peu trop). Le "méchant" de l'histoire a également trop de compétences de super héros, ce qui affaiblit un peu la force du récit.

    C’est quand même un bon premier roman (pas complètement un coup de cœur) et on attend le deuxième qui devrait sortir en mars.

    L'empathie

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  • Ils ont voulu nous civiliser

    "Ils ont voulu nous civiliser" de Marin Ledun - j'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    Thomas Ferrer n'est pas un truand - pas vraiment. Ses petits trafics lui permettent simplement de sortir la tête de l'eau. Lorsqu'une transaction avec Baxter, un vrai criminel, tourne mal, Ferrer le laisse pour mort avant de prendre la fuite. Baxter se lance alors à sa poursuite avec deux de ses associés avides de vengeance. Tandis qu'une puissante tempête s'abat sur le sud-ouest, Ferrer doit sauver sa peau à tout prix. Mais la traque sera sans pitié. Marin Ledun livre ici un roman sombre et sous tension, dans lequel les éléments se déchaînent en même temps que la folie humaine.

    Première page :

    Thomas Ferrer fourguait les canards qu'il volait pour huit euros le kilo à un revendeur dénommé Baxter qui gagnait officiellement sa vie comme shaper. Printemps et été, il vivait de petits boulots de saisonnier sur les exploitations agricoles des environs ou dans les bars de la côte, mais dès qu'arrivait octobre, les plages surveillées fermaient, les touristes retournaient d'où ils venaient, les paysans comptaient le fric que leur avait rapporté le maïs, et les types comme lui devaient bien trouver de quoi passer l'hiver.

    Huit euros, une misère. Deux ans plus tôt, la transaction lui aurait rapporté le double de cette somme, mais il s'était laissé surprendre sur la propriété d'un agriculteur à la retraite de Begaarts qui cherchait à le coincer depuis longtemps. Ce dernier n'avait rien trouvé de mieux que de l'attacher à son tracteur sous la menace d'un fusil Yildiz calibre 12, avant d'ap­peler les flics. Ce jour-là, Ferrer chargeait près d’une cinquantaine de volailles….

    Ce que j'en pense :

    Il n’y a pas de temps mort dans cette histoire, c’est la tempête qui donne le rythme de ce livre …et c’est, à mon avis, le « personnage » le plus intéressant de ce roman (avec le vieux Alezan). Les passages sur la guerre d’Algérie sont assez forts. Mais les scènes d’affrontements, de bagarres s’étirent trop en longueur et on est un peu perdus, en particulier lorsque cela se passe dans la maison d’Alezan. En résumé : un livre qui se laisse lire mais les dimensions sociales et politiques ne sont pas assez présentes (contrairement à ce que disent certaines critiques).

    Ils ont voulu nous civiliser

     

     

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  • La meute

    "La meute" de Thomas Bronnec - Les Arènes

    Présentation de l'éditeur :

    Un vieux président défait qui n’arrive pas à raccrocher et prépare son retour à l’occasion des prochaines élections : François Gabory. Face à lui, Claire Bontems, une jeune ambitieuse qui tente de faire main basse sur la gauche radicale en passant par-dessus les appareils politiques, aidée par Catherine Lengrand, la soeur de François Gabory.

    Le choc de deux ambitions. Le choc de deux générations. Le choc de deux visions de la gauche. Et dans cette guerre sans merci, les rumeurs sexuelles, hypertrophiées par les réseaux sociaux. Dans cette ère où les fake news entrent par effraction dans le débat public, la frontière entre la vérité et le mensonge s’estompe aussi rapidement que les souvenirs. Et si, dans la France post « balance ton porc », le clivage politique n’opposait plus la droite et la gauche, ni les patriotes et les mondialistes, mais les hommes et les femmes ?

    Première page :

    À pleine vitesse, les essuie-glaces ne peuvent rien contre les gouttes kamikazes qui cognent le pare-brise. Dans l'habitacle, personne ne parle. La visibilité ne dépasse pas dix mètres. En face, les lumières habillent des formes indistinctes. Les plus hautes sont les plus faibles aussi. Des camions par grappes, qui transportent des voitures depuis les usines alentour. L'allure du véhicule ne faiblit pas.

    À l'arrière, François Gabory sourit. C'est reparti. Seul contre tous, ou presque. Devant lui, la nuit noire et, irrégulièrement disséminés, les panneaux de signalisation sur le bas-côté, illuminés par ces phares blancs qui jouent les éclaireurs.

    Coulevon.

    Genevrey.

    Visoncourt.

    Les noms de communes s'enchaînent. En sourdine, le brouhaha de la radio. Peut-être France Inter. Il les aimait bien ces humoristes-là. …

    Ce que j'en pense :

    On voit bien que l’auteur connaît ce milieu où politiques et journalistes nagent comme des poissons dans l’eau. On croit reconnaître quelques éléments de l’actualité, on peut même se risquer à mettre de vrais noms derrière les personnages. On se dit que ce livre est une belle peinture de notre société et de nos mœurs politiques actuelles. Mais je pense que l’auteur se disperse auprès de trop nombreux personnages. j’aurai préféré qu’il se centre sur l’un des principaux protagonistes.

    La meute

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  • J'ai d'abord tué le chien

    "J'ai d'abord tué le chien" de Philippe Laidebeur - Denoël

    Présentation de l'éditeur :

    Il est SDF, clodo, sans abri. Un échec sentimental, un désastre professionnel, et le voilà dans la rue. Il y vit depuis dix ans. Et touchera bientôt le fond de sa descente aux enfers. Vagabond solitaire, il gère son quotidien en évitant les pièges que lui tend la jungle urbaine. C'est tout du moins ce qu'il croit. Une nuit, pour une banale histoire de planches volées, il égorge un vigile et son chien. Il le fait machinalement, sans la moindre émotion. Ce sera le premier meurtre d'une longue série. Tuer pour ne pas être tué, sa vie est aussi primitive que cela. Un jour, il élimine un homme qui lui ressemble de façon étonnante et, tout naturellement, il prend sa place. Il usurpe l'identité d'un étrange et riche inconnu. Porte de sortie inattendue ? Chance ultime ou erreur fatale ? Peut-on entrer dans la peau d'un autre sans prendre le risque de voir un passé sulfureux rattraper un présent chaotique ? Sans payer le prix du sang ? ...

    Première page :

    "Je viens de tuer un homme. C’est une chose que je n’avais encore jamais faite. J’ai tué le chien, aussi. J’ai d’abord tué le chien. Un berger allemand de plus de cent livres, une bête énorme, dangereuse. Elle s’est jetée sur moi, gueule ouverte, crocs menaçants, mauvaise. J’avais mon rasoir à la main : un vieux coupe-chou de barbier que je maintiens toujours en état, par prudence. Un coup sec, précis : je n’ai même pas entendu le monstre gueuler. Il s’est affalé à mes pieds. Un flot de sang poisseux a giclé de sa gorge. Puis de grosses bulles rouges se sont formées au bord de sa blessure, au rythme de sa respiration finissante. Sa gueule produisait un drôle de sifflement. Ses yeux jaunes me fixaient avec une angoisse sauvage. Les bulles sont vite devenues plus petites. Le souffle plus court. Puis tout a été fini. Au total, cela n’a pas duré plus de trois secondes. Le type a marqué un temps d’hésitation. Son chien, je ne sais pas s’il l’aimait, mais c’était sans doute son arme favorite. Il a baissé les yeux sur moi, plus haineux que désemparé…."

    Ce que j'en pense :

    Cela pourrait être un bon roman, original, grinçant, glaçant, souvent inquiétant et amoral, où l’on ne sait plus où se situe le réel, le fantasme et la folie. On sent bien que l’auteur voulait nous entraîner dans tout cela mais il n’y parvient pas vraiment. Bien sûr on continue à lire jusqu’au bout avec un certain intérêt mais en se disant qu’on est passé à côté de quelque chose.

    J'ai d'abord tué le chien

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  • Évangile pour un gueux

    "Évangile pour un gueux" de Alexis Ragougneau - points

    Présentation de l'éditeur :

    Entrailles de Paris, camps de fortune, bouches de métro fumantes. L'hiver est mortel pour les miséreux. À la veille de Noël, dix clochards se barricadent dans Notre-Dame. Mouss, leader proclamé par la presse " messie des gueux ", revendique leur droit au logement et déchaîne les médias. Des mois plus tard, le corps de Mouss est repêché dans la Seine, pieds et mains percés. Une blessure sur le flanc. Qui a été son Judas ?
    Nouvelle plongée dans les bas-fonds de Paris pour le père Kern et la juge Claire Kauffmann.

    Première page :

    "Le corps reposait sur le dos. La lumière blanche filtrant à travers les vitres ravivait les marbrures qui coloraient la peau, comme peintes sur un parchemin flétri par l'eau, le temps et la mort. Un drap avait été jeté sur le sexe - pudeur inhabituelle pour le lieu - et dissimulait également le haut des cuisses. La tête, inclinée sur la gauche, était calée sur un billot que recouvrait une chevelure brune collée par l'humidité, la saleté et le sang. Dans cette posture artificielle, le menton s'écrasait sur la pomme d'Adam et formait là un renflement, petit goitre qui conférait au visage un air poupon et attirait immanquablement le regard compte tenu de l'effarante maigreur du cadavre. Une barbe adolescente, bien qu'assez longue, encadrait des traits prématurément abîmés qui évoquaient un masque antique saisi entre clownerie et tragédie. Les mains et les pieds excitaient l'intérêt et, pour tout dire, une curiosité malsaine, si bien que le regard, une fois le survol du corps effectué, se fixait sur ces extrémités percées de part en part et ne les quittait plus, aimanté par les quatre trous noirs.

    Un métro aérien traversa la Seine, puis amorça son virage au-dessus de la voie Mazas dans un crissement de freins. Le docteur Saint-Omer fit son entrée dans la salle au lino d'un orange délavé, suivi d'un photographe de l'identité judiciaire et du garçon morguiste."

    Ce que j'en pense :

    Le sujet est original. Ce n’est pas fréquent en littérature de pénétrer ainsi le monde de la nuit, des sans abris, des clochards. La plupart des personnages sont  très attachants, même si certains font un peu trop « clichés ». Un livre intéressant mais il manque quelque chose pour que ça devienne un bon polar.

    Évangile pour un gueux

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  • La madone de Notre-Dame

    "La madone de Notre Dame" de Alexis Ragougneau - Points policier

    Présentation  de l'éditeur :

    À Notre-Dame de Paris, sous le soleil du 15 août, une jeune femme provocante, tout de blanc vêtue, sème le trouble dans la procession. Le lendemain, elle s'effondre en plein cœur de la cathédrale. Si la police et le parquet semblent pressés de clore une affaire qui entache le prestige de l'Église, le père Kern, suivant son intuition et sa propre piste, est prêt à remonter aux racines du mal...

    Première page :

    "LUNDI

    On a une alerte à la bombe, Gérard. Dans le déambulatoire. Cette fois c'est du sérieux, du lourd.

    Une épaule calée contre le cadre de la porte, son gigantesque trousseau de clés pendu au bout du bras, le surveillant observait le sacristain s'affairer, ouvrir une à une les armoires de la sacristie, en sortir des chiffons, des éponges, des produits d'entretien pour l'argenterie, marmonnant à intervalles réguliers quelques jurons de sa propre composition.

    Tu m'écoutes, Gérard ? Tu devrais aller jeter un coup d'oeil, je t'assure. Quinze ans de carrière, jamais vu un truc pareil. Il y a de quoi faire péter la cathédrale tout entière.

    Gérard interrompit ses recherches et parut enfin s'intéresser au surveillant. Celui-ci venait de suspendre le trousseau à un simple clou fiché dans le lambris de la sacristie.

    Tout à l'heure si tu veux j'irai voir. C'est bien comme ça ? Ça te va ?

    Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, Gérard ? T'as plus le temps pour les trucs prioritaires ?

    Écoute, tu me les brises, je t'assure. Trente ans que je bosse ici ; chaque année c'est la même chose, tous les 15 août il faut qu'ils me foutent un foutoir pas possible dans la sacristie. 

    Ce que j'en pense :

    Après avoir lu « Opus 77 » j’avais très envie de lire des livres précédents de Alexis Ragougneau. Évidemment ce n’est pas la même écriture, c’est beaucoup plus « classique » et commun mais on est en présence d’un bon petit polar. Le sujet et les personnages sont originaux, même si la fin est un peut trop tôt « attendue ». Je pense que je vais poursuivre la découverte de cet auteur.

    La madone de Notre-Dame

    La madone de Notre-Dame

     

     

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  • Te laisser partir

    "Te laisser partir" de Clare Mackintosh - Le livre de poche thriller

    Présentation de l'éditeur :

    Un soir de pluie à Bristol, un petit garçon est renversé par un chauffard qui prend la fuite. L’enquête démarre, mais atteint rapidement son point mort. Le capitaine Ray Stevens et son équipe n’ont aucune piste. Rien. Après cette nuit tragique, Jenna a tout quitté et trouvé refuge au pays de Galles, dans un cottage battu par les vents. Mais plus d’un an après les faits, Kate, une inspectrice de la criminelle, rouvre le dossier du délit de fuite. Et si l’instant qui a détruit tant de vies n’était pas le fait du hasard  ?

    Première page :

    "Le vent rabat ses cheveux mouilles sur son visage et elle plisse les yeux pour se protéger de la pluie. Par ce temps, tous sont presses et filent a vive allure sur les trottoirs glissants, le menton enfoui dans le col. Les voitures qui passent éclaboussent leurs chaussures ; le bruit de la circulation l’empêche d’entendre plus de quelques bribes du flot de paroles qui a commence au moment ou les grilles de l’école se sont ouvertes. Les mots sortent pêle-mêle de sa bouche dans l’excitation suscitée par ce nouveau monde dans lequel il grandit. Elle saisit quelque chose a propos d’un meilleur ami, d’un expose sur l’espace, d’une nouvelle maitresse. Elle baisse les yeux et sourit de son enthousiasme, ignorant le froid qui se faufile sous son écharpe. Le garçon lui rend son sourire et lève la tete pour sentir la pluie, ses cils mouilles noircissant le contour de ses yeux.

    — Et je sais écrire mon nom, maman !

    — C’est très bien mon fils, dit-elle en s’arrêtant pour embrasser avec amour son front humide. Tu me montreras a la maison ?

    Ils marchent aussi vite que des jambes de cinq ans le permettent. De sa main libre, elle porte son sac d’école, qui claque contre ses genoux."

    Ce que j'en pense :

    On peut se laisser prendre par ce livre même s’il ne mérite pas le nom de thriller pendant plus de la moitié de la lecture. C’est conduit, de façon assez habile mais pas exempt de clichés. L’héroïne est bien décrite mais les personnages des deux policiers paraissent plutôt caricaturaux. De plus, l’écriture nous apparaît souvent un peu besogneuse.

    Te laisser partir

     

     

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