• Derniers mètres jusqu'au cimetière

    "Derniers mètres jusqu'au cimetière" de Antti Tuomainen - 10/18

    Présentation de l'éditeur :

    À 37 ans, Jaakko a tout pour être heureux.
    Jusqu'au jour où, lors d'une simple visite médicale, il apprend qu'il va bientôt mourir. La raison de ce triste verdict : quelqu'un l'empoisonne depuis longtemps à son insu.
    Alors que cette annonce aurait suffi pour faire de cette journée la pire de sa vie, Jaakko n'est pas au bout de ses surprises.
    En rentrant chez lui, il découvre sa femme sur la chaise longue du jardin en plein ébat avec le livreur de leur entreprise. Trop, c'est trop !
    Jaakko décide d'utiliser les derniers jours qui lui restent pour enquêter lui-même sur son empoisonnement. Et nombreux sont ceux à avoir un mobile pour le tuer, lui qui est l'heureux propriétaire d'une société hautement rentable et spécialisée dans la culture d'un champignon : le matsutake. 

    Première page :

    Vous avez bien fait de nous fournir un échantillon d'urine.

    Le visage allongé du médecin assis derrière le bureau respire le sérieux et la gravité. La monture sombre de ses lunettes souligne le bleu de ses yeux et sa manière de fixer son interlocuteur.

    Cela..., commence-t-il, cela requiert quelques explications. J'ai été en contact avec mes collègues de Kotka et de Helsinki. Ce qu'ils disent correspond sur toute la ligne à ce que nous pouvons déjà en conclure. Nous n'aurions rien pu faire, même si nous Pavions décelé lors de votre visite précédente. Comment vous sentez-vous ?

    Je hausse les épaules. Je répète les mêmes informations que la fois précédente, en y ajoutant les derniers symptômes. Tout a commencé subitement avec de fortes nausées qui m'ont littéralement fauché. Mon état s'est ensuite amélioré, mais pour un instant seulement. Par moments, je me sens si faible que je crains de m'évanouir. Je suis pris de quintes de toux. La nuit, le stress me tient éveillé. Quand je m'endors enfin, je fais des cauchemars. J'ai souvent mal à la tête, comme si je me prenais des coups de couteau derrière les yeux. J'ai la gorge sèche en permanence. Les vomissements ont repris et surgissent sans crier gare.

    Ce que j'en pense :

    Ce livre nous fait penser à un autre auteur finlandais, malheureusement disparu : Arto Paasilinna. On y retrouve le même type d’humour assez noir et plutôt grinçant ainsi qu’un côté décalé, presque absurde. On peut donc rire assez souvent au cours de la lecture mais on est quand même assez loin du maître finlandais.

    Derniers mètres jusqu'au cimetière

    Derniers mètres jusqu'au cimetière

     

     

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  • Marseille 73

    "Marseille 73" de Dominique Manotti - Équinoxe Les Arènes

    Présentation de l'éditeur :

    La France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne. En six mois, plus de cinquante d’entre eux sont abattus, dont une vingtaine à Marseille, épicentre du terrorisme raciste. C’est l’histoire vraie.
    Onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, les nervis de l’OAS ont été amnistiés, beaucoup sont intégrés dans l’appareil d’État et dans la police, le Front national vient à peine d’éclore. Des revanchards appellent à plastiquer les mosquées, les bistrots, les commerces arabes.  C’est le décor.
    Le jeune commissaire Daquin, vingt-sept ans, a été fraîchement nommé à l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, lieu de toutes les compromissions, où tout se sait et rien ne sort. C’est notre héros.
    Tout est prêt pour la tragédie, menée de main de maître par Dominique Manotti, avec cette écriture sèche, documentée et implacable qui a fait sa renommée. Un roman noir d’anthologie à mettre entre toutes les mains, pour ne pas oublier.

    Première page :

    1973- Grasse, charmante cité provençale, ses fleurs, ses parfums, ses trente mille habitants, et son petit millier de travailleurs immigrés, souvent tunisiens, ouvriers agricoles, ouvriers du bâtiment, tous travailleurs au noir.

    A l'automne 1972, le gouvernement français décide de contrôler la population immigrée beaucoup plus strictement qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La circulaire Marcellin-Fontanet impose aux immigrés qui souhaitent entrer sur le sol français ou qui y résident déjà d'être munis d'un contrat de travail et d'avoir un logement décent pour pouvoir obtenir un permis de séjour et, ainsi, être « régularisés ». Quatre-vingt-six pour cent des immigrés présents sur le sol français passent d'un coup de la catégorie des « travailleurs au noir » à celle des « travailleurs clandestins » et alimentent du jour au lendemain une catégorie nouvelle, celle des « sans-papiers » candidats à l'expulsion dès l'été 73.

    A l'approche de l'échéance, Ordre nouveau, mouvement d'extrême droite, nationaliste et néofasciste, s'engouffre dans la brèche ouverte par le gouvernement et lance, le 9 juin 1973, une campagne nationale « Halte à l'immigration sauvage ».

    Ce que j'en pense :

    Comme toujours chez Dominique Manotti c’est très bien documenté, un vrai travail de journaliste. Tout cela se passe à Marseille en 1973 mais pourrait presque se passer actuellement dans beaucoup de quartiers de villes françaises. C’est un bon polar historique et politique. Peut-être que le commissaire Daquin aurait mérité un peu plus de place dans ce roman.

    Marseille 73

    Marseille 73Marseille 73

     

     

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  • White Coffee

    "White Coffee" de Sophie Loubière - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Sur la Route 66, aux côtés du criminologue Desmond G. Blur, Lola Lombard a risqué sa vie et celle de ses enfants pour tenter de retrouver Pierre, son mari disparu depuis quatre ans. Sa confrontation avec un tueur en série l'a douloureusement marquée. Elle rentre en France ignorant si Pierre fait partie des victimes. Mais Gaston, leur fils, est persuadé que son père est vivant. Son retour pourrait bien menacer la relation nouée entre Lola et Desmond. Chacun endure la séparation d'un côté de l'Atlantique : elle à Nancy, lui à Chautauqua, petite ville de l'État de New York où le criminologue enquête sur d'étranges phénomènes. Apparitions, disparitions, vandalismes, les morts suspectes s'additionnent. Le plus dangereux prédateur n'est pas forcément celui qu'on croit.

    Première page :

    Août 2009

    Désert de Mojave, Californie

    C'était un temps de mauvais vent. Un ciel d'acier annonçait l'orage. En son domaine, un coyote courbait l'échine, dessinant une ombre brûlante sur le sable. Un soleil écrasé de nuages accrochait des reflets d'ambre à son pelage. Assourdissant silence peuplé de grésillements d'insectes.

    Le désert s'apprêtait au pire, bientôt battu par la pluie, puni de ses faiblesses. Car jadis on avait ouvert ses entrailles pour en récolter les trésors et il s'était laissé faire. On avait tiré de ses veines le suc, taillé à coups de pics et de pioches un linceul stérile. Bien après la fermeture de la mine un homme était apparu, curieux de ces cicatrices. Il avait exploré les galeries, palpé le ventre de la Terre de ses doigts maigres et il s'était proclamé roi. Muscles tendus, jurant, crachant, l'homme avait charrié là d'horribles choses, ensemencé le sol de prières…

    Ce que j'en pense :

    Ce n’est pas vraiment une suite de « Black Coffee » mais c’est une belle façon de poursuivre l’histoire avec les mêmes personnages. C’est très réussi et on s’y laisse entrainer sans difficulté. L’écriture est toujours agréable chez Sophie Loubière. Je pense cependant que, pour apprécier au mieux ce « White Coffee » il est préférable de lire les deux livres sans laisser trop de temps entre les deux lectures.

    White Coffee

    White CoffeeWhite CoffeeWhite Coffee

     

     

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  • Entre deux mondes

    "Entre deux mondes" de Olivier Norek - Michel Lafon

    Présentation de l'éditeur :

    Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. 
    Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. 
    Un assassin va profiter de cette situation. 
    Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. 

    Première page :

    Quelque part en mer Méditerranée.

    La main sur la poignée d'accélération, il profita du bruit du vieux moteur pour y cacher sa phrase sans créer d'incident ou de panique.

    Jette-la par-dessus bord.

    Maintenant ?

    —      On s'en débarrassera plus facilement au milieu de la mer que sur une aire de parking. Elle tousse depuis le départ. Pas question de se faire repérer une fois qu'on les aura collés dans les camions en Italie.

    Dans l'embarcation, deux cent soixante-treize migrants. Âges, sexes, provenances, couleurs confondus. Ballottés, trempés, frigorifiés, terrorisés.

    Ce que j'en pense :

    Un bon « polar-documentaire » mais pas tout à fait un polar ni un documentaire. C’est écrit de façon simple et très fluide. L’auteur sait donner de l’empathie à ses personnages. Il sait également créer de l’émotion tout le long du récit, parfois avec des ficelles un peu trop grosses (par exemple en reproduisant certaines scènes). J’ai eu l’impression, en terminant le livre, d’avoir lu un bon roman ado, avec tout ce qu’il faut de bons sentiments et de bonnes informations sur un sujet de société…mais pourquoi pas !

    Entre deux mondes

     Entre deux mondes

     

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  • La soif

    "La soif" de Jo Nesbo - folio policier

    Présentation de l'éditeur :

    Une jeune femme est assassinée après un rendez-vous pris sur un site de rencontres. Les violentes marques de morsures dans son cou laissent les enquêteurs sans voix. Deux jours plus tard, le corps d'une autre utilisatrice de ce site est découvert, mutilé de la même façon. Pour le chef de la police, un seul homme peut identifier ce tueur. Mais Harry Hole, libéré de ses démons et heureux avec son épouse, s'est promis de ne plus mettre les siens en danger. Malgré tout, un détail de cette affaire l'intrigue, comme un écho d'une enquête classée depuis longtemps. Le destin le place face à un dilemme : mener une vie paisible et tirer un trait définitif sur son passé, ou arrêter enfin le seul criminel qui lui a échappé et qui continue de le hanter...

    Première page :

    Il fixait le néant blanc. Comme il le faisait depuis trois ans. Personne ne le voyait et il ne voyait personne. À part chaque fois que la porte s’ouvrait et aspirait suffisamment de vapeur pour lui permettre de distinguer un homme nu, l’espace d’une seconde, avant qu’elle se rabatte et que tout se nimbe de brouillard. Les bains allaient bientôt fermer. Il était seul. Il resserra le peignoir en éponge autour de sa taille, se leva de la banquette, sortit, passa devant le bassin vide, gagna les vestiaires. Pas d’eau coulant dans les douches, pas de conversations en turc, pas de pieds nus sur les carreaux du sol. Il se contempla dans le miroir, passa un doigt le long de la cicatrice de sa dernière opération, qui était encore visible. Il avait mis du temps à s’habituer à son nouveau visage. Son doigt poursuivit sur le cou, la poitrine, s’arrêta à la naissance du tatouage. Il ouvrit le cadenas de son casier, enfila son pantalon, passa sa veste par-dessus son peignoir encore humide, laça ses chaussures. Il s’assura une dernière fois qu’il était seul avant de rejoindre le casier dont le cadenas à chiffres avait une tache de peinture bleue.

    Ce que j'en pense :

    Cela fait plaisir de retrouver Harry Hole, presque heureux mais avec toujours ces « fragilités » ses doutes et questionnements… et aussi son humour. L’enquête est un peu « sanglante » mais on s’y laisse prendre jusqu’à la fin qui laisse envisager une suite (car rien n’est jamais fini !). En résumé : un très bon polar, bien écrit mais sans doute pas le meilleur Nesbo.

    La soif

    La soifLa soif

     

     

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  • Surface

    "Surface" de Olivier Norek - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.
    Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier... Comment se reconstruire dans de telles conditions ?
    Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier...

    Première page :

    Lancés à tombeau ouvert dans les rues de Paris, les deux types bringuebalés à l'arrière du véhicule s'acharnaient à lui faire lâcher son arme.

    Du sang partout. Beaucoup trop de sang. Et son visage. Dieu, ce visage ! Un massacre... Ça et là, des veines apparentes et sectionnées ne menaient plus nulle part, crachant rouge en continu. Et sa joue droite, déchirée presque entièrement, révélait un rictus de souffrance.

    —        J'veux pas prendre une balle perdue, putain !
    s'écria le chauffeur. Arrachez-lui son flingue !

    Feu rouge grillé. La berline qui surgit à leur droite ne réussit pas à freiner complètement et leur arracha une partie de l'aile dans un crissement de pneus désespéré.

    Ils forcèrent sur les doigts de plus belle. Tirant, écartant. En vain. La main s'était contractée en une crampe autour de la crosse du pistolet. Le doigt, enroulé autour de la détente, menaçait à chaque virage ou cahot de balancer une cartouche de 9 mm au hasard de sa trajectoire.

    —        Impossible, c'est de la pierre !

    Ce que j'en pense :

    Polar assez traditionnel qui se lit très vite car l’auteur sait y faire. Norek sait admirablement manier les dialogues. Le personnage principal est plutôt original avec ses problèmes psychologiques liés à des blessures au visage lors d’une interpellation. Sa relation avec le psychologue est intéressante. Tous les personnages sont attachants et le cadre est plutôt bien mis en scène. Un petit bémol : je préfère la rencontre avec le chien plutôt que le retour de l’amant qui me parait un peu convenu.

    Surface

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  • Orphelines

    "Orphelines" de Franck Bouysse - Moissons noires

    Présentation de l'éditeur :

    Une ambiance sombre et pesante s'est installée dans la ville.
    Un criminel tapi dans l'ombre observe et s'amuse avec deux flics qui le poursuivent. Crime après crime, Bélony et Dalençon voient ce meurtrier leur glisser entre les doigts;
    La noirceur de son âme ne fait aucun doute depuis qu'un corps de femme massacré a été découvert...

    Première page :

    Depuis deux jours, le cœur d'Emma avait régulièrement ralenti son rythme, puis s'était finalement arrêté sans que personne ne trouve opportun de changer quoi que ce soit à cet ordre des choses-là. Parce que, au fond, rien n'avait changé. La même immobilité. La vie en moins.

    Et pourtant, après la nouvelle de la mort de sa femme, Bélony avait eu le sentiment de se retrouver seul au monde. Plus qu'un sentiment. La confrontation brutale avec un espoir détruit.

    Il avait acheté une concession suffisamment grande dans un cimetière, au nord de la ville, pour pouvoir y loger à trois. Mathilde, sa fille, avait été la première à descendre les marches, tuée sur le coup dans l'accident de voiture qui venait aussi de coûter la vie à sa femme, après des années de coma; lui, ce serait pour plus tard. Cet ordre-là. Réunis. Qu'est-ce qui pouvait bien être réuni dans le néant? Sûrement pas la douleur. Alors, quoi ?

    Ce que j'en pense :

    C’est un bon roman noir qui se laisse lire, avec ce qu’il faut de noirceur, de mystère et de suspens. Mais ce livre est un peu décevant quand on a lu d’autres titres de l’auteur, comme « Grossir le ciel », « Glaise » ou « Né d’aucune femme ». Contrairement à ceux-ci, dans « Orphelines » la forme prend largement le dessus sur le fond : excès de phrases très courtes, phrases nominales, utilisation superflue de verbes à l’infinitif…On suit donc l’intrigue mais sans la force et la profondeur auxquelles Bouysse nous avait habitué.

    Orphelines

    Orphelines

     

     

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  • Black Coffee

    "Black Coffee" de Sophie Loubière - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Narcissa, Oklahoma, juillet 1966. Un jour de grand beau temps, un homme fut pris d'un coup de folie. Il égorgea une femme dans une maison et poignarda une petite fille dans le jardin. Il laissa pour morte une mère de famille et son fils, puis repartit à bord d'une Ford Mustang, couvert de sang. Été 2011. Une Française, Lola Lombard, part à la recherche du père de ses deux enfants, volatilisé sur la route 66. Sa seule piste : un cahier que son mari lui aurait envoyé et qui pourrait bien être la preuve de l'existence d'un des plus ahurissants criminels que les États-Unis aient connu... et dont le chemin traversait déjà la petite ville de Narcissa à l'été 1966

    Première page :

    Juillet 1966

    Narcissa, Oklahoma 

    Courbées sur la route, les branches de genévrier offraient leurs aiguilles bleutées aux rayons du soleil avec pudeur. Revêtement de fortune pour une voie en désuétude, de la caillasse ocre tapissait le chemin. La East Road 150 croisait la South 540 un peu avant Narcissa : on avait bâti là une maison en bois, au toit sombre et aux murs gris. Enveloppée d’arbustes et de buissons, elle ronronnait dans la tiédeur du jour. Fichée de l’autre côté de la route, une boîte aux lettres en tôle ondulée clouée sur un bâton cuisait en son ventre un prospectus vantant les mérites d’une nouvelle huile pour friture.

    Ce que j'en pense :

    Ce récit (un peu long, 600 pages) est très bien maitrisé. L’autrice nous tient en haleine jusqu’au final. Et, ce qui ne gâte rien, l’écriture est magnifique, les personnages sont bien campés et assez crédibles. Sophie Loubière sait nous faire découvrir de l’intérieur cette route mythique qui traverse une grande partie des États-Unis. Je pense que je vais me procurer assez rapidement la suite : « White coffee ».

    Black Coffee

    Black CoffeeBlack Coffee

     

     

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  • L'archipel des larmes

    "L'archipel des larmes" de Camilla Grebe - Calmann Lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort.

    Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface.

    Britt-Marie, Hanne, Malin…

    À chaque époque, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices.

    L’Archipel des larmes, magistralement construit, nous fait traverser les décennies suédoises en compagnie de femmes hors du commun, avides de justice, et déterminées à arrêter ce monstre.

    Première page :

    Le garçonnet, qui ne peut pas avoir plus de cinq ans, est affublé de nippes et ses cheveux sales grouillent de poux.

    — Où habite ta tante ? essaie encore Elsie.

    Le garçon ne répond pas. Il pince les lèvres et baisse les yeux sur ses chaussures élimées.

    Sa mère, Sara la folle, est en train de cuver son vin à la maison d’arrêt, au département des femmes. Il n’a pas de père. Ça, ils le savent tous, aussi bien Elsie que les agents qui ont traîné Sara au commissariat de police de la rue Mäster Samuelsgatan il y a moins d’une heure.

    Deux hommes en civil longent l’étroite allée qui mène aux appartements des policiers célibataires attenants au commissariat. Elle reconnaît vaguement l’un d’entre eux. On murmure qu’il travaille pour les services de la Sûreté générale, chargés d’identifier les menaces qui pèsent sur la nation. Mais on ne peut en parler tout haut, même ici, au commissariat.

    Les hommes disparaissent, laissant derrière eux une légère odeur de cigarette. Le petit racle le sol de ses semelles et Elsie soupire. Elle a tout essayé – la douceur, la prévenance, le lait chaud. Le garçon a même goûté les gâteaux aux amandes que les agents ont rapportés ce matin de la boulangerie rue Drottninggatan. En vain.

    La vue de l’enfant lui fait penser à la famille qui aurait pu être la sienne.

    Elle avait un fiancé, Axel. Un homme du Norrland, grand comme un ours avec un cœur d’or. ...

    Ce que j'en pense :

    Imaginez que vous n'ayez rien d’autre à lire pendant le confinement et que vous preniez ce livre. Bien sûr vous le terminerez. C’est le seul mérite que j’accorde à ce roman : m’avoir « occupé ». Pour le reste, c’est répétitif, très mal écrit (ou mal traduit… ou les deux). Les personnages n’ont aucune épaisseur et leurs histoires personnelles sont si semblables que cela en devient parfois proche du ridicule. Il ne suffit pas que l’auteure ait pour prénom Camilla et que ce soit un polar suédois ! A oublier !

    L'archipel des larmes

     

      

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  • Richesse oblige

    "Richesse oblige" de Hannelore Cayre - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    Dans les petites communautés, il y en a toujours un par génération qui se fait remarquer par son goût pour le chaos. Pendant des années l’engeance historique de l’île où je suis née, celle que l’on montrait du doigt lorsqu’un truc prenait feu ou disparaissait, ça a été moi, Blanche de Rigny. C’est à mon grand-père que je dois un nom de famille aussi singulier, alors que les gens de chez moi, en allant toujours au plus près pour se marier, s’appellent quasiment tous pareil. Ça aurait dû m’interpeller, mais ça ne l’a pas fait, peut-être parce que notre famille paraissait aussi endémique que notre bruyère ou nos petits moutons noirs… Ça aurait dû pourtant…

    Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient même des pauvres afin de remplacer leurs fils pour qu’ils ne se fassent pas tuer à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des petits-enfants encore plus riches, et, parfois, des descendants inconnus toujours aussi pauvres, mais qui pourraient légitimement hériter ! La famille de Blanche a poussé tel un petit rameau discret au pied d’un arbre généalogique particulièrement laid et invasif qui s’est nourri pendant un siècle et demi de mensonges, d’exploitation et de combines. Qu’arriverait-il si elle en élaguait toutes les branches pourries ?

    Première page :

    – Est-ce que tu crois que c’est une tenue correcte, ça, pour un enterrement ?

    – Ben c’est mon plus beau survêt… Celui en velours ! Et toi, tu t’es vue ? On dirait… Mais, on s’en fout, non ?

    Elle avait raison, Hildegarde, on s’en foutait. Nous avions l’air de deux shlagues, c’est vrai, mais quoi que nous choisissions de porter, de toute façon, tout le monde nous regarderait de travers. 

    Il y avait Juliette, ma fille, en vert kaki, qui était dans sa période tenue de camouflage. Pistache et Géranium, nos deux clébards hideux sans laisse ni collier avec des nœuds autour du cou. Hildegarde en survêtement noir en velours, donc, pour faire chic, avec des Nike noires taille 46 sur lesquelles elle avait dû passer un vague chiffon pour enlever la poussière. Et enfin moi avec mes nouvelles orthèses japonaises en titane qui me permettaient de me passer de mes béquilles. Pour le moment ma démarche ressemblait peu ou prou au pas de l’oie, mais ça s’améliorait de jour en jour. C’est sûr que tout ça détonnait au cimetière du Trocadéro, là où les de Rigny avaient leur caveau entre la famille Dassault et la famille Bouygues. 

    Vu que j’avais acheté l’encart le plus cher du Figaro pour annoncer en grande pompe le décès de tata, beaucoup de personnes étaient venues, mais aucune d’elles ne nous avait saluées. Mieux, il s’était créé entre ces gens et nous trois un vide, une sorte de cordon sanitaire …

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre rempli d’une saine indignation. L’autrice ne se gène pas pour dire ce qu’elle a à dire sur ceux qui accaparent la richesse. Le personnage de Blanche est très sympathique et le parallèle entre les années 1870 et l’époque actuelle est intéressant. Entre autre, cela nous permet de découvrir le système du remplacement militaire. C’est un roman de rebelle, de rébellion avec, il faut le reconnaître, des parties un peu moins crédibles… un bon livre mais j’ai préféré « La daronne ».

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