• Ces orages là

    "Ces orages-là" de Sandrine Collette - Le livre de poche

     Présentation de l'éditeur :

    C'est une maison petite et laide. Pourtant en y entrant, Clémence n'a vu que le jardin, sa profusion minuscule, un mouchoir de poche grand comme le monde. Au fond, un bassin de pierre, dans lequel nagent quatre poissons rouges et demi.
    Quatre et demi, parce que le cinquième est à moitié mangé. Boursouflé, abîmé, meurtri : mais guéri. Clémence l'a regardé un long moment.
    C'est un jardin où même mutilé, on peut vivre.
    Clémence s'y est installée. Elle a tout abandonné derrière elle en espérant ne pas laisser de traces. Elle voudrait dresser un mur invisible entre elle et celui qu'elle a quitté, celui auquel elle échappe. Mais il est là tout le temps. Thomas. Et ses orages. Clémence n'est pas partie, elle s'est enfuie.

    Première page :

    Il fait nuit.

    Nuit des campagnes : noire, épaisse, où la lune sans cesse masquée par les nuages peine à éclaircir les reliefs de la terre — tout en ombres et en lumière.

    Une nuit comme il les aime.

    C'est pour cela qu'il l'a choisie.

    Elle, elle court dans les bois. Elle voit mal. Elle devine, plutôt — pourtant elle le connaît, cet endroit. Plusieurs fois, des branches ont giflé son visage et elle a failli tomber en trébuchant sur des racines.

    Elle court, elle est à moitié nue.

    Moitié ?

    Il ne lui reste qu'une culotte en soie — et sa montre.

    C'est l'été. Il fait chaud.

    C'est la peur — son sang est comme glacé à l'intérieur. Et pourtant, elle est en nage. La sueur lui glisse sur le front, perle à ses cils, qu'elle essuie d'un revers de main pour essayer de se repérer au milieu de la forêt.

    Elle voudrait crier.

    Mais ça ne sert à rien, alors elle se tait. Il n'y a personne autour, à des kilomètres. Pas de hasard.

    Ce que j'en pense :

    C’est une plongée dans l’univers d’une femme victime d’un pervers narcissique. C’est terriblement juste et fort aussi bien dans la conduite du récit que dans l’écriture. L’autrice sait nous faire ressentir cette noirceur qui enveloppe Clémence. C’est efficace et assez vertigineux. J’ai cependant un petit bémol en ce qui concerne la fin.

    Ces orages là

     

    __________


    votre commentaire
  • Atmore Alabama

    "Atmore Alabama" de Alexandre Civico - Actes Sud actes noirs

    Présentation de l'éditeur :

    Lorsqu’il atterrit en Floride, il sait exactement où sa voiture de location doit le mener : Atmore, bourgade paumée au fin fond de l’Alabama. Il s’installe chez l’habitant, instaure un semblant de routine et rencontre une jeune Mexicaine désespérée. Un lien naît entre lui, l’étranger que l’on devine ravagé par la douleur, et cette fille à la dérive, noyée dans la drogue. Que vient chercher ce Français au royaume des rednecks, de l’ennui et des armes à feu ? Rien ne paraît l’intéresser sinon la prison, à l’écart de la ville, autour de laquelle il ne peut s’empêcher d’aller rôder…
    Ce roman de la chute, noir, dense, invoque dans un même surgissement le décor d’une Amérique qui s’est perdue et le saccage intérieur d’un homme qui ne sait plus comment vivre.

    Première page :

    Williams Station Day 7h45

    Le premier train du jour surgit du brouillard. Deux gros yeux jaunes, en colère, jaillissent soudain, éclairant le museau renfrogné de la locomotive qui tire derrière elle des dizaines de wagons et de containers. Wllliams Station Day, dernier samedi d'octobre. L'odeur de carton-pâte des petits matins froids. Une brume épaisse couvre la matinée comme un châle. A l'approche de la gare, le train pousse un mugissement de taureau à l'agonie. La foule assemblée là pour le voir passer lance un grand cri de joie, applaudit, se regarde applaudir, les gens se prennent à témoin, oui, le Williams Station Day a bien officiellement commencé. Je regarde Eve, ses yeux aux teintes orangées brillent d'un éclat enfantin. Certains wagons sont bariolés aux couleurs de l'événement, d'autres aux couleurs de la sainte Amérique. La ville d'Atmore fête sa fondation, cent ans plus tôt, autour de la voie ferrée, seule et unique raison de son existence. On célèbre aujourd'hui l'établissement d'une vague gare devenue une vague ville. Le serpent monstrueux traverse, raide, Atmore pendant un bon quart d'heure, un kilomètre au moins de wagons et de containers avance à une allure modérée, bruyamment, devant une population qui revient tous les ans se célébrer elle-même. L'air est encore frais.

    Ce que j'en pense :

    C’est une histoire pleine de tristesse et de désespoir et le style de l’auteur rend bien ce ressenti. C’est bien écrit (peut-être un peu trop bien !) la forme est intéressante mais on n’a pas beaucoup d’empathie pour les personnages. Ce livre est quand même assez original dans son genre.

    Atmore Alabama

     

    __________


    votre commentaire
  • Six fourmis blanches

    "Six fourmis blanches" de Sandrine Collette - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Dans ces montagnes du nord de l’Albanie, le mal rôde toujours. Dressé sur un sommet aride et glacé, Matthias s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle. À des kilomètres de là, Lou et ses compagnons partent pour trois jours de trekking intense. Mais, égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de l’un d’entre eux, ils vont devoir lutter pour survivre.

    Première page :

    Mathias

    Le mal suinte de ce pays comme l’eau des murs de nos maisons tout le long de l’hiver. Enraciné en nous, telle une sangsue fossilisée sur une pierre. C’est ce que disait mon grand- père, et avant lui son père, et le père de son père : depuis toujours ces montagnes sont maudites. Qui se souvient que quelque chose de beau y ait été conçu, s’y soit développé ? Que de contreparties à notre présence ici, que de compromis pour nous donner, parfois, le sentiment de bien vivre. Les vieux répètent à l’envi que les mauvais esprits ont choisi cet endroit pour venir mourir ; qu’ils y agonisent des années durant, crachant des imprécations sur nos roches et nos forêts malingres. Nous sommes de trop dans ces vallées ; nous en payons le prix fort. Nous aurions dû abandonner ces terres où nous n’avons jamais été les bienvenus. Si seulement nous étions raisonnables. Mais nous sommes faits de la même caillasse, refusant de céder une once de terrain, acharnés à faire pousser les tubercules qui nous permettent de tenir amaigris jusqu’au printemps suivant. Heureux d’un rien, aussi.

    — Nous observons stupéfaits les gens des villes étrangères investir notre région pendant les vacances.

    Ce que j'en pense :

    Le récit est très bien conduit même si on devine que ces deux histoires de Mathias et de Lou vont se croiser. L’autrice sait nous entraîner au cœur de catastrophes naturelles et elle nous tient en haleine de bout en bout. J’ai eu beaucoup d’empathie pour les trois personnages principaux qui sont parfaitement décrits. Le style est agréable et efficace. C’est un bon livre de Sandrine Collette mais tout à fait aussi fort que « On était des loups »

    Six fourmis blanches

     

    __________


    votre commentaire
  • Macha ou l'évasion

    "Macha ou l'évasion" de Jérôme Leroy - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Macha-des-Oyats, 107 ans, vit dans le « monde de la Douceur ». Née au tout début du XXIème siècle, c’est l’une des dernières personnes à avoir connu l’époque ultraviolente et morose du « monde de la Fin ». Macha raconte sa jeunesse solaire et rebelle, son amour perdu, sa fuite vers un idéal… Un éclairage sans fard sur notre époque. Un roman noir à méditer.

    Première page :

    Vers 2100 et des poussières, ZAD d'Équemauville

    Ils sont arrivés dans notre ZAD un mardi.

    Il y avait deux filles et un garçon. Je ne les connaissais pas.

    Ou je ne me souvenais pas d'eux.

    Après tout, j'ai cent sept ans depuis le printemps.

    Je les avais peut-être croisés lors de ces fêtes où nous nous retrouvons à plusieurs milliers pour le plaisir d'être ensemble, d'échanger nos produits, de rencontrer celui ou celle avec qui on partagera un arbre pour quelques jours ou pour la vie... Qui sait, je les avais peut-être même eus comme élèves, à l'époque où j'enseignais dans les Arbres-Écoles de la région ?

    La première chose qui m'ait frappée, c'était que tous les trois, les deux filles et le garçon, étaient très beaux. Ils rayonnaient d'intelligence et dégageaient une impression de calme tout en ayant l'air très décidés. Ils avaient à peine vingt ans.

    Cela voulait dire qu'ils appartenaient à la quatrième génération de la Douceur.

    Je les ai comparés avec ceux de leur âge qui vivaient dans le monde de la Fin. Cette manie de la comparai- son me prend de plus en plus fréquemment quand je rencontre de très jeunes gens.

    Ce que j'en pense :

    A l'origine c'est un livre jeunesse des éditions Syros, cela prouve bien qu'il ne faut pas trop catégoriser la littérature. C'est une très belle fable qui nous montre que malgré ce qui risque d'arriver (et qui arrive!) à notre monde (fascisme, extrême droite, réchauffement...) l'avenir peut être dans la Douceur. Ce livre très bien écrit se lit d'une traite. On se prend à rêver : et si le mode de vie adoptée par ce que l'on qualifie de "marginaux", de Zadistes, préfigurait avec bonheur notre avenir !

    Macha ou l'évasion

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Une femme de rêve

    "Une femme de rêve" de Dominique Sylvain - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Adèle, universitaire, enseigne aussi en milieu carcéral. Parmi ses étudiants, Karmia, un criminel de légende à l’allure de viking. À la suite d’une évasion spectaculaire, avec Adèle prise en otage, Karmia ne pourra compter dans sa cavale que sur le soutien inconditionnel de sa fille Nico, une experte en numérique. C’est alors que surgit la voix d’une femme mystérieuse. Qui est-elle vraiment ?

    Première page :

    Le tireur vise sa cible avec son pistolet semi-automatique MAC modèle 1950.

    À 14 h 22 mn et 15 s, son doigt appuie sur la détente, et le temps se dilate.

    La barrette fait basculer la gâchette qui comprime son ressort. Le chien libéré pivote vers l'avant, poussé par la bielle sous l'action du ressort de percussion. Il frappe le talon du percuteur, qui à son tour comprime le ressort, fait saillie dans la cuvette de tir et percute l'amorce. Le bloc culasse abaisse la tête du séparateur qui comprime à son tour le ressort. Le talon du séparateur touche la barrette qui perd contact avec le talon de la gâchette. L'échappement se produit.

    La balle, qui pèse huit grammes, est propulsée vers la cible à une vitesse de trois cent soixante mètres par seconde. L'énergie cinétique déployée à la bouche du canon est de cinq cents joules.

    Le projectile 9 mm traverse la boîte crânienne d'une femme et va se ficher dans une carrosserie de voiture. La victime a quarante-deux ans, elle est commandant de police. Son gilet pare-balles ne lui a servi à rien.

    Ce que j'en pense :

     J'ai lu avec beaucoup de plaisir plusieurs livres de Dominique Sylvain et j'ai donc choisi celui ci, espérant passer un bon moment. Ce ne fut pas le cas ! Je l'ai quand même terminé mais je n'aurai pas dû car ma critique n'en sera que plus sévère. Cette "femme de rêve" est un mauvais livre. L'intrigue a peu d'intérêt et les personnages ne sont pas assez approfondis (peut-être y en a-t-il trop ?). Les chapitres intitulés "l'élue" sont trop nombreux, trop longs et parfois un peu ridicules.

    Une femme de rêve

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Dans l'étang de feu et de soufre

    "Dans l'étang de feu et de soufre" Marie-Christine Horn - fictio bsn  press

    Présentation de l'éditeur :

    "Je l'ai presque vu sauf qu'il était plus là, non, il était plus là en entier. Y avait bien ses pieds dans ses chaussures et ses mains, ça oui, et la tête, c'était bien la sienne, je vous jure ! Mais tout le reste, nom de Dieu ! Tout le reste c'était que des cendres. Le feu a bouffé Marcel de l'intérieur". Accident, meurtre ou phénomène de combustion humaine spontanée ? Dans sa recherche de la vérité en terre fribourgeoise, l'inspecteur Charles Rouzier devra faire face aux guerres de juridictions, à l'omerta villageoise et à ses propres démons.

    Première page :

    – Valérie, remets-nous ça !

    – Écoute, je te préviens : si l’un de vous vomit dans l’urinoir, je lui fais lécher l’émail jusqu’à ce qu’il rutile. Y en a marre.

    Indifférente aux remarques des habitués, Valérie s’empara de chopes propres. Voilà cinq heures que l’usine avait bouclé ses portes en vue du weekend et chacun des quatre hommes encore présents au comptoir avait déjà payé sa tournée. Ils étaient arrivés à six, avant que Sébastien ne tire sa révérence, vers vingt heures, à la suite de Frédéric. Le premier, jeune marié, préférait encore sa compagne aux commentaires bruyants de ses collègues de la scierie. Quant à Frédéric, c’était davantage par crainte que par envie qu’il s’était éclipsé en début de soirée. La dernière fois qu’il s’était attardé, sa femme avait débarqué en gueulant, le menaçant de lui faire bouffer la soupe par le trou de balle s’il ne rappliquait pas illico. Il avait bien tenté de gonfler le torse et de lui répondre d’aller se faire foutre, histoire d’éviter une honte éternelle dans la mémoire collective. La simple vision du petit dernier sur les talons de sa mère l’en avait dissuadé. Les yeux effrayés du gamin, observant tour à tour sa daronne furibonde et son père bourré lui avait rappelé sa propre enfance. Et ce n’était pas un souvenir qu’il désirait graver dans la mémoire de sa descendance. Docilement, il s’était laissé glisser du tabouret et avait emboîté le pas de son épouse en baissant la tête sous les quolibets. Dès ce jour, on le surnomma Knorr, en référence à la marque de soupe déshydratée en sachet, puisqu’il n’avait jamais plus manqué l’heure du repas au risque de crever de soif.

    Ce que j'en pense :

    Mon Dieu ! quelle idée ai-je eu de commander ce livre dans ma librairie préférée ? Sans doute parce que j’ai entendu parler des premiers livres de l’autrice (qui écrivait à l’époque sous un autre nom). Je suis quand même allé tout à la fin… en sautant par-dessus quelques paragraphes ! Le travail de l’éditeur est baclé : mise en page beaucoup trop serrée, nombreuses coquilles et fautes. Le récit est alambiqué, invraisemblable. Les personnages sont taillés à la serpe. Le style est catastrophique. Ce livre va être recyclé, c'est la meilleure chose qui puisse lui arriver.

    Dans l'étang de feu et de soufre

     

     

    __________

     


    votre commentaire
  • Le corps noir

    "Le corps noir" de Dominique Manotti - Points Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Entre le débarquement des Alliés et la libération de Paris, deux mois et demi s'écoulent. La SS allemande - le «corps noir» - et la Gestapo française règnent encore. Dans leur sillage, industriels, banquiers et artistes s'enrichissent et mènent une vie de plaisir. Mais les plus perspicaces sentent le vent tourner...Ce roman peint ceux qui perdent, ceux qui s'en sortent, et ceux qui se retrouvent toujours, quoi qu'il arrive, dans le camp des vainqueurs.

    Première page :

    L'album de photos est là, sur la table, recouvert d'un cuir rouge sombre, moelleux au toucher, un peu éraflé, les charnières fatiguées, les coins usés. Sur la couverture, trois noms gravés en lettres dorées : François, Jeanne, Isabelle. Il faut l'ouvrir précautionneusement, tant il a été feuilleté. Pages de papier épais, rigide, gris foncé, qu'on tourne une à une et sur lesquelles ont été collées de petites photos rectangulaires, brillantes, à bords blancs crantés. Certaines ont jauni plus que d'autres, et parfois le brillant s'écaille. Une belle écriture ferme, à la plume, mentionne ici ou là un nom, un lieu, une date. Encre noire, passée, sur fond gris, peu lisible avec le temps.

    Beaucoup de photos d'enfants à tous les âges, dans des berceaux, à la plage, malades, jouant aux cartes sous les arbres, dans des bateaux, en train de lire ou de dormir dans des fauteuils. Autour d'eux, la mère, les grands-parents, attentifs, émus, fiers, toujours complices. Parfois, très rarement, le père, silhouette mince, élégante et sportive. Chronique d'une famille heureuse.

    Quatre photos, côte à côte, sur l'une des dernières pages.

    Mars, paysage de haute montagne. Soleil éclatant sur un grand champ de neige en pente très douce,

    Ce que j'en pense :

     J'ai lu et apprécié plusieurs livres de Dominique Manotti. Ils sont toujours très bien documentés dans des domaines très différents (la finance, la police...). Mais je n'ai pas pu aller au delà de la page 50 dans ce roman car le style d'écriture m'a lassé : des phrases très courtes, hachées, des énumérations un peu sèches... Dommage

    Le corps noir

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Le grand soir

    "Le grand soir" de Gwenaël Bulteau - La manufacture des livres

    Présentation de l'éditeur :

    22 janvier 1905. Paris se presse à la suite du cortège funéraire de Louise Michel, icône légendaire de la Commune. Parmi les ouvriers, la jeune Jeanne Desroselles, travestie en femme du peuple, se mêle à la foule. Idéaliste et militante, cette jeune héritière fréquente depuis quelques mois les rassemblements publics, vibrant des revendications de ceux qui luttent pour la justice et la liberté. Mais ce matin d’hiver sera pour Jeanne le dernier. Aux yeux de la police comme de sa famille, Jeanne s’est volatilisée. Sa cousine Lucie n’entend pas se satisfaire de cette conclusion, et elle se glisse de tavernes en ruelles pour retrouver la trace de la disparue. Pendant ce temps, aux quatre coins de la France, les manifestations se multiplient, les femmes se rassemblent pour faire entendre leur droit à la parole et à disposer de leur corps, les mineurs et les ouvriers réclament un travail qui ne les condamne pas à mort... Tous s’apprêtent à venir massivement à Paris, manifester ensemble le 1er mai. Ce sera le Grand Soir.

    Première page :

    Paris, Levallois-Perret, 22 janvier 1905

    La dépouille arriva gare de Lyon, par le tram en provenance de Marseille. Des hommes en costume noir portaient le modeste cercueil, quatre planches sous un linceul rouge, car la défunte n'aurait jamais voulu autre chose.

    Avec la mort de Louise Michel, une époque se terminait. La Louve avait succombé à une pneumonie et des milliers de personnes lui rendaient hommage ce jour-là, sous une neige fine et collante, en suivant son corbillard jusqu'au cimetière de Levallois-Perret. Beaucoup d'ateliers et de petit syndicats s'étalent cotisés. La préfecture avait interdit les drapeaux révolutionnaires, alors, pour contourner le problème, les gens du peuple avalent orné leurs couronnes de petits rubans rouges en souvenir de la Commune. Tout le monde se rappelait que Louise Michel avait voulu se rendre à Versailles pour tuer Thiers de ses propres mains.

    Ce que j'en pense :

     C'est plutôt un roman social qu'un roman noir même s'il y a beaucoup de noir. La période est admirablement reconstituée; on y rencontre des personnages historiques et on retrouve aussi des évènements marquants de cette époque. Évidemment il y a une bonne part de fiction mais tous les personnages sont bien ancrés dans le réel.

    Le grand soir

     

    __________


    votre commentaire
  • S'adapter ou mourir

    "S'adapter ou mourir" de Antoine Renand - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Elle a 17 ans et s'est enfuie de chez sa mère pour se sentir enfin libre. Accompagnée de son petit ami, elle fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute depuis des mois sur Internet. Elle en a fait son confident. Alors qu'il pourrait bien s'agir du plus abject des monstres...
    Il a 40 ans, est réalisateur de cinéma, en couple avec la même femme depuis leurs années de lycée. De soudains déboires conjugaux et professionnels le contraignent à trouver un job alimentaire : modérateur pour Lifebook, le plus important des réseaux sociaux. Sa mission : supprimer des vidéos interdites du fait de leur caractère choquant, sexuel ou ultraviolent.
    Dans une société en constante évolution, où le précepte " S'adapter ou mourir " connaît des résonances tant dans la folie meurtrière des hommes que dans le monde du travail, les destins de ces deux êtres, si éloignés au départ, finiront par s'entrechoquer.

    Première page :

    12 septembre 2011.

    "LE PERVERS JOUIT du malaise qu'il produit chez l'autre."

    Ambre se souvint d'une discussion qu'elle avait eue avec Guillaume, l'ancien compagnon de sa mère, quelques années auparavant. Comme il exerçait en tant que psychologue, Ambre s'était confiée à lui au sujet de l'un de ses professeurs, au contact duquel ses amies et elle ressentaient un malaise... Aucun abus n'était heureusement à déplorer, toutefois il se dé- gageait de cet enseignant une impression désagréable lors des tête-à-tête avec lui. Au détour de certaines questions prétendument bienveillantes ou lorsqu'il les dévisageait, et ce malgré des sourires doux.

    En faisant part de ses interrogations à celui qui était à l'époque son beau-père, Ambre s'était attendue à ce qu'il ne la prenne pas au sérieux, à ce qu'il dédramatise... Pourtant il l'avait écoutée attentivement et lui avait répondu qu'elle pouvait avoir raison et que lorsqu'on avait cette sensation étrange, c'était généralement fondé. …

    Ce que j'en pense :

    Rien à voir avec « L’empathie », roman précédent de l'auteur, que j’avais bien aimé. Ce roman contient beaucoup de longueurs. On sait qu’il va y avoir rencontre entre les deux histoires mais ça n’en finit pas. On tourne les pages pour aller plus loin, même si ce n’est pas très bien écrit. On ne ressent aucune « empathie » pour les personnages de ce récit. A lire si vous n’avez vraiment rien d’autre !

    S'adapter ou mourir

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Les derniers jours des fauves

    "Les derniers jours des fauves" de Jérôme Leroy - La manufacture de livres

    Présentation de l'éditeur :

    Nathalie Séchard, celle qui incarna l’espoir de renouveau à la tête de l’État, a décidé de jeter l’éponge et de ne pas briguer un second mandat. La succession présidentielle est ouverte. Au sein du gouvernement commence alors un jeu sans pitié. Dans une France épuisée par deux ans de combats contre la pandémie, les antivaxs manifestent, les forces de police font appliquer un confinement drastique, les émeutes se multiplient. Le chaos s’installe. Et Clio, vingt ans, normalienne d’ultragauche, fille d’un prétendant à la présidence, devient une cible...

    Première page :

    Nathalie s’en va

     Nathalie Séchard, cheffe des Armées, grande maîtresse de l’ordre national de la Légion d’honneur, grande maîtresse de l’ordre national du Mérite, co-princesse d’Andorre, première et unique chanoinesse honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, protectrice de l’Académie française et du domaine national de Chambord, garante de la Constitution et, accessoirement, huitième présidente de la Ve République, en cet instant précis, elle baise.

    Et Nathalie Séchard baise avec ardeur et bonheur.

    Nathalie Séchard a toujours aimé ça, plus que le pouvoir. C’est pour cette raison qu’elle va le perdre. C’est comme pour l’argent, a-t-elle coutume de penser, quand elle ne baise pas. Les riches ne sont pas riches parce qu’ils ont un génie particulier. Les riches sont riches parce qu’ils aiment l’argent. Ils n’aiment que ça, ça en devient abstrait. Et un peu diabolique, comme tout ce qui est abstrait. Dix milliards plutôt que huit. Douze plutôt que dix. Toujours. Ça ne s’arrête jamais.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre qui promet de traiter du pouvoir politique avec beaucoup de drôlerie et de férocité. Dans les cinquante premières pages, on sent que ce roman va tenir ses promesses. Mais on est assez vite déçu car l’auteur tombe dans la facilité pour dérouler un récit qui ne nous accroche plus tellement il en rajoute dans les attentats et les complots.

    Les derniers jours des fauves

     

     

    __________


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique