• Les chiens de chasse

    "Les chiens de chasse" de Jorn Lier Horst - folio policiet

    Présentation de l'éditeur :

    Dix-sept ans après son incarcération pour enlèvement et meurtre, Rudolf Haglund retrouve la liberté. Son avocat affirme qu'il a été condamné sur la base de preuves falsifiées. William Wisting, à l'époque jeune inspecteur chargé de l'enquête, est devenu une figure exemplaire et respectée de la police. Au coeur du scandale, suspendu de ses fonctions, Wisting décide de reprendre le dossier. Les policiers auraient-ils succombé au syndrome des "chiens de chasse", suivant par instinct la première piste, au risque d'en négliger d'autres, et s'acharnant à prouver la culpabilité supposée de leur proie ? Ou l'enquête aurait-elle été manipulée ?

    Première page :

    La pluie fouettait violemment les fenêtres. L’eau ruisselait le long des vitres et débordait des gouttières. Sous les puissantes rafales de vent, les branches de peupliers venaient griffer les murs.

    Assis à une des tables donnant sur la rue, William Wisting regardait dehors. Des feuilles mortes collées au trottoir mouillé furent soulevées et emportées par une bourrasque.

    Un camion de déménagement attendait sous le déluge. Un jeune couple arriva avec de grands cartons et se dépêcha de rejoindre le porche d’un immeuble.

    Wisting aimait la pluie. Il n’aurait su dire pourquoi, mais c’était comme si elle mettait la vie en sourdine. Elle lui faisait relâcher les muscles de ses épaules, et son pouls battait un peu moins vite.

    Une musique feutrée, jazzy, se mêlait à celle de l’averse. Wisting se tourna vers le comptoir. Les flammes des nombreuses bougies projetaient des ombres vacillantes sur les murs. Suzanne lui sourit, tendit la main vers l’étagère et baissa légèrement le volume.

    Ils n’étaient pas seuls dans cette salle tout en longueur.

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman policier presque sans violence. L’intrigue est plutôt traditionnelle mais assez bien rythmée, avec des chapitres courts. On tourne donc très facilement les pages. Mais tout cela manque de profondeur. Je n’ai pas été « embarqué » ni par les personnages ni par les lieux évoqués, Je suis resté un peu « en marge ».

    Les chiens de chasse

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Impact

    "Impact" de Olivier Norek - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Face au mal qui se propage et qui a tué sa fille
    Pour les millions de victimes passées et les millions de victimes à venir
    Virgil Solal entre en guerre, seul, contre des géants.

    Première page :

    1. Delta du Niger. Nigéria. Routes des oléoducs. Ogoniland.

    À chaque virage, la voiture de tête, un pick-up militaire, soulevait des nuages de terre fine qui s’insinuaient partout où ils le pouvaient. Derrière elle, les dix camions à la file créaient une traîne trois fois plus imposante. De loin, on aurait pu penser qu’un brouillard vivant et menaçant avançait à toute vitesse vers les prochains villages, prêt à les dévorer.

    Solal ne supportait plus cette seconde peau de poussière. De la poussière dans chaque poche de son gilet d’intervention, dans chaque interstice métallique de son revolver, contre ses joues, dans ses oreilles, sous ses paupières, craquant sous les dents. À en devenir fou. Le regard dur et les cheveux courts, Solal était l’archétype du gradé militaire. La quarantaine, peut-être dix de moins ou dix de plus, impossible à dire. Il y a des hommes, comme ça, sans âge.

    Il tapota deux fois sur le thermomètre du tableau de bord. Au-dessus de cinquante degrés constants, le corps ne fonctionne plus correctement et à moins de le refroidir, l’organisme cède rapidement.

    Ce que j'en pense :

    On peut dire que c’est un polar « militant » d’un auteur en colère avec l’inertie de nos dirigeants et des grands groupes industriels devant la catastrophe climatique annoncée depuis déjà pas mal d’années. On retrouve l’écriture directe et très documentée de l’auteur. On se dit même que c’est presque souhaitable d’en arriver à ce que raconte l’histoire pour qu’il y ait un vrai changement dans ce monde qui va dans le mur. A conseiller aux "climato-sceptiques" !

    Impact

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Après la guerre

    "Après la guerre" de Hervé Le Corre - Rivages/Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Bordeaux dans les années cinquante. Une ville qui porte encore les stigmates de la Seconde Guerre mondiale et où rôde l’inquiétante silhouette du commissaire Darlac, un flic pourri qui a fait son beurre pendant l’Occupation et n’a pas hésité à collaborer avec les nazis. Pourtant, déjà, un nouveau conflit qui ne dit pas son nom a commencé : de jeunes appelés partent pour l’Algérie.

    Daniel sait que c’est le sort qui l’attend. Il a perdu ses parents dans les camps et est devenu apprenti mécanicien. Un jour, un inconnu vient faire réparer sa moto au garage où il travaille. L’homme ne se trouve pas à Bordeaux par hasard. Sa présence va déclencher une onde de choc mortelle dans toute la ville. Pendant ce temps, d’autres crimes sont commis en Algérie…

    Première page :

    Un homme est sur une chaise, les mains liées dans le dos. Il ne porte qu'un slip et un gilet de peau, il ne bouge pas, mâchoire pendante, menton sur la poitrine, et il respire par la bouche d'où s'étire, depuis les lèvres éclatées, un filet de bave sanguinolente. Sa poitrine est secouée à chaque inspiration par des sanglots, peut-être, ou des haut-le-cœur. Son arcade sourcilière droite est ouverte et saigne sur l'œil gonflé qui n'est plus qu'un œuf noirâtre. A son front bleuit une bosse énorme. Du sang a coulé de sa figure sur son maillot de corps. Il y en a aussi par terre.

    La pièce est seulement éclairée par la lampe suspendue au-dessus du billard qui dispense un cône de lumière jaune et laisse dans l'ombre le reste: quatre tables de bistrot, rondes, et leurs chaises rangées autour, un tableau de marque, un meuble de rangement. Il y a bien des appliques fixées aux murs, avec de petits abat-jour verts, mais sans doute personne n'a-t-il jugé bon de les allumer.

    Autour de l'homme assis se tiennent trois types qui pour le moment ne disent rien et se contentent de fumer, debout. Ils sont un peu essoufflés, on entend leurs respirations saccadées s'apaiser peu à peu. L'un d'eux, surtout, corpulent et grand, tousse et s'étouffe presque et finit par écraser sa cigarette sous son soulier. Manches retroussées sur des muscles puissants.

    Ce que j'en pense :

    Très beau roman, assez dense, entre camps de concentration et guerre d’Algérie qui fait surgir des fantômes d’après guerre (ou d’avant guerre !). Les personnages ont une grande profondeur et la frontière entre le bon et le mauvais en chacun d’eux parait souvent fragile. Le récit est très bien conduit et la ville de Bordeaux parait souvent bien grise à la fin de ces années cinquante !

    Après la guerre

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Un flic bien trop honnête

    "Un flic bien trop honnête" de Franz Bartelt - Seuil cadre noir

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une petite ville de province, un assassin prolifique terrorise les arrêts de bus et les passages piétons : plus de quarante cadavres sont à déplorer. Quatre ans que l’inspecteur Gamelle, dépressif et fraîchement largué, ainsi que le bourrin, son adjoint cul-de-jatte, pataugent dans la semoule. Quatre ans que les astres refusent de s’aligner pour leur donner une piste. Sacré Saturne !

    Bien loin de laisser tomber l’affaire, Gamelle sera amené à se poser les mauvaises questions, à se méfier des bonnes personnes et à suivre les idées saugrenues d'un aveugle particulièrement intrusif…

    Première page :

    Les choses ne se sont pas passées comme l’ont raconté certains journalistes pour se donner un style ou pour faire oublier celui qui leur collait à la plume.

    D’abord, ce n’était pas la ligne S, mais la ligne 17. Ensuite, le type n’avait pas vingt-six ans. Il paraissait à peu près la moitié de son âge, ce qui n’en faisait ni un perdreau de l’année ni un faisan antique, mais un homme dans la force de sa maturité. La cinquantaine avantageuse. Enfin, ce jour-là, il ne portait pas un chapeau mou avec cordon, mais un bonnet de plongée surmonté d’une aigrette en matière synthétique.

    Précisions qui ne manquent pas d’intérêt, ce type s’appelait Wilfried Gamelle, inspecteur de police.

    En revanche, il est exact, comme l’a rapporté le chroniqueur approximatif, que ce type se soit fâché contre un voyageur qui lui avait donné l’impression de le bousculer à chaque fois que quelqu’un montait dans le bus.

    Dans un premier temps, il l’avait traité de « grossier », de « paysan sans vache », de « loquedu en peau de porc ».

    Ce que j'en pense :

    Bien sûr c’est une histoire complètement incertaine, les personnages sont « bizarres », excessifs, l’intrigue peut paraître un peu baclée à la fin… mais c’est du Bartelt avec son humour burlesque et souvent piquant. L’écriture est splendide et est parfaitement adaptée à ce genre. On sent que l’auteur s’est amusé en l’écrivant. Je souhaite que tous les lecteurs aient pris le même plaisir que moi à cette lecture (qui appelle une suite !)

    Un flic bien trop honnête

     

     

    __________


    votre commentaire
  • La République des faibles

    "La république des faibles" de Gwenaël Bulteau - La manufacture des livres

    Présentation de l'éditeur :

    Le 1er janvier 1898, un chiffonnier découvre le corps d’un enfant sur les pentes de la Croix Rousse. Très vite, on identifie un gamin des quartiers populaires que ses parents recherchaient depuis plusieurs semaines en vain. Le commissaire Jules Soubielle est chargé de l’enquête dans ce Lyon soumis à de fortes tensions à la veille des élections. S’élèvent les voix d’un nationalisme déchainé, d’un antisémitisme exacerbé par l’affaire Dreyfus et d’un socialisme naissant. Dans le bruissement confus de cette fin de siècle, il faudra à la police pénétrer dans l’intimité de ces ouvriers et petits commerçants, entendre la voix de leurs femmes et de leurs enfants pour révéler les failles de cette république qui clame pourtant qu’elle est là pour défendre les faibles.

    Première page :

    Pierre Demange se réveilla dans son lit bien avant l'aube de ce premier jour de l'an 1898. Comme chaque nuit, il avait rêvé de montagnes de vieux journaux, d'affiches de campagnes électorales et de tracts syndicaux, de tous les papiers, en fin de compte, que l'on jetait au rebut. Les nouvelles se périmaient en un rien de temps et c'était une bonne chose, car on fabriquait la pâte à partir des imprimés de la veille dont il remplissait sa charrette de chiffonnier pour la revente.

    En se mettant à sonner, les cloches de Fourvière lui rappelèrent le passage inexorable du temps. Le carillon enfonçait les clous un peu plus loin dans son cercueil. Dans ses jeunes années, il avait creusé des tombes, un peu partout, en plein champ lors de la guerre, ou dans des cimetières en place de concessions expirées. Les morts prenaient la place des morts. Les occupants précédents avaient disparu. Il ne restait ni cercueil, ni ossement, rien à part de la poussière et l'idée de retourner à la poussière le fit frissonner. Il avait beau être croyant, l'espoir de résurrection s'amenuisait avec l'âge.

    Ce que j'en pense :

    C’est un polar historique qui fait revivre « la belle époque » dans un quartier de Lyon où la vie n’est pas forcément « belle » pour la plupart des habitants. Le contexte social et politique est assez bien rendu bien que parfois cela paraisse plutôt schématique et simplifié. L’intrique est complexe au début mais, au final, l’auteur s’en sort bien. C’est un premier roman qui a de l’ambition mais qui ne me parait pas complètement réussi, sans doute parce que les personnages principaux manquent d’épaisseur et que l’écriture ne semble pas toujours correspondre au contexte de l’époque.

    La République des faibles

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Prendre les loups pour des chiens

    "Prendre les loups pour des chiens" de Hervé Le Corre - Rivages/noir

    Présentation de l'éditeur :

    Après avoir purgé cinq ans pour un braquage commis avec son frère Fabien, Franck sort de prison. Il est hébergé par les parents de Jessica, la compagne de Fabien. Le père maquille des voitures volées, la mère fait des ménages. Et puis il y a la petite Rachel, la fille de Jessica, qui ne mange presque rien et parle encore moins. Qu’a-t-elle vu ou entendu dans cette famille toxique où règnent la rancoeur, le mensonge et le malheur ? Dans une campagne écrasée de
    chaleur, à la lisière d’une forêt de pins étouffante, les passions vont s’exacerber jusqu’à l’irréparable.

    Première page :

    Ils l’avaient libéré une heure plus tôt que prévu et comme il pleuvait il avait dû attendre sous l’espèce d’abribus installé au rond-point, l’entrée de la prison derrière lui avec pour tout paysage un champ de maïs, de l’autre côté de la route, et le parking, ses portiques et ses grilles et les allées et venues des visiteurs, femmes, enfants, vieillards, le claquement sourd des portières. Il s’était penché et avait vu les hauts murs qui couraient sur près de quatre cents mètres et ça lui avait remué l’échine d’un méchant frisson, il s’était assis sur le banc de bois, enfoncé sous cet abri, pour en voir le moins possible alors qu’il avait rêvé pendant ces années d’embrasser des yeux l’horizon tout entier sans le moindre obstacle. Il avait posé son gros sac de voyage à ses pieds, gonflé et bosselé, pesant le poids d’un âne mort à cause des livres qu’il avait fait venir pendant sa détention et qu’il tenait à faire sortir comme il aurait emmené des animaux familiers doux et fidèles.

    Il a eu le temps de fumer trois cigarettes en écoutant cesser le clapotement de la pluie s’éloignant vers le sud avec des grognements sourds d’orage. La lumière a surgi brusquement, écartant d’un coup les nuages, allumant soudain une joaillerie toc jetée sur toute chose et frémissant avec des bruits de bouche.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre noir, sombre, assez violent et « sauvage ». L’écriture de l’auteur est terriblement efficace pour nous restituer cette atmosphère, pour nous décrire les personnages : les Vieux, Jessica, Frank et surtout la petite Rachel. C’est du vrai roman noir et social qui mérite bien sa place en « littérature ». Le seul reproche que je peux faire à l’auteur ce sont les répétitions de la conjonction « et », qui est bien sûr volontaire de sa part comme « figure de style » mais qui, pour moi, n’apporte rien au livre.

    Prendre les loups pour des chiens

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Traverser la nuit

    "Traverser la nuit" de Hervé Le Corre - Rivages Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Louise élève seule son fils Sam, son "petit magicien", seul capable d'enchanter un peu une vie qu'elle a reconstruite à grand-peine après un deuil terrible et des années de dérive. harcelé et brutalisée par son ancien compagnon, elle va croiser la route du commandant Jourdan. Cet homme tour à tour sombre, révolté et désemparé, enquête avec son groupe sur des meurtres de femmes : un tueur sévit dans les rues de Bordeaux, un être banal et terrifiant, mû par une rage destructrice.
    Trois trajectoires irrémédiablement liées. Ainsi chacun traverse sa nuit...

    Première page :

    Immobiles et sombres sous l’éclairage bleuté que la pluie pulvérise sur eux, soufflant de petits nuages de condensation vite dispersés par le vent traînard qui rôde le long des voies du tramway, ils attendent là, une dizaine, transis, emmitouflés, et se tiennent à l’écart de l’homme inanimé gisant sous un banc. Ils affectent de regarder ailleurs, loin, pour apercevoir l’approche d’une rame, ou bien scrutent l’écran de leur téléphone qui leur fait un visage blafard et creux. On est au mois de mars et depuis des jours le crachin fait tout reluire d’éclats malsains, de lueurs embourbées.

    À 6 h 22 une femme a appelé le 17 pour signaler qu’un type était allongé par terre sous un banc d’une station de tramway près de la cité des Aubiers, et qu’il était en tee-shirt malgré le froid, et que son tee-shirt était couvert de sang, enfin, elle pensait que c’était du sang, et que l’homme ne bougeait pas, peut-être était-il mort, raison pour laquelle, a-t-elle ajouté, elle préférait prévenir la police.

    Bientôt, les yeux se tournent vers les gyrophares de la voiture de police et les silhouettes des trois flics qui en descendent, se découpant et dansant contre ces durs éclats désynchronisés. On les observe qui s’approchent de l’homme décidément inerte, tournant le dos à tout le reste, la tête posée sur son bras replié comme un qui fait une sieste sous un arbre, l’été, fatigué par la chaleur. À la femme qui se trouve le plus près, un policier demande si c’est elle qui a appelé…

    Ce que j'en pense :

    Roman sombre, très noir et plutôt pessimiste. L’intrigue est magnifiquement conduite et on sent monter la tension au fil des pages jusqu’au dénouement qui m’a vraiment secoué. Le personnage de Louise peut éclairer de temps en temps cette traversée de la nuit (mais la lueur risque de paraître un peu fugace !). Il y a de la pudeur, de la retenue, de l’empathie mais aucune complaisance . C’est superbement écrit. Pour moi c’est un « coup au cœur ».

    Traverser la nuit

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Sauve-la

    "Sauve-la" de Sylvain Forge - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Alexis Lepage, modeste employé d’assurances, est sur le point de se marier avec la fille de son patron lorsqu’il reçoit un message de Clara, son amour de jeunesse, qui refait surface après des années.
    Alors qu’elle le supplie de l’aider à retrouver sa fille disparue, Alexis hésite. Que dissimule cette demande impromptue, si longtemps après leur séparation?? Et pourquoi Clara refuse-t-elle de le rencontrer??
    Replongé dans un passé dont il n’a jamais fait le deuil, Alexis va partir à la recherche d’une fille dont il ignore tout.
    Son enquête le conduira droit en enfer. 
    Un thriller haletant sur l’intrusion du numérique dans nos vies, son impact sur nos représentations du monde et de la mort.

    Première page :

    Le crépuscule assombrissait l’horizon quand le vieux bus enchaîna ses premiers virages. Sur ses flancs, la peinture s’écaillait et le pot d’échappement crachait un épais nuage noir.

    Elle avait choisi une place quelques rangs derrière le chauffeur, qui fumait comme un pompier.

    À l’arrière, une dizaine d’hommes ne cessaient de la dévorer des yeux depuis qu’elle était montée à bord. Pourtant, elle n’avait rien d’affriolant avec ses vêtements sales et tachés de boue, ses traits ravagés par l’épuisement. Mais elle était la seule femme.

    Le moteur émettait un bruit sourd et inquiétant dans les descentes. L’air lourd de l’habitacle, mélange de vieille sueur et de cigarillos, collait à sa peau.

    Malgré ses efforts, elle n’était pas parvenue à ouvrir sa vitre ; chaque virage lui soulevait le cœur.

    Ses yeux restaient fixés sur le dossier du siège devant elle, tandis que ses doigts serraient convulsivement son portefeuille. Elle repensait aux dernières heures et à son ami qui avait disparu. L’inquiétude la rongeait.

    L’obscurité s’épaissit encore et les crêtes des montagnes s’estompèrent dans le noir. À un moment, le moteur ronfla et elle redressa la tête.

    Ce que j'en pense :

    Je suis toujours étonné que je puisse passer complètement à côté d’un livre ayant eu autant de prix. C’est vrai qu’on a envie de tourner les pages, de connaître la suite. Mais que tout cela parait plat, convenu et assez mal écrit. L’histoire d’amour, en particulier, parait souvent très « cucul ».

    Sauve-la

     

     

    _________


    votre commentaire
  • Le gardien invisible

    "Le gardien invisible" de Dolores Redondo - folio policier

    Présentation de l'éditeur :

    Au Pays basque, sur les berges du Baztán, le corps dénudé et meurtri d'une jeune fille est retrouvé, les poils d'un animal éparpillés dessus. La légende raconte que dans la forêt vit le basajaun, une étrange créature mi-ours, mi-homme... L'inspectrice Amaia Salazar, rompue aux techniques d'investigation les plus modernes, revient dans cette vallée dont elle est originaire pour mener à bien cette enquête qui mêle superstitions ancestrales, meurtres en série et blessures d'enfance.

    Première page :

    Ainhoa Elizasu fut la deuxième victime de celui que la presse n'avait pas encore surnommé le basajaun1. Cela vint un peu plus tard, au moment où le bruit courut qu'on avait retrouvé à proximité des cadavres des poils d'animaux, des lambeaux de peau et des empreintes qui n'étaient peut-être pas humaines, le tout accompagné d'une sorte de cérémonie funèbre de purification. Une force maligne, tellurique et ancestrale semblait avoir marqué les corps de ces jeunes filles - presque encore des enfants - aux vêtements déchirés, à la toison pubienne rasée et aux mains disposées dans une attitude virginale.

    Quand on l'appelait au petit matin pour se rendre sur une scène de crime, l'inspectrice Amaia Salazar observait toujours le même rituel : elle éteignait le réveil pour ne pas déranger James, entassait ses vêtements et son téléphone et descendait très lentement l'escalier jusqu'à la cuisine….

    Ce que j'en pense :

    Beaucoup de belles critiques pour ce premier roman qui fait partie d’une trilogie. On parle même d’une Fred Vargas basque ! C’est vrai que tout se passe dans une petite partie du pays basque espagnol, qu’il y a des légendes locales et un peu de fantastique. Mais c’est très décevant car on croit à peine aux personnages tellement ils sont catalogués et figés en bons ou méchants. Leurs relations familiales, professionnelles ou amoureuses manquent de complexité. Au final, c’est un livre qui parait très long au bout d’une centaine de pages (et il y en a 519 !).

    Le gardien invisible

     

     

    __________

     


    votre commentaire
  • De cendres et de larmes

    "De cendres et de larmes" de Sophie Loubière - fleuve noir

    Présentation de l'éditeur :

    Madeline, Christian et leurs enfants rêvent depuis longtemps d'un appartement plus grand où chacun aurait son espace. Un rêve rendu impossible par la réalité du marché parisien. Quand l'occasion se présente pour Christian d'obtenir le poste de conservateur au cimetière de Bercy, avec un pavillon de fonction de 180 m2, la famille Mara n'hésite pas et s'y installe au début de l'été 2019. Peu à peu, les enfants se font au panorama. Tandis que Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, sauve les vivants, Christian veille les morts. L'âpreté de son métier réveille bientôt en lui le besoin d'extérioriser ses émotions par la peinture. Au cœur de ce fragile équilibre où les métiers de l'un et de l'autre pèsent lourds, la maison révèle ses fêlures. Lentement. Insidieusement.
    Quelque chose menace cette famille recluse au milieu des tombes.
    Une menace dont personne ne mesure encore l'ampleur.

    Première page :

    La vie lui avait appris cela. Quand il désirait trop fort quelque chose, il était certain de ne pas l’obtenir. Pourtant, l’espace d’un instant, il avait cru y parvenir : la fille appréciait sa compagnie et pouvait se révéler sensible à ses sentiments. Avec bravoure, il s’était risqué à lui ouvrir son cœur. Sa réponse au-delà du mépris avait le mérite d’être claire.

    Exister dans le regard des autres sans être vu, condamné au porte-à-faux.

    D’une main, il s’appuya au mur de l’escalier avant de monter les marches. À quoi se réduisait sa vie ? Aux ingratitudes de l’adolescence et ses promesses amères, à une famille fracturée par des paroles que l’on ne retient plus, à l’insupportable inertie de chaque heure passée à écouter les discours ineptes de ses professeurs, à sentir son propre corps devenir pesant et inutile au point de lui répugner, au regard froid de son père. En âme et conscience, l’esprit bombardé de raisonnements qui tourbillonnaient dans son crâne comme des billes, il lui semblait que demain se décidait maintenant.

    Sa chambre l’attendait, solitaire, tapissée d’un papier peint gris-bleu jusqu’à la poutre du plafond. Le radiateur sous la fenêtre le salua d’un gargouillement. Au-dessus de lui pendait le vestige d’un luminaire dont il avait un jour cassé la sphère d’un coup de tête – il s’amusait à sauter sur le lit.

    Ce que j'en pense :

    Sophie Loubière est douée pour changer d’univers à chacun de ses livres, et c’est toujours bien réussi. Cette fois-ci elle nous amène dans un cimetière, sans pour cela en faire une sorte de conte gothique. Elle fait de la maison du gardien un véritable personnage, mais ce n’est pas au détriment des personnages réels, qui ont tous leur part de souffrance, de mystère, d’originalité, d’étrangeté…L’intrigue, avec des chapitres assez courts, est très bien conduite, sans esbroufe comme dans certains polars « modernes ». Un très bon roman noir, un des meilleures de l’autrice.

    De cendres et de larmes

     

     

    __________


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique