• Et je serai toujours avec toi

    "Et je serai toujours avec toi" de Armel Job - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Automne 1995. Victime d'un incident mécanique, un homme vient demander de l'aide dans la maison la plus proche. Teresa, la jeune veuve et catholique fervente qui lui donne asile le temps de faire réparer son véhicule, se convainc très vite que cet homme lui est, en réalité, envoyé par Dieu en réponse à la promesse de son défunt mari. " Et je serai toujours avec toi " n'est-elle pas l'épitaphe que ce dernier a demandé que l'on grave sur sa tombe ?
    Tadeusz et André, les fils de Teresa, âgés tous deux d'une vingtaine d'années, voient pour leur part d'un mauvais œil l'irruption de cet inconnu qui vient troubler le deuil familial. Un fait divers tragique ne va pas tarder à révéler que celui qui se dit réfugié croate n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être...

    Première page :

    On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

    En 1995, ma mère était veuve depuis un an quand elle rencontra Branko Hrastov. Mon père était mort d'un cancer à l'âge de cinquante et un ans. Quelques mois plus tôt, il avait ressenti de violents maux de tête, qu'il avait d'abord attribués à ses soucis professionnels. Quand les nausées, et ensuite les vomissements, l'amenèrent consulter, il était trop tard. Peut-être qu'il aurait été trop tard de toute façon. Les chirurgiens lui ouvrirent le crâne et lui enlevèrent une tumeur pour le principe. Une autre réapparut, puis une autre, toujours plus envahissante. C'était comme du chiendent.

    Ma mère était beaucoup plus jeune que mon père. Elle n'avait pas quarante ans. A Wermont, il y avait sans doute quelques jolies femmes à cette époque. Ma mère les surclassait toutes. Elle, c'était une beauté….

    Ce que j'en pense :

    Le récit est très bien mené, en alternance entre les deux frères. On en découvre tout à la fin la raison. L’écriture est superbe, très imagée et agréable. Les personnages sont bien présents. Bref ! Un très bon roman d’un auteur que je ne connaissais pas mais dont j’ai très envie de découvrir les autres écrits.

    Et je serai toujours avec toi

     

     

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  • S'adapter ou mourir

    "S'adapter ou mourir" de Antoine Renand - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Elle a 17 ans et s'est enfuie de chez sa mère pour se sentir enfin libre. Accompagnée de son petit ami, elle fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute depuis des mois sur Internet. Elle en a fait son confident. Alors qu'il pourrait bien s'agir du plus abject des monstres...
    Il a 40 ans, est réalisateur de cinéma, en couple avec la même femme depuis leurs années de lycée. De soudains déboires conjugaux et professionnels le contraignent à trouver un job alimentaire : modérateur pour Lifebook, le plus important des réseaux sociaux. Sa mission : supprimer des vidéos interdites du fait de leur caractère choquant, sexuel ou ultraviolent.
    Dans une société en constante évolution, où le précepte " S'adapter ou mourir " connaît des résonances tant dans la folie meurtrière des hommes que dans le monde du travail, les destins de ces deux êtres, si éloignés au départ, finiront par s'entrechoquer.

    Première page :

    12 septembre 2011.

    "LE PERVERS JOUIT du malaise qu'il produit chez l'autre."

    Ambre se souvint d'une discussion qu'elle avait eue avec Guillaume, l'ancien compagnon de sa mère, quelques années auparavant. Comme il exerçait en tant que psychologue, Ambre s'était confiée à lui au sujet de l'un de ses professeurs, au contact duquel ses amies et elle ressentaient un malaise... Aucun abus n'était heureusement à déplorer, toutefois il se dé- gageait de cet enseignant une impression désagréable lors des tête-à-tête avec lui. Au détour de certaines questions prétendument bienveillantes ou lorsqu'il les dévisageait, et ce malgré des sourires doux.

    En faisant part de ses interrogations à celui qui était à l'époque son beau-père, Ambre s'était attendue à ce qu'il ne la prenne pas au sérieux, à ce qu'il dédramatise... Pourtant il l'avait écoutée attentivement et lui avait répondu qu'elle pouvait avoir raison et que lorsqu'on avait cette sensation étrange, c'était généralement fondé. …

    Ce que j'en pense :

    Rien à voir avec « L’empathie », roman précédent de l'auteur, que j’avais bien aimé. Ce roman contient beaucoup de longueurs. On sait qu’il va y avoir rencontre entre les deux histoires mais ça n’en finit pas. On tourne les pages pour aller plus loin, même si ce n’est pas très bien écrit. On ne ressent aucune « empathie » pour les personnages de ce récit. A lire si vous n’avez vraiment rien d’autre !

    S'adapter ou mourir

     

     

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  • La loi du désordre

    "La loi du désordre" de Philippe Hayat - Calmann Lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Juillet 1914, Paris célèbre la vie sous les pinceaux de Montparnasse. Étudiante brillante et militante socialiste, Jeanne embrasse le nouveau siècle et sa modernité.
    Depuis l’attentat de Sarajevo, le conflit menace mais elle refuse d’y croire. Comment l’homme épris d’art et de sciences, plus progressiste que jamais,  pourrait-il causer sa perte ?
    En quelques jours, l’Histoire bascule. Tiraillée entre affections et convictions, Jeanne doit faire des choix.
    Les événements vont la précipiter dans l’enfer des combats.

    Première page :

    Nous descendons l’escalier sans bruit et Charles m’entraîne dans le parc. Notre royaume tient entre quatre vieilles planches fichées dans la terre tendre autour d’un chêne siège. On l’appelle ainsi parce que ses racines nouées entre les herbes folles forment un petit trône. Une bouteille attend entre deux verres de cristal, un vin mousseux de Champagne.

    Charles chuchote, bien que personne ne puisse nous entendre :

    — Mon baccalauréat, je ne veux le fêter qu’avec toi, petite sœur. Toi, moi, et Mme Veuve Amiot. Je l’ai volée à la cave, je ne sais pas combien ça vaut.

    Il fait sauter le bouchon à travers les branchages. Charles a les yeux de père, mais les siens sont lavés de toute violence.

    — À quinze ans, Jeanne, il est temps que tu saches t’enivrer. Maintenant regarde… Tu sais garder un secret ?

    Il attrape un petit coffre caché derrière l’arbre et tire une carte de navigation qu’il étale devant nous :

    — Ici c’est Liverpool, un port anglais. De là partent des cargos vers l’Amérique.

    Un journal le missionnerait à l’autre bout du monde. Grand reporter, Charles enverrait ses articles par-delà les mers. Du doigt, il franchit l’Atlantique.

    — En moins de trente jours, j’atteindrai La Nouvelle-Orléans.

    Un bateau navigue sur une carte postale. Sa cheminée rouge à manchette noire fume entre quatre mâts.

    — Il est beau, n’est-ce pas ? Le Californian, c’est son nom. Il transporte du coton mais quelques cabines sont aménagées pour les voyageurs sans le sou. Regarde…

    Ce que j'en pense :

    Roman sur fond historique, assez original puisqu’il aborde les prémices de la première guerre jusqu'à la fin de 1914. Les personnages principaux (les parents, le frère et la sœur) sont définis de façon un peu caricaturale. Au fil du récit on rencontre des célébrités comme Jaurès, Dreyfus, Apollinaire…mais tout cela parait un peu « plaqué ». Bien sûr la description des combats et de la « boucherie » de cette guerre est bien présente et assez forte, mais ce n’est pas suffisant pour en faire un grand roman historique. On est loin de Pierre Lemaître.

    La loi du désordre

     

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  • Un voisin trop discret

    "Un voisin trop discret" de Iain Levison - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    Pour que Jim, chauffeur Uber de soixante ans, voie la vie du bon côté, que faudrait-il? Une petite cure d’antidépresseurs? Non, c’est plus grave, docteur. De l’argent? Jim en a suffisamment. Au fond, ce qu’il veut, c’est qu’on lui fiche la paix dans ce monde déglingué. Et avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout. Alors, quand sa nouvelle voisine, flanquée d’un mari militaire et d’un fils de quatre ans, lui adresse la parole, un grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. De quoi faire exploser son quota de relations sociales…
    En entremêlant les destins de ses personnages dans un roman plein de surprises, Levison donne le meilleur de lui-même, et nous livre sa vision du monde, drôle et désabusée.

    Première page :

    Le médecin jette le dossier sur sa table, dit bonjour à Jim d’un signe de tête et s’assoit lourdement dans son fauteuil qui s’incline instantanément. Il est jeune, rasé de près et professionnel, il porte une alliance, et Jim se demande si sa femme est aussi ennuyeuse que lui. Jim vient chez le médecin depuis trois ans et ne l’a jamais vu sourire ni plaisanter, ni indiquer d’une manière quelconque qu’il a une vie hors de son cabinet. Il n’y a pas de photos de famille dans son bureau, rien que deux planches d’anatomie en taille réelle du corps humain, l’une montrant les organes et l’autre le squelette. Avant sa première visite Jim s’est renseigné sur Internet et a trouvé une photo du médecin dispensant des soins dans une clinique pour les sans-abri. Quelle générosité chez cette

    jeune génération. Et quelle compagnie désagréable.

    « Vous pourriez vous permettre de perdre cinq kilos, dit le médecin. Et de faire un peu plus d’exercice. Je vous recommanderais la marche. Quel métier faites-vous ?

    – Je suis chauffeur Uber.

    – Donc vous passez beaucoup de temps assis.

    – Ouais.

    – Essayez vraiment de marcher davantage. » Il hoche la tête avec satisfaction. « Pour le reste, vous vous portez plutôt bien…

    Ce que j'en pense :

    C'est très agréable de lire ce livre bien ficelé et à l’ironie assez mordante, qui balance entre drame et comédie. On ne sait comment définir ce roman car il y a à la fois du suspens, de la critique de la société américaine et de son armée, mais aussi une grande liberté de ton. Évidemment, comme souvent chez Levison, ce n’est pas « politiquement correct » mais c’est une des raisons du côté « jouissif » de ce roman.

    Un voisin trop discret

     

     

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  • Ni prince ni charmant

    "Ni prince ni charmant" de Florence Medina - Magnard jeunesse

    Présentation de l'éditeur :

    Sur les réseaux sociaux, Louis, le meilleur ami de Tristan, est accusé d’agression sexuelle, et même de viol.

    C’est de la pure diffamation, évidemment.

    Évidemment ? Et s’il y avait du vrai dans ces dénonciations ? D’ailleurs, Tristan repense à un épisode de sa propre histoire avec Amina, six mois plus tôt. Ce soir-là, il a été lourd. Plus que lourd ? Existe-t-il, sur les portables des filles, un fil de discussion où il est lui aussi étiqueté «problématique » ?

    Première page :

    [T'es au courant que ton pote est un violeur

    SMS de Zoé à OO h 54.

    Je sors de mon lit, traverse le couloir au radar et entre dans sa chambre sans frapper

    — Non mais oh ! Ça va pas ? D'où tu rentres comme ça ?

    — Et toi, d'où tu m'envoies des messages à la con à une heure du matin ? Je dormais !

    — Ah ! tu trouves que c'est un message à la con ?

    — Bon, vas-y ! Accouche !

    — Louis a violé une fille.

    — Qu'est-ce que tu racontes ?

    — J'ai reçu un message. Pour me mettre en garde.

    Zoé me colle son téléphone sous le nez. Sur Instagram, un message privé de lizerondeau à Zoé alias zoezone : « Pardon de te déranger mais je vois que tu follow louisleon03. Attention, il a des comportements problématiques avec les filles. A bonne entendeuse. »

    Ce que j'en pense :

    C'est un sujet très délicat traité sur moins de 80 pages. Il y a donc des "raccourcis" pour évoquer la prise de conscience du garçon. Mais toutes les facettes de ces amours adolescentes sont abordées de façon plutôt directe, en particulier la question du consentement. Un livre à mettre entre toutes les mains... ou entre toutes les oreilles car un qrcode permet d'en avoir la version audio.

    Ni prince ni charmant

     

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  • Le tableau du peintre juiif

    "Le tableau du peintre juif" de Benoit Séverac - La manufacture de livre

    Présentation de l'éditeur :

    L’oncle et la tante de Stéphane vident leur appartement et lui proposent de venir recupérer quelques souvenirs :

    - Tu pourrais prendre le tableau du peintre juif.

    - Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Quel peintre juif ?

    - Celui que tes grands-parents ont caché dans leur grenier pendant la guerre.

    C’est ainsi que Stéphane découvre un pan de l’histoire familiale complètement ignoré. Eli Trudel, célèbre peintre, aurait été hébergé pendant l’Occupation par ses grands-parents, le tableau est la preuve de sa reconnaissance et Stéphane en hérite aujourd’hui. La vente de cette œuvre de maître pourrait être un nouveau départ pour son couple mais Stéphane n’a plus qu’une obsession : offrir à ses grands-parents la reconnaissance qu’ils méritent... Cependant quand le tableau est présenté aux experts à Jérusalem, Stéphane est placé en garde à vue, traité en criminel : l’œuvre aurait été volée à son auteur. Quel secret recèle cette toile ? Que s’est-il vraiment passé dans les Cévennes, en hiver 1943, pendant la fuite éperdue d’Eli Trudel et de sa femme ?

    Première page :

    À l’heure qu’il est, je pourrais être installé sur la terrasse d’Annie et Kader, en train de siroter un apéritif et de regarder le soleil s’avachir sur la chênaie. Mon seul souci serait la présence de moustiques. Bien qu’aucun de nous ne croie en leur efficacité, nous allumerions des serpentins répulsifs, et nous continuerions à boire en ponctuant notre conversation de tapes sur nos

    avant-bras et nos chevilles.

    Au lieu de quoi, je suis dans cette salle d’interrogatoire, entre cellule de prison et abri antiatomique, et je crève de chaud autant que de peur. La France, la Dordogne, les vacances… Tout cela me paraît si loin, si inaccessible.

    Pour l’instant, il y a plus grave que mes congés gâchés et l’inconfort d’une garde à vue, plus grave même que la perte de mon tableau… Il s’agit d’éviter la prison. La prison en Israël, qui plus est.

    Sortir d’ici. En finir avec cette détention qui ne dit pas son nom. Foutre le camp.

    Cela fait des heures qu’ils me retiennent ; je suis épuisé ; j’ai soif ; j’ai faim. Et il ne se passe rien. On ne m’informe de rien.

    Un policier est venu chuchoter quelques mots à l’oreille de son collègue qui me surveillait, puis ils sont sortis sans une explication. À présent, ils me font mariner. Je ne sais pas depuis combien de temps je poireaute. Je suis sûr qu’ils le font exprès, que cela fait partie d’une stratégie. J’ai beau le savoir, j’ai beau me le répéter, ça fonctionne : je ne sais pas ce que je vais devenir. J’imagine le pire.

    Ce que j'en pense :

    C’est certain qu’en lisant ce roman on apprend des choses (sans doute intéressantes) sur les réseaux de résistance dans le sud de la France, sur différents organismes d’état  israélien et espagnols. On apprend surtout ce que prend le héro au cours de ses repas, par quels endroits il passe… et un tas d’autres choses sans aucune importance pour le déroulement du récit ou la connaissance des personnages. On ne s’ennuie pas vraiment à la lecture… mais il s’en faut de peu !

    Le tableau du peintre juiif

     

     

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  • Le muguet rouge

    "Le muguet rouge" de Christian Bobin - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu’un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m’invite à aller le voir. L’homme tient une auberge au bord d’un lac. J’y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d’un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s’apprêtent à incendier la plaine. Je reviens vers mon père, lui demande qui est cet homme. Il me répond que c’est une partie de sa famille dont il ne m’avait encore jamais parlé. Va les voir, me dit-il, apprends à les reconnaître.

    Extrait :

    La calligraphie fut inventée au Japon au quatrième siècle d'après les empreintes de pattes d'oiseaux sur le sable d'une plage.Au vingt et unième siècle le monde travaille à effacer les oiseaux et l'écriture manuscrite- mais partout et toujours sur Terre des petites mains ailées de deux, trois, quatre ans, barbouillent du papier, cassent des craies, peignent sur les murs et les vêtements, "en mettent partout ", écrivent. 

    Ce que j'en pense :

    Comme souvent chez Bobin il y a un côté énervant avec parfois  un certain hermétisme et l'ensemble peut paraitre décousu. Mais on retrouve des parties vraiment exceptionnelles qui nous font entrer dans son monde qui est aussi un peu (ou beaucoup) le nôtre. Cette mosaïque qui nous paraissait confuse devient alors un magnifique champ (chant) de muguets rouges.

    Le muguet rouge

     

     

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  • Clara lit Proust

    "Clara lit Proust" de Stéphane Carlier - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    « Proust. Avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes — Capri, Saint-Pétersbourg... — où il était entendu qu’elle ne mettrait jamais les pieds. »
    Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Son quotidien, c’est une patronne mélancolique, un copain beau comme un prince de Disney, un chat qui ne se laisse pas caresser. Le temps passe au rythme des histoires du salon et des tubes diffusés par Nostalgie, jusqu’au jour où Clara rencontre l’homme qui va changer sa vie : Marcel Proust.

    Première page :

    Mme Habib sur le trottoir, en chemisier malgré le froid, tend le bras pour éloigner sa cigarette, l'autre est replié sous sa poitrine. À la fois raide et frissonnante, elle examine la vitrine de son salon comme si elle cherchait à en percer le mystère. Les lettres blanches de l'enseigne, l'immense poster sur lequel une femme coiffée comme Louise Brooks a l'air de regarder ses pieds, la liste des tarifs sur la porte cn verre. Et, à l'autre extrémité, tout en bas, inutile et solitaire dans son vase transparent, une tige de bambou qui n'a jamais poussé de plus d'un centimètre.

    — C'est le nom qui ne va pas. Cindy. La fille de l'ancien propriétaire s'appelait comme ça. C'était à la mode en 1982 mais aujourd'hui ça ne dit plus rien à personne.

    Mme Habib se méprend complètement sur le standing de son salon. Elle en a tellement rêvé qu'elle a fini par se convaincre qu'elle dirigeait l'équivalent d'un Dessange alors que Cindy Coiffure est minuscule, tout en longueur, caché dans un renfoncement lui-même planqué dans un passage, et survit grâce à une clientèle d'habituées dont la moyenne d’âge avoisine les soixante-dix ans.

    Ce que j'en pense :

    Bien sûr que Proust est un des grands auteurs de notre littérature. Bien sûr que la découverte d’un auteur, d’un livre, peut bousculer, nous faire découvrir de nouveaux mondes. Bien sûr que l’écriture de Proust peut rebuter énormément de personnes. C’est vrai aussi que le monde peut se partager en deux catégories : ceux et celles qui ont lu Proust (les moins nombreux) et les autres, qui ont essayé de le lire mais ont abandonné, qui n’ont jamais essayé, qui se moquent complètement de Proust. Y a-t-il une catégorie supérieure à l’autre ?  C’est un peu ce que laisse transparaître ce roman. Dommage ! Il m'a quand même donné envie de me replonger dans Proust... mais j'ai abandonné une fois de plus, je ne dois pas faire partie de la bonne catégorie !

    Clara lit Proust

     

     

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  • Le loup, l'épée et les étoiles

    "Le loup, l'épée et les étoiles" de Lola Lafon - L'Aube

    Présentation de l'éditeur :

    "C'est chaque fois un bonheur de lire Lola Lafon. Ses bonheurs d'écriture deviennent des bonheurs de lecture, mais prenons garde à la douceur de la langue qui parfois se coupe jusqu'au sang. [... ] Qu'elle traite du mépris masculin tournant à la goujaterie ou qu'elle fasse un sort à la "gauche" qu'elle n'évoque qu'avec des guillemets pour s'en protéger, tant elle a trahi ses idéaux et ceux qui la soutenaient, Lola Lafon n'y va pas avec le dos du clavier pour faire ses gammes côté grave ou côté aigu. [... ] [Elle] écrit juste, d'une écriture accordée à tous les temps de la joie ou de la colère, de l'émotion ou de la lutte. C'est pourquoi, une fois le livre ouvert, on peine à le refermer avant la toute fin." Eric Fottorino Directeur de l'hebdomadaire Le 1

    Première page :

    Vaincre : la cellulite, la timidité, le stress et le hoquet.

    Gagner : en masse musculaire, en influence, en endurance, en Bourse.

    Coups de gueule : d'un ministre, d'un acteur, textes coups de poing d'un auteur, séduction terrassante des certitudes uppercut.

    Petite musique martiale qui rythme nos quotidiens : ici, un virus « gagne du terrain », là, un élu « fait la course en tête », un roman de rentrée littéraire « écrase la concurrence ».

    Vénération de la fermeté : des seins, des cuisses, des discours politiques « musclés », couillus. Tout sauf être un Flanby : horreur du friable, du mou, du tremblement.

    Icônes médiatiques puissantes, éblouissantes, aveuglantes.

    Ce que j'en pense :

    C’est un recueil de courts textes, qui peuvent ressembler à des billets d’humeur. C’est un plaisir de partager les humeurs de l’autrice. C’est très bien écrit et certains textes sont de véritables pépites, comme « La traversée » ou « Lettre à Sylvie ».

    Le loup, l'épée et les étoiles

     

     

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  • Miracle à la combe aux Aspics

    "Miracle à la combe aux Aspics" de Ante Tomic - Libretto

    Présentation de l'éditeur :

    À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n’admet ni l’État ni les fondements de la civilisation – jusqu’à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l’idée saugrenue de se trouver une femme.

    Bientôt, il devient clair que la recherche d’une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.

    La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s’associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.

    Première page :

    Chapitre 1

    Consacré aux dizaines de manières de préparer la polenta, aux choses à ne pas faire lorsqu’on lave des vêtements de couleur, et à la soupe servie dans un cendrier. Deux hommes manquent de se faire assassiner, un autre désire se marier, et l’on ne sait pas qui est le plus à plaindre.

    Loin dans les montagnes se niche la Combe aux Aspics. Difficile a trouver, cachée, protégée comme une forteresse, avec une unique route praticable a travers un défilé sinueux qui, après un dernier contour, s’élargit soudainement sur un plateau karstique, pour buter, a peine deux cents mètres plus loin, sur une falaise a pic. La, sur cette terre rocailleuse, rarement ensoleillée, s’étalent quelques champs de trèfle, deux ou trois rangs de patates et de pois chiches, deux insignifiants lopins d’oignons arrachés a grand-peine a l’enchevêtrement de ronces, de frênes et de charmes. Les fleurs orange des citrouilles rôtissent sur une minuscule parcelle défrichée ceinte d’un muret de pierres sèches.

    Ce que j'en pense :

    C’est un bon roman burlesque et léger avec des personnages attachants. A la lecture j’ai pensé aux romans de Arto Paasilinna, ce qui est quand même une excellente référence. J’ai bien fait d’écouter les conseils de mon libraire. Alors que je lui faisais part de mes réserves avec des romans « drôles, comiques, amusants », il m’a assuré que celui-ci je pouvais le lire les yeux fermés ! Il avait raison : c’est un livre qui met de bonne humeur.

    Miracle à la combe aux Aspics

     

     

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