• Le récit des gouffres

    "Le récit des gouffres" de Thomas Vinau - Le Castor Astral

    Présentation de l'éditeur :

    Thomas Vinau explore ici les abîmes de l’enfance et de la solitude.
    Dans ce récit hanté par les fantômes et les ombres mystérieuses, l’imagination et la littérature sont les seules échappatoires.

    L’enfant grandit dans l’ombre de son père, le gouffre devient alors un refuge à la fois effrayant et rassurant. Il s’évade dans son jardin secret où la nature reprend ses droits. Il navigue à travers les contes et la poésie d’Emily Dickinson.   

    Cependant, l’enfant va devoir abandonner l’ombre d’Emily et laisser derrière lui ce monde imaginaire qu’il a construit depuis l’enfance pour accomplir une quête initiatique.

    Thomas Vinau signe une ode à la nature lumineuse et intime ! Un hommage à l’oeuvre d’Emily Dickinson et aux contes traditionnels.

    Première page :

    Un jour, la cendre et le brouillard ont fait l'amour. Et tu es né. Bien sûr, la cendre n'était que de la cendre. Et le brouillard n'était que du brouillard. Mais crois-moi, ils ont fait l'amour, ils ont vraiment fait l'amour, et tu es vraiment né. Ne laisse personne te laisser croire autre chose. Et que le monde aujourd'hui ne soit plus le monde ne change rien. Ils ont fabriqué de la lumière avec ce qu'ils avaient. L'obscurité. Et tu es né.

    On sait à présent que la vie a commencé par des dents. Parce qu'elle doit mâcher, défendre, arracher. Parce qu'elle doit déchirer le néant. Percer la poche, la coquille, la terre, la pierre. Térébrer. Toujours. Même les oiseaux, avant d'être des oiseaux, avaient des dents. Même le jour a dû creuser la nuit. Et puis nous avons gagné. Nous avons mâché le monde. Et puis nous avons perdu. Nous nous sommes fait mâcher à notre tour. Par quelque chose d'autre.

    Mais la vie survit toujours. Elle survit aux éruptions, aux cataclysmes, aux épidémies, aux météores. À l'atroce appétit des hommes. Elle survit aux dieux. Et les bactéries recommencent à s'agiter. Et les lézards ressortent. Et les larves fendent à nouveau l'humus. Et les rayons recommencent à percer. La vie survit même à la vie. C'est idiot la vie mais c'est comme ça. Elle persiste. Pour la bonne raison qu'il faut quelqu'un pour raconter l'histoire.

    Avant il y avait le printemps. C'était merveilleux. La spirale effrontée des astres. Une danse de sang et de sève. Une irruption, un jaillissement. C'était une force de lumière. La grande dévoration. Toute la terre avait faim. Tous les sexes s'ouvraient. Et la vie reprenait. Plus puissante. Plus colorée. Plus impitoyable que jamais. Avant il y avait le printemps. Maintenant il n'y a plus rien. C'est à toi d'être le printemps.

    Ce que j'en pense :

     L'auteur a le don de nous emmener dans des pays improbables qui ne sont sans doute pas si éloigné de notre réel. Qu'est devenu le monde? Comment sortir du gouffre? Que nous reste-t-il de notre histoire (de l'histoire)?... Autant de questions (et bien d'autres) que nous nous posons à la lecture. Ce livre échappe à toute classification puisqu'il mêle récit, poésie, conte, mythe...

    Le récit des gouffres

     

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  • Cher connard

    "Cher connard" de Virginie Despentes - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    «  Cher connard,
    J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux  : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve  : je t’écris.  »
    Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
    Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

    Première page :

    OSCAR

    Chroniques du désastre

    Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu’elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque – combien de fois je suis tombé amoureux d’elle, combien de photos d’elle, dans combien d’appartements, au-dessus de combien de lits – j’ai pu accrocher et qui m’ont fait rêver. Métaphore tragique d’une époque qui se barre en couille – cette femme sublime qui initia tant d’adolescents à ce que fut la fascination de la séduction féminine à son apogée – devenue aujourd’hui ce crapaud. Pas seulement vieille. Mais épaisse, négligée, la peau dégueulasse, et son personnage de femme sale, bruyante. La débandade. On m’a appris qu’elle s’était convertie en égérie pour jeunes féministes. L’internationale des pouilleuses a encore frappé. Niveau de surprise : zéro. Je me roule en PLS sur mon sofa et je réécoute Hypnotize de Biggie, en boucle.

    Ce que j'en pense :

    Je suis quand même allé jusqu’à la page 122 ! Je me suis bien fait avoir par le battage médiatique « parisien » autour de ce livre. Et pourtant je suis très méfiant mais je ne sais pas ce qui m’a pris, le titre sans doute… mais j’ai vite déchanté. Cette soit disant correspondance n’a rien d’épistolaire mais ressemble à des monologues assez ennuyeux sauf au tout début. De temps en temps il y a une belle phrase, un beau coup de gueule, mais pour moi ça ne suffit pas.

    Cher connard

     

     

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  • Plus bas dans la vallée

    "Plus bas dans la vallée" de Ron Rash - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Un an après son départ pour le Brésil, Serena, personnage emblématique de l’œuvre de Ron Rash, revient dans les Great Smoky Mountains. Selon le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp, tous les arbres de la dernière parcelle qu’elle possède aux États-Unis doivent être abattus avant la fin de juillet. Il ne reste que trois jours. La pluie incessante qui fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier, les serpents impitoyables, l’épuisement des bûcherons en sous-effectif rendent la tâche presque impossible. La « Lady Macbeth des Appalaches » sera-t-elle à la hauteur de sa sinistre réputation ?
    Autour de ce diamant noir, six nouvelles âpres mais traversées d’éclairs d’un humour parfois grinçant disent la vie rude et privée d’horizon des enfants oubliés de l’Amérique que sont les habitants de cette contrée.

    Première page :

    Quand Serena Pemberton descendit de l'hydravion Com• modore, en juillet 1931, un modeste mais fervent contingent de reporters et de photographes l'attendait. À l'exception du pilote, elle était seule. Ceux qui l'accompagneraient au camp forestier, à la fois bêtes et gens, étaient arrivés par bateau la veille au soir. Ils avaient déjà pris place à bord du train qui les emmènerait de Miami en Caroline du Nord. Tous sauf Galloway, son exécuteur des basses besognes, qui s'était procuré une automobile pour conduire sa patronne à la gare. Tandis qu'on mettait en place l'échelle métallique mobile, il vint se poster à côté de la marche du bas. C'était un homme de petite taille, au corps maigre et nerveux, aux vêtements miteux; un moignon violacé dépassait de l'une de ses manches. Alors que les flashs des appareils photo crépitaient à quelques centimètres à peine de son visage, il ne cillait pas.

    Au moment où Serena entamait la descente, la première question qu'on lui cria porta sur les rumeurs entourant la mort de son mari. Il sembla, l'espace d'un instant, qu'elle n’y répondrait pas…

    Ce que j'en pense :

    Le texte qui donne son nom au livre est trop long pour être une nouvelle et trop court pour être vraiment un roman. L’univers de Ron Rash a besoin de temps et d’espace pour s’épanouir et donner sa pleine mesure comme dans « Une terre d’ombre ». Les autres nouvelles sont bien réussies mais dans des genres très différents. Dans certaines on retrouve l’humour noir souvent piquant de l’auteur.

    Plus bas dans la vallée

     

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  • Au temps des galoches

    "Au temps des galoches" de Christian Butaud - La Geste

    Présentation de l'éditeur :

    Septembre 1943 : en pleine tourmente de l’Occupation allemande, un petit garçon de onze ans retrouve toute sa famille dans un coin de campagne française. Dans ce contexte dramatique, la figure du père devient primordiale et l’éducation du garçon se fait parmi une galerie de personnages hauts en couleurs. Petit à petit, l’enfance laisse la place à l’adolescence au milieu du cercle des cousins.

    Première page :

    Je ferre. Une onde de plaisir intense me descend du cerveau au talon. Ça mord ! Et pour la première fois de ma jeune vie de pêcheur ce n'est pas une ablette ni un goujon qui s'intéresse à mon hameçon. Tremblant, les doigts crispés sur la gaule, j'essaie de maintenir le fil tendu sans efforts superflus, de peur de casser mon bas de ligne trop fragile pour une prise de choix. Le flotteur trace des arabesques compliquées à fleur d'eau. La bête me semble vivace, lourde, robuste. Qu'est-ce que ça peut être? Une perche, une carpe, peut-être un brochet, le seigneur de la rivière? Non, ne rêvons pas ! Mais c'est du gros, pour sûr c'est du gros ! Comme je l'ai vu faire par mes oncles, je laisse la bête se fatiguer avant d'intensifier lentement mon effort et de la rapprocher de la berge. Je bous d'impatience et de fébrilité. Pourvu que ça tienne ! Bon sang, il faut que ça tienne. A bout de patience je relève lentement la gaule. Le scion prend sa courbure maximum mais, irrésistiblement, le flotteur sort de la rivière. J'aperçois maintenant la nageoire dorsale qui sillonne la surface. Je vais gagner ! Est-ce possible que moi, gamin de onze ans, je réussisse cet exploit. Je ne saurais dire à quelle extrémité de la ligne il y a le plus d'affolement.

    Bien sûr je n'ai pas d'épuisette. Cet engin est tout à fait superflu pour mes prises habituelles de vingt ou trente grammes. Bientôt le poisson est le long de la berge, gesticulant à cinquante centimètres sous mes pieds. C'est une tanche ! …

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre que l'on peut qualifier de terroir ou régionaliste sans que ce soit péjoratif. On est entrainé agréablement dans un lieu (un village des Deux Sèvres) et une époque (les années 43/44). C'est constitué d'une succession de petits chapitres où le jeune narrateur de 11/12 ans nous fait découvrir des scènes de la vie quotidienne de ce village avec de l'empathie pour tous les personnages (enfants et adultes) et avec souvent beaucoup d'humour et de finesse.

    Au temps des galoches

     

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  • L'abandon des prétentions

    "L'abandon des prétentions" de Blandine Rinkel - Fayard

    Présentation de l'éditeur :

    « Qu’est-ce qu’une vie réussie ? » Au bic, Jeanine recopie la question sur un post-it, puis, comme chaque jour, part marcher. Croisant, au cours de ses dérives, divers visages : un architecte syrien fuyant son pays, un danseur étoile moscovite, une mythomane espagnole…
    Ne sous-estime-t-on pas, d’ordinaire, l’amplitude des voyages intérieurs suscités par ces rencontres fortuites ? 
    Sans doute fallait-il, pour en prendre la mesure, le regard d’un proche. C’est sa fille qui dresse le portrait de cette femme de soixante-cinq ans, en autant de fragments, composant un kaléidoscope où se confondent le monde et une mère.

    Première page :

    Sans doute n’aimons-nous jamais que les énigmes ; Jeanine en devint une pour moi au sortir de l’enfance quand elle cessa, à l’image du jouet et de l’oreiller, d’appartenir à ce réseau d’évidences amniotiques qu’est la famille jusqu’à nos dix ou douze ans pour devenir – cela prit plusieurs années – un corps distinguable et opposable au mien : non plus l’intime et l’ineffable « maman », mais bien la dicible « ma mère », personnage que je pouvais observer depuis une place de spectatrice détachée, ne la voyant plus strictement enseigner-et-protéger-et-vaincre mais bien aussi hésiter-et-douter-et-désirer, la percevant faillible, fragile et, comme tout humain, si imprenable dans ses failles et sa fragilité qu’elle en devenait un mystère – non plus une mère mais un secret de famille, de ceux qu’on brûle d’écrire pour mieux comprendre qu’on ne les saura jamais tout à fait.

    Ce que je sais surtout d’elle, ce sont des récits, obtenus par les messages qu’elle me laisse hebdomadairement, petits monologues d’une à trois minutes déposés à distance sur mon répondeur...

    Ce que j'en pense :

    Portrait tendre et plein de douceur d’une mère par sa fille. Tout parait juste et très respectueux dans toutes les anecdotes qui ont jalonnées la vie maternelle (surtout depuis sa retraite). J’ai été happé par l’écriture de l’autrice même si certains pourraient lui reprocher un vocabulaire parfois difficile et des phrases un peu longues… ce n’est pas mon cas...  même si je trouve ce livre moins fort que son suivant : « Vers la violence ».

    L'abandon des prétentions

     

     

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  • Et je serai toujours avec toi

    "Et je serai toujours avec toi" de Armel Job - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Automne 1995. Victime d'un incident mécanique, un homme vient demander de l'aide dans la maison la plus proche. Teresa, la jeune veuve et catholique fervente qui lui donne asile le temps de faire réparer son véhicule, se convainc très vite que cet homme lui est, en réalité, envoyé par Dieu en réponse à la promesse de son défunt mari. " Et je serai toujours avec toi " n'est-elle pas l'épitaphe que ce dernier a demandé que l'on grave sur sa tombe ?
    Tadeusz et André, les fils de Teresa, âgés tous deux d'une vingtaine d'années, voient pour leur part d'un mauvais œil l'irruption de cet inconnu qui vient troubler le deuil familial. Un fait divers tragique ne va pas tarder à révéler que celui qui se dit réfugié croate n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être...

    Première page :

    On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

    En 1995, ma mère était veuve depuis un an quand elle rencontra Branko Hrastov. Mon père était mort d'un cancer à l'âge de cinquante et un ans. Quelques mois plus tôt, il avait ressenti de violents maux de tête, qu'il avait d'abord attribués à ses soucis professionnels. Quand les nausées, et ensuite les vomissements, l'amenèrent consulter, il était trop tard. Peut-être qu'il aurait été trop tard de toute façon. Les chirurgiens lui ouvrirent le crâne et lui enlevèrent une tumeur pour le principe. Une autre réapparut, puis une autre, toujours plus envahissante. C'était comme du chiendent.

    Ma mère était beaucoup plus jeune que mon père. Elle n'avait pas quarante ans. A Wermont, il y avait sans doute quelques jolies femmes à cette époque. Ma mère les surclassait toutes. Elle, c'était une beauté….

    Ce que j'en pense :

    Le récit est très bien mené, en alternance entre les deux frères. On en découvre tout à la fin la raison. L’écriture est superbe, très imagée et agréable. Les personnages sont bien présents. Bref ! Un très bon roman d’un auteur que je ne connaissais pas mais dont j’ai très envie de découvrir les autres écrits.

    Et je serai toujours avec toi

     

     

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  • S'adapter ou mourir

    "S'adapter ou mourir" de Antoine Renand - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Elle a 17 ans et s'est enfuie de chez sa mère pour se sentir enfin libre. Accompagnée de son petit ami, elle fait escale chez un homme qu'elle n'a jamais rencontré mais avec lequel elle discute depuis des mois sur Internet. Elle en a fait son confident. Alors qu'il pourrait bien s'agir du plus abject des monstres...
    Il a 40 ans, est réalisateur de cinéma, en couple avec la même femme depuis leurs années de lycée. De soudains déboires conjugaux et professionnels le contraignent à trouver un job alimentaire : modérateur pour Lifebook, le plus important des réseaux sociaux. Sa mission : supprimer des vidéos interdites du fait de leur caractère choquant, sexuel ou ultraviolent.
    Dans une société en constante évolution, où le précepte " S'adapter ou mourir " connaît des résonances tant dans la folie meurtrière des hommes que dans le monde du travail, les destins de ces deux êtres, si éloignés au départ, finiront par s'entrechoquer.

    Première page :

    12 septembre 2011.

    "LE PERVERS JOUIT du malaise qu'il produit chez l'autre."

    Ambre se souvint d'une discussion qu'elle avait eue avec Guillaume, l'ancien compagnon de sa mère, quelques années auparavant. Comme il exerçait en tant que psychologue, Ambre s'était confiée à lui au sujet de l'un de ses professeurs, au contact duquel ses amies et elle ressentaient un malaise... Aucun abus n'était heureusement à déplorer, toutefois il se dé- gageait de cet enseignant une impression désagréable lors des tête-à-tête avec lui. Au détour de certaines questions prétendument bienveillantes ou lorsqu'il les dévisageait, et ce malgré des sourires doux.

    En faisant part de ses interrogations à celui qui était à l'époque son beau-père, Ambre s'était attendue à ce qu'il ne la prenne pas au sérieux, à ce qu'il dédramatise... Pourtant il l'avait écoutée attentivement et lui avait répondu qu'elle pouvait avoir raison et que lorsqu'on avait cette sensation étrange, c'était généralement fondé. …

    Ce que j'en pense :

    Rien à voir avec « L’empathie », roman précédent de l'auteur, que j’avais bien aimé. Ce roman contient beaucoup de longueurs. On sait qu’il va y avoir rencontre entre les deux histoires mais ça n’en finit pas. On tourne les pages pour aller plus loin, même si ce n’est pas très bien écrit. On ne ressent aucune « empathie » pour les personnages de ce récit. A lire si vous n’avez vraiment rien d’autre !

    S'adapter ou mourir

     

     

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  • La loi du désordre

    "La loi du désordre" de Philippe Hayat - Calmann Lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Juillet 1914, Paris célèbre la vie sous les pinceaux de Montparnasse. Étudiante brillante et militante socialiste, Jeanne embrasse le nouveau siècle et sa modernité.
    Depuis l’attentat de Sarajevo, le conflit menace mais elle refuse d’y croire. Comment l’homme épris d’art et de sciences, plus progressiste que jamais,  pourrait-il causer sa perte ?
    En quelques jours, l’Histoire bascule. Tiraillée entre affections et convictions, Jeanne doit faire des choix.
    Les événements vont la précipiter dans l’enfer des combats.

    Première page :

    Nous descendons l’escalier sans bruit et Charles m’entraîne dans le parc. Notre royaume tient entre quatre vieilles planches fichées dans la terre tendre autour d’un chêne siège. On l’appelle ainsi parce que ses racines nouées entre les herbes folles forment un petit trône. Une bouteille attend entre deux verres de cristal, un vin mousseux de Champagne.

    Charles chuchote, bien que personne ne puisse nous entendre :

    — Mon baccalauréat, je ne veux le fêter qu’avec toi, petite sœur. Toi, moi, et Mme Veuve Amiot. Je l’ai volée à la cave, je ne sais pas combien ça vaut.

    Il fait sauter le bouchon à travers les branchages. Charles a les yeux de père, mais les siens sont lavés de toute violence.

    — À quinze ans, Jeanne, il est temps que tu saches t’enivrer. Maintenant regarde… Tu sais garder un secret ?

    Il attrape un petit coffre caché derrière l’arbre et tire une carte de navigation qu’il étale devant nous :

    — Ici c’est Liverpool, un port anglais. De là partent des cargos vers l’Amérique.

    Un journal le missionnerait à l’autre bout du monde. Grand reporter, Charles enverrait ses articles par-delà les mers. Du doigt, il franchit l’Atlantique.

    — En moins de trente jours, j’atteindrai La Nouvelle-Orléans.

    Un bateau navigue sur une carte postale. Sa cheminée rouge à manchette noire fume entre quatre mâts.

    — Il est beau, n’est-ce pas ? Le Californian, c’est son nom. Il transporte du coton mais quelques cabines sont aménagées pour les voyageurs sans le sou. Regarde…

    Ce que j'en pense :

    Roman sur fond historique, assez original puisqu’il aborde les prémices de la première guerre jusqu'à la fin de 1914. Les personnages principaux (les parents, le frère et la sœur) sont définis de façon un peu caricaturale. Au fil du récit on rencontre des célébrités comme Jaurès, Dreyfus, Apollinaire…mais tout cela parait un peu « plaqué ». Bien sûr la description des combats et de la « boucherie » de cette guerre est bien présente et assez forte, mais ce n’est pas suffisant pour en faire un grand roman historique. On est loin de Pierre Lemaître.

    La loi du désordre

     

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  • Un voisin trop discret

    "Un voisin trop discret" de Iain Levison - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    Pour que Jim, chauffeur Uber de soixante ans, voie la vie du bon côté, que faudrait-il? Une petite cure d’antidépresseurs? Non, c’est plus grave, docteur. De l’argent? Jim en a suffisamment. Au fond, ce qu’il veut, c’est qu’on lui fiche la paix dans ce monde déglingué. Et avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout. Alors, quand sa nouvelle voisine, flanquée d’un mari militaire et d’un fils de quatre ans, lui adresse la parole, un grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. De quoi faire exploser son quota de relations sociales…
    En entremêlant les destins de ses personnages dans un roman plein de surprises, Levison donne le meilleur de lui-même, et nous livre sa vision du monde, drôle et désabusée.

    Première page :

    Le médecin jette le dossier sur sa table, dit bonjour à Jim d’un signe de tête et s’assoit lourdement dans son fauteuil qui s’incline instantanément. Il est jeune, rasé de près et professionnel, il porte une alliance, et Jim se demande si sa femme est aussi ennuyeuse que lui. Jim vient chez le médecin depuis trois ans et ne l’a jamais vu sourire ni plaisanter, ni indiquer d’une manière quelconque qu’il a une vie hors de son cabinet. Il n’y a pas de photos de famille dans son bureau, rien que deux planches d’anatomie en taille réelle du corps humain, l’une montrant les organes et l’autre le squelette. Avant sa première visite Jim s’est renseigné sur Internet et a trouvé une photo du médecin dispensant des soins dans une clinique pour les sans-abri. Quelle générosité chez cette

    jeune génération. Et quelle compagnie désagréable.

    « Vous pourriez vous permettre de perdre cinq kilos, dit le médecin. Et de faire un peu plus d’exercice. Je vous recommanderais la marche. Quel métier faites-vous ?

    – Je suis chauffeur Uber.

    – Donc vous passez beaucoup de temps assis.

    – Ouais.

    – Essayez vraiment de marcher davantage. » Il hoche la tête avec satisfaction. « Pour le reste, vous vous portez plutôt bien…

    Ce que j'en pense :

    C'est très agréable de lire ce livre bien ficelé et à l’ironie assez mordante, qui balance entre drame et comédie. On ne sait comment définir ce roman car il y a à la fois du suspens, de la critique de la société américaine et de son armée, mais aussi une grande liberté de ton. Évidemment, comme souvent chez Levison, ce n’est pas « politiquement correct » mais c’est une des raisons du côté « jouissif » de ce roman.

    Un voisin trop discret

     

     

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  • Ni prince ni charmant

    "Ni prince ni charmant" de Florence Medina - Magnard jeunesse

    Présentation de l'éditeur :

    Sur les réseaux sociaux, Louis, le meilleur ami de Tristan, est accusé d’agression sexuelle, et même de viol.

    C’est de la pure diffamation, évidemment.

    Évidemment ? Et s’il y avait du vrai dans ces dénonciations ? D’ailleurs, Tristan repense à un épisode de sa propre histoire avec Amina, six mois plus tôt. Ce soir-là, il a été lourd. Plus que lourd ? Existe-t-il, sur les portables des filles, un fil de discussion où il est lui aussi étiqueté «problématique » ?

    Première page :

    [T'es au courant que ton pote est un violeur

    SMS de Zoé à OO h 54.

    Je sors de mon lit, traverse le couloir au radar et entre dans sa chambre sans frapper

    — Non mais oh ! Ça va pas ? D'où tu rentres comme ça ?

    — Et toi, d'où tu m'envoies des messages à la con à une heure du matin ? Je dormais !

    — Ah ! tu trouves que c'est un message à la con ?

    — Bon, vas-y ! Accouche !

    — Louis a violé une fille.

    — Qu'est-ce que tu racontes ?

    — J'ai reçu un message. Pour me mettre en garde.

    Zoé me colle son téléphone sous le nez. Sur Instagram, un message privé de lizerondeau à Zoé alias zoezone : « Pardon de te déranger mais je vois que tu follow louisleon03. Attention, il a des comportements problématiques avec les filles. A bonne entendeuse. »

    Ce que j'en pense :

    C'est un sujet très délicat traité sur moins de 80 pages. Il y a donc des "raccourcis" pour évoquer la prise de conscience du garçon. Mais toutes les facettes de ces amours adolescentes sont abordées de façon plutôt directe, en particulier la question du consentement. Un livre à mettre entre toutes les mains... ou entre toutes les oreilles car un qrcode permet d'en avoir la version audio.

    Ni prince ni charmant

     

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