• La petite menteuse

    "La petite menteuse" de Pascale Robert-Diard - L'iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    " Je veux être défendue par une femme ", a dit Lisa en se présentant à Alice Keridreux.

    Un face-à-face commence. Ni l'une, ni l'autre ne savent jusqu'où il va les mener.

     Première page :

    Elle s'est plantée, voilà tout. Alice n'a pas besoin de se retourner. Elle devine que son client lui en veut. Il y a des jours comme ça où le métier ne suffit pas. Ou alors c'est l'inverse. Il y a trop de métier. Trop de phrases déjà prononcées. Trop de mots usés. Ça glisse, ça s'affale et ça s'oublie. Même la jurée aux lunettes rouges, si appliquée, a lâché son stylo pendant qu'elle plaidait. Les autres l'ont écoutée poliment, ils devaient se dire que les avocats sont moins forts en vrai qu'à la télé. À un moment, l'un des juges assesseurs a somnolé, le menton écrasé dans sa bavette.

    Gérard a pris douze ans. Pile ce qu'avait requis l'avocat général. Sa plaidoirie n'a servi à rien. Pas la moindre inflexion, histoire de reconnaître qu'elle s'est battue.

    Ce que j'en pense :

    L’idée de départ du roman est intéressante et il fallait oser parler ainsi de mensonge lors d’un procès de viol. On voit bien aussi que l’autrice, chroniqueuse judiciaire, connaît son sujet. Je n’ai cependant pas réussi à m’attacher aux personnages qui, à mon avis, manquent de profondeur. L’écriture est simple mais sans chaleur, surtout dans la première moitié.

    La petite menteuse

     

     

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  • Deux secondes d'air qui brule

    "Deux secondes d'air qui brule" de Diaty Diallo - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Entre Paname et sa banlieue : un quartier, un parking, une friche, des toits, une dalle. Des coffres de voitures, chaises de camping, selles de motocross et rebords de fenêtres, pour se poser et observer le monde en train de se faire et de se défaire. Une pyramide, comme point de repère, au beau milieu de tout ça.

    Astor, Chérif, Issa, Demba, Nil et les autres se connaissent depuis toujours et partagent tout, petites aventures comme grands barbecues, en passant par le harcèlement policier qu’ils subissent quotidiennement.

    Un soir d’été, en marge d’une énième interpellation, l’un d’entre eux se fait abattre. Une goutte, un océan, de trop. Le soulèvement se prépare, méthodique, inattendu. Collectif.

    Première page :

    Le dessous

    16 juillet ; soir ; sous la place.

    Derrière un grillage sans fin s'étend un terrain vague, zone d'habitat en devenir peuplée de jeunes pousses, de buissons et d'arbustes à qui les jours sont comptés. Cette friche, le terrain des aventures de notre enfance. J’élargis à coups de pied une ouverture dans la clôture puis j'y faufile mon grand corps, adulte depuis quelques étés. Ã des mètres au-dessus du lieu de rendez-vous, le sol vibre déjà. Les branches et feuilles d’espèces indiscernables dans le noir de la nuit tremblent au rythme des pulsations souterraines. ]e décide de me diriger à 1'orei]le et me figure un passage au milieu des cailloux, canettes et dunes cabossées. J’aperçois le point d'accès.

    Un chambranle de béton encadre une porte de métal mangée par la rouille. Elle claque dans le vent léger. S'ouvre et se referme sur le début d'un trou. Je le scrute et l’écoute avant d'y sauter. ]'y connais un escalier.

    Ce que j'en pense :

    Dans ce roman il y a des pages très fortes qui nous plongent avec une grande intensité dans l’univers de ces jeunes de Seine Saint Denis contrôlés à tout va par des forces de police cherchant le conflit et la violence (étant persuadées de leur impunité). D’autres passages (trop nombreux à mon goût) excluent le lecteur qui ne possède pas assez bien le langage des banlieues. Au final cette lecture me laisse plutôt dubitatif.

    Deux secondes d'air qui brule

     

     

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  • Les derniers jours des fauves

    "Les derniers jours des fauves" de Jérôme Leroy - La manufacture de livres

    Présentation de l'éditeur :

    Nathalie Séchard, celle qui incarna l’espoir de renouveau à la tête de l’État, a décidé de jeter l’éponge et de ne pas briguer un second mandat. La succession présidentielle est ouverte. Au sein du gouvernement commence alors un jeu sans pitié. Dans une France épuisée par deux ans de combats contre la pandémie, les antivaxs manifestent, les forces de police font appliquer un confinement drastique, les émeutes se multiplient. Le chaos s’installe. Et Clio, vingt ans, normalienne d’ultragauche, fille d’un prétendant à la présidence, devient une cible...

    Première page :

    Nathalie s’en va

     Nathalie Séchard, cheffe des Armées, grande maîtresse de l’ordre national de la Légion d’honneur, grande maîtresse de l’ordre national du Mérite, co-princesse d’Andorre, première et unique chanoinesse honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, protectrice de l’Académie française et du domaine national de Chambord, garante de la Constitution et, accessoirement, huitième présidente de la Ve République, en cet instant précis, elle baise.

    Et Nathalie Séchard baise avec ardeur et bonheur.

    Nathalie Séchard a toujours aimé ça, plus que le pouvoir. C’est pour cette raison qu’elle va le perdre. C’est comme pour l’argent, a-t-elle coutume de penser, quand elle ne baise pas. Les riches ne sont pas riches parce qu’ils ont un génie particulier. Les riches sont riches parce qu’ils aiment l’argent. Ils n’aiment que ça, ça en devient abstrait. Et un peu diabolique, comme tout ce qui est abstrait. Dix milliards plutôt que huit. Douze plutôt que dix. Toujours. Ça ne s’arrête jamais.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre qui promet de traiter du pouvoir politique avec beaucoup de drôlerie et de férocité. Dans les cinquante premières pages, on sent que ce roman va tenir ses promesses. Mais on est assez vite déçu car l’auteur tombe dans la facilité pour dérouler un récit qui ne nous accroche plus tellement il en rajoute dans les attentats et les complots.

    Les derniers jours des fauves

     

     

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  • Je serai là

    "Je serai là" de L'homme étoilé - Calmann Levy

    Présentation de l'éditeur :

    En remontant le fil de ses souvenirs professionnels et personnels, l’Homme étoilé raconte la naissance de sa vocation de soignant.
    Ce nouvel opus bouleversant confirme son talent et sa profonde humanité: il achève de nous convaincre qu’on peut aussi soigner avec ses mots et sa présence

    Extrait :

    Je serai là

    Ce que j'en pense :

    Roman graphique aux dessins simples mais efficaces. Le sujet est sensible et d’une brûlante actualité : comment faire entrer le plus possible « d’humain » dans les soins, en particulier lorsque la mort est proche. On a tous eu l’occasion de remarquer le manque de moyens dans certains secteurs de la santé : la psychiatrie, les maisons de retraite…Ce livre nous aide à ne pas oublier tout ce qui reste à faire dans beaucoup de domaines. Ce qui m’a toutefois gêné à la lecture, c’est la « fausse modestie » de l’auteur, cette façon de se mettre en avant au détriment du travail d’équipe.

    Je serai là

     

     

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  • L'heure des oiseaux

    "L'heure des oiseaux" de Maud Simonnot - les éditions de l'Observatoire

    Présentation de l'éditeur :

    Île de Jersey, 1959. Pour survivre à la cruauté et à la tristesse de l’orphelinat, Lily puise tout son courage dans le chant des oiseaux, l’étrange amitié partagée avec un ermite du fond des bois et l’amour inconditionnel qui la lie au Petit.

    Soixante ans plus tard, une jeune femme se rend à Jersey afin d’enquêter sur le passé de son père. Les îliens éludent les questions que pose cette étrangère sur la sordide affaire qui a secoué le paradis marin. Derrière ce décor de rêve pour surfeurs et botanistes se dévoilent enfin les drames tenus si longtemps secrets.

    Première page :

    La buanderie est une étuve décrépie, entourée de longs bancs et de hublots sales par lesquels même les jours radieux ne filtre qu’une grisaille diffuse, mais c’est la pièce préférée de Lily. Car ici on l’oublie parfois pendant des heures à la tâche, ici la fillette est enfin tranquille.

    Cachée derrière une pile de linge, elle aperçoit dans l’encadrement de la porte l’intendante et le surveillant en chef en train de s’embrasser. Si la jeune femme blonde a un visage disgracieux, le surveillant est bien plus repoussant avec ses manières grossières et l’éclair mauvais qui anime son regard. Lily, comme tous les enfants de l’orphelinat, le déteste et le craint.

    D’abord surprise par cette scène inattendue, la fillette sourit. Tant que ces deux-là s’occuperont de leurs affaires, ils ne seront pas derrière elle.

    Ce que j'en pense :

    Le sujet aurait pu être intéressant s’il avait été traité d’une façon plus originale et surtout plus profonde. L’alternance entre passé et présent n’apporte pas grand-chose au récit car l’enquête de la narratrice parait un peu « magique ». L’écriture voudrait être poétique mais parait souvent froide et remplie de clichés. Sans doute que l’autrice s’est bien documentée sur ce qui s’est passé dans cet orphelinat mais elle n’a pas réussi à me faire entrer dans son livre.

    L'heure des oiseaux

     

     

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  • Sa préférée

    "Sa préférée" de Sarah Jollien-Fardel - Sabine-Wespieser

    Présentation de l'éditeur :

    Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, y grandit en apprenant à éviter les accès de violence de son père, à les anticiper. Si sa mère et sa soeur se résignent à la déferlante des mots orduriers, aux coups, aux retours avinés, préludes à de nouvelles scènes, Jeanne, malgré la peur permanente, lui tient tête. Jusqu'au jour où, pour une réponse péremptoire prononcée avec toute l'assurance de ses huit ans, il la roue de coups. Quand arrive le médecin du village, appelé à son chevet, elle est convaincue que cet homme éduqué et bienveillant va mettre fin au cauchemar : mais, à l'instar des proches et des voisins rustauds, il fait comme si de rien n'était, comme si elle avait été victime d'une simple chute.
    Dès lors, son dégoût face à tant de lâcheté, et aussi son désir d'échapper à la terreur quotidienne vont servir de viatique à Jeanne. Grâce à la complicité d'une professeure, elle parviendra à s'inscrire à l'École normale d'instituteurs sans l'autorisation de son père. Cinq années de répit, dans la ville de Sion, loin du foyer familial. Mais le suicide de sa soeur agit comme une énième réplique de la violence fondatrice.
    Réfugiée à Lausanne, inadaptée sociale, la jeune femme, que le moindre bruit fait encore sursauter, trouve une forme d'apaisement dans ce nouvel exil volontaire, et dans de longues séances de natation dans le lac Léman. Le plaisir de nager, découvert loin de son père, est le seul qu'elle parvienne à s'accorder. Habitée par sa rage d'oublier et de vivre, elle se construit une existence, s'ouvre aux autres, et s'autorise peu à peu une vie amoureuse.

    Première page :

    Tout à coup, il a un fusil dans les mains. La minute d’avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence. Ma soeur jacassait. Comme souvent. Mon père disait « Elle peut pas la boucler, cette gamine ». Mais elle continuait ses babillages. Elle était naïve, joyeuse, un peu sotte, drôle et gentille. Elle apprenait tout avec lenteur à l’école. Elle ne sentait pas lorsque le souffle de mon père changeait, quand son regard annonçait qu’on allait prendre une bonne volée. Elle parlait sans fin. Moi, je vivais sur mes gardes, je n’étais jamais tranquille, j’avais la trouille collée au corps en permanence. Je voyais la faiblesse de ma mère, la stupidité et la cruauté de mon père. Je voyais l’innocence de ma soeur aînée. Je voyais tout. Et je savais que je n’étais pas de la même trempe qu’eux. Ma faiblesse à moi, c’était l’orgueil. Un orgueil qui m’a tenue vaillante et debout. Il m’a perdue aussi. J’étais une enfant. Je comprenais sans savoir.

    Ce que j'en pense :

    Une écriture percutante, un livre qui aborde la violence des pères d’une façon parfois assez terrifiante. C’est un roman bouleversant qui ne peut laisser personne sur la touche. Pour moi c’est un immense coup de cœur qui mériterait amplement d’avoir un prix prestigieux.

    Sa préférée

     

     

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  • Jusqu'à la fin des jours

    "Jusqu'à la fin des jours" de Tom Lavallée - Librinova

    Présentation de l'éditeur :

    Toussaint est un enfant ordinaire. À première vue, du moins. Coincé entre une mère violente et un père léthargique, voilà qu'il se persuade un jour qu'il est mort. Alors, il essaie de comprendre, lutte pour se défaire de cet inextricable tourment existentiel, mais rien n'y fait. Toussaint voit les jours défiler avec cette impression diffuse d'existence intermédiaire : vivant parmi les morts ? Ou bien mort parmi les vivants ? Et quelle différence ?
    Louison, quant à elle, voit un beau matin sa vie pulvérisée en haute définition. N'en subsistent qu'une carcasse fumante et un cercueil vide. Livrée à elle-même, Louison va devoir apprendre à maîtriser d'étranges pulsions qui l'assaillent, froides et électriques. Seul refuge pour elle, la tombe de sa mère.
    Et soudain survient ce jour inouï, celui du compte à rebours des jours de Toussaint, et commencent alors les pérégrinations macabres et loufoques de ces deux êtres poussés dans la marge du monde, unis par leurs différences autant que par les circonstances.
    Une grille de fer grince, puis sous leurs pas le gravier crisse : les voilà maîtres désormais de cet endroit où se cristallisent les craintes, les angoisses. Ce lieu du repos éternel, cerné de hautes murailles de pierres et de tabous. Et de cette enclave où joies et effervescences n'ont d'ordinaire pas droit de cité, Louison et Toussaint feront l'écrin de leurs extravagances.

    Première page :

    Ce fut par noyade qu’il mourut la première fois.

    Accident éminemment stupide à l’origine duquel ne fut pas étranger l’incontournable con d’Étienne, et qui vaudrait à Toussaint Desormeaux administration d’une volée par sa crevure de mère. Laquelle, en la matière, n’en était pas à ses premiers faits d’armes.

    C’était la fin d’un été que peu regretteraient. Un été comme vache qui pisse, tant et si bien que les anciens en étaient à se lever la nuit pour vider les pluviomètres. Les plans d’eau du bocage vendéen en avaient ras la gueule, et les habitants, la casquette. Tout comme les rivières, les humeurs saturaient ; et les genoux grinçaient et les dents aussi. Au village, les discussions atmosphériques confinaient au paroxysme, cette inhabituelle mouillure estivale ayant pour paradoxal effet d’échauffer les esprits.

    Alors, mourir en ces temps maussades, après tout. L’élève Desormeaux s’éviterait ainsi le supplice d’une nouvelle rentrée scolaire. Et pourtant, quelques jours plus tard, celui-ci cheminerait vers l’école, farci d’un doute existentiel à côté duquel son cartable de cahiers bombé ne pesait pas bien lourd.

    Mais, la première fois ? Du moins celle que Toussaint perçut comme telle, n’ayant pas souvenir d’en avoir vécu d’autres auparavant – c’est-à-dire, d’autres morts. Car il y songea, bien sûr. Ne le ferions-nous pas ? Damnation et vacuité de l’existence humaine, largement employée à nous imaginer après coup ce qui a bien pu se passer avant : nous vivons à rebrousse-poil, aspirés par l’irrémédiable fuite en avant du temps, mais le regard invariablement tourné vers l’arrière, dans un futile et permanent fantasme de réhabilitation.

    Ce que j'en pense :

    Un roman burlesque plein d’humour (noir), souvent macabre, parfois tendre mais toujours captivant. Les deux jeunes personnages, très « décalés » dans leur milieu, sont décrits avec beaucoup de justesse. L’écriture est parfaite, très efficace et les apartés réguliers de l’auteur sont savoureux. Voilà un roman auto édité qui vaut largement bien d’autres productions sorties de maisons renommées. Une belle plume dont on attend le prochain titre.

    Jusqu'à la fin des jours

     

     

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  • Il est où le patron ?

    "Il est où le patron?" de Maud Benezit - Marabulles

    Présentation de l'éditeur :

    Un album écrit collectivement par cinq paysannes et une dessinatrice basé sur des faits réels. Au fil d'une saison agricole dans un petit village de moyenne montagne, 3 femmes paysannes, voisines de marché, se rencontrent, s'entraident et se lient d'amitié. En partageant leurs expériences, ces femmes se donnent la force de faire entendre une autre voix que celle du patriarcat. Ces jeunes paysannes combatives et passionnées gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole. On leur demande souvent : il est où le patron ?

    Extrait :

    Il est où le patron ?

    Ce que j'en pense :

    C’est une belle chronique du quotidien de ces femmes paysannes (avec, en passant, un bel hommage à Anne Sylvestre). C’est aussi une BD féministe qui nous montre de façon concrète  mais toujours dans la bonne humeur, tout ce qu’il reste à faire pour qu’il y ait égalité homme/femme dans tous les domaines. Très bel album bien construit, avec un ton léger mais basé sur des témoignages bruts et très justes.

    Il est où le patron ?

     

     

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  • L'abbaye

    "L'abbaye" de Alexis Ragougneau - La Fontaine éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Au Moyen- âge, une abbaye en ruine hantée par quatre moines lépreux.
    Ensemble, ils tentent de survivre en attendant la fin, bannis par leur évêque… Jusqu’au jour où l’un des religieux se révèle être une religieuse. Dans son ventre a germé la graine de l’espoir. Un enfant s’annonce et la Vie va renaître parmi ces ruines…

    Cette fable burlesque et parfaitement farfelue met en scène avec beaucoup d’humour des êtres confrontés à la perte apparente de leur humanité. Ils font la cruelle expérience de l’exclusion et devront chercher en eux-mêmes ce qui les raccroche à la vie.

    Première page :

    - TABLEAU I L'abbaye. Matines.-

    L'abbé Ambroise fait l'appel. 

    Ambroise :

    Frère Léonardo... (Léonardo ricane.) Frère Ignace... (Ignace ricane.) Frère Théo... (Théo ricane.) Sommes-nous au complet ? Plus ou moins. Plutôt moins que plus.Léonardo ! Qu'est-ce qu'il nous reste ce matin ? 

    Léonardo:Perdu deux doigts dans la nuit, deux doigts de la main droite. M'en reste plus qu'un, je vais passer gaucher, je pense. Trois orteils aussi, bien mûrs, ils ne vont pas tarder. 

    Ambroise:A part ça, ça va? 

    Léonardo: Ça va. 

    Ambroise :Les oreilles, ça va? 

    Léonardo:Il m'en reste une de ma bonne vieille paire

    ....

    Ce que j'en pense :

     Une pièce en forme de fable burlesque, où ce qui est différent est supprimé mais où il est montré la formidable capacité de résistance des exclus. Je serai vraiment curieux de voir ce qu'un(e) metteur(euse) en scène peut bien faire de tout cela, peut-être en le transposant dans un autre contexte.

    L'abbaye

     

     

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  • Héritage et milieu

    "Héritage et milieu" de Vigdis Hjorth - Actes Sud

    Présentation de l'éditeur :

    Quatre frère et sœurs. Deux chalets. Un secret épou­vantable. Lorsque la dispute autour d’un partage d’héritage s’envenime, Bergljot est rattrapée par le maelström familial qu’elle avait fui vingt ans plus tôt. Ses parents ont décidé de laisser les chalets à ses sœurs cadettes, la privant ainsi que son frère de la partie la plus significative de l’héritage. Vu de l’extérieur, c’est une simple histoire d’argent, une question de favori­tisme et de jalousie. Mais Bergljot, qui porte un terri­ble secret depuis son enfance, interprète ce geste d’une tout autre manière : pour elle, c’est une ultime tenta­tive d’occulter la vérité et une insulte suprême aux victimes déjà profondément meurtries.
    D’une sincérité impitoyable, Héritage et milieu est une méditation déchirante sur le traumatisme et la mémoire. C’est aussi le récit furieux du combat d’une femme pour survivre et être entendue. Un tour de force littéraire qui a marqué les esprits et divisé une famille, mais aussi tout un pays.

    Première page :

    Cela fait cinq mois que mon père est mort, a un moment opportun ou inopportun, tout dépend des yeux qui voient. Pour ma part, je ne crois pas qu’il aurait eu quelque chose contre le fait de disparaître de manière aussi soudaine a cet instant précisément, j’en étais même venue a penser, en apprenant la nouvelle et avant d’avoir les détails, qu’il avait du provoquer lui-même sa chute. Cela ressemblait trop a ce qu’on lit dans des romans pour que cela fut accidentel.

    Avant le décès, mes frère et soeurs avaient eu une violente discussion a propos d’une avance sur l’héritage, il s’agissait de la répartition des chalets de la famille sur l’archipel de Hvaler. Et deux jours seulement avant que notre père ne chute, j’avais pris le parti de mon frère aîné, contre mes deux sœurs cadettes.

    Ce que j'en pense :

    C'est un récit glacial d'un évènement traumatisant de l'enfance qui continue de détruire très longtemps après. L'autrice, avec de nombreuses répétitions, des retours en arrière fréquents, des hésitations et balancements entre haine et amour, montre bien dans quel état une victime d'inceste peut se trouver. C'est bien sûr d'une grande force mais le côté répétitif, à la longue, peut lasser.

    Héritage et milieu

     

     

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