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"Le dernier porc" de Horace Engdahl - serge safran
Présentation de l'éditeur :
Un homme dont le couple vient de voler en éclats, essaie de recoller les morceaux. Son monologue, théâtralisé, est une méditation sur la vie, le fait de vieillir, les rapports entre les individus. Et plus particulièrement ceux entre l’homme et la femme dans une société où non seulement la mort, mais aussi l’amour sont à crédit Où l’homme, perpétuellement sur la défensive, essaie de comprendre et de faire comprendre un point de vue selon lequel tous les hommes ne sont pas des violeurs potentiels et toutes les femmes des victimes. Loin d’être un pamphlet antiféministe, ce cri du cœur est une réflexion sur l’abandon, sur les rapports modernes régis par le souci de rentabilité, y compris au niveau affectif.
Extrait :
Il existe des personnes qui, en conversant, ont le don de la juste mesure. Ce n'est pas que je les admire, mais c'est incroyablement bien huilé. Ces gens-là sont comme des produits en conserve, avec un mode d'emploi au dos du paquet, concis et accessible à tous. Quand on les rencontre, on a l'impression de pouvoir les remettre dans le rayon en parfait état. Sans obligation d’achat. Cela vous rassure. La liberté consiste à ne pas être obligé d'appuyer sur un bouton pour commander le produit. Surtout quand il s'agit de relations humaines. L'amour est de nos jours un produit sans obligation d'achat. Et sans date limite pour le retour.
Ce que j'en pense :
C’est une belle réflexion sur la solitude, l’indifférence et la place de l’homme dans sa relation à la femme mais aussi dans la société. C’est très bien écrit, il y a des passages superbes. Mais je reste assez mitigé après avoir fermé ce livre, peut-être les sujets abordés sont trop nombreux et pas assez approfondis ?
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"Hôtel lonely hearts" de Heather O'Neill - alto
Présentation de l'éditeur :
Dans un orphelinat de Montréal, toutes les filles s’appellent Marie, et tous les garçons, Joseph. Mais parmi la grisaille des enfants abandonnés brillent deux étoiles : Rose et Pierrot.
Les deux orphelins se produisent en spectacle devant de riches Montréalais pendant les Années folles. Il joue du piano, elle danse, et ils rêvent ensemble de fonder le plus grand cirque du monde. Arrivent plutôt la Crise, la pauvreté crasse et une double plongée dans l’univers interlope. La Dépression est cruelle aux rêveurs, qui continueront pourtant de chercher à se réunir au clair de la lune.
L’autrice de La vie rêvée des grille-pain signe un conte sentimental d’une magie brute, porté par un érotisme troublant, où la misère se voile de paillettes et l’amour a raison de toutes les tempêtes.
Première page :
Naissance d'un garçon du nom de Pierrot
En ce jour de 1914, une très jeune fille frappa à la porte de l'hôpital de la Miséricorde. Potelée, elle avait des joues rondes comme des pommes et des boucles blondes. Elle n'avait que douze ans. Son cousin plus vieux,
Thomas, avait traversé l'océan pour aller se battre en France. Elle était folle de lui depuis sa plus tendre enfance. Il était plein de fantaisie, il savait marcher sur les mains et il l'emmenait voir des orchestres dans le parc, le dimanche. Il était courageux et lui répétait sans cesse qu'il serait soldat un jour. L'hiver précédent, il s'était présenté chez elle dans son bel uniforme, et lui avait dit qu'il lui ferait passer un examen médical pour voir si elle était apte au service, comme les garçons. Elle était très curieuse de savoir si elle aurait pu elle aussi être soldat, si elle était née garçon. Il avait dit qu'il devait enfoncer son pénis en elle pour prendre sa température interne. Quand il avait eu fini, satisfait de la trouver en parfaite santé, il lui avait donné un petit ruban rouge tombé d'une boîte de gâteau, qu'il avait épinglé sur sa veste comme une médaille en reconnaissance du grand service rendu à sa patrie. Quand l'archiduc François- Ferdinand fut assassiné, Thomas pria pendant des mois pour que le Canada déclare la guerre, afin d'échapper à sa cousine enceinte.
Ce que j'en pense :
C’est un joli conte à la fois très tendre et cruel, se situant dans les années 30. Le récit est bien conduit, le style est étonnant avec des métaphores souvent poétiques mais parfois assez déroutantes. Nous suivons avec empathie les aventures des deux personnages principaux même si elles paraissent peu crédibles en certaines occasions (mais c’est un conte !)
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"Il suffit de traverser la rue" de Eric Faye - Seuil
Présentation de l'éditeur :
Années 2010, un journaliste vit de l’intérieur les convulsions de l’entreprise de presse pour laquelle il travaille depuis un certain temps : rachat, brutalité managériale, obsession du profit envers et contre tout... À l’occasion d’un plan de départs volontaires, il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle. Mais, dans les méandres des organismes de formation qui sont un business à part entière, rien ne va se passer comme prévu, sous le regard de l’ex-homme d’information qui est aussi poète à ses heures perdues.
Au fil de ce roman, Eric Faye brosse le tableau d'une classe moyenne incapable de résister à l'offensive néo-libérale et de se mobiliser lorsqu'elle est attaquée.
Première page :
Souvent, dans les romans ou dans les films sur le monde du travail, des salariés à bout séquestrent leur patron dans son bureau. Ils alertent les médias. Ils badigeonnent les murs de slogans rouges ou noirs pour que les téléspectateurs se repaissent d'images fortes le soir, au journal télévisé. Ou bien, autre ressort dramatique, il arrive qu'un employé un peu plus à bout que les autres se défenestre sur son lieu de travail. La tension est à son comble. Manifestations, grands serments d'unité s'ensuivent. Soudés, les faibles l'emportent. Larme à l'oeil chez les lecteurs ou téléspectateurs car, depuis toujours, on aime voir David venir à bout de ce salaud de Goliath.
Chez MondoNews, dans le monde réel, personne ne s'est jamais jeté dans le vide : climatisation oblige, les fenêtres sont constamment verrouillées. Et puis, persiflent les plus acerbes, le vide, c'est MondoNews, impossible de s'y jeter puisque nous en faisons déjà partie. Nous baignons dedans. Quant au grand patron, il serait difficile de le prendre en otage.
Ce que j'en pense :
Le regard de l’auteur est très clairvoyant sur le monde de l’entreprise avec l’offensive néo-libérale souvent brutale. Il fait un bon portrait d’une classe moyenne incapable de résister à la marchandisation de l’information. Un humour parfois piquant mais souvent en retenue parcourt ce roman et ce n’est pas désagréable. J’ai malheureusement trouvé quelques longueurs à partir de la moitié du récit.
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"Une femme de rêve" de Dominique Sylvain - Points
Présentation de l'éditeur :
Adèle, universitaire, enseigne aussi en milieu carcéral. Parmi ses étudiants, Karmia, un criminel de légende à l’allure de viking. À la suite d’une évasion spectaculaire, avec Adèle prise en otage, Karmia ne pourra compter dans sa cavale que sur le soutien inconditionnel de sa fille Nico, une experte en numérique. C’est alors que surgit la voix d’une femme mystérieuse. Qui est-elle vraiment ?
Première page :
Le tireur vise sa cible avec son pistolet semi-automatique MAC modèle 1950.
À 14 h 22 mn et 15 s, son doigt appuie sur la détente, et le temps se dilate.
La barrette fait basculer la gâchette qui comprime son ressort. Le chien libéré pivote vers l'avant, poussé par la bielle sous l'action du ressort de percussion. Il frappe le talon du percuteur, qui à son tour comprime le ressort, fait saillie dans la cuvette de tir et percute l'amorce. Le bloc culasse abaisse la tête du séparateur qui comprime à son tour le ressort. Le talon du séparateur touche la barrette qui perd contact avec le talon de la gâchette. L'échappement se produit.
La balle, qui pèse huit grammes, est propulsée vers la cible à une vitesse de trois cent soixante mètres par seconde. L'énergie cinétique déployée à la bouche du canon est de cinq cents joules.
Le projectile 9 mm traverse la boîte crânienne d'une femme et va se ficher dans une carrosserie de voiture. La victime a quarante-deux ans, elle est commandant de police. Son gilet pare-balles ne lui a servi à rien.
Ce que j'en pense :
J'ai lu avec beaucoup de plaisir plusieurs livres de Dominique Sylvain et j'ai donc choisi celui ci, espérant passer un bon moment. Ce ne fut pas le cas ! Je l'ai quand même terminé mais je n'aurai pas dû car ma critique n'en sera que plus sévère. Cette "femme de rêve" est un mauvais livre. L'intrigue a peu d'intérêt et les personnages ne sont pas assez approfondis (peut-être y en a-t-il trop ?). Les chapitres intitulés "l'élue" sont trop nombreux, trop longs et parfois un peu ridicules.
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"Je ris parce que je t'aime" de Alexandre Sneguiriev - éditions de l'aube
Présentation de l'éditeur :
Fiodor et Lena sont jeunes et amoureux. Elle tombe enceinte. Ils sont heureux. Mais voilà, l’enfant qui naît est trisomique. La mère fuit. Le père hésite. Ce sont finalement les grands-parents paternels qui élèveront le petit garçon, laissant leur fils construire sa vie. L’enfant a quinze ans lorsque ses grands-parents décèdent brutalement. Fiodor n’a plus le choix : il doit laisser son fils entrer dans sa vie.
C’est ce face-à-face entre un père désemparé et maladroit et son fils, aussi attachant qu’imprévisible, qu’Alexandre Sneguiriev nous raconte. Son style, sans mièvrerie aucune, nous atteint droit au cœur.
Première page :
« Ham-mam clé en main. »
Vania regarde à travers la vitre et déchiffre. Nous passons devant des garages ornés de publicités. Pour attraper au vol les lettres en fuite, Vania s'est aplati le visage contre la vitre latérale.
« Qu'est-ce que ça veut dire, hammam ?
- C'est les bains turcs.
- ham-mam, ham-mam, hammam : »
Vania apprivoise le mot nouveau à coups de répétitions en série.
« Et "clé en main", qu'est-ce que ça veut dire ?
- Ils construisent tout le hammam, et ils te donnent la clé. Il n'y aura plus qu'à s'y faire transpirer. Dans le hammam.
- Dans le hammam, répète Vania. Hamama!
Le mot amuse Vania, et il l'essaie sur tous les tons, sur tous les rythmes, en mode aigu, en basse, lento, prestissimo.
« Hamama, ha-a-a-ama- ma- ma- a-a-a-a, hamama! »
Ce que j'en pense :
J'ai trouvé ce livre plutôt intéressant...jusqu'aux environs de la moitié. La façon de parler du handicap, côté paternel, est très originale. C'est très juste, sans rien cacher des sentiments contraires qui peuvent habiter le père, et le tout avec beaucoup de pudeur. Le roman fait aussi une critique assez piquante de la vie en Russie. Mais tout cela ne tient pas sur la longueur. Dommage !
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"Le grand saut" de Thibault Bérard - éditions de l'observatoire
Présentation de l'éditeur :
Tout commence lorsque Léonard expire son dernier souffle. Le vieil homme solitaire n'a pas revu ses enfants depuis vingt-cinq ans et a bien des années de frasques à se faire pardonner, aussi n'est-il pas dupe : le chemin vers la rédemption sera escarpé. Tout commence lorsque Zoé, dix ans, adresse une prière muette pour le salut de sa mère. Depuis que cette dernière est brusquement tombée en catatonie, la petite fille et son père vivent un cauchemar sans fin. Qui pourrait les sauver ? Entre ombre et lumière, espoir et peur, remords enfouis et secrets tus, les destins de Léonard et de Zoé vont bientôt s'entremêler... Thibault Bérard poursuit son exploration du grand roman familial dans un récit à la frontière du réel. À travers deux personnages dont la vie bascule, c'est d'amour, de résilience et de quête de soi qu'il s'agit
Première page :
Jour de ténèbres
12 juillet 2020.
Dans une grimace, Léonard porta la main à sa poitrine, espérant se raccrocher à quelque chose de solide alors même qu'il savait bien que sa vie ne contenait rien, absolument plus rien de solide.
Et sa vieille poitrine de fumeur de cigarillos encore moins.
Il commençait à glisser sur le carrelage de sa cuisine, un coude ripant contre le plan de travail, quand une pensée idiote lui vint : depuis combien de temps est-ce qu'il n'avait pas fait le ménage dans cette baraque ?
Ses jambes ne le portaient plus. Sur ses tempes, tout contre ses côtes et jusque dans la paume de ses mains, il sentait une sorte de bourdonnement chaud, impérieux, exerçant une très forte pression qui n'aurait pas été désagréable s'il ne l'avait immédiatement associée à l'empreinte de la Mort venant - enfin - faire son office.
— ... me chercher, sale putain...
Jurer lui apporta un bref soulagement, l'air reflua dans ses poumons, mais Léonard n'était pas le genre de bonhomme à se faire des illusions. Il était foutu et il le savait.
Ce que j'en pense :
C'est un roman très original, par le thème et par l'écriture. Bien sûr il faut accepter de se mettre "de l'autre côté" du réel tout en y restant quand même, mais, pour moi, cela s'est fait sans difficulté. Le récit est très bien conduit. Les personnages sont attachants, avec leurs failles et parfois leur bassesse. Un coup de cœur.
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"L'espace d'un instant" de Niki Smith - Rue de Sèvres
Présentation de l'éditeur :
Après avoir sauvé sa professeure d'art d'un assaillant armé à l'école, Manuel Soto doit faire face au Syndrome Post Traumatique. Pour lutter contre son anxiété, il utilise l'appareil photo de son téléphone portable pour trouver les points d'ancrage qui lui permettent de garder les pieds sur terre. Ses journées sont monotones et solitaires, jusqu'à ce que dans le cadre d'un projet scolaire, il fasse équipe avec ses camarades de classe, Sebastian et Caysha. À leur contact, le jeune collégien qui découvre la campagne, s'ouvre à la beauté de la nature et finit par y trouver le réconfort dont il a besoin...
Extrait :
Ce que j'en pense :
Beau roman graphique. Les illustrations souvent douces et apaisantes sont entrecoupées de pages plus violentes en noir et blanc pour montrer les crises d’angoisse de Manuel. Le monde de l’adolescence est assez bien vu, le monde des adultes un peu moins.
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"Avers, des nouvelles des indésirables" de JMG Le Clézio - Gallimard
Présentation de l'éditeur :
Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n’est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive.
J. M. G. L. C.Première page :
Depuis toujours elle écoutait le bruit de la mer sur les brisants. À la baie Malgache, les vagues sont très proches, elles s'allongent sur les cailloux noirs si près l'une de l'autre que ça fait un seul fracas doux, sans respiration, un bruit de moteur. Comme le moteur de la pirogue de son père, elle s'en souvient maintenant, même si ça fait des années qu’elle ne l'entend plus. À l’avant de la pirogue Tony Samson avait écrit le nom de sa fille en grosses lettres rouges, MAUREEN, et le dernier N avait coulé en formant quelque chose qui ressemblait à un z. Alors il avait gardé ce nom pour sa fille, il trouvait ça bien plus joli. Et Maureen s'était appelée Maureez pour toujours. Maureez, ça faisait rire les enfants. Ki kot ? To été Moris bolom ? Mais ça n'était pas un sujet de honte, bien au contraire, elle se souvient qu'elle se redressait de toute sa petite taille, qu'elle les toisait. Mo papa finn allé pa'tout, pa’tout pays Moris ça la même. Et puis un jour il n'est pas revenu de la pêche.
Elle l'a attendu sur le rivage, dans le vent, jour après jour et la nuit. jusqu'à ce que Lola lui dise : « Ça sifi comme ça…
Ce que j'en pense :
Huit histoires de survie, dans un monde qui ne désire pas voir ces « invisibles ». Le Clézio y fait preuve d’une grande humanité et nous montre que malgré tout, l’amour résiste. Comme la plupart du temps dans les livres de nouvelles, certaines nous accrochent plus que d’autres. J’ai beaucoup aimé Arvers, Chemin lumineux et Fantômes dans la rue, mais j’avoue que certaines m’ont un peu ennuyé.
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"Le poids des héros" de David Sala - Casterman
Présentation de l'éditeur :
Dans Le Poids des héros, David Sala retrace sa trajectoire personnelle très tôt marquée par les figures tutélaires, mais non moins écrasantes, de ses grands-pères, héros de guerre et de la résistance.
En convoquant son point de vue de petit garçon, il nous plonge dans une majestueuse et foisonnante exploration de l'enfance et de l'adolescence.
Le recours à l'imaginaire permet d'approcher les zones d'ombre et les failles à bonne distance, tout en recomposant un parcours d'apprentissage et de transmission universel pour le lecteur.
Sans oublier la saveur impérissable des courses en vélo, de la découverte des premiers morceaux de rap US, des premiers temps d’initiation artistique à l'école Emile Cohl.Extrait :
Ce que j'en pense :
C'est une BD très bien réussie graphiquement : représentation des personnages et du décor, travail sur la couleur... Le sujet est bien sûr intéressant, entre le poids des souvenirs de nos parents et grands parents avec la nécessité de transmettre aux jeunes générations. Le reproche que je peux faire c'est que le récit manque de liant, les transitions me paraissent trop abruptes.
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"Dans l'étang de feu et de soufre" Marie-Christine Horn - fictio bsn press
Présentation de l'éditeur :
"Je l'ai presque vu sauf qu'il était plus là, non, il était plus là en entier. Y avait bien ses pieds dans ses chaussures et ses mains, ça oui, et la tête, c'était bien la sienne, je vous jure ! Mais tout le reste, nom de Dieu ! Tout le reste c'était que des cendres. Le feu a bouffé Marcel de l'intérieur". Accident, meurtre ou phénomène de combustion humaine spontanée ? Dans sa recherche de la vérité en terre fribourgeoise, l'inspecteur Charles Rouzier devra faire face aux guerres de juridictions, à l'omerta villageoise et à ses propres démons.
Première page :
– Valérie, remets-nous ça !
– Écoute, je te préviens : si l’un de vous vomit dans l’urinoir, je lui fais lécher l’émail jusqu’à ce qu’il rutile. Y en a marre.
Indifférente aux remarques des habitués, Valérie s’empara de chopes propres. Voilà cinq heures que l’usine avait bouclé ses portes en vue du weekend et chacun des quatre hommes encore présents au comptoir avait déjà payé sa tournée. Ils étaient arrivés à six, avant que Sébastien ne tire sa révérence, vers vingt heures, à la suite de Frédéric. Le premier, jeune marié, préférait encore sa compagne aux commentaires bruyants de ses collègues de la scierie. Quant à Frédéric, c’était davantage par crainte que par envie qu’il s’était éclipsé en début de soirée. La dernière fois qu’il s’était attardé, sa femme avait débarqué en gueulant, le menaçant de lui faire bouffer la soupe par le trou de balle s’il ne rappliquait pas illico. Il avait bien tenté de gonfler le torse et de lui répondre d’aller se faire foutre, histoire d’éviter une honte éternelle dans la mémoire collective. La simple vision du petit dernier sur les talons de sa mère l’en avait dissuadé. Les yeux effrayés du gamin, observant tour à tour sa daronne furibonde et son père bourré lui avait rappelé sa propre enfance. Et ce n’était pas un souvenir qu’il désirait graver dans la mémoire de sa descendance. Docilement, il s’était laissé glisser du tabouret et avait emboîté le pas de son épouse en baissant la tête sous les quolibets. Dès ce jour, on le surnomma Knorr, en référence à la marque de soupe déshydratée en sachet, puisqu’il n’avait jamais plus manqué l’heure du repas au risque de crever de soif.
Ce que j'en pense :
Mon Dieu ! quelle idée ai-je eu de commander ce livre dans ma librairie préférée ? Sans doute parce que j’ai entendu parler des premiers livres de l’autrice (qui écrivait à l’époque sous un autre nom). Je suis quand même allé tout à la fin… en sautant par-dessus quelques paragraphes ! Le travail de l’éditeur est baclé : mise en page beaucoup trop serrée, nombreuses coquilles et fautes. Le récit est alambiqué, invraisemblable. Les personnages sont taillés à la serpe. Le style est catastrophique. Ce livre va être recyclé, c'est la meilleure chose qui puisse lui arriver.
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