• Trois jours chez ma tante

    "Trois jours chez ma tante" de Yves Ravey - Minuit

    Présentation de l'éditeur :

    Après vingt ans d’absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vieille dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête.
    Elle lui fait savoir qu’elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter.
    Une discussion s’engage entre eux et ça démarre très fort.

    Première page :

    "Il pleuvait. L’eau s’écoulait du toit en tôle sur la terrasse de l’école, couvrait le chant des enfants durant la pause, et s’infiltrait sous la porte. Je contemplais sa progression sur le sol, en flux continu, assis à mon bureau, devant la lampe éteinte, à redouter ma prochaine rencontre avec ma tante : elle avait soi-disant tant de choses à me reprocher.

    C’était écrit dans son dernier message, accompagné d’une convocation chez le notaire, où elle annonçait l’arrêt de son virement mensuel. La privation de cette source régulière de revenu m’a donc conduit, ce matin d’octobre 2015, à traverser la route principale de Buchanan – Liberia, comté de Grand Bassa –, à réserver un billet d’avion aller-retour pour la France. Le temps de revoir ma tante et de rétablir ma situation financière."

    Ce que j'en pense :

    Roman minimaliste, comme sait le faire l'auteur. Il nous laisse deviner, imaginer, tout est suggéré. On sent bien dès le départ que les personnages ne sont pas très nets mais on les suit presque avec sympathie jusqu'à la pirouette finale.

    Trois jours chez ma tante

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  • Les hommes

    "Les hommes" de Richard Morgiève - Joëlle Losfield

    Présentation de l'éditeur :

    C’est un hymne aux hommes perdus des années 1950 et 1960, de ceux qui ressemblent à Lino Ventura ou à Gabin, des petits gangsters qui roulent des mécaniques et qui n’ont pas toujours le courage d’affronter la réalité. Ils aiment les femmes et les femmes le leur rendent bien car, au-delà de leur carapace, ils sont émouvants. Parfois cruels. C’est surtout l’histoire de Mietek, un individu en déshérence,amoureux d’une femme qui ne peut pas l’aimer. Mietek ne s’en sort pas, s’enlise dans des histoires dont le dénouement risque d’entraver sa liberté. 
    «Depuis pas mal de temps, je me disais que c’était fini les hommes, que c’était vraiment une espèce en voie de disparition – ce qu’on appelait les hommes, c’était les derniers singes, quoi. J’ai écrit une cinquantaine de pages – et ils sont venus les hommes de ma jeunesse et ma jeunesse avec. Mais dans toutes les histoires d’hommes, il y a une fille, et même il faut une fille – sans fille, pas d’homme. Et l’autre raison du livre m’est apparue, c’était elle – ma fille, Cora. C’était pas une histoire d’homme que je voulais écrire, pas exactement, c’était une histoire de père et de fille.»  Richard Morgiève.

    Première page :

    "J’ai poussé la porte comme j’ai pu, à cause du paquet que je portais. Il était couché, évidemment. On aurait dit un pneu crevé, un pneu tout blanc. Il n’y avait que moi qui venais le voir : il ne voulait pas qu’on se rende compte de ce qu’il était devenu. Il avait les yeux ouverts, mais il n’a pas bougé. Je me suis dit qu’il sommeillait, ou qu’il était sourd ou aveugle. J’ai posé le paquet sur la table roulante, j’ai tiré la chaise et je me suis installé près de lui.

    Par la fenêtre, on voyait un parking, des bâtiments, et plus loin un cimetière pour faire quelque chose des corps qu’on avait ratés ici, à l’hôpital. De toute façon, Robert-le-Mort était couché, il ne pouvait voir que le ciel – à condition de tourner la tête.

    — Comment tu es habillé ? a-t-il murmuré.

    Il avait vu le paquet, ce n’était pas le genre à poser des questions.

    — Comme d’habitude.

    — Dis ?

    — Mon Perfecto…

    — Et tes santiags ?

    — Tu sais bien… Oui, je les ai. Comme le triphasé à portée de main dans la bagnole, un bas nylon dans la boîte à gants au cas où… Tu sais bien."

    Ce que j'en pense :

     Il faut se laisser entraîner par cette histoire, comme si Morgiève nous amenait en voyage dans les années soixante dix. C'est dépaysant, nostalgique, avec ce qu'il faut de charme, de crapulerie, d'humour, de belles bagnoles, de femmes,, d'enfants, de vieux, de tendresse et d'amour. Sans doute un des meilleurs romans de Richard Morgiève.

    Les hommes

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  • Les Peaux rouges

    "Les Peaux rouges" de Emmanuel Brault - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    «  Ce matin, je sors, plutôt pressé, et j’ai pas fait trente mètres, que paf… une rouge avec sa marmaille me rentre dedans au coin de la rue. Elle se casse la figure et me gueule dessus. Elle me dit que je l’ai fait exprès, que c’est une agression. En temps normal, on se serait excusés, j’aurais fait mon sourire de faux cul et tout serait rentré dans l’ordre. Mais non, je trouve rien de mieux que de lui cracher  : “fais pas chier sale rougeaude” et manque de pot, une passante qui arrive derrière moi a tout entendu. C’était puni par la loi du genre super sévère depuis les événements, à égalité avec viol de gamin ou presque. On était à trente mètres de chez moi, ils m’ont facilement retrouvé. Et là mes amis, mes problèmes ont commencé, et des vrais comme on n’en fait plus.  »
    Amédée Gourd est raciste. Il pense comme il parle. Mal.
    La société entreprend de le rééduquer.
    Grinçant par son sujet, ce roman tendre et loufoque met en scène un antihéros comme on en voit si peu dans les livres, et si souvent dans la vie.
    Une histoire d’amours ratées mais de haine réussie.
    Une fable humaine, trop humaine.  

    Première page :

    "Les rouges. Tout un poème mais à l'envers. Je peux vous en parler, moi. Vous en faire un roman. Je sais pas d'où ils viennent. Leur dieu s'est tapé un délire en les peignant en rouge un soir de beuverie. Ou c'est leur Eve qui a mal tourné, elle a attrapé un truc louche et shplaf deux jumeaux rouges qu'elle a cachés dans la montagne. Et ils se sont reproduits, treize à la douzaine, vu que les mômes ça leur fait pas peur. Enfin, je sais pas trop, tout ce que je sais, c'est qu'ils sont nombreux dans les rues autour, partout, et qu'ils ont pas fini de nous faire chier. Ils sont éboueurs le matin sur les camions-poubelles, balayeurs derrière les stands les jours de marché, ouvriers à saloper le boulot quand je vais à l'entrepôt, je les aperçois dans les cuisines des restos où je vais jamais, ils mettent trois plombes à rendre la monnaie au supermarché, ils nous font chier en mendiant à chaque coin de rue, leurs mômes craignos passent leur temps à fumer sur les bancs publics…"

    Ce que j'en pense :

    C'est rare de donner la parole en littérature à des héros violents, racistes, presque analphabètes. Amédée fait partie de "ces gens-là", ordinaires, mal dégrossis qui vivent dans une presque misère sans le savoir. Évidemment ce roman est loin du politiquement correct , on peut même, dans certains passages, se sentir mal à l'aise. L'auteur écrit à la façon d'Amédée, en transformant des mots ou expressions. C'est parfois réussi mais pas toujours. C'est le seul bémol que j'apporterai à cette lecture qui laisse des traces.

    Les Peaux rouges

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  • Par le vent pleuré

    "Par le vent pleuré" de Ron Rash - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle.

    1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.

    À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.

    Première page :

    "Dès le début, la faculté d’apparaître et de disparaître qu’avait Ligeia a semblé magique. La première fois, il y a de cela quarante-six ans, c’était à Panther Creek, l’été qui a précédé mon entrée en première. Tous les dimanches, après la messe et le déjeuner chez notre grand-père, Bill, mon grand frère, et moi, nous enfilions un T-shirt et un jean coupé, jetions notre matériel de pêche dans le pick-up Ford 1962 que nous avait acheté Grand-père, et partions vers l’ouest en sortant de Sylva. Une fois franchie l’autoroute, nous nous enfoncions dans une forêt domaniale, puis nous roulions un bon kilomètre sur la route de gravier qui longeait la rivière ; cannes et moulinets s’entrechoquaient à l’arrière quand Bill s’engageait sur l’ancienne piste forestière. Des branches et de jeunes arbres venaient bientôt racler le capot et le pare-brise. Ensuite il n’y avait plus de chemin, rien qu’une trouée entre les arbres dans laquelle Bill se faufilait avant de s’arrêter en faisant patiner les pneus. À même pas trois kilomètres de là, on pouvait trouver dans la Tuckaseegee des truites plus grosses et des bassins plus profonds où se baigner, mais les truites et les plans d’eau d’ici nous suffisaient. Mieux encore, nous avions cette portion de la rivière à nous seuls et nous tenions à ce que rien ne change, voilà pourquoi Bill se garait à un endroit où l’on n’apercevait pas le pick-up depuis le chemin. Nous nous glissions dans un fourré"

    Ce que j'en pense :

    On retrouve dans ce livre des thèmes chers à l'auteur, en particulier la famille, les non-dits  et ses conflits. L'enquête policière est plus présente que dans ses autres romans. Les personnages sont toujours aussi bien décrits. Mais, dans cet ouvrage, on ne parvient pas toutefois à la force de quelques uns de ses romans précédents.

    Par le vent pleuré

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  • Femme à la mobylette

    "Femme à la mobylette" de Jean-Luc Seigle - Flammarion

    Présentation de l'éditeur :

    Abandonnée par tous avec ses trois enfants, Reine n’arrive plus à faire face. Sa vie finit par ressembler à son jardin qui n’est plus qu’une décharge. Son horizon paraît se boucher chaque jour davantage, alors qu’elle porte en elle tant de richesses. Seul un miracle pourrait la sauver... Et il se présente sous la forme d’une mobylette bleue. Cet engin des années 1960 lui apportera-t-il le bonheur qu’elle cherche dans tous les recoins de ce monde et, surtout, à quel prix ?
    Jean-Luc Seigle dresse le portrait saisissant d’une femme ordinaire au bord du gouffre. Ce faisant, c’est une partie de la France d’aujourd’hui qu’il dépeint, celle des laissés-pour-compte que la société en crise martyrise et oublie.

    Première page :

    "Reine est une grosse dormeuse. Cette nuit elle n'a pas fermé l'œil. Même pas couchée. Pas déshabillée non plus. Devant sa fenêtre elle est toute débobinée. C'est le mot qu'elle a inventé pour donner un nom à cette fatigue qui la défait et la met en morceaux qu'elle a bien du mal à rassembler ensuite. Elle finit de boire son café. Ça, elle peut encore se le payer. De sa fenêtre, elle mesure pour la première fois de sa vie le poids du silence, le vrai silence, celui sans le chant des oiseaux. C'est implacable. Floconneux. Sourd. Dedans comme dehors. Une impression de tombe. En s'enfuyant, la nuit ne laisse plus derrière elle qu'une sorte de laitance grisâtre. Tout finit dans l'absence et le silence absolu du monde. Ça lui arrive quelquefois d'avoir des phrases qui lui viennent. Pas des phrases du dedans, des phrases du dehors qui s'encastrent en elle. Loin de la calmer, la phrase excite encore davantage une chose monstrueuse qui ne l'a pas laissée tranquille de toute la nuit. Une obsession…"

    Ce que j'en pense :

    C'est le premier livre que je lis de cet auteur et j'ai envie d'en découvrir d'autres. Très belle écriture, un bon roman "social". Seigle sait parfaitement se mettre dans la peau, dans la pensée de cette femme qui pourrait passer pour "simplette" mais qui a beaucoup de ressource. On croit un moment que cette histoire va finir en conte de fée, mais il y a un retour du réel assez dramatique.

    Femme à la mobylette

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  • Fils du feu

    "Fils du feu" de Guy Boley - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    Nés sous les feux de la forge où s’attèle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaité renait ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.
    Dans une langue splendide, Guy Boley signe ainsi un premier roman stupéfiant de talent et de justesse. 

    Première page :

    "Souvent il arrivait que papa et Jacky martèlent de concert. Pas un mot, pas un cri, juste des souffles mêlés comme font les amants. De lourds coups sur l’acier, de petits sur l’enclume, en rythme cadencé, sorte de concerto pour enclume et marteaux où la basse continue n’était autre que celle de leurs respirations. Et puis ces escarbilles, toujours ces escarbilles, petites étoiles filantes que chacun d’eux apprivoisait pour qu’elles n’aillent pas, comme des baisers voraces, mordre le corps de l’autre. Et assis sur un banc ou sur un tas de ferraille, un enfant de cinq ans regarde leurs poitrails, écoute leurs silences dans cet orage d’acier et ne croit plus à rien, ni à Dieu, ni à Diable, ni à tous ces héros que déjà il pressent puisqu’il sent bien, ce gosse, qu’il arrive à la vie de parfois défaillir, ou simplement faillir, et qu’il faut certains soirs, pour supporter son poids, accepter les légendes et les mythes qu’ont inventés les hommes afin de s’endormir un petit peu plus grand et à peine moins mortel. "

    Ce que j'en pense :

    Voilà un premier roman superbement bien écrit (ce qui n'est pas toujours le cas!) qui nous emporte par petites touches dans l'enfance du narrateur (sans doute de l'auteur). Ce livre nous parle d'absence, de folie, de deuil d'une façon délicate et tendre. "Fils du feu" est un livre magnifique et puissant. On attend la prochaine parution de l'auteur.

    Fils du feu

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  • La petite boutique des caractères

    "La petite boutique des caractères" de Gabor - cherche-midi

    Présentation de l'éditeur :

    « Un cimetière, c’est plein d’amour en retard. Je le sais parce que c’est là que j’ai appris que ma mère, elle aimait mon père. Même elle, ça se trouve, c’est là qu’elle l’a appris. Mon père, il était marin et il s’est noyé quand j’avais huit ans, mais on l’a jamais retrouvé. Quand on me l’a appris, j’ai rempli un verre d’eau salée et je l’ai laissé fondre au soleil. Y a pas de petite vengeance. Quand j’étais petite petite, je pleurais en fermant mes poings dans mes yeux comme pour frapper des images qu’avaient rien à faire là. Je pleure plus comme ça maintenant, mais je pleure toujours. Mon problème, c’est que quand je pense à la mer, je pleure, et que quand je pleure, je pense à la mer. Moi je crois que c’est pas un hasard si ça a le même goût. »

    Plaidoyer poétique et surréaliste pour les figures du fou et de l’enfant, ce petit conte philosophique fragmenté est une ode autant qu’une critique aux débordements (in)contrôlés de l’imagination.

    Première page :

    "- Oui, bonjour madame, je voudrais avoir un avis...

    - Avec plaisir, quelle est votre question ?

    - Avez-vous des avis ?

    - Sur quoi, monsieur?

    - Nan, excusez-moi, je me suis mal exprimé, avez-vous des avis en stock? Je n'ai prodigieusement aucun avis sur rien.

    - Si vous voulez mon avis, monsieur, vous devriez...

    - Non merci, je vais m'en passer... J'ai déjà droit à l'avis de ma femme, de mes collègues, de mes enfants, de mon chat... Non, je ne veux pas de votre avis, je veux mon avis. Apportez-moi un avis. Apportez-m'en plusieurs, même. Apportez-moi tout ce que vous avez d'avis de côté qui font bien dans les conversations de deuxième partie de soirée où faut avoir des positions fermes.

    - Nous ne vendons pas d'avis, monsieur, nous vendons des traits de caractère, mais il y a le marché au savoir juste à côté."

    Ce que j'en pense :

    Livre inclassable, atypique, assez surréaliste, qui nous transporte dans des univers débridés et complexes. Il y a de l'humour, de la tendresse mais aussi beaucoup de profondeur. C'est vrai qu'il faut parfois s'accrocher car le style peut aussi être complètement débridé. Il y a de superbes pages, en particulier dans la dernière partie.

    La petite boutique des caractères

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  • Les mille talents d'Euridice Gusmao

    "Les mille talents d'Euridice Gusmao" de Martha Batalha - Denoël

    Présentation de l'éditeur :

    L’histoire d’Eurídice Gusmão, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne. Celle de toutes les femmes à qui on explique qu’elles ne doivent pas trop penser. Et qui choisissent de faire autrement… 
    «Responsable de l’augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Eurídice décida de se désinvestir de l’aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu’elle accumula. C’est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent – Ne me touche plus jamais. 
    Eurídice faisait durer le café du matin jusqu’au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu’au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu’au souper de neuf heures. Eurídice gagna trois mentons. Constatant qu’elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s’approcherait plus d’elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain.»

    Première page :

    "Lorsque Eurídice Gusmão épousa Antenor Campelo, sa sœur lui manquait déjà moins. Elle était à nouveau capable de sourire fugacement quand elle entendait quelque chose d’amusant, et elle pouvait lire deux pages d’un livre sans relever les yeux et se demander où Guida pouvait être au même instant. À dire vrai, elle la cherchait encore parmi les visages féminins croisés dans la rue et, une fois, elle eut même la conviction d’avoir aperçu Guida dans un tramway, direction Vila Isabel. Mais cette certitude s’évanouit par la suite, comme toutes celles qu’elle avait eues.

    Personne ne savait au juste pourquoi Eurídice et Antenor s’étaient mariés. Certains pensaient qu’ils avaient échangé leurs vœux parce que José Salviano et Manuel da Costa étaient déjà fiancés. D’autres désignaient la maladie de la tante d’Antenor comme la principale raison de cette union, étant donné qu’elle ne pouvait à présent plus laver le linge de son neveu avec son savon spécial à la lavande, ni préparer son bouillon de poule aux oignons émincés et transparents, car si Nonô aimait le goût de l’oignon il en détestait la texture…"

    Ce que j'en pense :

    Il y a de bons et de moins bons moments dans ce roman. Le personnage principal est très intéressant mais on peut s'ennuyer un peu lorsque l'auteure fait la biographie des parents, des conjoints…Le charme que l'on a au début du livre s'effiloche au fil des pages.

    Les mille talents d'Euridice Gusmao

     

     

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  • La rentrée n'aura pas lieu

    "La rentrée n'aura pas lieu" de Stéphane Benhamou - Don Quichotte

    Présentation de l'éditeur :

    Comme chaque année, pour les traditionnels retours des vacanciers, Bison futé avait prévu que les 26 et 27 août seraient des journées noires sur les routes. Mais aux péages, comme dans les gares et les aéroports, on ne vit personne revenir. Onze millions d’Aoûtiens avaient, semble-t-il, décidé de faire la rentrée buissonnière.

    Cette année-là, sans se concerter, sans obéir au moindre mot d’ordre, 11 millions d’Aoûtiens ne reprirent pas le chemin du travail et de l’école à la fin août.

    Pandémie de burn-out face à la crise qui n’en finissait plus, au terrorisme qui, on ne cessait de le répéter, ne manquerait pas de frapper encore, abstention généralisée devant la menace de moins en moins fantôme d’une élection présidentielle terrifiante ?

    Extrait :

    "Depuis le début des années soixante-dix, dans tous les ministères – celui de Michel, les Transports – comme à l’Intérieur et au Tourisme, on s’employait à disqualifier le « suivisme moutonnier » (le terme ne devait pas sortir dans des rapports destinés au public) qui voulait que tout le monde parte en même temps aux mêmes endroits. On lançait des campagnes d’information, finançait enquêtes et sondages pour rendre tendances d’autres destinations que le littoral. Les vacanciers modernes et responsables y auraient d’autres préoccupations et plaisirs que ceux de s’entasser sur les mêmes plages et de bouchonner ensemble sur les routes. Mais rien n’y faisait. On continuait à partir en masse au mois d’août – onze millions de Français en congés pour au moins trois semaines – et la France se complaisait dans cette vie ralentie.
    Les bilans de la saison touristique étaient présentés avant même la fin août dans les ministères concernés. Et les conclusions, que son chef de service donnait à relire à Michel, se répétaient d’année en année : la masse ne savait pas vivre. Pour elle, on avait saccagé le littoral et bétonné les dernières trouées d’azur."

    Ce que j'en pense :

    L'idée de départ est excellente mais au bout d'une cinquantaine de pages j'ai abandonné. La fable bat de l'aile, l'écriture a du mal à nous accrocher.

     La rentrée n'aura pas lieu

     

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  • Sous le compost

    "Sous le compost" de Nicolas Maleski - fleuve éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Gisèle est vétérinaire de campagne, Franck s’est voulu écrivain. Il est désormais père au foyer. Pas de méprise, ce statut est une source intarissable de joie. Car en plus de lui assurer un temps précieux auprès de ses filles, il le dispense de côtoyer ses semblables.
    Hormis la fréquentation de quelques soiffards, cyclistes tout-terrain ou misanthropes à mi-temps comme lui, Franck Van Penitas peut se targuer de mener une existence conforme à son tempérament : ritualisée et quasi solitaire. Son potager en est la preuve, où aucun nuisible susceptible d’entraver ce rêve d’autarcie ne survit bien longtemps. Franck traque la météo et transperce à coups de bêche les bestioles aventureuses.
    Jusqu’à ce jour où une lettre anonyme lui parvient, révélant l’infidélité de sa femme.
    Face à un événement aussi cataclysmique que banal, n’est pas Van Penitas qui veut. Accablement ? Coup de sang ? Répartition des blâmes ? Très peu pour lui. Franck a beau être un garçon régulier, il n’en est pas moins tout à fait surprenant et modifier son bel équilibre n’entre guère dans ses vues. Son immersion en territoire adultérin, le temps d’un été, prendra l’allure d’un étrange et drolatique roman noir conjugal.

    Première page :

    "C’était la nuit, la forêt tapissait le versant du poids obscur et hostile d’un océan. J’avais surpris une grosse vipère dans l’après-midi près du carré des aromates, détalant sous un tas de pierres – j’avais lâché les poules dessus pour lui apprendre à rôder dans les coins. Ce jardin était mon œuvre, j’avais sué pour ça, je ne comptais pas mes heures, c’était une succession de tâches quotidiennes, apaisantes, gratifiantes. On voyait pousser les fruits de son travail, on était payé en retour. J’avais arrosé tout à l’heure, la terre gardait sa bonne odeur d’imprégnation. Cheminant sur les planches qui séparaient les rangs, je faisais une ronde d’inspection en quelque sorte. Le ciel était noir, ouvragé d’éclats vifs comme de loin les fenêtres d’un manoir. Au milieu des betteraves, je débusquai un hérisson qui se traînait piteusement. Curieux, d’habitude ces petits machins s’échappaient à une vitesse ébouriffante dès qu’ils vous reniflaient. Je ne donnais pas cher de sa peau, il était rongé par des tiques grosses comme le pouce. Dommage, je n’avais rien contre ces créatures solitaires, je les considérais même comme des partenaires positifs pour leur propension à bouffer les limaces et les chenilles. Avisant une bêche oubliée …"

    Ce que j'en pense :

    Roman très original. Le narrateur parait assez sympathique, il est plutôt cynique (mais sans réelle méchanceté), a beaucoup d'humour (grinçant), aime beaucoup ses filles et sa femme (ainsi que quelques autres). Il est plutôt solitaire mais ne dédaigne pas se mêler aux habitants de son village... Le récit est très bien conduit, les personnages qui gravitent autour du narrateur sont bien campés. L'écriture de ce livre est très agréable. Certains trouveront sans doute les scènes de sexe un peu crues, pour ma part je considère qu'elles sont décrites avec justesse et pudeur.

    Sous le compost

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