• Que nos vies aient l'air d'un film parfait

    "Que nos vies aient l'air d'un film parfait" de Carole Fives - Points

    Présentation de l'éditeur :

    T'as huit ans, Tom. Tes parents, pleins de larmes en dedans, s'entre-déchirent et divorcent. Même la grande sœur qui t'adore a lâché ta petite main. Prise au piège d'une machination d'adultes, elle a sacrifié votre enfance complice. Plus forte que la séparation, la voix libératrice de ton aînée tente d'inverser les pôles magnétiques pour te reconquérir. Puisse son chant d'amour te parvenir.

    Première page :

    "C'était Pâques, c'étaient les vacances et tes parents t'avaient emmené au bord de la mer, Harde-lot sûrement, une station de ce genre. Les plages se ressemblent toutes tellement là-bas, les hôtels et les gens aussi, tout le monde finit par s'y confondre. Parce qu'il n'y a que la mer, toujours la même mer immense qui t'avale et te recrache sur ses dunes de sable. Disons que tu étais à Hardelot, afin de prendre le bon air. Il fallait que tu prennes le bon air et surtout que tu puisses courir sur la plage et crier, vraiment crier, une fois que tu aurais entendu ce que tes parents avaient à te dire.

    Ta mère pleurait, comme à son habitude, jusque-là tu n'étais pas tellement désorienté et tu continuais à chercher tes œufs de Pâques dans la chambre d'hôtel. Sous la penderie ? Dans la petite poubelle de la salle de bains ? Juste derrière les rideaux gris assortis à la marine suspendue au-dessus du lit ? Tu cherchais, petit frère, tu cherchais.

    Le père a commencé, « Nous avons quelque chose à vous annoncer ». Ça t'a glacé d'un coup."

    Ce que j'en pense :

    Un divorce des années 80 qui laisse la parole aux parents et aux enfants (surtout à la grande sœur). C’est bien construit, agréable à lire mais, au final, un peu décevant lorsqu’on vient de lire l'excellent dernier roman de l’auteure (« tenir jusqu’à l’aube »), sans doute parce que j’en attendais trop.

    Que nos vies aient l'air d'un film parfait

    Que nos vies aient l'air d'un film parfait

     

     

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  • Le dynamiteur

    "Le dynamiteur" de Henning Mankell - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    1911. Oskar Johansson a 23 ans. Dynamiteur, il participe au percement d’un tunnel ferroviaire et manipule des explosifs pour fragmenter la roche. Mutilé à la suite d'un grave accident du travail, il reprendra pourtant son ancien métier, se mariera, aura trois enfants, adhérera aux idéaux socialistes puis communistes. Au soir de sa vie, il partagera son temps entre la ville et un cabanon de fortune sur une île aux confins de l’archipel suédois.Un mystérieux narrateur recueille la parole de cet homme de peu de mots, qui aura vécu en lisière de la grande histoire, à laquelle il aura pourtant contribué, à sa manière humble et digne.Ce premier roman de Henning Mankell, écrit à 25 ans, et inédit en France à ce jour, se veut un hommage vibrant à la classe ouvrière, à ces millions d’anonymes qui ont bâti le modèle suédois. Par son dépouillement, sa beauté austère, son émotion pudique, Le Dynamiteur contient en germe toute l’œuvre à venir de Mankell, sa tonalité solitaire, discrète, marquée à la fois par une mélancolie profonde et une confiance inébranlable dans l’individu.

    Première page :

    "- Bordel, pourquoi ça ne pète pas ?

    Norstrôm trépignait rageusement du pied gauche. Il s'était empêtré dans une bobine de fil de fer qui traînait parmi les éclats de roche. Il trépignait du pied gauche et le fil de fer se lovait autour de son godillot toujours plus haut sur sa jambe. Il aurait facilement pu se pencher et, en tirant dessus avec la main, d'un seul coup sec s'en débarrasser.

    Mais Norstrôm ne se pencha pas. Il continua à trépigner rageusement du pied. Il transpirait. Sa chemise de flanelle grise déboutonnée très bas sur son ventre débordant absorbait sa sueur qui sentait la peau aigre et sale.

    Norstrôm était contremaître. Ce samedi après-midi de la mi-juin, le chantier à découvert fumait sous la chaleur écrasante. Norstrôm dirigeait le dynamitage de tunnels pour la ligne de chemin de fer. Elle devait passer à double voie, et pour cela il fallait trois nouveaux tunnels. On travaillait à présent à celui du milieu…"

    Ce que j'en pense :

    C’est intéressant de découvrir les premiers pas de Mankell en littérature. On retrouve dans ce premier roman les « obsessions » de l’auteur : les personnages silencieux, l’attirance pour les iles, la mer, la façon de jouer avec la mémoire, les souvenirs, l’engagement pour une société plus juste. Évidemment il y a aussi les défauts du jeune auteur qui veut, comme c’était la mode à l’époque, déconstruire le récit, mêler les types de narration… et tout cela ne parait pas très bien maîtrisé.

    Le dynamiteur

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  • Sous les branches de l'udala

    "Sous les branches de l'udala" de Chinelo Okparanta - Belfond

    Présentation de l'éditeur :

    Dans la lignée d'Imbolo Mbue et de Chimamanda Ngozi Adichie, la découverte coup de cœur d'une voix puissante et singulière. Nommé pour de nombreux prix littéraires, porté par une atmosphère foisonnante où se bousculent les sensations, un roman bouleversant de courage sur la quête de soi, le poids dévastateur de la religion et des traditions, et la force éperdue de l'amour. 
    1968. Le Nigeria et la jeune république du Biafra se déchirent, les conflits interethniques sont chaque jour plus meurtriers, la population sombre peu à peu dans le désespoir. 
    Au cœur de cet océan de violence, la jeune Ijeoma tombe amoureuse d'Amina. 
    La relation des deux adolescentes est rapidement découverte et tous, mères, pères, voisins, amis, se chargent de leur rappeler qu'aux yeux de Dieu et de la loi, leur amour est criminel. 
    Pour Ijeoma, un choix se dessine alors : se cacher et suivre ses désirs ; ou s'oublier et jouer le rôle que la société lui impose. 
    Une existence prisonnière du mensonge, est-ce la seule issue qui s'offre à Ijeoma ?

    Première page :

    "A mi-chemin entre Old Oba-Nnewi Road et New Oba-Nnewi Road, dans cette zone vague que délimitent l'église du village et l'école primaire, là où s'arrête Mmiri John Road pour mieux repartir ensuite, là s'élevait notre maison d'Ojoto. C'était un bâtiment jaune à étage, construit le long du chemin de terre poussiéreux juste au sud de la rivière John, où la mère de papa avait failli se noyer quand elle était petite, à une époque où les gens allaient encore laver leur linge sur les berges pierreuses.

    Notre propriété était fermée par une clôture, et la barrière en était gardée par des buissons de roses et des bouquets d'hibiscus. Menant à cette barrière, de part et d'autre de la clôture, deux haies que mouchetaient abondamment de rose les minuscules fleurs d'ixora en forme d'étoiles. Côté route, les vendeurs ambulants s'alignaient le long de notre haie parmi des arbres chargés de fruits : oranges, goyaves, noix de cajou, mangues. Dans les clairières qui plus loin bordaient la route, là où les buissons prenaient des airs de forêt, d'autres arbres s'élevaient : immenses irokos, pins murmurants et, ici et là, cocotiers et palmiers à huile. Il fallait lever la tête pour en voir la cime, tant arbres et buissons étaient hauts.

    A la saison de l'harmattan, les vents du Sahara soufflaient, soulevant des trombes de poussière…"

    Ce que j'en pense :

    L’auteure nous raconte l’histoire d’une femme qui aime les femmes dans un pays (le Nigéria) où l’on peut se faire lapider pour cela. C’est un récit assez fort, entrecoupé de prières, de récits bibliques, d’histoires, de proverbes, de sentences. Mais l’écriture m’a déçu (est-ce du à  la traduction ?). Après avoir lu une de ses nouvelles parues dans « Snapshots, Nouvelles voix du Caine Prize »( chez Zulma), je m’attendais à une écriture plus percutante.

    Sous les branches de l'udala

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  • Des arbres à abattre

    "Des arbres à abattre" de Thomas Bernhard - folio

    Présentation de l'éditeur :

    Forêt, forêt de haute futaie, des arbres à abattre : tel est le cri du cœur (et le cri de guerre) que ne peut s'empêcher de pousser le comédien du Burgtheater au cours du dîner artistique donné en son honneur, à l'issue de la première du Canard sauvage, par les époux Auersberger, représentants on ne peut plus typiques de cette société artistique viennoise que l'auteur-narrateur abhorre et avec laquelle il se flatte d'avoir rompu une bonne fois pour toutes quelque trente ans auparavant.
    Forêt, forêt de haute futaie, des arbres à abattre : parole emblématique opposant à une réalité monstrueusement tangible de l'artifice social le rêve d'un état naturel révolu (et peut-être à réinventer), mais aussi formule magique susceptible de calmer la formidable irritation qui gagne le narrateur au contact renouvelé de cette épouvantable société artistique viennoise qu'il s'était juré de fuir à jamais et à laquelle il est bien forcé de constater qu'il n'a pas cessé d'appartenir.

    Première page :

    "Tandis qu'ils attendaient tous le comédien qui leur avait promis de venir dîner chez eux, dans la Gentzgasse, vers onze heures trente, après la première du Canard sauvage, j'observais les époux Auersberger, exactement de ce même fauteuil à oreilles dans lequel j'étais assis presque chaque jour au début des années cinquante, et pensais que c'avait été une erreur magistrale d'accepter l'invitation des Auersberger. Pendant vingt ans, je n'avais plus vit les époux Auersberger, et voilà que le jour même de la mort de notre amie commune Joana, comme par hasard, je suis tombé sur eux au Graben et j'ai accepté sans hésiter de me rendre à leur dîner artistique comme les époux Auersberger ont appelé leur souper. Pendant vingt ans, je n'ai plus rien voulu savoir des époux Auersberger, et pendant ces vingt ans, j'avais eu la nausée rien que d'entendre leur nom prononcé par des tiers, pensai-je dans le fauteuil à oreilles, et voilà maintenant que les époux Auersberger me confrontent avec leurs et avec mes années cinquante. Pendant vingt ans, j'ai fait en sorte de ne pas me trouver sur le chemin des époux Auersberger, en vingt ans, je ne les ai pas rencontrés une seule fois, et c'est juste maintenant, comme par hasard, qu'il a fallu que je tombe sur eux…"

    Ce que j'en pense :

    C’est un réquisitoire sans appel de la « bonne société culturelle » de Vienne, dont l’auteur faisait lui-même partie. Tout parait dérisoire dans ce monde « artistique ». L’écriture est pleine de rage, d’ironie et d’humour.  Ce livre gagne beaucoup à être lu à voix haute en se laissant emporter par la parole impétueuse de Thomas Bernhard.

    Des arbres à abattre

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  • Tenir jusqu'à l'aube

    "Tenir jusqu'à l'aube" de Carole Fives - Gallimard, l'arbalète

    Présentation de l'éditeur :

    «Et l'enfant ? 
    Il dort, il dort. 
    Que peut-il faire d'autre ?» 
    Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté. 
    Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore? 
    On retrouve, dans ce nouveau livre, l'écriture vive et le regard aiguisé de Carole Fives, fine portraitiste de la famille contemporaine.

    Première page :

    "Avec quelle confiance l’enfant a avalé ses pâtes, ses légumes. Il a même terminé le yaourt aux fraises, son biberon de lait tiède. Avec ça, il devrait être calé.

    Elle lui a lu une histoire, est restée près de lui jusqu’à ce que les petits poings se desserrent et relâchent enfin sa main.

    Elle a encore patienté quelques minutes, l’obscurité de la pièce à peine perturbée par le stroboscope de la veilleuse lapin.

    La porte d’entrée qu’elle referme avec mille précautions derrière elle.

    Dans le hall, l’éclairage automatique se déclenche.

    Il y a encore tant de monde dehors.

    Un grand vent frais.

    Marcher, juste, marcher. À peine le tour du pâté de maisons.

    De la musique sort des fenêtres ouvertes d’un appartement, des rythmes de salsa. Elle perçoit des silhouettes."

    Ce que j'en pense :

    Livre très bien écrit, simplement, sans effet, sans pathos. L’auteure décrit de manière précise tous les sentiments que ressent cette femme seule avec l’enfant. C’est d’une grande force. C’est aussi une excellente idée d’avoir fait le parallèle, au fil des pages, avec la chèvre de Monsieur Seguin, cette façon de « tirer sur la corde » pour retrouver un semblant de liberté, et le loup (l’ensemble de la société) qui est toujours à l’affut.

    Tenir jusqu'à l'aube

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  • Khalil

    "Khalil" de Yasmina Khadra - Julliard

    Présentation de l'éditeur :

    Vendredi 13 novembre 2015. L'air est encore doux pour un soir d'automne. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d'explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l'acte. Il fait partie du commando qui s'apprête à ensanglanter la capitale.
    Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ?
    Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d'un réalisme et d'une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l'esprit d'un kamikaze qu'il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l'insoutenable brutalité de la folie.

    Première page :

    "Paris, Ville lumière.

    Qu’un seul de ses lampadaires s'éteigne, et le monde entier se retrouve dans le noir.

    Nous étions quatre kamikazes; notre mission consistait à transformer la fête au Stade de France en un deuil planétaire.

    Serrés dans la voiture qui nous transportait à vive allure sur l'autoroute, nous ne disions rien. Il y avait deux frères que je ne connaissais pas, un devant avec Ali le chauffeur, l'autre sur la banquette arrière à côté de Driss, et moi.

    Le frère de devant avait glissé un CD dans le lecteur de bord et depuis, nous ne faisions qu'écouter cheikh Saad el-Ghamidi déclamer les sourates, la voix aussi pénétrante qu'un envoûtement. Je n'ai jamais entendu quelqu'un réciter le Coran mieux que ce savant de l'islam. Ce n'étaient pas des cordes vocales qu'il avait, mais un arc-en-ciel chantant dans la gorge. Je crois que nous en étions émus aux larmes…"

    Ce que j'en pense :

    C’est le premier de Yasmina Khadra que je lis. Il faut reconnaître que l’auteur sait nous accrocher. On lit ce livre rapidement, c’est simple, direct, percutant. L’auteur essaie de nous faire pénétrer dans la tête d’un kamikaze : Khalil. Pour cela il emploie le « je » en faisant parler Khalil. Ce « je » est en fait un « il » puisque c’est plus l’auteur qui parle à la place de Khalil. Une fois que l’on a compris cela on rentre mieux dans ce livre.

    Khalil

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  • Tu ne tueras point

    "Tu ne tueras point" de Edna O'Brien - Sabine Weispeser

    Présentation de l'éditeur :

    Quand, au milieu des tourbières où il l’a entraînée, le père de Mary se met à tâter le tissu de sa robe et à pincer son corsage, la petite fille sait ce qui l’attend, comme si le viol qu’elle allait subir était inéluctable. Durant de longues années, malgré ses tentatives désespérées pour lui échapper, elle supportera, dans la solitude, la terreur et la honte, les assauts répétés de son agresseur.
    Enceinte, elle réussit à convaincre une voisine de l'accompagner en Angleterre pour avorter. Mais tout se sait à la campagne, et une meute de conservateurs intégristes parvient bientôt à la rattraper. Le scandale devient national, et les redresseurs de torts catholiques, clamant publiquement leur indignation, sont prêts aux dernières extrémités pour qu’elle garde son bébé.
    La violence physique et verbale qu’Edna O’Brien met ici en œuvre, dans une Irlande rurale et rétrograde qu’elle a bien connue, trouve son pendant dans le vibrant portrait d’une très jeune femme silencieuse et secrète, d’une bouleversante intensité, puisant en elle d’insoupçonnables facultés de résistance.

    Première page :

    "DEVANT EUX, la route décrit une longue ondulation entrelacée de boue, de goudron rapetassé et de fjords de verdure, les surfaces herbeuses sont sillonnées d’ornières et piétinées, mais les jeunes pousses pointent vers le soleil ; fleurs et herbes folles s’en donnent à cœur joie, une vision de carnaval : les digitales, les plus hautes et les plus souveraines de toutes, avec de grosses abeilles velues furetant dans les recoins froids et mouchetés des clochettes mauve et blanc. Ô soleil. Impudent albatros jaune d’œuf ; ailleurs tacheté et filtré par différentes mousselines de feuille ; un relent à l’endroit où le pauvre âne s’est effondré, est mort et s’est décomposé ; une carcasse de voiture, jadis turquoise ; bordée de rouille ; patiences et orties drapant les sièges éventrés ; un sanctuaire où un homme ivre et désespéré a mis fin à sa vie, puis, de-ci de-là, des tas d’ordures, bouteilles, canettes, papier imprimé et flaques fétides laissées par le rebut de la ville venu se soulager au cœur de la nuit. « Des vauriens », a dit son père. Il disait toujours ça en passant devant ces tas d’ordures tout en jurant d’examiner les actes de son aïeul et de remettre de l’ordre dans ses affaires. Ils marchent en silence, l’homme à plusieurs lieues devant, avec son chapeau marron clair qui ressemble à un tesson verdâtre sous la lumière éclatante du soleil…"

    Ce que j'en pense :

    Voilà une critique virulente de l’Irlande de la fin du XXème, une Irlande catholique où l’avortement est un crime (même en cas de viol), où les femmes ne sont pas libres de leur corps. C’est donc un livre qui aurait pu être très fort. mais je me suis « forcé » pour aller au bout de ce roman. Le style de l’auteure y est pour beaucoup. Cela parait souvent confus, parfois incohérent. Il y a bien quelques pages qui sont magnifiques mais l’ensemble est difficile à lire.

    Tu ne tueras point

     

     

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  • Le cœur de Berlin

    "Le cœur de Berlin" de Elie Maure - Les allusifs

    Présentation de l'éditeur :

    Simon ne vit que pour le temps qu’il consacre à l’écriture et au vélo. À la mort de son chien, ses repères s’effritent, et lentement remonte à la surface le souvenir de Béatrice, sa sœur depuis longtemps disparue et dont il était autrefois si proche. Convaincu qu’elle se trouve encore quelque part, il décide de retrouver sa trace et de refermer le cercle d’injustice créé autour d’elle. Il trompe l’ennui d’un été caniculaire en reconstituant le vénéneux récit familial à travers ses souvenirs et l’évocation de son enfance vécue en Algérie. Mais il se lance aussi dans une quête plus profonde, celle de l’identité qu’un fils construit à partir d’un père qu’il ne connaît pas.
    De choses tues en révélations, de personnages brisés en êtres dédiés à la vie, Le cœur de Berlin brosse dans un style intimiste et émouvant un portrait cru du mal parfois fait aux siens, du désir d’exister et des conséquences du mensonge.

    Première page :

    "ÉTÉ

    J écris un livre pour y cacher mes pensées. Ma sœur est comme un astre noir, j'essaie de le regarder mais je n'y vois que de l'obscurité. Cette nuit m'envahit et crée autour de moi une densité dont je n'arrive plus à me détacher. J'erre dans l'été comme un Inuit dans une immensité glacée, je parcours la ville à vélo et il me semble qu'il s'agit toujours de la même rue. Je vois les arbres, les érables généreux qui ploient vers moi et, m'enfonçant dans ce tunnel vert, je fixe cet asphalte que je déteste si ce n'est quand il est lisse et sec et que j'entends à peine le crissement de mes pneus. J'avance aveuglément avec cette crainte constante que le mal paralyse à nouveau mes jambes et je redoute ce poison insidieux qui s'infiltre dans mes muscles alors que des sources dont j'ignorais l'existence se mettent à jaillir et répandent le liquide de l'inertie sous mes sens affolés. Je pédale plus rapidement, profitant de chaque accélération pour échapper au sort qui m'attend, mais mes cuisses s'engourdissent déjà et je pousse sur chaque pédale avec bientôt des jambes de bois. Il fait chaud, c'est la belle saison, je ne l'oublie pas, les gens sont légers et moi plus profondément malheureux que je ne l'ai jamais été. Je me dirige vers le quartier de Verdun et délaissant la piste cyclable du canal de Lachine devant le pont piétonnier qui mène au marché…"

    Ce que j'en pense :

    Ce n’est pas un livre qui se lit facilement. On sent bien qu’il y a le poids de lourds secrets mais c’est volontairement lent, comme si l’auteure réservait les révélations pour la fin… et c’est ce qu’elle fait ! J’ai lu d’autres romans plus forts sur le même thème (et par des auteurs québécois). Reste quand même une belle description d’une presque impossibilité à vivre lorsque les non-dits commencent à se révéler.

    Le cœur de Berlin

    Le cœur de Berlin

     

     

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  • La vraie vie

    "La vraie vie" de Adeline Dieudonné - L'Iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
    Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.

    D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.

    Première page :

    "À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. 

    Des daguets, des sangliers, des cerfs. Et puis des têtes d’antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impalas, gnous, oryx, kobus… Quelques zèbres amputés du corps. Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d’une petite gazelle. 

    Et dans un coin, il y avait la hyène. 

    Tout empaillée qu’elle était, elle vivait, j’en étais certaine, et elle se délectait de l’effroi qu’elle provoquait dans chaque regard qui rencontrait le sien. Aux murs, dans des cadres, mon père posait, fier, son fusil à la main, sur des animaux morts…"

     

    Ce que j'en pense :

    J’ai toujours beaucoup de méfiance lorsqu’un livre fait l’unanimité dans la presse et dans la blogosphère… mais là … je m’associe au concert de louanges à la publication de ce premier roman d’une auteure belge (il y a quand même beaucoup de gens talentueux chez les belges !). Je n’ai pas pu lâcher le livre avant la fin. C’est une écriture magnifique à la fois pleine d’humour, d’inventions et de forces. On se dit, après avoir lu une dizaine de pages, que ça ne va pas pouvoir tenir avec cette énergie jusqu’au bout… et bien si, ça tient ! C’est un conte sauvage, initiatique, drôle, cruel, sensuel, poétique, sombre… (et on pourrait ajouter d’autres adjectifs pour monter la richesse de ce livre). 

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  • Le jour d'avant

    "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    « Venge-nous de la mine, avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis. À sa mort, mes poings menaçant le ciel. Je n’ai jamais cessé de le lui promettre. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée. J’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. »

    Suite au décès de son frère Joseph, mineur, à cause du grisou dans la fosse Saint-Amé à Liévin en décembre 1974, Michel Flavent se promet de le venger un jour et quitte le nord de la France. Quarante ans après, veuf et sans attache, il rentre au pays pour punir le dernier survivant, un vieux contremaître, et enfin tourner la page.

    Première page :

    "Joseph, mon frère

    (Liévin, jeudi 26 décembre 1974)

    Joseph, serré tout contre moi. Lui sur le porte-bagages, jambes écartées par les sacoches comme un cow-boy de rodéo. Moi penché sur le guidon, main droite agaçant la poignée d'accélération. Il était bras en l'air. Il chantait fort. Des chansons à lui, sans paroles ni musique, des mots de travers que la bière lui soufflait.

    Les hurlements de notre moteur réveillaient la ville endormie.

    Mon frère a crié.

    — C'est comme ça la vie !

    Jamais je n'avais été aussi fier.

    J'avais conduit la mobylette de Jojo une seule fois avant cette nuit-là. En rond dans notre cour de ferme, comme un cheval de manège empêché par sa longe. Il avait acheté cette Motobécane pour remplacer la vieille Renault qu'il n'utilisait plus. Il ne réparait pas sa voiture, il la ranimait. Et la laissait vieillir le long du trottoir."

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman qu’on lit avec beaucoup d’émotion. Chalandon a vraiment beaucoup de talent pour nous faire pénétrer dans cet univers des corons, dans ce monde des mineurs. Il sait aussi nous réserver des surprises et des rebondissements… Il faut lire les romans de Chalandon !

    Le jour d'avant

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