•  Incident à Twenty-Mile

    "Incident à Twenty-Mile" de Trevanian
    traduction Jacques Mailhos - Gallmeister

    Présentation de l'éditeur :

    En 1898, au cœur des montagnes du Wyoming, la petite bourgade de Twenty-Mile n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle vient à s'animer lorsque débarque un jeune étranger désireux de plaire à tout le monde, avec pour seul bagage un vieux fusil et un lourd secret. Au même moment, un dangereux détenu s'échappe de la prison territoriale de Laramie en compagnie de deux tueurs dégénérés. Il commence à tracer un sillon de violence à travers l'État avant de décider de s'emparer de la petite ville pour y attendre le prochain convoi venu de la mine d'argent. L'isolement de Twenty-Mile, encore renforcé par une terrible tempête, va coûter cher à ses habitants.

    Avec Incident à Twenty-Mile, resté inédit en français, Trevanian propose une nouvelle lecture du western qui dynamite les conventions du genre. L'auteur de Shibumiet de La Sanction nous offre une oeuvre tout à la fois brillante et nostalgique.

    Première page :

    "Bien que cela fît maintenant huit ans que le Wyoming était devenu un État, les plus anciens des gardiens l'appelaient encore prison territoriale. Le gardien seconde classe John Tillman (surnommé "CB" par ses collègues qui raillaient ainsi la douceur de "Cul de Bébé" de ses joues) n'était titulaire que depuis un mois lorsqu'on lui confia la garde des "grains de lune" au deuxième étage de l'aile de haute sécurité. Il ignorait pourquoi on appelait "grains de lune" les fous criminels ; il n'avait jamais posé la question, de peur qu'il s'agisse encore d'une de ces blagues avec lesquelles les anciens gardiens tourmentaient et humiliaient les petits nouveaux.
    Tillman commença sa première ronde des cellules spéciales, s'arrêtant à chaque porte pour ouvrir le guichet et jeter un oeil au détenu. Le premier grain de lune était assis au bord de sa paillasse et se balançait d'avant en arrière en fredonnant. Le sourire d'absolu contentement qu'arborait sa face terne ne trahissait rien du devoir impérieux que pouvait ressentir cet homme de jeter de l'acide au visage des enfants. "Si moi je le fais pas..., avait-il expliqué au juge, qui le fera ?"
    Dans la cellule d'à côté, "le Politicien" était entièrement absorbé par un débat houleux entre lui et le vide.
    Le troisième grain de lune se recroquevilla dans un coin lorsqu'il entendit le guichet s'ouvrir. Il resta là comme ça, prostré, cachant son visage dans ses mains, à bredouiller : "S'il vous plaît, ne me faites pas de mal ! Je l'ai pas fait exprès ! Dieu m'est témoin que je l'ai pas fait exprès !" "Le Revenant", comme les gardiens l'appelaient, avait peur de tout. Lors des rondes de curage matinal, il fallait qu'un gardien entre chercher son seau à merde parce qu'il avait trop peur de l'apporter lui-même jusqu'à la porte, comme le faisaient les autres détenus."

    Ce que j'en pense :

    C'est parfaitement construit, avec tous les archétypes d'un bon western : le jeune homme courageux, la jeune fille belle et pure, le prédicateur, les putes du saloon, le méchant cynique et impitoyable…Ce livre, qui critique une Amérique fondée sur l'exclusion et le racisme, reste très original et passionnant de bout en bout.

    Incident à Twenty-Mile Incident à Twenty-MileIncident à Twenty-Mile

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  • La couronne verte

     "La couronne verte" de Laura Kasischke
    traduction Céline Leroy - Livre de poche (Christian Bourgois)

    Présentation de l'éditeur :

    Véritable rituel, les vacances de printemps aux États-Unis marquent le passage à l’âge adulte pour les élèves de terminale, qui partent une semaine entre eux dans un cadre exotique. Face à l’insistance de leur amie Terri, Anne et Michelle renoncent à une croisière dans les Caraïbes et optent pour les plages mexicaines. En dépit des mises en garde maternelles, Anne et Michelle acceptent d’aller visiter les ruines de Chichén Itzá en compagnie d’un inconnu… pour leur plus grand malheur. Un roman aussi troublant que profond.

    Première page :

    "Michelle 

    Il n'a rien d'humain. C'est un dieu. Il prend la jeune fille par les épaules. Ses plumes bruissent autour d'elle, mais il a une peau de serpent. Froide, coupante, irisée. Il lève le poignard. Elle n'a pas peur. Elle ne ferme pas les yeux. Après le premier coup porté, elle n'éprouve plus rien. Ni frayeur. Ni tristesse. Après le second, il plonge une main dans sa poitrine d'où il retire un oiseau au plumage bleu-vert le plus éclatant qu'elle ait jamais vu, l'oisillon vient de naître, mais il a toujours existé. Le dieu le laisse prendre son envol. Elle le regarde s'élancer dans l'azur, écoute son chant merveilleux. Il perd quelques plumes vertes qui retombent à ses pieds."

    Ce que j'en pense :

    On sait dès le début que quelque chose d'atroce va arriver mais on est quand même bien pris par le récit. L'alternance des chapitres écrits à la première et à la troisième personne est une bonne idée. Mais le livre (pour ados?) manque de relief. La fin est décevante. Ce roman est très loin d'avoir la force d'autres livres du même auteur (comme "Esprit d'hiver")

    La couronne verte 

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  • Des hommes en devenir

    "Des hommes en devenir" de Bruce Machart
    traduction François Happe - éditions Gallmeister

    Présentation de l'éditeur:

    Qu'ils se retrouvent en train d'arpenter les terres fertiles du Sud, de conduire leur pick-up fenêtres ouvertes dans la chaleur suffocante du périphérique de Houston, d'actionner l'écorceuse pour transformer des grumes en feuilles de papier, les hommes de ce recueil découvrent tous, en un instant, la faille en eux. Être hanté depuis toujours par un enfant, un parent, une femme, un voisin, un copain disparus, interrompre enfin le mouvement continu et regarder une vie en face. La question soudain serait de savoir ce que devenir un homme signifie. Ici, certains ont été largués. Là, un enfant n'est jamais né. Une mère a été assassinée. Des maris ont découché. Des chiens sont morts. Bien des bières ont été descendues, et des rires échangés entre frères, amis, amants.

    Première page :

    "C'est triste à dire, mais il arrive que des chiens se fassent écraser, parfois. Prenez une ville telle que Houston, quatre millions d’habitants et toutes ces voitures, forcément, ça arrive de temps en temps, mais si vous êtes tel que j’étais avant, ça ne vous empêche pas de dormir. Quoi qu’il en soit, avant la fin de cette histoire, il y aura un chien de moins sur cette terre, alors si jamais vous n’êtes pas comme moi j’étais, vous voilà prévenu.

    Mais si vous êtes tel que j’étais avant, quand la femme à laquelle vous êtes fiancé depuis cinq mois rentre à la maison après avoir bossé toute la journée pour cet avocat en ville, le type qui lui fait un chèque deux fois par mois pour avoir le privilège de lui dire ce qu’elle doit faire en reluquant son décolleté constellé de rougeurs, comme c’est le cas, parfois, quand elle est un peu nerveuse ; quand elle passe la porte et qu’elle vous trouve toujours en caleçon, en train de gribouiller votre dernière histoire sur un bloc-notes, alors que le journal est resté devant la porte d’entrée dans son emballage en plastique même pas ouvert, les petites annonces bien au chaud à l’intérieur, sans que la moindre offre d’emploi ait été encerclée ; et quand elle s’amène dans le couloir, quelques instants plus tard, à moitié à poil et en fronçant les sourcils, le visage rouge, aussi impatiente de prendre sa douche que le serait une fermière après avoir saigné un porc, alors vous comprenez que pour elle, vous n’êtes plus que de l’histoire ancienne.

    Kaput. Finito. Terminé, et vous ne lui demandez même pas qu’elle vous rende la bague que vous lui avez offerte."

    Ce que j'en pense :

    Merveilleux recueil de nouvelles. L'auteur ne  nous épargne rien. La mort, la souffrance, l'absence sont présentes dans chaque récit. Une écriture simple, directe et puissante qui nous plonge dans l'univers de chaque personnage. J'aurais tendance à dire que le style de Bruce Machart convient mieux à la nouvelle qu'au long roman. Avec ce nouveau livre on est vraiment dans la cour des grands.

    Des hommes en devenirDes hommes en devenir Des hommes en devenirDes hommes en devenir

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  • Le sillage de l'oubli

    "Le sillage de l'oubli" de Bruce Machard
    traduction Marc Amfreville - Gallmeister

    Présentation de l'éditeur : 

    Texas, 1895. Un propriétaire terrien voit la seule femme qu'il a jamais aimée mourir en mettant au monde leur quatrième fils, Karel. Vaincu par la douleur, l'homme entraîne ses enfants dans une vie austère et brutale. Pour lui, seuls comptent désormais ses chevaux de course montés par Karel, et les paris qu'il lance contre ses voisins pour gagner toujours plus de terres. Mais l'enjeu est tout autre lorsqu'un propriétaire espagnol lui propose un pari insolite qui engage l'avenir des quatre frères. Karel s'élance dans une course décisive, avec pour adversaire une jeune fille qui déjà l'obsède.

    Premier roman éblouissant, Le Sillage de l'oubli a valu à son auteur d'être comparé par une presse américaine enthousiaste à William Faulkner. À travers une écriture vertigineuse, Bruce Machart dresse le portrait sans concession d'une famille déchirée en quête de rédemption.

     Première page :

    "Tant de sang, elle avait perdu tant de sang que lorsqu'il se réveilla dans des draps trempés et qu'il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doigts crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu'elle venait de perdre les eaux. Il repoussa l'édredon, un cadeau de mariage que leur avait envoyé sa mère restée au vieux pays, et il embrassa Klara sur le front avant de se lever pour aller allumer la lampe. Il gratta une allumette, et alors il les découvrit qui avaient formé des traînées rouges le long de ses jambes et s'étaient collées aux poils drus de ses cuisses : les traces sombres du sang déjà à moitié séché de sa femme.

    Et le sang continuait de couler. Il sella son cheval et, frissonnant sous le ciel noir et sans nuages, il se hâta d'aller chercher Edna, la sage-femme, à la ferme de Janek. À leur retour, les yeux de Klara étaient ouverts mais si vitreux qu'ils comprirent qu'elle ne devait plus y voir bien clair. Ses lèvres pâles balbutiaient une ultime prière muette pour que l'enfant parvienne à naître ou que sa propre vie ne s'échappe pas encore, on n'aurait su le dire.

    Quand le bébé, leur quatrième garçon, arriva le corps souillé de sang et maculé de caillots, il semblait avoir été arraché à la chair de sa mère plutôt que simplement mis au monde. "

    Ce que j'en pense :

    Du lyrisme, des drames familiaux, de la violence, des chevaux, une jolie mexicaine…. il y a de tout cela dans ce roman qui se  lit avec beaucoup de plaisir… mais de là à le comparer avec Faulkner ou McCarthy il ne faut quand même pas exagérer ! Les excellentes éditions Gallmeister ont publié d'autres livres plus puissants d'auteurs américains (Montana 1948, Pike, Sukkwan Island…) Attendons les prochaines productions de Bruce Machart!

    Le sillage de l'oubli

    Le sillage de l'oubli 

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  • Les gouffres

    "Les gouffres" de Antoine Choplin
    La fosse aux ours

    Présentation de l'éditeur :

    Au cœur de paysages singuliers et innommés qui pourront évoquer les revers sombres de l'Histoire, des hommes, solitaires ou réunis en une clique fragile, entreprennent un périple. Aux processus guidant leur épopée, il est ici porté une attention particulière. Tous déploient un arsenal de ruses, géniales ou misérables, pour approcher, atteindre parfois, leur objectif. Mais l'important serait surtout que le ressort de ces progressions emprunte avant tout à des forces d'humanité, de simple et lumineuse intelligence, de fraternité pure. Quatre récits de quêtes minuscules et magistrales, comme autant de fables espérant chacune de cette capacité inouïe de l'homme à se maintenir debout, à braver quelque chose ensemble, le regard tendu sans relâche vers un horizon autre.

    Première page :

    "Ça se passera un matin et on sera surpris toi et moi que ça se passe ce matin-là plutôt qu'un autre. Le jour sera pas entièrement levé mais le grand voile sombre posé sur les choses commencera à se dissiper. J'aurais décidé ça tout seul que c'est pour ce jour-là et pas pour un autre. Je te regarderai un bon moment avec ma décision dans la tête, enroulé dans ta couverture, encore endormi, avant de prononcer un mot. Mais peut-être que toi, comme un vieux chien, t'auras senti tout ça parce que c'est sûr que pour ce qui est du flair t'es vraiment un champion ; tu l'auras senti et pourtant tu resteras immobile, en attendant que je dise quelque chose. Moi, je commencerai à sortir mes bras de sous la couverture et à les croiser derrière la tête comme un gars qui envisage sereinement l'avenir. Et après un petit moment, je tendrai la main vers toi et je te tapoterai du côté de l'épaule.
    Hé, Milton.

    D'abord tu bougeras pas, tu resteras sur le flanc tourné vers le mur mais tu parles que t'auras ouvert les yeux d'un coup."


    Ce que j'en pense :

    Quatre récits qui ont en commun un univers assez déshumanisé mais avec de toutes petites choses qui maintiennent l'espoir. On retrouve, par moments seulement et c'est bien dommage, la magnifique écriture de Choplin (dépouillée mais chaude, précise mais jamais coupante…)

    Les gouffres

    Les gouffres 

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  • La chambre close

    "La chambre close" de M Sjöwall et P Wahlöö
    traduction Philippe Bouquet - Payot Rivages/noir

    Présentation de l'éditeur :

    Une femme commet un braquage au cours duquel un homme est tué accidentellement. Dans le même temps, deux dangereux pilleurs de banques écument Stockholm, et mettent la police sur les dents. Martin Beck quant à lui, reprenant le travail après une longue convalescence, se heurte à une affaire bizarre : un vieil invalide nécessiteux est retrouvé mort dans une pièce sordide soigneusement fermée de l'intérieur. Il a une balle dans le ventre. La police veut conclure à un suicide, mais dans ce cas où est passé le pistolet ? Un pistolet qui, justement, semble avoir servi au braquage... A partir d'un classique mystère de chambre close se dessine progressivement une affaire complexe, à la résolution parfaitement amorale.

    Première page :

    "Au moment où elle sortit de la bouche de métro de Wollmar Yxkullsgatan, 14 heures sonnaient à l'église de Maria. Elle s'arrêta pour allumer une cigarette, avant de se diriger à grands pas vers la place de Mariatorget.

    La vibration de l'air, propageant le bruit des cloches, lui rappela les tristes dimanches de son enfance. Elle était née et avait grandi à quelques pâtés de maisons de cette église, où elle avait été baptisée et fait sa communion voilà près de douze ans. Tout ce dont elle se souvenait, ainsi que des cours de catéchisme, c'était d'avoir demandé au pasteur ce qu'avait voulu dire Strindberg lorsqu'il avait parlé du «soprano splénétique » des cloches de l'église de Maria, mais elle ne se rappelait pas ce qu'il lui avait répondu.

    Le soleil lui brûlait le dos et, après avoir traversé Sankt Paulsgatan, elle ralentit l'allure afin de ne pas être en sueur. Elle comprit soudain combien elle était nerveuse et regretta de ne pas avoir pris un calmant avant de partir de chez elle.

    Une fois arrivée au milieu de la place, elle trempa son mouchoir dans l'eau de la fontaine avant d'aller s'asseoir sur un banc, à l'ombre des arbres."

    Ce que j'en pense :

    Livre qui dénonce avec humour, et souvent avec virulence, le "modèle suédois" des années 70. Double intrigue assez bien menée souvent de façon caricaturale. Mais ce roman est loin de faire des étincelles.

    La chambre close

     

     

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  • Enfance

    "Enfance" de Nathalie Sarraute
    folioplus classique

    Présentation de l'éditeur :

    Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir " quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance ". Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une œuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

    Première page :

    "— Alors, tu vas vraiment faire ça ? « Évoquer tes souvenirs d’enfance »… Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les seuls mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »… il n’y a pas à tortiller, c’est bien ça.

    — Oui, je n’y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi…

    — C’est peut-être… est-ce que ce ne serait pas… on ne s’en rend parfois pas compte… c’est peut-être que tes forces déclinent…

    — Non, je ne crois pas… du moins je ne le sens pas…

    — Et pourtant ce que tu veux faire… « évoquer tes souvenirs »… est-ce que ce ne serait pas…

    — Oh, je t’en prie…

    — Si, il faut se le demander : est-ce que ce ne serait pas prendre ta retraite ? te ranger ? quitter ton élément, où jusqu’ici, tant bien que mal…

    — Oui, comme tu dis, tant bien que mal.

    — Peut-être, mais c’est le seul où tu aies jamais pu vivre… celui…

    — Oh, à quoi bon ? je le connais.

    — Est-ce vrai ? Tu n’as vraiment pas oublié comment c’était là-bas ? comme là-bas tout fluctue, se transforme, s’échappe… tu avances à tâtons, toujours cherchant, te tendant… vers quoi ? qu’est-ce que c’est ? ça ne ressemble à rien… personne n’en parle… ça se dérobe, tu l’agrippes comme tu peux, tu le pousses… où ? n’importe où, pourvu que ça trouve un milieu propice où ça se développe, où ça parvienne peut-être à vivre… Tiens, rien que d’y penser…"

    Ce que j'en pense :

    Biographie originale où il n'y a pas de continuité dans la narration. L'auteure recherche les paroles, les mots qui vont lui révéler, lui faire ressentir les rapports qu'elle a eu enfant, avec ses proches, et en particulier avec sa mère.

    Enfance

    Enfance Enfance

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  • "La fille de mon meilleur ami" de Yves Ravey
    éditions de minuit

    Présentation de l'éditeur:

    Avant de mourir à l’hôpital militaire de Montauban, Louis m’a révélé l’existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu’elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu’on lui avait retiré la garde de son enfant.
    Il m’a alors demandé de la retrouver. Et j’ai promis. Sans illusion. Mais j’ai promis. Et c’est bien par elle que tout a commencé.

    Première page :

    "Je suis arrivé un soir d'orage, après plusieurs heures de route, à l'hôpital militaire de Montauban, la lettre de Louis dans la poche. Il voulait me voir, me parler, m'avait-il écrit de sa plume fatiguée. Louis était mon meilleur ami. Nous nous étions connus en Afrique, dix ans auparavant, et nous ne nous étions jamais perdus de vue.

    Il avait encore trois jours à vivre, et je l'ai veillé du matin au soir. C'est alors qu'il m'a révélé l'existence de sa fille, Mathilde, dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu'elle avait passé plusieurs années en asile psychiatrique, dans le sud de la France, et que, pour cette raison, le juge lui avait retiré son enfant au moment du divorce.

    En arrivant dans la chambre, Louis m'a fait signe de me mettre à l'aise…"

    Ce que j'en pense :

    Toujours cette écriture simple, efficace au service d'une intrigue policière. Ravey n'explique rien, il montre la vie avec peu de mots, sans psychologisme. C'est un maitre de l'épure qui sait nous entrainer (avec délice) dans un univers trouble et incertain. 

    La fille de mon meilleur ami

    La fille de mon meilleur ami La fille de mon meilleur ami

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  • Mémé

    "Mémé" de Philippe Torreton
    L'iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    « Mémé, c'est ma mémé, même si ça ne se dit plus.
    Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples
    au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d'avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n'est pas une enquête, ce n'est pas une biographie, c'est ce que j'ai vu, compris ou pas, ce que j'ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. Mémé, c'est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose. »
    Voici le portrait qu'à plus de quarante ans Philippe Torreton fait de celle qui fut le personnage central de son enfance, un portrait tendre et nostalgique, construit par petites touches comme la mémoire, où chacun retrouvera sa grand-mère ou celle dont il a rêvé.

    Première page :

    "Je dormais près de mémé. J'étais petit, un bésot, et après des semaines d'hôpital, de peau grise et fatiguée, les docteurs ayant jugé que le danger était loin, le loup parti, je pouvais réapprendre à me tenir debout et profiter enfin des jouets qui s'accumulaient sur ma table de chevet. Mes parents m'ont confié à mémé, à charge pour elle de remettre des couleurs dans mes pupilles, du solide dans le ventre, de la confiance dans les bras et de l'impatience dans les jambes.

    Mémé dormait à côté de moi, tout près même, dans une chambre à côté de la mienne. Nous étions au bout de la maison, côté ouest, celui qui reçoit la Normandie pluvieuse en pleine face, une étrave de bateau. "

    Ce que j'en pense :

    Il y a des passages magnifiques, c'est émouvant, drôle, avec un peu de colère face aux nouveaux modes de vie. Mais l'écriture est parfois lourde avec des passages qui peuvent paraître confus. 

    Mémé 

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  • Je marche dans la nuit par un chemin mauvais

    "Je marche dans la nuit par un chemin mauvais" de Ahmed Madani
    Actes Sud-Papiers

    Présentation de l'éditeur :

    Après s'être disputé avec son père, Gus est envoyé pour l'été chez son grand-père à Argentan. Le mode de vie y est différent : pas de télé, pas d'Internet, ni de consoles vidéo. Il faut se lever tôt, se nourrir à heures fixes et surtout passer ses journées à débroussailler le jardin à la faux. Gus ne rêve que de s'échapper pour retrouver sa vie d'adolescent moderne. Mais progressivement, chacun va apprendre à vivre avec l'autre.

    Extrait :

    "GUS. Qu'est-ce qu'on mange

    PIERRE. De la soupe

    GUS. Je déteste la soupe

    je savais que ça allait commencer par ça

    la soupe

    j'ai pas faim

    PIERRE. Ils donnent n'importe quoi à manger à leurs gosses et après ils s'étonnent qu'ils n'aiment plus rien mange ta soupe

    GUS. J'ai pas faim

    PIERRE. Il n'y a rien d'autre

    GUS. Je vais manger cette soupe mais elle me dégoûte

    PIERRE. Elle le dégoûte mais il la mangera alors l'école ça va

    GUS. Elle est où la télé

    PIERRE. À la cave

    GUS. T'as toujours pas Internet

    PIERRE. Sais pas ce que c'est et veux pas le savoir

    GUS. Y a un cyber en ville

    PIERRE. Sais pas ce que c'est et veux pas l'savoir

    GUS. Je sens que ça va être cool ici

    PIERRE. Ta chambre est en face de la mienne demain je te réveille à sept heures il y a du débroussaillage à faire bonne nuit

    GUS. C'est quoi ce plan

    PIERRE. À sept heures

    GUS. Demain j'me tire"

    Ce que j'en pense :

    Récit très adroitement mené, il y a en même temps un dialogue entre un petit-fils et son grand-père, et des monologues en aparté. Bien qu'il perde la mémoire, le grand-père retrouve son passé en regardant son petit-fils : deux "mal-être" se rejoignent.

    Je marche dans la nuit par un chemin mauvais

     Je marche dans la nuit par un chemin mauvais Je marche dans la nuit par un chemin mauvais

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