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Là où les chiens aboient par la queue
"Là où les chiens aboient par la queue" de Estelle-Sarah Bulle - Liana Levi
Présentation de l'éditeur :
Dans la famille Ezechiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son "nom de savane", choisi pour embrouiller les mauvais esprits, ses croyances baroques et son sens de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni Petit-Frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Mais sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l'histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis la fin des années 40 : l'enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'inéluctable exil vers la métropole..
Première page :
J’ai quitté Morne-Galant à l’aube parce que c’était la seule façon de ne pas cuire au soleil. Morne-Galant n’est nulle part, autant dire une matrice dont je me suis sortie comme le veau s’extirpe de sa mère : pattes en avant, prêt à mourir pour s’arracher aux flancs qui le retiennent. J’ai vu ça des dizaines de fois avant mes sept ans, la naissance du veau qui peut mal finir. Papa laissait toujours faire ; c’était à la nature de décider qui devait vivre et qui devait mourir.
Pourtant, il aimait ses bêtes. Il en avait cinq ou six au moment où je me suis sauvée. Elles vivaient autour de la maison, poussaient de longs beuglements rauques pour qu’on les mène au bac d’eau en tôle ondulée planté au milieu du terrain. Papa détachait une à une les chaînes qui les retenaient à des piquets et les bêtes couraient jusqu’au bac. Les jours de canicule, elles s’étranglaient s’il n’allait pas assez vite. Il les immobilisait d’un ordre sec et sonore, « Là ! », et il frappait les taureaux nerveux du plat de son coutelas. Les trois premiers mois, il laissait les petits sans attache, parce qu’ils restent de toute façon à côté de leur mère.
Hilaire traitait ses enfants comme il traitait ses animaux : un verre de tendresse, un seau d’autorité et un baril de « débrouyé zôt’ ». …
Ce que j'en pense :
On apprend beaucoup de choses intéressantes sur la Guadeloupe et sur son histoire assez récente (à partir de la seconde guerre mondiale). C’est bien écrit avec pas mal de mots et d’expressions créoles pleines de saveur. Cependant le choix de donner la parole alternativement à plusieurs personnages m’a un peu gêné. Je considère que le personnage féminin d’Antoine suffisait pour construire un bon roman. Cette dispersion m’a fait prendre de la distance et je ne me suis pas complètement impliqué dans cette histoire.
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