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Marseille 73
"Marseille 73" de Dominique Manotti - Équinoxe Les Arènes
Présentation de l'éditeur :
La France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne. En six mois, plus de cinquante d’entre eux sont abattus, dont une vingtaine à Marseille, épicentre du terrorisme raciste. C’est l’histoire vraie.
Onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, les nervis de l’OAS ont été amnistiés, beaucoup sont intégrés dans l’appareil d’État et dans la police, le Front national vient à peine d’éclore. Des revanchards appellent à plastiquer les mosquées, les bistrots, les commerces arabes. C’est le décor.
Le jeune commissaire Daquin, vingt-sept ans, a été fraîchement nommé à l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, lieu de toutes les compromissions, où tout se sait et rien ne sort. C’est notre héros.
Tout est prêt pour la tragédie, menée de main de maître par Dominique Manotti, avec cette écriture sèche, documentée et implacable qui a fait sa renommée. Un roman noir d’anthologie à mettre entre toutes les mains, pour ne pas oublier.Première page :
1973- Grasse, charmante cité provençale, ses fleurs, ses parfums, ses trente mille habitants, et son petit millier de travailleurs immigrés, souvent tunisiens, ouvriers agricoles, ouvriers du bâtiment, tous travailleurs au noir.
A l'automne 1972, le gouvernement français décide de contrôler la population immigrée beaucoup plus strictement qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La circulaire Marcellin-Fontanet impose aux immigrés qui souhaitent entrer sur le sol français ou qui y résident déjà d'être munis d'un contrat de travail et d'avoir un logement décent pour pouvoir obtenir un permis de séjour et, ainsi, être « régularisés ». Quatre-vingt-six pour cent des immigrés présents sur le sol français passent d'un coup de la catégorie des « travailleurs au noir » à celle des « travailleurs clandestins » et alimentent du jour au lendemain une catégorie nouvelle, celle des « sans-papiers » candidats à l'expulsion dès l'été 73.
A l'approche de l'échéance, Ordre nouveau, mouvement d'extrême droite, nationaliste et néofasciste, s'engouffre dans la brèche ouverte par le gouvernement et lance, le 9 juin 1973, une campagne nationale « Halte à l'immigration sauvage ».
Ce que j'en pense :
Comme toujours chez Dominique Manotti c’est très bien documenté, un vrai travail de journaliste. Tout cela se passe à Marseille en 1973 mais pourrait presque se passer actuellement dans beaucoup de quartiers de villes françaises. C’est un bon polar historique et politique. Peut-être que le commissaire Daquin aurait mérité un peu plus de place dans ce roman.
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