• La vie en chantier

    "La vie en chantier" de Pete Fromm -Gallmeister

    Présentation de l'éditeur :

    Marnie et Taz ont tout pour être heureux. Jeunes et énergiques, ils s’aiment, rient et travaillent ensemble. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, leur vie s’en trouve bouleversée, mais le couple est prêt à relever le défi. Avec leurs modestes moyens, ils commencent à retaper leur petite maison de Missoula, dans le Montana, et l’avenir prend des contours plus précis. Mais lorsque Marnie meurt en couches, Taz se retrouve seul face à un deuil impensable, avec sa fille nouveau-née sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde inconnu et étrange de la paternité, un monde de responsabilités et d’insomnies, de doutes et de joies inattendus.
    La Vie en chantier est une histoire qui touche au cœur. À travers ce troublant mélange de peine et d’amour, Pete Fromm écrit magnifiquement sur la vie qui donne toujours une seconde chance à celui qui sait la saisir.

    Première page :

    LORSQU’ELLE le lui dit, Taz est à genoux ; à force de manier le marteau ses bras vibrent, palpitent et picotent. Il lève les yeux, les oreilles bourdonnantes, la pince à levier et les doigts coincés sous encore quinze centimètres de sous-plancher en kryptonite de malheur.

    Les pouces accrochés à sa ceinture à outils, comme si finalement elle comptait s’attaquer au fichu lattis, Marnie le regarde avec un sourire en coin et répète sa phrase.

    Il cligne des yeux, hausse un sourcil et libère ses doigts, les frotte pour en retirer la poussière.

    — C’est vrai ? demande-t-il.

    Tâchant de contenir son sourire, elle commence à extraire un test de grossesse de sa ceinture, à peine un centimètre ou deux, avant de l’enfoncer à nouveau.

    — L’aiglon a atterri.

    Taz regarde autour de lui, le mur réduit à son ossature face à la cuisine, le sol maculé de plâtre, la constellation de trous laissée par les lattes qu’ils ont arrachées. Les moulures en pin ont été retirées et empilées près de l’atelier dans le jardin, où elles attendent qu’il trouve le temps de décaper un siècle de peinture. Encore du plâtre qui s’écaille, là où se trouvaient les moulures. Des fils électriques noirs d’un autre âge, gainés de tissu, affleurent entre les montants du mur, entourés çà et là de boutons et de tubes en porcelaine d’un blanc pisseux. Le plancher semble avoir explosé, des éclats de contreplaqué se dressent vers le plafond.

    Ce que j'en pense :

    C’est sobre, sans fioriture et sans pathos et pourtant l’émotion est très présente dans ce livre. On est continuellement avec le héros Taz mais aussi avec les autres protagonistes présents réellement ou définitivement absents : Marnie, l’ami, la belle mère, la nounou et bien sûr la petite Midge que l’on voit grandir. L’écriture de Pete Fromm sait nous mettre au milieu de tout cela, d’une manière particulièrement simple et juste. C’est magnifique.

    La vie en chantier

     

     

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  • Là où naissent les prophètes

    "Là où naissent les prophètes" de Olivier Rogez - Le passage

     Présentation de l'éditeur :

    Wendell voit des anges. Quoi de plus normal pour un pasteur qui passe le plus clair de son temps à prêcher dans les rues de Monrovia, la capitale du Libéria ? Frances, une jeune évangélique américaine, convaincue qu’il est béni de Dieu, arrive à le persuader de la suivre pour un périple sur les routes d’Afrique de l’Ouest. Son but ? Organiser une caravane de croyants pour évangéliser le nord du Nigéria. Entre les faux dévots, les fondamentalistes, les vrais escrocs et les criminels, reste-t-il encore une place dans ce monde pour la foi sincère ? À chacune de ses rencontres, Wendell n’aura de cesse de chercher une réponse à cette question. Laya, l’adolescente en fuite, détient-elle la vérité ? À moins que ce ne soit Balthus, le méditatif soldat camerounais… ou peut-être ce mystique soufi qui sillonne la brousse en quête d’une cité idéale ? Wendell apprendra en tout cas une chose : les miracles ne se produisent pas forcément là où on les attend.

    Première page :

    Monrovia, capitale du Libéria

    D’habitude, quand il commençait son sermon, les gens s’arrêtaient et écoutaient, car ils espéraient voir les anges. En réalité, le phénomène ne s’était produit qu’une seule fois, mais cette simple fois avait suffi à asseoir sa réputation. Posté à l’angle de la rue Nelson et de l’avenue Sekou Touré, juché sur un vieux casier à bouteilles pour mieux dominer son public, le pasteur Wendell Tubney scrutait les réactions des passants. Il entamait toujours ses prêches par les mêmes phrases à l’efficacité maintes fois éprouvée. « Je suis la voix du Seigneur, notre berger. Il parle par ma bouche aux pécheurs qui ne veulent pas se soumettre à Sa toute-puissance. » La parole de Dieu produisant un certain effet, ces mots attiraient immanquablement la curiosité. Généralement, un premier badaud s’arrêtait, rapidement suivi par un deuxième. Dès qu’il y en avait trois, c’était gagné, trois constituait le chiffre magique définissant une frontière entre le couple et le commencement d’un rassemblement.

    Ce que j'en pense :

    L’auteur est spécialiste de l’Afrique et on voit qu’il connaît bien son sujet dans un contexte de guerre politico-religieuse. Je considère ce livre plus comme un document qu’un roman. Les différents protagonistes sont tous à la recherche d’un idéal, d’une croyance qui pourrait donner du sens à leur vie. Pour moi, la plupart des personnages sont montrés de façon assez schématiques, comme par exemple le pasteur Enoch qui passe d’un extrême à l’autre sans qu’on en sache les raisons.

    Là où naissent les prophètes

     

     

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  • La probabilité mathématique du bonheur

    "La probabilité mathématique du bonheur" de Maxence Fermine - Michel Lafon

    Présentation de l'éditeur :

    À trente-neuf ans et des poussières, Noah, éternel adolescent, a de plus en plus le sentiment d'un vide essentiel qui le fait passer à côté de sa vie telle qu'il l'avait rêvée enfant. Alors un soir, il décide de poser son mal-être pour trouver la clef du bonheur. D'expérience en découverte, Noah traque le bonheur dans chaque aspect de sa vie, guidé par cette seule question : y a-t-il une recette, une formule pour y parvenir ? Une rencontre va changer la donne au-delà de toutes ses espérances...

    Première page :

    Un matin, alors qu’il est assis derrière son ordinateur, penché sur la maquette d’un article un peu rasoir qu’il ne parvient pas à légender, Noah Karski réalise combien il s’ennuie. C’est un jeudi de début janvier. Il tourne la tête vers le paysage qu’il aperçoit par la fenêtre, montagnes enneigées, ciel bas et lourd, branches d’arbres balayées par d’intenses rafales de vent, et lâche un énorme soupir.

    – Eh bien, lui souffle sa collègue Élisa qui vient de franchir le seuil de son bureau sans qu’il ne le remarque, et le découvre en proie à la plus profonde des mélancolies, ça ne respire pas vraiment le bonheur par ici. Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu viens de perdre ton hamster ?

    – Pardon ? Qu’est-ce que tu dis ?

    Élisa, qui travaille au secrétariat, est certainement la personne la plus enjouée de la rédaction. Grande et mince, cheveux châtains coupés à la garçonne, elle se tient droite devant Noah, un dossier à la main, en le couvant de ses yeux verts. Elle est plus amusée que consternée, même si elle a perçu la détresse qui se niche dans son regard.

    – Peut-on savoir pour quelle raison tu arbores une mine aussi triste et pousses des soupirs à fendre l’âme ? Un décès dans ta famille ? Tu as perdu ton hamster ?

    Ce que j'en pense :

     Très déçu par ce livre. C'est creux mais loin d'être profond ! Ce n'est pas vraiment un roman ni un livre de développement personnel. Avec un pareil titre on s'attend à un peu de causticité et d'humour mais il n'y en a pas un milligramme. C'est un livre qui ne repose que sur le succès de ses précédents livres (en particulier "Neige"). On se demande vraiment comment on peut passer d'un chef d'oeuvre à un livre aussi médiocre !

    La probabilité mathématique du bonheur

     

     

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  • S'adapter

    "S'adapter" de Clara Dupont-Monod - Stock

    Présentation de l'éditeur :

    C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire.
    Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.
    La naissance d'un enfant handicapé racontée par sa fratrie.

    Première page :

    Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. Malgré sa laideur un peu dégradante, ce mot dirait pourtant la réalité d’un corps mou, d’un regard mobile et vide. « Abîmé » serait déplacé, « inachevé » également, tant ces catégories évoquent un objet hors d’usage, bon pour la casse. « Inadapté » suppose précisément que l’enfant existait hors du cadre fonctionnel (une main sert à saisir, des jambes à avancer) et qu’il se tenait, néanmoins, au bord des autres vies, pas complètement intégré à elles mais y prenant part malgré tout, telle l’ombre au coin d’un tableau, à la fois intruse et pourtant volonté du peintre.

    Au départ, la famille ne discerna pas le problème. Le bébé était même très beau. La mère recevait des invités venus du village ou des bourgs environnants. Les portières des voitures claquaient, les corps se dépliaient, risquaient quelques pas chaloupés. Pour arriver jusqu’au hameau, il avait fallu rouler sur des routes minuscules et sinueuses. Les estomacs étaient retournés. Certains amis venaient d’une montagne toute proche, mais ici, « proche » ne voulait rien dire. Pour passer d’un endroit à un autre, on devait monter puis redescendre. La montagne imposait son roulis. Dans la cour du hameau, on se sentait parfois cerné par des vagues énormes, immobiles, mousseuses d’une écume verte. Lorsque le vent se levait et qu’il secouait les arbres, c’était un grondement d’océan. Alors la cour ressemblait à une île protégée des tempêtes.

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman sans doute très personnel. Ce « récit-témoignage » à hauteur d’enfant (l’aîné, la cadette et le dernier) montre comment on peut vivre en s’adaptant (drôle de mot !) au handicap (lourd) d’un frère.  L’écriture en est délicate et assez pudique. Malheureusement je ne suis pas « rentré » complètement dans ce livre sans doute parce que j’ai trouvé les comportements de l’aîné et de la cadette, en particulier, assez peu vraisemblables psychologiquement ?

    S'adapter

     

     

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  • Leur domaine

    "Leur domaine" de Jo Nesbo - Gallimard, série noire

    Présentation de l'éditeur :

    Carl et Roy ont seize et dix-sept ans lorsque la voiture de leurs parents tombe au fond d’un ravin. Roy s’installe comme mécanicien dans une station-service du bourg voisin pour subvenir à leurs besoins. Carl, aussitôt sa scolarité finie, file au Canada poursuivre ses études et tenter sa chance. Des années plus tard, Carl revient au pays avec une trop ravissante épouse, mû par un ambitieux projet pour le modeste domaine familial : construire un hôtel spa de luxe qui fera leur fortune et celle de leur communauté, sur laquelle il compte pour financer les travaux. Mais le retour de l’enfant prodigue réveille de vieilles rancoeurs et les secrets de famille remontent à la surface. Tandis que les murs du palace peinent à s’ériger, les cadavres s’amoncellent.
    Leur domaine est un thriller complexe, déroutant, à l’atmosphère irrespirable, dans lequel Jo Nesbø expose avec un réalisme glaçant les rouages des rapports familiaux pervertis. On comprend que Stephen King ait trouvé ce roman "original et spécial" et qu’il "n’ait pas pu le lâcher"…

    Première page :

    C’était le jour où Dog est mort.

    J’avais seize ans, Carl quinze.

    Quelques jours plus tôt, papa nous avait montré le couteau de chasse, celui avec lequel je l’ai tué. Une lame large qui scintillait au soleil, avec des gouttières de part et d’autre. Pour l’écoulement du sang quand on dépèce la proie, nous avait-il expliqué. Carl pâlissait déjà et papa lui avait demandé s’il allait encore être malade comme dans la voiture. Je crois que c’est pour ça que Carl s’était juré d’abattre quelque chose, n’importe quoi à vrai dire – et de le dépecer – de le découper en putain de cubes, s’il le fallait.

    « Je le ferai cuire et on le mangera, avait-il déclaré, devant la grange, alors que j’avais la tête dans le moteur de la Cadillac DeVille paternelle. Lui, maman, toi et moi. D’accord ?

    — D’accord, avais-je répondu en cherchant le repère d’allumage.

    — Et Dog en aura aussi. Il y en aura assez pour tout le monde.

    — Bien sûr. »

    Papa prétendait l’avoir appelé Dog parce qu’il n’avait rien trouvé d’autre sur le moment, mais je crois en fait qu’il adorait ce nom. Un nom à son image. Qui ne disait rien de plus que le strict nécessaire et était tellement américain qu’il était forcément norvégien.

    Ce que j'en pense :

    Nesbo prend le temps pour nous présenter le décor, les personnages, l’ambiance dans ce village de Norvège ainsi que les deux frères Carl et Roy. Les tensions sont palpables mais pas vraiment explicitées, au moins dans les 100 premières pages. On se pose beaucoup de questions mais on est vite « happés » par le récit plutôt glaçant (dans plusieurs sens du terme). C’est très bien écrit mais le seul défaut pour moi c’est le trop grand nombre de pages (636)

    Leur domaine

     

     

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  • Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

    "Mais leurs yeux dardaient sur Dieu" de Zora Neale Hurston - Zulma

    Présentation de l'éditeur :

    Eatonville, Floride. Janie Mae Crawford est de retour. Il lui aura fallu trois existences et trois mariages – avec le vieux Logan Killicks et ses sentiments trop frustes, avec le fringant Joe Starks et ses ambitions politiques dévorantes, avec Tea Cake enfin, promesse d’égalité dans un élan d’amour – pour toucher l’horizon de son rêve d’émancipation et de liberté. Fierté intacte, elle revient et se raconte, seigneur des mots et des moindres choses…

    Portrait d’une femme entière animée par la force de son innocence, esprit libre bravant la rumeur du monde, Mais leurs yeux dardaient sur Dieu est un monument de la littérature américaine, aussi percutant aujourd’hui que lors de sa parution aux États-Unis en 1937. C’est un roman culte. Et c’est un immense chef-d’œuvre.

    Première page :

    Les navires au lointain transportent à leur bord tous les désirs d’un homme. Certains reviennent avec la marée. D’autres voguent à jamais sur l’horizon, sans jamais s’éloigner du regard, sans jamais toucher terre jusqu’à ce que le Guetteur détourne les yeux de résignation, ses rêves raillés mortifiés par le Temps. Telle est la vie des hommes.

    Les femmes, elles oublient tout ce dont elles ne veulent pas se souvenir et se souviennent de tout ce qu’elles ne veulent pas oublier. Le rêve est leur vérité. En conséquence de quoi elles agissent, font ce qu’elles ont à faire.

    Donc au commencement il y avait une femme et cette femme revenait d’enterrer les morts. Pas les morts malades et agonisants entourés d’amis à leur chevet et leurs pieds. Elle revenait des boursouflés et des détrempés ; les morts soudains, aux yeux grands ouverts, rendant jugement.

    Tous la virent revenir car c’était au soleil descendu. Le soleil s’en était allé, mais il avait laissé dans le ciel l’empreinte de ses pas. C’était le moment de s’asseoir sur les vérandas au bord de la route. C’était le moment d’écouter ce qui vient et de parler.

    Ce que j'en pense

    C’est une roman qui date de 1937 mais qui est d’une grande qualité littéraire. La traduction actuelle essaie de respecter le langage spécifique des noirs à l’époque. Il faut un peu de temps pour bien maîtriser cette langue originale et cela en ralentit la lecture mais c’est ce qui en fait sa grande originalité. Les personnages sont splendides. C’est vraiment un exemple très bien réussi de la :;littérature afro-américaine.

    Mais leurs yeux dardaient sur Dieu

     

     

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  • Ça va ?

    "Ça va?" de Jean-Claude Grumberg - Actes sud

    Présentation de l'éditeur :

    Plusieurs dialogues tous initiés par cette formule quotidienne, “ça va ?”, aussi faussement bienveillante parfois que la plupart du temps vide de sens, à laquelle les mille réponses possibles sont autant d'occasions d'enclencher des conversations cocasses ou dramatiques, toujours décalées, pour dire l'absurdité du monde et la solitude humaine... sans perdre le sourire.

    Extrait :

    - “]'ai envie de me foutre en l'air ?

    - Exactement.

    - Y a un an ?

    - Deux peut-être.

    - Un ou deux?

    - Attends, c'était juste avant Noël.

    - Avant Noël ?

    - Ou Pâques, une fête avec vacances scolaires.

    - La Toussaint?

    - Peut-être.

    - Pardon, mais c'est des types comme toi qui...

    - Des types comme moi qui?

    - Laisse...

    Ce que j'en pense :

    C'est souvent drôle, étonnant, loufoque mais aussi parfois cela en est presque tragique. Je crois qu'on ne dira plus "ça va?" de la même façon quand on croisera des gens plus ou moins connus. On peut prendre des risques en adressant cette question.

    Ça va ?

     

     

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  • Alice et les autres

    "Alice et les autres" de Vinciane Moeschler - Mercure de France

    Présentation de l'éditeur :

    Madame Morin mène une existence paisible entre son mari Guy et ses trois enfants qu’elle élève avec fierté. C’est une mère de famille aimante. Pourtant, se pourrait-il qu’elle mène d’autres vies ? Atteinte d’un trouble dissociatif depuis ses quinze ans, elle est en proie à plusieurs personnalités distinctes qui prennent tour à tour le contrôle de sa vie.
    En quelques secondes, elle se métamorphose en Betty, Alice et les autres, dont elle ne conserve aucun souvenir. Des séjours répétitifs en clinique psychiatrique lui permettent de se mettre à l’abri. La fascination de son thérapeute suffira-t-elle à la protéger contre elle-même ?
    Dans un jeu de miroir qui parle du double, Vinciane Moeschler nous entraîne dans les profondeurs de la folie humaine. Si Norman Bates, mythique figure de Psychose, n’est pas loin, c’est aussi une formidable histoire d’amour qui nous est contée ici.

    Première page :

    La première fois, c’était à la venue du printemps.

    Sur le chemin répétitif du collège.

    J’ai quinze ans, je shoote dans les cailloux gris et calcaires avec la pointe de mes tennis.

    Je longe les haies, celles qui seront bientôt parsemées de fruits rouges.

    À mains nues, j’arrache d’un geste machinal les hautes herbes qui se trémoussent au vent piquant.

    Je respire l’odeur d’une branche de lilas.

    Mon sac lourd contient les manuels scolaires que je n’ouvre jamais.

    Pliée sous le fardeau, je me traîne.

    Lorsque j’entends le vacarme du train sur les rails, je sais que j’approche de la gare.

    Sans vraiment m’en rendre compte, j’ai déjà parcouru plus de la moitié du trajet jusqu’à l’école.

    Au moment de passer sous le pont, je trébuche.

    Mon pied cogne un pavé.

    J’en profite pour ralentir l’allure.

    Ce que j'en pense :

    C’est une plongée dans une folie qui peut détruire autour d’elle. L’autrice nous montre, dans un style très original et parfaitement adapté au sujet, une femme qui se débat avec quatre « alters ». C’est bien sûr le passé qui peut donner la clé de ce présent fragmenté, sans pour autant faire accéder à la guérison. C’est un livre rapide à lire mais très intense et puissant, un vrai coup de cœur.

    Alice et les autres

     

     

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  • Lumières d'été puis vient la nuit

    "Lumière d'été, puis vient la nuit" de Jon Kalman Stefansson - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû.
    Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois  : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent…
    En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l’islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d’été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.

    Première page :

    [Nous nous apprêtions à écrire que la particularité du village consistait précisément à n’en avoir aucune, or cette affirmation n’est pas tout à fait juste. Certes, il existe d’autres lieux où la plupart des bâtiments ont moins de quatre-vingt-dix ans, des ports de pêche qui ne peuvent s’enorgueillir d’être le berceau de quelque célébrité, d’aucun individu qui se serait illustré en sport, en politique, en littérature ou dans le domaine du crime. Il semble cependant qu’il y ait un point par lequel notre village se distingue des autres – nous n’avons pas d’église. Non plus que de cimetière. On a pourtant maintes fois tenté de remédier à ce manque, une église donnerait indéniablement de l’allure à notre environnement, le doux tintement des cloches réjouit les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l’éternité. Les cimetières sont peuplés d’arbres qui se peuplent à leur tour d’oiseaux qui gazouillent. Sólrún, la directrice de l’école primaire, a tenté par deux fois de lancer une pétition demandant une église, un cimetière et un pasteur. Elle a tout au plus rassemblé treize signatures,…

    Ce que j'en pense :

    On peut se perdre un peu parmi tous ces personnages, mais on s’y perd d’une façon plutôt agréable comme lorsque l’on découvre des gens, une région, un pays… avec leurs côtés bizarres, secrets, drôles, attirants, originaux… C’est un roman rempli d’humour, d’amour et de réflexions (parfois un peu désabusées)sur la vie. L’auteur sait nous emporter dans ce village islandais qu’on a l’impression de connaître un peu plus au fil des pages.

    Lumière d'été puis vient la nuit

     

     

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  • Le treizième conte

    "Le treizième conte" de Diane Setterfield - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Vida Winter, auteur de best-sellers vivant à l'écart du monde, s'est inventé plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd'hui, âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l'extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à Margaret Lea est une injonction : elle l'invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l'imaginaire. Et elle ne croit pas au récit de Vida.
    Dès lors, les deux femmes vont confronter les fantômes qui hantent leur histoire pour enfin cerner leur propre vérité...

    Première page :

    On était en novembre. Il n'était pas encore très tard, et pourtant le ciel était déjà sombre quand j'empruntai Laundress Passage. Père avait fini sa journée : il avait éteint les lumières du magasin et fermé les volets ; mais, de manière à ce que je ne rentre pas dans l'obscurité la plus totale, il avait laissé allumée l'ampoule éclairant l'escalier qui menait à mon appartement. À travers la porte vitrée, celle-ci dessinait un grand rectangle pâle sur le trottoir humide, et c'est au moment où je me tenais là, m'apprêtant à tourner la clé dans la serrure, que je vis la lettre pour la première fois. Autre rectangle blanc qui, sur la cinquième marche en partant du bas, ne pouvait passer inaperçu.

    Je refermai la porte et déposai la clé du magasin à sa place habituelle, derrière les Principes supérieurs de géométrie de Bailey. Pauvre Bailey ! En trente ans, personne n'a jamais réclamé son gros livre gris. Il m'arrive de me demander comment il réagirait à son rôle de gardien des clés de la boutique. Je ne pense pas que ce soit là le destin auquel il ait rêvé pendant les deux décennies qu'il lui a fallu pour rédiger sa grande oeuvre.

    Une lettre. Pour moi. Un véritable événement.

    Ce que j'en pense :

    Dans ce roman : beaucoup de livres (surtout anciens), d’histoires plus ou moins romantiques, de contes avec un côté légèrement gothique, d’aventures un peu mystérieuses, de personnages avec leurs secrets, des jumeaux, un château, un chat, un incendie… et beaucoup d’autres choses ! On se laisse « embarquer » facilement dans ces récits à tiroir, même si on y trouve parfois un côté artificiel et répétitif. Son dernier livre : "Il était un fleuve" est supérieur à celui-ci.

    Le treizième conte

     

     

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