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"Les chiens de chasse" de Jorn Lier Horst - folio policiet
Présentation de l'éditeur :
Dix-sept ans après son incarcération pour enlèvement et meurtre, Rudolf Haglund retrouve la liberté. Son avocat affirme qu'il a été condamné sur la base de preuves falsifiées. William Wisting, à l'époque jeune inspecteur chargé de l'enquête, est devenu une figure exemplaire et respectée de la police. Au coeur du scandale, suspendu de ses fonctions, Wisting décide de reprendre le dossier. Les policiers auraient-ils succombé au syndrome des "chiens de chasse", suivant par instinct la première piste, au risque d'en négliger d'autres, et s'acharnant à prouver la culpabilité supposée de leur proie ? Ou l'enquête aurait-elle été manipulée ?
Première page :
La pluie fouettait violemment les fenêtres. L’eau ruisselait le long des vitres et débordait des gouttières. Sous les puissantes rafales de vent, les branches de peupliers venaient griffer les murs.
Assis à une des tables donnant sur la rue, William Wisting regardait dehors. Des feuilles mortes collées au trottoir mouillé furent soulevées et emportées par une bourrasque.
Un camion de déménagement attendait sous le déluge. Un jeune couple arriva avec de grands cartons et se dépêcha de rejoindre le porche d’un immeuble.
Wisting aimait la pluie. Il n’aurait su dire pourquoi, mais c’était comme si elle mettait la vie en sourdine. Elle lui faisait relâcher les muscles de ses épaules, et son pouls battait un peu moins vite.
Une musique feutrée, jazzy, se mêlait à celle de l’averse. Wisting se tourna vers le comptoir. Les flammes des nombreuses bougies projetaient des ombres vacillantes sur les murs. Suzanne lui sourit, tendit la main vers l’étagère et baissa légèrement le volume.
Ils n’étaient pas seuls dans cette salle tout en longueur.
Ce que j'en pense :
C’est un roman policier presque sans violence. L’intrigue est plutôt traditionnelle mais assez bien rythmée, avec des chapitres courts. On tourne donc très facilement les pages. Mais tout cela manque de profondeur. Je n’ai pas été « embarqué » ni par les personnages ni par les lieux évoqués, Je suis resté un peu « en marge ».
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"Impact" de Olivier Norek - Pocket
Présentation de l'éditeur :
Face au mal qui se propage et qui a tué sa fille
Pour les millions de victimes passées et les millions de victimes à venir
Virgil Solal entre en guerre, seul, contre des géants.Première page :
- Delta du Niger. Nigéria. Routes des oléoducs. Ogoniland.
À chaque virage, la voiture de tête, un pick-up militaire, soulevait des nuages de terre fine qui s’insinuaient partout où ils le pouvaient. Derrière elle, les dix camions à la file créaient une traîne trois fois plus imposante. De loin, on aurait pu penser qu’un brouillard vivant et menaçant avançait à toute vitesse vers les prochains villages, prêt à les dévorer.
Solal ne supportait plus cette seconde peau de poussière. De la poussière dans chaque poche de son gilet d’intervention, dans chaque interstice métallique de son revolver, contre ses joues, dans ses oreilles, sous ses paupières, craquant sous les dents. À en devenir fou. Le regard dur et les cheveux courts, Solal était l’archétype du gradé militaire. La quarantaine, peut-être dix de moins ou dix de plus, impossible à dire. Il y a des hommes, comme ça, sans âge.
Il tapota deux fois sur le thermomètre du tableau de bord. Au-dessus de cinquante degrés constants, le corps ne fonctionne plus correctement et à moins de le refroidir, l’organisme cède rapidement.
Ce que j'en pense :
On peut dire que c’est un polar « militant » d’un auteur en colère avec l’inertie de nos dirigeants et des grands groupes industriels devant la catastrophe climatique annoncée depuis déjà pas mal d’années. On retrouve l’écriture directe et très documentée de l’auteur. On se dit même que c’est presque souhaitable d’en arriver à ce que raconte l’histoire pour qu’il y ait un vrai changement dans ce monde qui va dans le mur. A conseiller aux "climato-sceptiques" !
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"La vie mensongère des adultes" de Elena Ferrante - Gallimard
Présentation de l'éditeur ;
«Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide. »
Giovanna, fille unique d’un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L’année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu’inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l’appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d’une personne mystérieusement recouverte de feutre noir. Elle décide alors d’aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples. Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l’adolescente découvre un autre univers social, une façon d’être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu’elle tente de concilier.Première page :
Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père déclara à ma mère que j’étais très laide. Cette phrase fut prononcée à mi-voix, dans l’appartement que mes parents avaient acheté juste après leur mariage au Rione Alto, en haut de San Giacomo dei Capri. Tout est resté figé – les lieux de Naples, la lumière bleutée d’un mois de février glacial, ces mots. En revanche, moi je n’ai fait que glisser, et je glisse aujourd’hui encore à l’intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire, alors qu’en réalité je ne suis rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : je ne suis qu’un écheveau emmêlé dont personne ne sait, pas même celle qui écrit en ce moment, s’il contient le juste fil d’un récit, ou si tout n’est que douleur confuse, sans rédemption possible.
Ce que j'en pense :
Au début du livre on se dit que ce livre va être intéressant mais on déchante assez vite. L’intrigue est assez « paresseuse ». Oui, on découvre la ville de Naples de façon originale ainsi que la diversité de la langue italienne avec ses « dialectes » mais on se lasse très vite. Je suis quand même allé au bout car l’écriture de l’autrice nous y conduit de manière plutôt agréable.
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"Pleine terre" de Corinne Royer - Actes Sud
Présentation de l'éditeur :
Ce matin-là, Jacques Bonhomme n’est pas dans sa cuisine, pas sur son tracteur, pas auprès de ses vaches. Depuis la veille, le jeune homme est en cavale : il a quitté sa ferme et s’est enfui, pourchassé par les gendarmes comme un criminel. Que s’est-il passé ?
D’autres voix que la sienne – la mère d’un ami, un vieux voisin, une sœur, un fonctionnaire – racontent les épisodes qui ont conduit à sa rébellion. Intelligent, travailleur, engagé pour une approche saine de la terre et des bêtes, l’éleveur a subi l’acharnement d’une administration qui pousse les paysans à la production de masse, à la déshumanisation de leurs pratiques et à la négation de leurs savoir-faire ancestraux. Désormais dépouillé de ses rêves et de sa dignité, Jacques oscille entre le désespoir et la révolte, entre le renoncement et la paradoxale euphorie de la cavale vécue comme une possible liberté, une autre réalité.
Inspiré d’un fait divers dramatique, ce roman aussi psychologique que politique pointe les espérances confisquées et la fragilité des agriculteurs face aux aberrations d’un système dégradant notre rapport au vivant. De sa plume fervente et fraternelle, Corinne Royer célèbre une nature en sursis, témoigne de l’effondrement du monde paysan et interroge le chaos de nos sociétés contemporaines, qui semblent sourdes à la tragédie se jouant dans nos campagnes.Première page :
C’était le jour mais il lui semblait que la nuit ne finirait plus. Allongé à même la sente où courait une végétation touffue, il avait ouvert les yeux aux premiers cris des passereaux. À présent, l’aube grandissait. Il ne s’en imprégnait pas, il restait tout entier dans l’ombre. Son bassin était si lourdement ancré
au sol que les fougères écrasées sous le sacrum avaient rendu une sève huileuse qui lui inondait les reins. Depuis combien d’années ne s’était-il pas éveillé ainsi, à l’aplomb du ciel, dans la clarté encore laiteuse, entre les plis charnus de la terre ? Il fallait sans doute remonter aux fantaisies de l’adolescence, autant dire un sacré bail. Face tournée vers les grands frênes, pieds parfaitement à plat, il ne bougeait pas. Ses jambes étaient positionnées de telle manière que s’il avait relevé la nuque, il n’aurait rien vu du paysage qui se déployait devant lui – seulement la masse de ses cuisses et les deux sphères de ses genoux.
Il referma les yeux.
Le vert tenace qui l’entourait, il n’avait de toute façon pas le courage de le regarder. C’eût été comme s’extraire d’un sommeil de momie : autant se découdre les paupières ou, plus résolument, tailler dedans.Ce que j'en pense :
C’est un texte d’une grande puissance qui nous fait pénétrer dans une ruralité profonde. Le tableau du milieu paysan est assez noir et rude et en même temps d’une grande finesse mais sans aucune concession devant les nécessités économiques (soi-disant modernes). C’est à la fois un roman et un manifeste pour une vraie agriculture paysanne et naturelle. De plus l’écriture est splendide. Un coup de coeur.
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"Ainsi Berlin" de Laurent Petitmangin - La manufacture de livres
Présentation de l'éditeur :
Alors que la guerre vient de s’achever, dans les décombres de Berlin, Käthe et Gerd s’engagent dans la construction du monde nouveau pour lequel ils se sont battus. Ils imaginent un programme où les enfants des élites intellectuelles, retirés à leurs familles, élevés loin de toute sensiblerie, formeraient une génération d’individus supérieurs assurant l’avenir de l’Allemagne de l’Est. Mais, à l’ouest du mur qui s’élève, une femme a d'autres idéaux et des rêves de renouveau. Liz, architecte américaine, entend bien tout faire pour défendre les valeurs du monde occidental. Quand Gerd rencontre Liz, la force de ses convictions commence à vaciller...
Première page :
Il me tomba littéralement des bras. Un jeune gars, sûrement plus jeune que moi de quelques années, c’était difficile à dire, la guerre compliquait tout, la lecture des visages aussi, et le sang qui versait de son cou en jets saccadés achevait de le rendre sans âge. Son corps, je le ceinturai plusieurs minutes, pour l’empêcher de s’effondrer, une drôle d’impression, une drôle d’idée là où on était rendus. Un corps qui me semblait proche, la chaleur d’un frère, il n’était pas si lourd, mais ce fut ma tête, prise d’un soudain dégoût, qui commanda de le lâcher.
Je m’accroupis quand même à côté de lui, je lui dis « attends », et juste ce mot que je répétai plusieurs fois, comme s’il suffisait à tout enrayer. Je l’embrassai, maladroitement, sur le front, vaine excuse, je mâchurai le sang sur sa chemise. Je restai encore, je toussai et déglutis, moi qui pouvais encore le faire, je crachai poudre et poussière, tout ce que nous venions de vivre, ces quelques minutes essentielles et celles qui avaient précipité l’instant, l’acmé d’une journée comme tant d’autres déjà, et je me sauvai, car cela ne servait plus à rien de rester.
Ce que j'en pense :
C’est une déception ! Je n’ai pas retrouvé l’émotion de son livre précédent (Ce qu’il faut de nuit). Le sujet pourrait avoir un certain intérêt mais on se perd un peu dans ces histoires d’espionnage et de contre espionnage. On n’a aucune empathie pour les différents personnages (sauf un peu pour celui de Liz). On frôle même l’ennui.
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"Mon mari" de Maud Ventura - L'iconoclaste
Présentation de l'éditeur :
"Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. "
Elle a une vie parfaite. Une belle maison, deux enfants et l'homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire " mon mari ". Et pourtant elle veut plus encore : il faut qu'ils s'aiment comme au premier jour. Alors elle note méthodiquement ses " fautes ", les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle se veut irréprochable et prépare minutieusement chacun de leur tête-à-tête. Elle est follement amoureuse de son mari. Du lundi au dimanche, la tension monte, on rit, on s'effraie, on flirte avec le point de rupture, on se projette dans ce théâtre amoureux.Première page :
Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari.
J’aime mon mari comme au premier jour, d’un amour adolescent et anachronique. Je l’aime comme si j’avais quinze ans, comme si nous venions de nous rencontrer, comme si nous n’avions aucune attache, ni maison ni enfants. Je l’aime comme si je n’avais jamais été quittée, comme si je n’avais rien appris, comme s’il avait été le premier, comme si j’allais mourir dimanche.
Je vis dans la peur de le perdre. Je crains à chaque instant que les circonstances tournent mal. Je me protège de menaces qui n’existent pas.
Ce que j'en pense :
C’est vrai qu’en regardant la couverture du livre on a l’impression d’être dans une autre époque un peu désuète. Ce roman est cependant très moderne, au moins dans son écriture, dans l’humour distancié et plutôt piquant, acide. Il pourrait aussi nous faire penser que l’amour serait une sorte de maladie, avec cette héroïne tellement amoureuse qu’elle en parait complètement névrosée. Ce livre est très original malgré une certaine perte d’intérêt après la moitié de l’ouvrage. Il faut cependant aller jusqu’à la fin pour le savourer pleinement.
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"L'Au-delà de nos âges" de Albane Gellé - Cheyne
C’est un livre paru l’année dernière aux éditions Cheyne, autour du thème « grandir ». Je l’ai apporté en Bretagne la semaine dernière. Je l’ai lu et relu dans le gite ou sur la plage de sable blanc, assis sur un rocher ou dans un fauteuil ; je l’ai lu entre deux paysages marins, entre deux balades sur les sentiers, entre deux verres de blanc. À chaque fois, en parcourant ces textes je me suis dit : Voilà, c’est exactement ça, c’est ce que j’aurais aimé écrire ici et maintenant. Comme le dit Siméon c’est de l’ordre de la révélation intime et c’est en même temps fragile et précaire… et surtout très émouvant et jubilatoire. Allez, je vous en mets quelques extraits :
la terre est bleue
et fait son bruit de grande roue
les rivières continuent
de s’éloigner des sources
nous arrosons les géraniums
en oubliant le plus souvent
de sourire
En quelques mots et 60 petites pages, Albane Gellé nous conduit d’avant la naissance (dans la nuit d’une femme) jusqu’à la vieillesse (après mourir il a vivre / d’amour).
C’est certainement le livre de l'autrice qui m’a procuré le plus d’émotion.
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"École publique et émancipation sociale" de Laurence De Cock - Agone
Présentation de l'éditeur :
Jamais le démantèlement de l’école publique n’aura été aussi brutal que sous le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. De la maternelle à l’université, ce sont les enfants des catégories populaires qui en paient le prix fort. En face, la résistance est faible. Doit-on y voir la perte du sens de l’école publique ? Même si la démocratisation scolaire n’a jamais tenu toutes ses promesses, il ne faut pas pour autant en abandonner les ambitions, sans lesquelles aucune émancipation sociale n’est possible.
Après avoir dressé le tableau noir des conséquences des réformes éducatives récentes que la crise sanitaire n’a fait que révéler, ce livre revient sur les fondements historiques des principes d’une éducation nationale théorisée par les révolutionnaires français en 1793, principes généreux enrichis par certains pédagogues de l’éducation nouvelle et qui ont guidé chaque grand moment de démocratisation scolaire, de Jean Zay sous le Front populaire au plan Langevin-Wallon après la Libération.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui et sur quelles bases refonder une école au service des masses ? Aux anciens défis, d’autres se sont ajoutés : les nuisances de l’idéologie néolibérale, la défiance grandissante à l’égard de la pensée rationnelle et critique autant que des pédagogies de transformation sociale.
Extrait :
Puisque celles et ceux qui œuvrent pour un projet égalitaire de transformation sociale semblent aujourd'hui cantonnés à une position défensive, peut-être est-ce le bon moment de se compter, de reprendre la main et de revitaliser le principe d'une école publique, de masse, au service de l'émancipation sociale. Comme nombre de mots galvaudés, celui d'émancipation est aujourd'hui récupéré jusque chez les néolibéraux. L'émancipation devient alors la libre entreprise de soi, à la manière d'un entrepreneuriat permettant de sortir de sa condition sociale par l'effort et le mérite […]. Rien d'étonnant à ce que le ministre de l'Éducation du gouvernement d'Emmanuel Macron soit le premier promoteur de cette redéfinition.[...]. Une véritable émancipation ne s'en tient pas à cette définition réductrice[...] . L'émancipation sociale, comme individuelle, fait le pari de l'utilité du collectif, non comme cadre d'émulation par la concurrence, mais pour construire une coopération guidée par l'impératif de justice sociale et donc au service de celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Ce que j'en pense :
Laurence De Cock dresse un magnifique panorama de l’école publique en France au cours des siècles précédents. Elle met en perspective les querelles pédagogiques et sociologiques et tout ce qui est en jeu derrière tout cela, en termes de démocratisation et d’émancipation sociale. Elle redéfinit ce que doit être un véritable service public de l’éducation. Pour elle, tout le monde devrait comprendre qu’on a tout à gagner à ce que l’école fonctionne bien pour autrui si on veut qu’elle fonctionne bien pour nous-mêmes. Puisse-t-elle être entendue !
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"La cellule" de Soren Seelow, Kévin Jackson, Nicolas Otero - Les Arènes
Présentation de l'éditeur :
Voici l’histoire de la cellule terroriste qui a organisé l’assassinat de 130 personnes au Bataclan, sur des terrasses de cafés parisiens et devant le Stade de France, le 13 novembre 2015.
Abdelhamid Abaaoud, djihadiste belge membre de l’État islamique, est l’un des responsables de cette cellule. Plusieurs mois avant les attentats, il est identifié comme une menace importante par les services de renseignements. S’engage alors une course contre la montre pour tenter de le localiser, de le neutraliser et d’intercepter ses commandos.
Dans cette reconstitution extrêmement documentée, le journaliste Soren Seelow raconte l’histoire de cette traque et retrace, jour après jour, la préparation de ces attentats, depuis leur conception en Syrie jusqu’à l’infiltration des terroristes en Europe.
On y découvre l’impuissance des services de renseignements français et européens face à la détermination de l’État islamique. Après les attentats de Paris, cette cellule frappera de nouveau à Bruxelles le 22 mars 2016.
Élaborée à partir de dossiers judiciaires, d’écoutes téléphoniques, de photos, de notes des services de renseignements français et de rapports confidentiels belges, cette enquête approfondie nous permet de mieux comprendre comment cette tragédie a été possible.
Extrait :
Ce que j'en pense :
C'est un documentaire graphique très dense et vraiment bien informé. On comprend ainsi l’itinéraire, les rencontres, les conditionnements qui ont conduit des hommes à devenir terroristes, allant jusqu’à se sacrifier pour la cause. C’est évidemment très complexe et on peut être parfois perdu dans ce labyrinthe de noms, de lieux, d’organismes. Cette enquête met en lumière le manque de moyens humains pour lutter contre le terrorisme. Au passage, je me demande pourquoi les auteurs tapent un peu plus fort sur la Belgique que sur la France !
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"Le bureau des affaires occultes" de Eric Fouassier - Albin Michel
Présentation de l'éditeur :
Automne 1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente.
Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime.
Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour le mystérieux et l’irrationnel, Valentin Verne sait en décrypter les codes. Nommé par le préfet à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences.
Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ?
Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?
Qui est le chasseur, qui est le gibier ?Première page :
Affronter sa peur.
Lorsqu’il a découpé la toile de tente à l’aide d’un tesson de bouteille, l’enfant croyait trouver un refuge. Il ne pouvait pas imaginer ce qui l’attendait à l’intérieur. L’escalade de la peur. Tous ces regards enfiévrés, tous ces visages effarés qui lui renvoient sa propre terreur…Maintenant il gît là, tremblant de tous ses membres, recroquevillé dans une pénombre poisseuse. Les rares chandelles disposées à l’intérieur n’ont pas pour fonction de chasser l’obscurité, mais de créer un savant jeu d’ombres et de clartés. Elles semblent flotter dans l’air, tels des papillons de flamme. À leur lueur inquiétante le jeune garçon préférerait encore le tunnel d’encre de la rue. Le noir, le néant. Tout, plutôt que ces visions d’épouvante qui l’assaillent sous la toile humide. Mais il n’ose plus bouger. Il se contente de fermer les yeux. Comme si le rideau de ses paupières constituait un rempart efficace. Suffisait à faire disparaître l’insoutenable.
Combien de temps demeure-t‑il ainsi, comme pétrifié ? Une minute, une heure, un siècle ? Il n’en a pas la moindre idée. Affronter sa peur… Il s’y était préparé dans sa tête. Il se croyait suffisamment fort pour s’arracher au piège. Mais là, il ne sait plus. Il n’arrive plus à faire émerger la moindre pensée cohérente du chaos…
Ce que j'en pense :
Voilà un polar historique assez addictif. Cela m'a fait penser à ces romans feuilletons du 19ème siècle remplis de rebondissements. C'est écrit avec un vocabulaire dans l'esprit de l'époque. Toute la partie historique est assez bien rendue. C'est vrai que certains passages paraissent invraisemblables et quelques personnages sont plutôt caricaturaux, mais on sait bien que cela est permis avec ce genre de livre. Au final, ce roman est plaisant à lire. Bien sûr, on attend une suite et pourquoi pas une adaptation télévisée !
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