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Leur domaine
"Leur domaine" de Jo Nesbo - Gallimard, série noire
Présentation de l'éditeur :
Carl et Roy ont seize et dix-sept ans lorsque la voiture de leurs parents tombe au fond d’un ravin. Roy s’installe comme mécanicien dans une station-service du bourg voisin pour subvenir à leurs besoins. Carl, aussitôt sa scolarité finie, file au Canada poursuivre ses études et tenter sa chance. Des années plus tard, Carl revient au pays avec une trop ravissante épouse, mû par un ambitieux projet pour le modeste domaine familial : construire un hôtel spa de luxe qui fera leur fortune et celle de leur communauté, sur laquelle il compte pour financer les travaux. Mais le retour de l’enfant prodigue réveille de vieilles rancoeurs et les secrets de famille remontent à la surface. Tandis que les murs du palace peinent à s’ériger, les cadavres s’amoncellent.
Leur domaine est un thriller complexe, déroutant, à l’atmosphère irrespirable, dans lequel Jo Nesbø expose avec un réalisme glaçant les rouages des rapports familiaux pervertis. On comprend que Stephen King ait trouvé ce roman "original et spécial" et qu’il "n’ait pas pu le lâcher"…Première page :
C’était le jour où Dog est mort.
J’avais seize ans, Carl quinze.
Quelques jours plus tôt, papa nous avait montré le couteau de chasse, celui avec lequel je l’ai tué. Une lame large qui scintillait au soleil, avec des gouttières de part et d’autre. Pour l’écoulement du sang quand on dépèce la proie, nous avait-il expliqué. Carl pâlissait déjà et papa lui avait demandé s’il allait encore être malade comme dans la voiture. Je crois que c’est pour ça que Carl s’était juré d’abattre quelque chose, n’importe quoi à vrai dire – et de le dépecer – de le découper en putain de cubes, s’il le fallait.
« Je le ferai cuire et on le mangera, avait-il déclaré, devant la grange, alors que j’avais la tête dans le moteur de la Cadillac DeVille paternelle. Lui, maman, toi et moi. D’accord ?
— D’accord, avais-je répondu en cherchant le repère d’allumage.
— Et Dog en aura aussi. Il y en aura assez pour tout le monde.
— Bien sûr. »
Papa prétendait l’avoir appelé Dog parce qu’il n’avait rien trouvé d’autre sur le moment, mais je crois en fait qu’il adorait ce nom. Un nom à son image. Qui ne disait rien de plus que le strict nécessaire et était tellement américain qu’il était forcément norvégien.
Ce que j'en pense :
Nesbo prend le temps pour nous présenter le décor, les personnages, l’ambiance dans ce village de Norvège ainsi que les deux frères Carl et Roy. Les tensions sont palpables mais pas vraiment explicitées, au moins dans les 100 premières pages. On se pose beaucoup de questions mais on est vite « happés » par le récit plutôt glaçant (dans plusieurs sens du terme). C’est très bien écrit mais le seul défaut pour moi c’est le trop grand nombre de pages (636)
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