• Plus bas dans la vallée

    "Plus bas dans la vallée" de Ron Rash - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Un an après son départ pour le Brésil, Serena, personnage emblématique de l’œuvre de Ron Rash, revient dans les Great Smoky Mountains. Selon le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp, tous les arbres de la dernière parcelle qu’elle possède aux États-Unis doivent être abattus avant la fin de juillet. Il ne reste que trois jours. La pluie incessante qui fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier, les serpents impitoyables, l’épuisement des bûcherons en sous-effectif rendent la tâche presque impossible. La « Lady Macbeth des Appalaches » sera-t-elle à la hauteur de sa sinistre réputation ?
    Autour de ce diamant noir, six nouvelles âpres mais traversées d’éclairs d’un humour parfois grinçant disent la vie rude et privée d’horizon des enfants oubliés de l’Amérique que sont les habitants de cette contrée.

    Première page :

    Quand Serena Pemberton descendit de l'hydravion Com• modore, en juillet 1931, un modeste mais fervent contingent de reporters et de photographes l'attendait. À l'exception du pilote, elle était seule. Ceux qui l'accompagneraient au camp forestier, à la fois bêtes et gens, étaient arrivés par bateau la veille au soir. Ils avaient déjà pris place à bord du train qui les emmènerait de Miami en Caroline du Nord. Tous sauf Galloway, son exécuteur des basses besognes, qui s'était procuré une automobile pour conduire sa patronne à la gare. Tandis qu'on mettait en place l'échelle métallique mobile, il vint se poster à côté de la marche du bas. C'était un homme de petite taille, au corps maigre et nerveux, aux vêtements miteux; un moignon violacé dépassait de l'une de ses manches. Alors que les flashs des appareils photo crépitaient à quelques centimètres à peine de son visage, il ne cillait pas.

    Au moment où Serena entamait la descente, la première question qu'on lui cria porta sur les rumeurs entourant la mort de son mari. Il sembla, l'espace d'un instant, qu'elle n’y répondrait pas…

    Ce que j'en pense :

    Le texte qui donne son nom au livre est trop long pour être une nouvelle et trop court pour être vraiment un roman. L’univers de Ron Rash a besoin de temps et d’espace pour s’épanouir et donner sa pleine mesure comme dans « Une terre d’ombre ». Les autres nouvelles sont bien réussies mais dans des genres très différents. Dans certaines on retrouve l’humour noir souvent piquant de l’auteur.

    Plus bas dans la vallée

     

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  • Au temps des galoches

    "Au temps des galoches" de Christian Butaud - La Geste

    Présentation de l'éditeur :

    Septembre 1943 : en pleine tourmente de l’Occupation allemande, un petit garçon de onze ans retrouve toute sa famille dans un coin de campagne française. Dans ce contexte dramatique, la figure du père devient primordiale et l’éducation du garçon se fait parmi une galerie de personnages hauts en couleurs. Petit à petit, l’enfance laisse la place à l’adolescence au milieu du cercle des cousins.

    Première page :

    Je ferre. Une onde de plaisir intense me descend du cerveau au talon. Ça mord ! Et pour la première fois de ma jeune vie de pêcheur ce n'est pas une ablette ni un goujon qui s'intéresse à mon hameçon. Tremblant, les doigts crispés sur la gaule, j'essaie de maintenir le fil tendu sans efforts superflus, de peur de casser mon bas de ligne trop fragile pour une prise de choix. Le flotteur trace des arabesques compliquées à fleur d'eau. La bête me semble vivace, lourde, robuste. Qu'est-ce que ça peut être? Une perche, une carpe, peut-être un brochet, le seigneur de la rivière? Non, ne rêvons pas ! Mais c'est du gros, pour sûr c'est du gros ! Comme je l'ai vu faire par mes oncles, je laisse la bête se fatiguer avant d'intensifier lentement mon effort et de la rapprocher de la berge. Je bous d'impatience et de fébrilité. Pourvu que ça tienne ! Bon sang, il faut que ça tienne. A bout de patience je relève lentement la gaule. Le scion prend sa courbure maximum mais, irrésistiblement, le flotteur sort de la rivière. J'aperçois maintenant la nageoire dorsale qui sillonne la surface. Je vais gagner ! Est-ce possible que moi, gamin de onze ans, je réussisse cet exploit. Je ne saurais dire à quelle extrémité de la ligne il y a le plus d'affolement.

    Bien sûr je n'ai pas d'épuisette. Cet engin est tout à fait superflu pour mes prises habituelles de vingt ou trente grammes. Bientôt le poisson est le long de la berge, gesticulant à cinquante centimètres sous mes pieds. C'est une tanche ! …

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre que l'on peut qualifier de terroir ou régionaliste sans que ce soit péjoratif. On est entrainé agréablement dans un lieu (un village des Deux Sèvres) et une époque (les années 43/44). C'est constitué d'une succession de petits chapitres où le jeune narrateur de 11/12 ans nous fait découvrir des scènes de la vie quotidienne de ce village avec de l'empathie pour tous les personnages (enfants et adultes) et avec souvent beaucoup d'humour et de finesse.

    Au temps des galoches

     

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  • L'abandon des prétentions

    "L'abandon des prétentions" de Blandine Rinkel - Fayard

    Présentation de l'éditeur :

    « Qu’est-ce qu’une vie réussie ? » Au bic, Jeanine recopie la question sur un post-it, puis, comme chaque jour, part marcher. Croisant, au cours de ses dérives, divers visages : un architecte syrien fuyant son pays, un danseur étoile moscovite, une mythomane espagnole…
    Ne sous-estime-t-on pas, d’ordinaire, l’amplitude des voyages intérieurs suscités par ces rencontres fortuites ? 
    Sans doute fallait-il, pour en prendre la mesure, le regard d’un proche. C’est sa fille qui dresse le portrait de cette femme de soixante-cinq ans, en autant de fragments, composant un kaléidoscope où se confondent le monde et une mère.

    Première page :

    Sans doute n’aimons-nous jamais que les énigmes ; Jeanine en devint une pour moi au sortir de l’enfance quand elle cessa, à l’image du jouet et de l’oreiller, d’appartenir à ce réseau d’évidences amniotiques qu’est la famille jusqu’à nos dix ou douze ans pour devenir – cela prit plusieurs années – un corps distinguable et opposable au mien : non plus l’intime et l’ineffable « maman », mais bien la dicible « ma mère », personnage que je pouvais observer depuis une place de spectatrice détachée, ne la voyant plus strictement enseigner-et-protéger-et-vaincre mais bien aussi hésiter-et-douter-et-désirer, la percevant faillible, fragile et, comme tout humain, si imprenable dans ses failles et sa fragilité qu’elle en devenait un mystère – non plus une mère mais un secret de famille, de ceux qu’on brûle d’écrire pour mieux comprendre qu’on ne les saura jamais tout à fait.

    Ce que je sais surtout d’elle, ce sont des récits, obtenus par les messages qu’elle me laisse hebdomadairement, petits monologues d’une à trois minutes déposés à distance sur mon répondeur...

    Ce que j'en pense :

    Portrait tendre et plein de douceur d’une mère par sa fille. Tout parait juste et très respectueux dans toutes les anecdotes qui ont jalonnées la vie maternelle (surtout depuis sa retraite). J’ai été happé par l’écriture de l’autrice même si certains pourraient lui reprocher un vocabulaire parfois difficile et des phrases un peu longues… ce n’est pas mon cas...  même si je trouve ce livre moins fort que son suivant : « Vers la violence ».

    L'abandon des prétentions

     

     

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  • Et je serai toujours avec toi

    "Et je serai toujours avec toi" de Armel Job - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Automne 1995. Victime d'un incident mécanique, un homme vient demander de l'aide dans la maison la plus proche. Teresa, la jeune veuve et catholique fervente qui lui donne asile le temps de faire réparer son véhicule, se convainc très vite que cet homme lui est, en réalité, envoyé par Dieu en réponse à la promesse de son défunt mari. " Et je serai toujours avec toi " n'est-elle pas l'épitaphe que ce dernier a demandé que l'on grave sur sa tombe ?
    Tadeusz et André, les fils de Teresa, âgés tous deux d'une vingtaine d'années, voient pour leur part d'un mauvais œil l'irruption de cet inconnu qui vient troubler le deuil familial. Un fait divers tragique ne va pas tarder à révéler que celui qui se dit réfugié croate n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être...

    Première page :

    On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

    En 1995, ma mère était veuve depuis un an quand elle rencontra Branko Hrastov. Mon père était mort d'un cancer à l'âge de cinquante et un ans. Quelques mois plus tôt, il avait ressenti de violents maux de tête, qu'il avait d'abord attribués à ses soucis professionnels. Quand les nausées, et ensuite les vomissements, l'amenèrent consulter, il était trop tard. Peut-être qu'il aurait été trop tard de toute façon. Les chirurgiens lui ouvrirent le crâne et lui enlevèrent une tumeur pour le principe. Une autre réapparut, puis une autre, toujours plus envahissante. C'était comme du chiendent.

    Ma mère était beaucoup plus jeune que mon père. Elle n'avait pas quarante ans. A Wermont, il y avait sans doute quelques jolies femmes à cette époque. Ma mère les surclassait toutes. Elle, c'était une beauté….

    Ce que j'en pense :

    Le récit est très bien mené, en alternance entre les deux frères. On en découvre tout à la fin la raison. L’écriture est superbe, très imagée et agréable. Les personnages sont bien présents. Bref ! Un très bon roman d’un auteur que je ne connaissais pas mais dont j’ai très envie de découvrir les autres écrits.

    Et je serai toujours avec toi

     

     

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  • La loi du désordre

    "La loi du désordre" de Philippe Hayat - Calmann Lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Juillet 1914, Paris célèbre la vie sous les pinceaux de Montparnasse. Étudiante brillante et militante socialiste, Jeanne embrasse le nouveau siècle et sa modernité.
    Depuis l’attentat de Sarajevo, le conflit menace mais elle refuse d’y croire. Comment l’homme épris d’art et de sciences, plus progressiste que jamais,  pourrait-il causer sa perte ?
    En quelques jours, l’Histoire bascule. Tiraillée entre affections et convictions, Jeanne doit faire des choix.
    Les événements vont la précipiter dans l’enfer des combats.

    Première page :

    Nous descendons l’escalier sans bruit et Charles m’entraîne dans le parc. Notre royaume tient entre quatre vieilles planches fichées dans la terre tendre autour d’un chêne siège. On l’appelle ainsi parce que ses racines nouées entre les herbes folles forment un petit trône. Une bouteille attend entre deux verres de cristal, un vin mousseux de Champagne.

    Charles chuchote, bien que personne ne puisse nous entendre :

    — Mon baccalauréat, je ne veux le fêter qu’avec toi, petite sœur. Toi, moi, et Mme Veuve Amiot. Je l’ai volée à la cave, je ne sais pas combien ça vaut.

    Il fait sauter le bouchon à travers les branchages. Charles a les yeux de père, mais les siens sont lavés de toute violence.

    — À quinze ans, Jeanne, il est temps que tu saches t’enivrer. Maintenant regarde… Tu sais garder un secret ?

    Il attrape un petit coffre caché derrière l’arbre et tire une carte de navigation qu’il étale devant nous :

    — Ici c’est Liverpool, un port anglais. De là partent des cargos vers l’Amérique.

    Un journal le missionnerait à l’autre bout du monde. Grand reporter, Charles enverrait ses articles par-delà les mers. Du doigt, il franchit l’Atlantique.

    — En moins de trente jours, j’atteindrai La Nouvelle-Orléans.

    Un bateau navigue sur une carte postale. Sa cheminée rouge à manchette noire fume entre quatre mâts.

    — Il est beau, n’est-ce pas ? Le Californian, c’est son nom. Il transporte du coton mais quelques cabines sont aménagées pour les voyageurs sans le sou. Regarde…

    Ce que j'en pense :

    Roman sur fond historique, assez original puisqu’il aborde les prémices de la première guerre jusqu'à la fin de 1914. Les personnages principaux (les parents, le frère et la sœur) sont définis de façon un peu caricaturale. Au fil du récit on rencontre des célébrités comme Jaurès, Dreyfus, Apollinaire…mais tout cela parait un peu « plaqué ». Bien sûr la description des combats et de la « boucherie » de cette guerre est bien présente et assez forte, mais ce n’est pas suffisant pour en faire un grand roman historique. On est loin de Pierre Lemaître.

    La loi du désordre

     

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  • Un voisin trop discret

    "Un voisin trop discret" de Iain Levison - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    Pour que Jim, chauffeur Uber de soixante ans, voie la vie du bon côté, que faudrait-il? Une petite cure d’antidépresseurs? Non, c’est plus grave, docteur. De l’argent? Jim en a suffisamment. Au fond, ce qu’il veut, c’est qu’on lui fiche la paix dans ce monde déglingué. Et avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout. Alors, quand sa nouvelle voisine, flanquée d’un mari militaire et d’un fils de quatre ans, lui adresse la parole, un grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. De quoi faire exploser son quota de relations sociales…
    En entremêlant les destins de ses personnages dans un roman plein de surprises, Levison donne le meilleur de lui-même, et nous livre sa vision du monde, drôle et désabusée.

    Première page :

    Le médecin jette le dossier sur sa table, dit bonjour à Jim d’un signe de tête et s’assoit lourdement dans son fauteuil qui s’incline instantanément. Il est jeune, rasé de près et professionnel, il porte une alliance, et Jim se demande si sa femme est aussi ennuyeuse que lui. Jim vient chez le médecin depuis trois ans et ne l’a jamais vu sourire ni plaisanter, ni indiquer d’une manière quelconque qu’il a une vie hors de son cabinet. Il n’y a pas de photos de famille dans son bureau, rien que deux planches d’anatomie en taille réelle du corps humain, l’une montrant les organes et l’autre le squelette. Avant sa première visite Jim s’est renseigné sur Internet et a trouvé une photo du médecin dispensant des soins dans une clinique pour les sans-abri. Quelle générosité chez cette

    jeune génération. Et quelle compagnie désagréable.

    « Vous pourriez vous permettre de perdre cinq kilos, dit le médecin. Et de faire un peu plus d’exercice. Je vous recommanderais la marche. Quel métier faites-vous ?

    – Je suis chauffeur Uber.

    – Donc vous passez beaucoup de temps assis.

    – Ouais.

    – Essayez vraiment de marcher davantage. » Il hoche la tête avec satisfaction. « Pour le reste, vous vous portez plutôt bien…

    Ce que j'en pense :

    C'est très agréable de lire ce livre bien ficelé et à l’ironie assez mordante, qui balance entre drame et comédie. On ne sait comment définir ce roman car il y a à la fois du suspens, de la critique de la société américaine et de son armée, mais aussi une grande liberté de ton. Évidemment, comme souvent chez Levison, ce n’est pas « politiquement correct » mais c’est une des raisons du côté « jouissif » de ce roman.

    Un voisin trop discret

     

     

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  • Le tableau du peintre juiif

    "Le tableau du peintre juif" de Benoit Séverac - La manufacture de livre

    Présentation de l'éditeur :

    L’oncle et la tante de Stéphane vident leur appartement et lui proposent de venir recupérer quelques souvenirs :

    - Tu pourrais prendre le tableau du peintre juif.

    - Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Quel peintre juif ?

    - Celui que tes grands-parents ont caché dans leur grenier pendant la guerre.

    C’est ainsi que Stéphane découvre un pan de l’histoire familiale complètement ignoré. Eli Trudel, célèbre peintre, aurait été hébergé pendant l’Occupation par ses grands-parents, le tableau est la preuve de sa reconnaissance et Stéphane en hérite aujourd’hui. La vente de cette œuvre de maître pourrait être un nouveau départ pour son couple mais Stéphane n’a plus qu’une obsession : offrir à ses grands-parents la reconnaissance qu’ils méritent... Cependant quand le tableau est présenté aux experts à Jérusalem, Stéphane est placé en garde à vue, traité en criminel : l’œuvre aurait été volée à son auteur. Quel secret recèle cette toile ? Que s’est-il vraiment passé dans les Cévennes, en hiver 1943, pendant la fuite éperdue d’Eli Trudel et de sa femme ?

    Première page :

    À l’heure qu’il est, je pourrais être installé sur la terrasse d’Annie et Kader, en train de siroter un apéritif et de regarder le soleil s’avachir sur la chênaie. Mon seul souci serait la présence de moustiques. Bien qu’aucun de nous ne croie en leur efficacité, nous allumerions des serpentins répulsifs, et nous continuerions à boire en ponctuant notre conversation de tapes sur nos

    avant-bras et nos chevilles.

    Au lieu de quoi, je suis dans cette salle d’interrogatoire, entre cellule de prison et abri antiatomique, et je crève de chaud autant que de peur. La France, la Dordogne, les vacances… Tout cela me paraît si loin, si inaccessible.

    Pour l’instant, il y a plus grave que mes congés gâchés et l’inconfort d’une garde à vue, plus grave même que la perte de mon tableau… Il s’agit d’éviter la prison. La prison en Israël, qui plus est.

    Sortir d’ici. En finir avec cette détention qui ne dit pas son nom. Foutre le camp.

    Cela fait des heures qu’ils me retiennent ; je suis épuisé ; j’ai soif ; j’ai faim. Et il ne se passe rien. On ne m’informe de rien.

    Un policier est venu chuchoter quelques mots à l’oreille de son collègue qui me surveillait, puis ils sont sortis sans une explication. À présent, ils me font mariner. Je ne sais pas depuis combien de temps je poireaute. Je suis sûr qu’ils le font exprès, que cela fait partie d’une stratégie. J’ai beau le savoir, j’ai beau me le répéter, ça fonctionne : je ne sais pas ce que je vais devenir. J’imagine le pire.

    Ce que j'en pense :

    C’est certain qu’en lisant ce roman on apprend des choses (sans doute intéressantes) sur les réseaux de résistance dans le sud de la France, sur différents organismes d’état  israélien et espagnols. On apprend surtout ce que prend le héro au cours de ses repas, par quels endroits il passe… et un tas d’autres choses sans aucune importance pour le déroulement du récit ou la connaissance des personnages. On ne s’ennuie pas vraiment à la lecture… mais il s’en faut de peu !

    Le tableau du peintre juiif

     

     

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  • Clara lit Proust

    "Clara lit Proust" de Stéphane Carlier - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    « Proust. Avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes — Capri, Saint-Pétersbourg... — où il était entendu qu’elle ne mettrait jamais les pieds. »
    Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Son quotidien, c’est une patronne mélancolique, un copain beau comme un prince de Disney, un chat qui ne se laisse pas caresser. Le temps passe au rythme des histoires du salon et des tubes diffusés par Nostalgie, jusqu’au jour où Clara rencontre l’homme qui va changer sa vie : Marcel Proust.

    Première page :

    Mme Habib sur le trottoir, en chemisier malgré le froid, tend le bras pour éloigner sa cigarette, l'autre est replié sous sa poitrine. À la fois raide et frissonnante, elle examine la vitrine de son salon comme si elle cherchait à en percer le mystère. Les lettres blanches de l'enseigne, l'immense poster sur lequel une femme coiffée comme Louise Brooks a l'air de regarder ses pieds, la liste des tarifs sur la porte cn verre. Et, à l'autre extrémité, tout en bas, inutile et solitaire dans son vase transparent, une tige de bambou qui n'a jamais poussé de plus d'un centimètre.

    — C'est le nom qui ne va pas. Cindy. La fille de l'ancien propriétaire s'appelait comme ça. C'était à la mode en 1982 mais aujourd'hui ça ne dit plus rien à personne.

    Mme Habib se méprend complètement sur le standing de son salon. Elle en a tellement rêvé qu'elle a fini par se convaincre qu'elle dirigeait l'équivalent d'un Dessange alors que Cindy Coiffure est minuscule, tout en longueur, caché dans un renfoncement lui-même planqué dans un passage, et survit grâce à une clientèle d'habituées dont la moyenne d’âge avoisine les soixante-dix ans.

    Ce que j'en pense :

    Bien sûr que Proust est un des grands auteurs de notre littérature. Bien sûr que la découverte d’un auteur, d’un livre, peut bousculer, nous faire découvrir de nouveaux mondes. Bien sûr que l’écriture de Proust peut rebuter énormément de personnes. C’est vrai aussi que le monde peut se partager en deux catégories : ceux et celles qui ont lu Proust (les moins nombreux) et les autres, qui ont essayé de le lire mais ont abandonné, qui n’ont jamais essayé, qui se moquent complètement de Proust. Y a-t-il une catégorie supérieure à l’autre ?  C’est un peu ce que laisse transparaître ce roman. Dommage ! Il m'a quand même donné envie de me replonger dans Proust... mais j'ai abandonné une fois de plus, je ne dois pas faire partie de la bonne catégorie !

    Clara lit Proust

     

     

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  • Miracle à la combe aux Aspics

    "Miracle à la combe aux Aspics" de Ante Tomic - Libretto

    Présentation de l'éditeur :

    À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l’abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n’admet ni l’État ni les fondements de la civilisation – jusqu’à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l’idée saugrenue de se trouver une femme.

    Bientôt, il devient clair que la recherche d’une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.

    La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s’associent pour accomplir un miracle à la Combe aux Aspics.

    Première page :

    Chapitre 1

    Consacré aux dizaines de manières de préparer la polenta, aux choses à ne pas faire lorsqu’on lave des vêtements de couleur, et à la soupe servie dans un cendrier. Deux hommes manquent de se faire assassiner, un autre désire se marier, et l’on ne sait pas qui est le plus à plaindre.

    Loin dans les montagnes se niche la Combe aux Aspics. Difficile a trouver, cachée, protégée comme une forteresse, avec une unique route praticable a travers un défilé sinueux qui, après un dernier contour, s’élargit soudainement sur un plateau karstique, pour buter, a peine deux cents mètres plus loin, sur une falaise a pic. La, sur cette terre rocailleuse, rarement ensoleillée, s’étalent quelques champs de trèfle, deux ou trois rangs de patates et de pois chiches, deux insignifiants lopins d’oignons arrachés a grand-peine a l’enchevêtrement de ronces, de frênes et de charmes. Les fleurs orange des citrouilles rôtissent sur une minuscule parcelle défrichée ceinte d’un muret de pierres sèches.

    Ce que j'en pense :

    C’est un bon roman burlesque et léger avec des personnages attachants. A la lecture j’ai pensé aux romans de Arto Paasilinna, ce qui est quand même une excellente référence. J’ai bien fait d’écouter les conseils de mon libraire. Alors que je lui faisais part de mes réserves avec des romans « drôles, comiques, amusants », il m’a assuré que celui-ci je pouvais le lire les yeux fermés ! Il avait raison : c’est un livre qui met de bonne humeur.

    Miracle à la combe aux Aspics

     

     

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  • La petite menteuse

    "La petite menteuse" de Pascale Robert-Diard - L'iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    " Je veux être défendue par une femme ", a dit Lisa en se présentant à Alice Keridreux.

    Un face-à-face commence. Ni l'une, ni l'autre ne savent jusqu'où il va les mener.

     Première page :

    Elle s'est plantée, voilà tout. Alice n'a pas besoin de se retourner. Elle devine que son client lui en veut. Il y a des jours comme ça où le métier ne suffit pas. Ou alors c'est l'inverse. Il y a trop de métier. Trop de phrases déjà prononcées. Trop de mots usés. Ça glisse, ça s'affale et ça s'oublie. Même la jurée aux lunettes rouges, si appliquée, a lâché son stylo pendant qu'elle plaidait. Les autres l'ont écoutée poliment, ils devaient se dire que les avocats sont moins forts en vrai qu'à la télé. À un moment, l'un des juges assesseurs a somnolé, le menton écrasé dans sa bavette.

    Gérard a pris douze ans. Pile ce qu'avait requis l'avocat général. Sa plaidoirie n'a servi à rien. Pas la moindre inflexion, histoire de reconnaître qu'elle s'est battue.

    Ce que j'en pense :

    L’idée de départ du roman est intéressante et il fallait oser parler ainsi de mensonge lors d’un procès de viol. On voit bien aussi que l’autrice, chroniqueuse judiciaire, connaît son sujet. Je n’ai cependant pas réussi à m’attacher aux personnages qui, à mon avis, manquent de profondeur. L’écriture est simple mais sans chaleur, surtout dans la première moitié.

    La petite menteuse

     

     

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