• Les terres animales

    "Les terres animales" de Laurent Petitmangin - la manufacture de livre

    Présentation de l'éditeur :

    Il y avait là de petites villes avec leurs églises, quelques commerces, des champs, et au loin, la centrale. C’était un coin paisible entouré de montagnes et de forêts. Jusqu’à l’accident. Il a fallu évacuer, condamner la zone, fuir les radiations. Certains ont choisi de rester malgré tout. Trop de souvenirs les attachaient à ces lieux, ils n’auraient pas vraiment trouvé leur place ailleurs. Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred sont de ceux-là. Leur amitié leur permet de tenir bon, de se faire les témoins inutiles de ce désert humain à l’herbe grasse et à la terre empoisonnée. Rien ne devait les faire fléchir, les séparer. Il suffit pourtant d’une étincelle pour que renaisse la soif d’un avenir différent : un enfant bientôt sera parmi eux.

    Première page :

    Il faudrait dire le silence. Longtemps. Le silence qui éprend la crénelure des arbres. La fine dentelle de ceux-ci, bien détachée du ciel lavé, qui n’attend que le printemps pour s’enrichir et foisonner. Dans trois semaines, ces arbres seront magnifiques, débourrés d’un vert déjà strident ou encore tendre. Partout le renouveau. Partout un motif d’espoir. Pas ici.

    Je marche, et je continue de me demander si je fais bien de poser mes pieds là, à cet endroit. Je cherche des traces de pas sur lesquels poser les miens, comme si c’était seulement miné. Comme si ça servait à quelque chose. Les pas d’avant n’ont pas tué la radioactivité, l’ont peut-être dispersée tout au plus, ça ne sert donc à rien…

    Ce que j'en pense :

    C’est une narration qui alterne le point de vue de Fred et celui de Sarah. Ils ont chacun leur langage. Il m’a fallu quelques pages pour que je m’habitue à celui de Fred. L’auteur sait nous faire pénétrer dans ce monde (presque) post-apocalyptique avec les 5 personnages principaux. C’est le deuxième livre à paraître en août (avec « Le jardin des oubliés ») qui me fait penser au « Mur invisible ». C’est aussi un roman qui nous questionne sur l’humanité actuelle et à venir.

    Les terres animales

     

     

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  • Jardin des oubliés

    "Jardin des oubliés" de Mouloud Akkouche - Gaïa

    Présentation de l'éditeur :

    Fidèle à son poste chaque matin, un vieil homme entretient l'île dont il est le dernier habitant. Voilà près de dix ans qu'il n'a plus de nouvelles de ceux qui vivaient là autrefois, ni du reste de l'humanité. Les corps qui viennent parfois s'échouer sur les plages ne laissent rien présager de bon, mais l'homme poursuit vaillamment sa tâche - colmatant, repeignant, rafistolant. Jusqu'au jour où il repère une silhouette échouée sur le rivage.
    C'est une femme, elle est encore en vie. C'est le début d'une étrange cohabitation. La fin du monde attendra.

    Première page :

    Elle est arrivée sans son histoire. Avec un sac à main pour bagage. D’où vient-elle ? Quel est son nom ? Personne ne le sait. Son passé est comme enfermé dans une doublure.

    Inaccessible.

    À l’intérieur du sac ? Rien pour l’identifier, retracer sa trajectoire, ou la localiser. Elle a fini ici, sans le savoir. Détachée de tous les ailleurs.

    Une silhouette dans le jour naissant.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre très étonnant, je pourrais même dire bizarre et inquiétant. Il est fait de phrases courtes, de petits chapitres. L’auteur utilise beaucoup l’ellipse dans la narration de cette histoire qui se déroule pendant plusieurs années. On se pose beaucoup de questions en lisant ce roman et on s’en pose encore après avoir refermé le livre.

    Jardin des oubliés

     

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  • La vie clandestine

    "La vie clandestine" de Monica Sabolo - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    "Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J'allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n'était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l'écho de la violence."La vie clandestine, c'est d'abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l'ombre d'un père aux activités occultes, disparu sans un mot d'explication. C'est aussi celle des membres du groupe terroriste d'extrême gauche Action directe, objets d'une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé. Comment vivre en ayant commis ou subi l'irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ? De l'Italie des Brigades rouges à la France des années 80, où les rêves d'insurrection ont fait place au fric et aux paillettes, La vie clandestine explore avec grâce l'infinie complexité des êtres, la question de la violence et la possibilité du pardon.

    Première page :

    Je ne sais plus comment cela a commencé. Comment j’en suis arrivée à commander sur eBay, moyennant la somme de soixante euros, une buse naturalisée avec une queue tordue,juchée sur une branche. À cette époque, je passais mes soirées à regarder des photos d’oiseaux empaillés sur Internet, en me demandant s’il valait mieux m’offrir une mouette (rare ! précisait l’annonce) ou un pélican (hors de prix). Je faisais défiler les spécimens, fixés sur des socles, posés sur un tapis de fougères, penchés en avant l’air curieux, un lézard dans le bec, en diorama perchés sur un faux arbre. Je renouais avec la vie sauvage. Par ailleurs, j’avais des ennuis domestiques. La semaine précédente, le robinet de la cuisine m’était resté dans les mains, puis ma lampe de chevet avait explosé. En faisant la vaisselle dans le lavabo de la salle de bains, ou immobile dans la pénombre, il me semblait qu’une force obscure était à l’œuvre. Lorsque la cuisine d’un appartement, dans l’immeuble d’en face, avait brûlé,les enfants et moi avions contemplé les nuages de fumée dans le ciel, de plus en plus noirs. Ils m’avaient demandé si, d’une façon ou d’une autre, cette série de catastrophes pouvait être notre faute.

    Ce que j'en pense :

    Ce parallèle entre la vie personnelle de l’autrice et sa recherche des anciens membres d’action directe m’a semblé un peu bizarre et tiré par les cheveux. J’ai failli abandonner la lecture mais j’ai poursuivi jusqu’au bout. Monica Sabolo a une écriture intéressante et ce qui m’a le plus intéressé ce sont les rencontres avec ces personnes d’AD sortis de la clandestinité, surtout dans la deuxième moitié du livre. Le personnage d’Hellyette m’a particulièrement ému.

    La vie clandestine

     

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  • Maman, la nuit

    "Maman, la nuit" de Sara Bourre - Notabilia

    Présentation de l'éditeur :

    L’enfant écoute tout, observe tout, et avant toute chose sa mère, une fascination qui oscille entre haine et passion, dont on sent le danger, la menace, la violence des sentiments.

    C’est une enfant sage, étrange. Elle a grandi robuste, comme une mauvaise herbe. Elle sent, perçoit, palpe, traque, à l’affût, toujours tapie.

    Un jour, sa mère disparaît. Alors, que va-t-elle devenir ?

    Première page :

    Maman a disparu. C’est pas simple. Il a fallu le redire plusieurs fois, décomposer la phrase, la prendre et la secouer. Maman a disparu. Quelle folie de phrase. Si je la chuchote, les larmes me montent et me brûlent, si je la prononce avec une voix de fer, comme un vieux robot fatigué, ma-man-a-dis-pa-ru ma-man-a-dis-pa-ru, ça me fout la chair de poule et l’impression d’une catastrophe planétaire imminente. Si je la crie, si je la jette loin sur les routes, en plein cœur de ces villes qui scintillent et grincent sous ma peau, si je la crie si fort que ma voix casse, alors je crois que ce n’est plus vraiment triste. Pas aussi triste que ça. Je dirais plutôt affolant. Sidérant. Ou encore stupéfiant. Voilà. C’est affolant sidérant stupéfiant et ça me rend le cœur dingue, et étrangement vivant aussi.

    Ce que j'en pense :

    C’est un récit envoûtant, poétique et très singulier. L’écriture de Sara Bourre nous entraîne avec beaucoup de force, d’émotions et d’originalité dans ce roman qui peut parfois paraître vertigineux. On peut reprocher quelquefois à certains romans de mettre le style trop en avant au détriment du contenu mais, dans ce livre, il y a une parfaite adéquation entre les deux. Un grand coup de cœur.

    Maman, la nuit

     

     

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  • Tout part à la nuit

    "Tout part à la nuit" de Louis Cabaret - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    Par appréhension ou par habitude, peut-être par confort, elle n’a jamais quitté la petite ville où elle est née. Pourtant, le quotidien de Tiffanie ne tient qu’à un fil. Deux enfants à charge, un ex-mari en prison, la fatigue qui s’accumule dans son corps d’aide-soignante. Et la violence, sourde, latente, qui explose parfois quand Chris, son fils de quinze ans, perd le contrôle ou quand les copains ont un peu trop bu. Il suffit d’une rencontre avec un nouveau venu le soir du 14 Juillet pour inverser la tendance. En Marvin, Tiffanie trouve un compagnon capable de l’épauler et de gérer ses fils. Un compagnon parfait, sauf aux yeux du cadet, Joris, qui n’arrive pas à lui faire confiance. Mais qui croirait un enfant de sept ans?

    Premier roman incisif et vibrant, Tout part à la nuit raconte le déchirement d’une famille prise dans un jeu qui la dépasse.

    Première page :

    La tête dans les bras, un enfant dort. Sa mère est assise sur une chaise, à côté de lui.

    Une buvette a été installée sur la place.

    Aux poteaux électriques, aux fenêtres des maisons et tout autour de la buvette, pendent des lampions. Trois tireuses fonctionnent à plein.

    La nuit est chaude. Le bitume empêche la fraîcheur de remonter du sol. Le feu d'artifice est fini depuis longtemps. La torpeur qui saisit la foule après le bouquet final a vite été conjurée par la musique. L'enfant s'est endormi, le bruit pour couverture.

    —        Excuse-moi.

    La mère sort de sa rêverie.

    —        Oui?

    C'est un homme grand, avec des épaules larges, le visage étroit. Il se penche pour être entendu.

    —        T'as du feu?

    Elle fouille dans son sac. Ses mains tremblent. Des mains d'anxieuse. Elle lui tend le briquet.

    —        Merci.

    Elle sourit d'un sourire fugace, par-dessus la fatigue et une lassitude plus profonde qui amollit son visage.

    Il allume une cigarette, tire dessus lentement. Le plaisir d'entendre la braise ronronner.

    Ce que j'en pense :

    Je suis complètement passé à côté de cette histoire. L’écriture, d’abord m’a paru beaucoup trop présente … oui, on sait monsieur l’auteur que tu écris sans doute d’une façon volontairement originale, mais ça ne suffit pas ! Il faut qu’on retrouve à la lecture un minimum d’empathie pour quelques personnages et, pour moi, ça n’a pas été le cas. De plus, le déroulement de cette histoire est assez prévisible.

    Tout part à la nuit

     

     

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  • Au milieu des serpents

    "Au milieu des serpents" de Patrick Michael Finn - Les Arènes

    Présentation de l'éditeur :

    Tammy a 17 ans. Après une nouvelle dispute avec sa mère, la jeune fille part retrouver Weldon, un père qu'elle n'a jamais connu, en Californie. Weldon, alcoolique repenti qui tente de reprendre sa vie en main, ne sait pas ce qui l'attend... Tammy est inexorablement attirée par la destruction. Le père et la fille doivent apprendre à cohabiter tant bien que mal.

    Lorsque Tammy fugue, Weldon part à sa recherche dans le sud désertique des États-Unis. Là où chaque ville est plus misérable que la précédente, chaque rencontre, plus désespérée.

    Au bout de la route: nuit, violence et folie.

    Première page :

    Elle savait maintenant que son père dormait du sommeil le plus lourd dans l'heure qui précédait l'aube et qu'à l'intensité de ses ronflements elle pouvait se déplacer dans la maison pour empaqueter ses affaires sans craindre de le réveiller et subir la crise qu'il ferait pour la convaincre de rester.

    Elle entra dans la chambre et trouva son portefeuille dans la commode, par-dessus ses ronflements et les cris et glapissements des coyotes qui cherchaient de la nourriture dehors, dans l'obscurité du cours d'eau asséché. Au souvenir de sa voix lasse mais douce, elle cilla tandis qu'elle extrayait du portefeuille cinq billets de vingt. S'il y avait eu plus d'argent elle l'aurait pris. Elle savait qu'il lui en faudrait plus, beaucoup plus, et bientôt. Deux jours. Son inquiétude ne dura que le temps d'un soupir.

    Les ténèbres rampaient par les fenêtres, éclaboussant ses pieds comme de la boue. Puis la lueur verte de l'horloge sur la cuisinière, signal au fond des eaux noires d'un lac.

    Ce que j'en pense :

    C’est glauque, tellement glauque que cela en devient sordide et nauséeux. Le message que le livre voudrait donner nous échappe complètement. L’écriture (et sans doute aussi la traduction), censée nous emmener dans ces bas fonds, n’arrange rien à l’affaire.

    Au milieu des serpents

     

     

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  • Par delà nos corps

    "Par delà nos corps" de Bérengère Cournut - Le Tripode

    Présentation de l'éditeur :

    À la veille de la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Malo, une femme adresse une lettre à un ancien amant. Elle y fait le bilan de sa vie tumultueuse et y défend farouchement sa liberté - y compris face à la mort. Des hommes aimés et disparus aux enfants qu’elle a reçus, du chaos des guerres au miracle toujours renouvelé du vivant, elle se souvient de tout, et ne regrette rien…

    Première page :

    Saint-Malo, le 25 août 1939

    Cher Werner,

    Il m'aura fallu du temps pour répondre à votre lettre - quasiment vingt-cinq ans jour pour jour - mais me voici enfin. Aussi brute que le granit de la maison depuis laquelle je vous écris, quand je suis à peu près sûre que vous m'imaginiez de marbre lisse dans ma jeunesse.

    Quelle idée vous faisiez-vous alors de moi? Nous nous étions rencontrés à Paris, vous vous appliquiez à dessiner mon visage dans votre atelier de la rue d'Orsel. Vous posiez sur moi des yeux pleins de solitude et de mélancolie. je ne savais pas comment interpréter vos silences, ce qu'ils condamnaient en moi aussi bien qu'en vous-même. Car à l'âge qui était le mien, vingt ans à peine, le silence était forcément une condamnation.

    Ce que j'en pense :

    A la lecture de cette lettre on est propulsé hors du temps bien que tout ce qui s’y passe soit daté précisément. Le style magnifique de l’autrice nous entraîne dans cet hymne à l’amour et à la vie…sans oublier cependant la guerre et ses ravages. Un très beau coup au cœur, teinté d’une once de nostalgie.

    Par delà nos corps

     

     

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  • Le jour et l'heure

    "Le jour et l'heure" de Carole Fives - JC Lattès

    Présentation de l'éditeur :

    « On s’est tous retrouvés à la gare de la Part-Dieu vers  sept-huit heures. Maman avait son rendez-vous en début  d’après-midi et elle n’avait qu’une peur, le rater. Le GPS annonçait cinq heures de route. On est partis avec la Peugeot à sept  places. Papa et Maman devant, et nous, les quatre enfants, derrière, comme à la belle époque. Il ne manquait que les scoubidous  et les cartes Panini.
    Papa a toujours eu une conduite assez brusque mais alors là, on aurait dit qu’il le faisait exprès. De la banquette arrière, je voyais  Maman, à l’avant. Elle ne disait rien mais, à chaque fois que  Papa freinait, ou accélérait, son visage se crispait. J’en avais mal  pour elle.
    À un moment, il y a eu une énorme secousse, c’est sorti  tout seul, je n’ai pas pu me retenir, mais c’est pas vrai ! Il va tous  nous tuer ce con ! »
    Édith se sait gravement malade. Elle a convaincu son mari et  leurs quatre enfants de l’accompagner à Bâle, en Suisse, où la  mort volontaire assistée est autorisée. Elle a choisi le jour et l’heure.  Le temps d’un dernier week-end, chacun va tenir son rôle, et tous  vont faire l’expérience de ce lien inextricable qui soude les  membres d’une famille. 
    Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse  avec délicatesse le tableau d’un clan confronté à l’indicible et  donne la parole à ceux qui restent.

    Première page :

    Audrey

     

    La veille, j’étais de garde. Vers vingt-deux heures, on m’a appelée pour une urgence. Un accouchement compliqué. La mère avait fait une grosse hémorragie. On avait réussi à sauver le bébé et je venais de la transférer en réa dans un autre hôpital. J’étais encore totalement là-dedans, dans « Toi et ton bébé, je vous en supplie, vous restez en vie ». Il faut toujours un certain temps après pour redescendre. C’est très addictif les urgences gynécologiques, les urgences en général… on voudrait continuer à sauver le reste du monde, en mode superhéros, mais on reste là, les bras ballants : y’a plus personne à sauver. Alors je suis sortie me faire une clope sur le parking, ma garde venait de se terminer.

    Il devait être deux heures du matin quand j’ai vu arriver le directeur de l’hôpital. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, en pleine nuit. Il m’a dit, je viens renflouer les stocks de sang, au cas où il y ait d’autres interventions.

    Ce que j'en pense :

    C’est ce qu’on appelle un roman choral qui donne la parole à chaque membre de la famille. Il n’y a aucun pathos dans ce sujet très délicat et toujours d’actualité. La lecture est agréable et très rapide, sans doute trop rapide, car on n’a pas vraiment le temps d’être avec chacun des personnages. Ce roman aurait mérité plus de profondeur et de chaleur et d'émotion.

    Le jour et l'heure

     

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  • Chaleur humaine

    "Chaleur humaine" de Serge Joncour - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Ceci est un roman total.

    Entrelaçant l’histoire du monde et une histoire de famille, il embrasse notre présent et nos fautes passées.

    En quelques semaines, du début du mois de janvier 2020 à la fin du mois de mars, le quotidien d’une famille française va basculer en même temps que l’humanité.

    Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan.

    Tandis que, du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits, ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d’une rare intensité.

    Première page :

    Samedi 25 janvier 2020

    Les bêtes se jetaient sur le chemin comme des gamins à l'eau, elles s'ébattaient entre les haies avec une gaieté folle. Effrayé par ces cavalcades, les geais giclèrent des hauts arbres avec des cris rageurs, furieux de devoir partager l'espace avec ces créatures gigantesques. Les vaches soudain légères tambourinaient le sol et remettaient ce qu'il faut de vie dans cette nature tout juste réveillée. Dans les auges au milieu des prés, les poissons rouges tournoyaient dans une lumière sans ombre, d'ici peu les mufles humides plongeraient dans l'onde claire sans les atteindre et les jours reprendraient le dessus sur les nuits. Ce soleil de fin janvier étrennait ses premiers feux, et il y allait franchement, il faisait presque peur à taper aussi fort, décrétant le printemps avec deux mois d'avance. En se retournant, Alexandre nota que Constanze ôtait son pull pour le passer autour de la taille, elle fermait la route à l'arrière auprès des veaux étourdis. Elle venait chaque année pour l'occasion, voir le spectacle de ces jeunes bêtes qui rejoignaient le troupeau après deux mois d’abri.

      Ce que j'en pense :

    On retrouve les mêmes personnages que dans son précédent roman "Nature humaine", en particulier Alexandre. C'est moins "rural" mais plus "humain", dans le sens familial mais aussi parce que ce roman évoque l'avenir de notre civilisation. Tous les personnages ne provoquent pas la même empathie que le frère et sans doute que certains mériteraient d'être un peu plus mis en avant. On sent également qu'une suite pourrait bien être possible.

    Chaleur humaine

     

     

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  • J'ai 8 ans et je m'appelle jean Rochefort

    "J'ai 8 ans et je m'appelle Jean Rochefort" de Adèle Fugère - Buchet-Chastel

     Présentation de l'éditeur :

    Le lendemain matin, je me suis levé. Je devais aller à l'école. Mais j'avais un truc qui me chatouillait au-dessus de la bouche. J'ai touché. Ca piquait un peu. Mais c'était doux aussi. Je suis allé dans la salle de bain. Je suis monté sur le rehausseur pour voir dans la glace. Et je me suis vu. Avec une moustache. J'ai souri. Je n'avais plus l'air de ce que j'étais. Je me suis dit : "Jean, ça te va bien."
    Rosalie Pierredoux, 8 ans, sent toute la tristesse du monde peser sur ses épaules. Un matin, sans prévenir, Jean Rochefort et sa moustache vont changer son regard.

    Première page :

    Je m'appelle Rosalie. Rosalie Pierredoux. J'ai 8 ans. J'habite Saint-Lunaire. C'est en Bretagne. J'habite Saint-Lunaire avec mes parents. Ils sont cool, mes parents. Ils ne me grondent pas trop. Je suis en CE2. Mon école c'est l'école Grenier-Hussenot. C'est à Saint-Lunaire. Aussi. Je suis dans la classe de Jean-Pierre. Jean-Pierre, c'est mon maître. Il est « sensass » 1 Vous ne savez pas ce que ça veut dire « sensass »?

    Ça veut dire vachement bien. Cool. Comme mes parents. C'est un vieux mot que m'a appris mon papy. Je l'aime bien. Ce mot. Et mon papy aussi.

     Ce que j'en pense :

    C’est un petit livre agréable à lire. C’est un peu court, dans tous les sens du terme. Le sujet est intéressant mais, à mon avis, un peu vite survolé et la fin est assez prévisible. C’est un livre qui se lit très vite mais qui pourrait également s’oublier rapidement. Dommage, il y a une nouvelle plume qui est intéressante.

    J'ai 8 ans et je m'appelle jean Rochefort

     

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