• Je ris parce que je t'aime

    "Je ris parce que je t'aime" de Alexandre Sneguiriev - éditions de l'aube

    Présentation de l'éditeur :

    Fiodor et Lena sont jeunes et amoureux. Elle tombe enceinte. Ils sont heureux. Mais voilà, l’enfant qui naît est trisomique. La mère fuit. Le père hésite. Ce sont finalement les grands-parents paternels qui élèveront le petit garçon, laissant leur fils construire sa vie. L’enfant a quinze ans lorsque ses grands-parents décèdent brutalement. Fiodor n’a plus le choix : il doit laisser son fils entrer dans sa vie.

    C’est ce face-à-face entre un père désemparé et maladroit et son fils, aussi attachant qu’imprévisible, qu’Alexandre Sneguiriev nous raconte. Son style, sans mièvrerie aucune, nous atteint droit au cœur.

    Première page :

    « Ham-mam clé en main. »

    Vania regarde à travers la vitre et déchiffre. Nous passons devant des garages ornés de publicités. Pour attraper au vol les lettres en fuite, Vania s'est aplati le visage contre la vitre latérale.

    « Qu'est-ce que ça veut dire, hammam ?

    - C'est les bains turcs.

    - ham-mam, ham-mam, hammam : »

    Vania apprivoise le mot nouveau à coups de répétitions en série.

    «  Et "clé en main", qu'est-ce que ça veut dire ?

    - Ils construisent tout le hammam, et ils te donnent la clé. Il n'y aura plus qu'à s'y faire transpirer. Dans le hammam.

    - Dans le hammam, répète Vania. Hamama!

    Le mot amuse Vania, et il l'essaie sur tous les tons, sur tous les rythmes, en mode aigu, en basse, lento, prestissimo.

    « Hamama, ha-a-a-ama- ma- ma- a-a-a-a, hamama! »

    Ce que j'en pense :

    J'ai trouvé ce livre plutôt intéressant...jusqu'aux environs de la moitié. La façon de parler du handicap, côté paternel, est très originale. C'est très juste, sans rien cacher des sentiments contraires qui peuvent habiter le père, et le tout avec beaucoup de pudeur. Le roman fait aussi une critique assez piquante de la vie en Russie. Mais tout cela ne tient pas sur la longueur. Dommage !

    Je ris parce que je t'aime

     

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  • "Le grand saut" de Thibault Bérard - éditions de l'observatoire

    Présentation de l'éditeur :

    Tout commence lorsque Léonard expire son dernier souffle. Le vieil homme solitaire n'a pas revu ses enfants depuis vingt-cinq ans et a bien des années de frasques à se faire pardonner, aussi n'est-il pas dupe : le chemin vers la rédemption sera escarpé. Tout commence lorsque Zoé, dix ans, adresse une prière muette pour le salut de sa mère. Depuis que cette dernière est brusquement tombée en catatonie, la petite fille et son père vivent un cauchemar sans fin. Qui pourrait les sauver ? Entre ombre et lumière, espoir et peur, remords enfouis et secrets tus, les destins de Léonard et de Zoé vont bientôt s'entremêler...   Thibault Bérard poursuit son exploration du grand roman familial dans un récit à la frontière du réel. À travers deux personnages dont la vie bascule, c'est d'amour, de résilience et de quête de soi qu'il s'agit

    Première page :

    Jour de ténèbres

    12 juillet 2020.

     

    Dans une grimace, Léonard porta la main à sa poitrine, espérant se raccrocher à quelque chose de solide alors même qu'il savait bien que sa vie ne contenait rien, absolument plus rien de solide.

    Et sa vieille poitrine de fumeur de cigarillos encore moins.

    Il commençait à glisser sur le carrelage de sa cuisine, un coude ripant contre le plan de travail, quand une pensée idiote lui vint : depuis combien de temps est-ce qu'il n'avait pas fait le ménage dans cette baraque ?

    Ses jambes ne le portaient plus. Sur ses tempes, tout contre ses côtes et jusque dans la paume de ses mains, il sentait une sorte de bourdonnement chaud, impérieux, exerçant une très forte pression qui n'aurait pas été désagréable s'il ne l'avait immédiatement associée à l'empreinte de la Mort venant - enfin - faire son office.

    — ... me chercher, sale putain...

    Jurer lui apporta un bref soulagement, l'air reflua dans ses poumons, mais Léonard n'était pas le genre de bonhomme à se faire des illusions. Il était foutu et il le savait.

    Ce que j'en pense :

    C'est un roman très original, par le thème et par l'écriture. Bien sûr il faut accepter de se mettre "de l'autre côté" du réel tout en y restant quand même, mais, pour moi, cela s'est fait sans difficulté. Le récit est très bien conduit. Les personnages sont attachants, avec leurs failles et parfois leur bassesse. Un coup de cœur.

    Le Grand Saut

     

     

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  • Avers

    "Avers, des nouvelles des indésirables" de JMG Le Clézio - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n’est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive.
    J. M. G. L. C.

    Première page :

    Depuis toujours elle écoutait le bruit de la mer sur les brisants. À la baie Malgache, les vagues sont très proches, elles s'allongent sur les cailloux noirs si près l'une de l'autre que ça fait un seul fracas doux, sans respiration, un bruit de moteur. Comme le moteur de la pirogue de son père, elle s'en souvient maintenant, même si ça fait des années qu’elle ne l'entend plus. À l’avant de la pirogue Tony Samson avait écrit le nom de sa fille en grosses lettres rouges, MAUREEN, et le dernier N avait coulé en formant quelque chose qui ressemblait à un z. Alors il avait gardé ce nom pour sa fille, il trouvait ça bien plus joli. Et Maureen s'était appelée Maureez pour toujours. Maureez, ça faisait rire les enfants. Ki kot ? To été Moris bolom ? Mais ça n'était pas un sujet de honte, bien au contraire, elle se souvient qu'elle se redressait de toute sa petite taille, qu'elle les toisait. Mo papa finn allé pa'tout, pa’tout pays Moris ça la même. Et puis un jour il n'est pas revenu de la pêche.

    Elle l'a attendu sur le rivage, dans le vent, jour après jour et la nuit. jusqu'à ce que Lola lui dise : « Ça sifi comme ça…

    Ce que j'en pense :

    Huit histoires de survie, dans un monde qui ne désire pas voir ces « invisibles ». Le Clézio y fait preuve d’une grande humanité et nous montre que malgré tout, l’amour résiste. Comme la plupart du temps dans les livres de nouvelles, certaines nous accrochent plus que d’autres. J’ai beaucoup aimé Arvers, Chemin lumineux et Fantômes dans la rue, mais j’avoue que certaines m’ont un peu ennuyé.

    Avers

     

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  • Mãn

     

    "Mãn" de Kim Thúy - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    «Maman et moi, nous ne nous ressemblons pas. Elle est petite, et moi je suis grande. Elle a le teint foncé, et moi j’ai la peau des poupées françaises. Elle a un trou dans le mollet, et moi j’ai un trou dans le cœur.»

    Première page :

    Maman et moi, nous ne nous ressemblons pas. Elle est petite, et moi je suis grande. Elle a le teint foncé, et moi j’ai la peau des poupées françaises. Elle a un trou dans le mollet, et moi j’ai un trou dans le coeur.

    Ma première mère, celle qui m’a conçue et mise au monde, avait un trou dans la tête. Elle était une jeune adulte, ou peut-être encore une fillette, car aucune femme vietnamienne n’aurait osé porter un enfant sans porter un jonc au doigt.

    Ma deuxième mère, celle qui m’a cueillie dans un potager au milieu des plants d’okra, avait un trou dans la foi. Elle ne croyait plus aux gens, surtout quand ils parlaient. Alors, elle s’est retirée dans une paillote, loin des bras puissants du Mékong, pour réciter des prières en sanskrit.

    Ma troisième mère, celle qui m’a vue tenter mes premiers pas, est devenue Maman, ma Maman. Ce matin-là, elle a voulu ouvrir ses bras de nouveau. Alors, elle a ouvert les volets de sa chambre, qui jusqu’à ce jour étaient restés fermés. Au loin, dans la lumière chaude, elle m’a vue et je suis devenue sa fille. Elle m’a donné une seconde naissance en m’élevant dans une grande ville, un ailleurs anonyme, au fond d’une cour d’école, entourée d’enfants qui m’enviaient d’avoir une mère enseignante et marchande de bananes glacées.

    Ce que j'en pense :

    Très beau récit plein de pudeur et de délicatesse. Les horreurs de la guerre, l’exil, les séparations… sont à peine évoqués mais sont sous-jacents. C’est aussi une très belle histoire d’amour où l’on retrouve de merveilleuses recettes de cuisine.  Le style est simple mais je m’attendais à une écriture plus poétique.

    Mãn

     

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  • Zombi

    "Zombi" de Joyce Carol Oates - Stock

    Présentation de l'éditeur :

    Il pose bien un peu un problème à son professeur de père, et à sa mère - qui l'adore - mais ni l'un ni l'autre ne croient une seconde à l'accusation d'agression sexuelle sur un mineur dont il est l'objet.
    Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la qualité toujours plus positive de ses rêves et de sa franchise à en discuter.
    Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit.
    Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l'auteur a pu trouver, avec autant de talent, les mots pour l'écrire.

    Première page :

    Je m’appelle Q… P… & j’ai trente & un ans, trois mois.

    Taille : 1,78 mètre, poids : 67 kilos.

    Yeux marron, cheveux bruns. Corpulence moyenne. Quelques taches de rousseur sur les bras, le dos. Astigmate des deux yeux, port de verres correcteurs obligatoire pour conduire.

    Signes particuliers : néant.

    Sauf peut-être ces petites cicatrices en forme d’asticot sur les deux genoux. Un accident de vélo, il paraît, quand j’étais petit. Je ne dis pas non mais je ne me souviens pas.

    Je ne dis jamais non. Je suis d’accord avec vous quand vous prononcez vos paroles sages. En remuant votre trou du cul de bouche & je dis OUI MONSIEUR je dis NON MADAME. Le regard timide. Derrière mes lunettes à monture en plastique qui ont la couleur de la peau vue à travers le plastique.

    Ce que j'en pense :

    L’autrice nous plonge (au vrai sens du terme) dans le cerveau d’un fou, d’un détraqué sexuel. L’écriture elle-même participe à la confusion de l’homme, avec le signe & qui revient très souvent à la place du « et », avec des phrases très courtes, hachées, avec aussi des dessins faits par le psychopathe. La lecture n’est pas confortable, parfois dérangeante et glaçante. Mais il n’y a jamais de complaisance dans ce voyage réaliste au cœur d’une maladie mentale, et cela c’est une prouesse.

    Zombi

     

     

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  • Sur la plage de Chesil

    "Sur la plage de Chesil" de Ian McEwan - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    " Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible... " Le soir de leur mariage, Edward Mayhew et Florence Ponting se retrouvent enfin seuls dans la vieille auberge du Dorset où ils sont venus passer leur lune de miel. Mais en 1962, dans l'Angleterre d'avant la révolution sexuelle, on ne se débarrasse pas si facilement de ses inhibitions et du poids du passé. Les peurs et les espoirs du jeune historien et de la violoniste prometteuse transforment très vite leur nuit de noces en épreuve de vérité où rien ne se déroule selon le scénario prévu. Dans ce roman dérangeant, magistralement rythmé par l'alternance des points de vue et la présence obsédante de la nature, Ian McEwan excelle une nouvelle fois à distiller l'ambiguïté, et à isoler ces moments révélateurs où bifurque le cours d'une vie.

    Première page :

    Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible. Mais ce n'est jamais facile. Ils venaient de s'installer pour dîner dans un minuscule salon au premier étage d'une auberge de style géorgien. Dans la pièce voisine, visible par la porte ouverte, se trouvait un lit à baldaquin assez étroit, dont la courte- pointe d'un blanc pur s'étendait, incroyable- ment lisse, comme si aucune main humaine ne l'avait touchée. Edward n'avoua pas qu'il n'était encore jamais allé à l'hôtel, alors que Florence, après ses nombreux voyages avec son père dans son enfance, était une habituée. En apparence, tout leur souriait. Leur mariage à l'église St Mary d'Oxford s'était bien passé : la cérémonie religieuse avait été sans fausse note, la réception, festive, les adieux de leurs copains de fac et de lycée, aussi bruyants que chaleureux. Contrairement à ce qu'ils redoutaient tous les deux, les parents de Florence n'avaient pas regardé les siens de haut…

    Ce que j'en pense :

    Livre qui décortique dans les années 60 un amour qui se voudrait éternel mais qui se heurte très vite à un « accident physiologique ». A partir d’une écriture classique, presque austère, avec un humour qui se veut distancié, l’auteur nous offre un roman, plutôt court, qui pourrait être considéré comme « léger » mais qui montre avec force la souffrance et la cruauté de cette misère sexuelle liée au puritanisme de l’époque.

    Sur la plage de Chesil

     

     

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  • "Les enfants sont rois" de Delphine de Vigan - folio

    Présentation de l'éditeur :

    "Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire."Mélanie, qui a grandi dans le culte de la téléréalité, n'a qu'une idée en tête : devenir célèbre. Mais son unique apparition à l'écran tourne au fiasco. Quelques années plus tard, mariée et mère de famille, elle décide de mettre en scène le quotidien de ses enfants sur YouTube. Le succès ne se fait pas attendre, et la voilà bientôt suivie par des millions d'abonnés. Jusqu'au jour où sa fille disparaît. Des années Loft Story aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu.

    Première page :

    BRIGADE CRIMINELLE - 2019

    DISPARITION DE L'ENFANT KIMMY DIORE

    Objet : Transcription et exploitation des dernières stories Instagram postées par Mélanie Claux (épouse Diore).

    STORY 1

    Diffusée le IO novembre, à 16 h 35.

    Durée : 65 secondes.

    La vidéo est filmée dans un magasin de chaussures. Voix de Mélanie : « Mes chéris, nous sommes arrivés chez Run-Shop pour acheter les nouvelles baskets de Kimmy ! Hein, mon petit chat, tu as besoin de nouvelles baskets car les autres commencent à être un peu serrées ? (La caméra du téléphone portable se tourne vers la petite file qui met quelques secondes avant d'acquiescer, sans grande conviction.) Alors, voici les trois paires que Kimmy a sélectionnées …

    Ce que j'en pense :

    Évidemment que le sujet est important et qu’il est bon de dénoncer toutes les dérives des « youtubeurs » (et assimilés) qui mettent en scène les enfants (et cela en toute légalité). Mais ce livre m’a beaucoup déçu (contrairement à d’autres romans de l’autrice). Les personnages manquent cruellement d’épaisseur et le style est du genre « radoteur »… c’est un roman qui tourne en rond autour de son sujet sans vraiment le pénétrer.

    Les enfants sont rois

     

     

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  • On était des loups

    "On était des loups" de Sandrine Collette - JC Lattès

    Présentation de l'éditeur :

    Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

    Première page :

    C'est la nuit je regarde l'enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n'est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous.

    La vie qui.

    L'enfant a des cheveux blonds presque blancs, les mêmes que sa mère, ébouriffés par le sommeil. S'il avait les yeux ouverts, ces yeux d'un éclat bleuté transparent, je penserais encore une fois à mon père son grand- père qui avait lui aussi ce regard-là avec ce ciel à l'intérieur, une ondulation comme les grands lacs de montagne. Mais l'enfant dort et ses paupières sont baissées.

    l a des petits yeux et je me dis vraiment tout est petit en lui. ça grandira, bien sûr. Pour l'instant le bleu de ses yeux ressemble à une tache de myrtille sauvage, celles qui couvrent les sous-bois au début de l'été et que je rapporte à Ava pour qu'elle les mette en bocaux.

    Ce que j'en pense :

    C’est à mon avis le meilleur roman de l’autrice. On retrouve ses thèmes favoris autour de la nature sauvage, profonde et belle mais parfois assez terrible. On y découvre également que l’homme peut avoir de multiples facettes : le chasseur, le père, le monstre, l’ogre…comme dans les contes. L’écriture est magnifiquement adaptée au sujet en nous faisant pénétrer dans les pensées du père. Un coup de cœur qui m’a fait penser parfois à du Mingarelli.

    On était des loups

     

     

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  • Cher connard

    "Cher connard" de Virginie Despentes - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    «  Cher connard,
    J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux  : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve  : je t’écris.  »
    Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
    Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

    Première page :

    OSCAR

    Chroniques du désastre

    Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu’elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque – combien de fois je suis tombé amoureux d’elle, combien de photos d’elle, dans combien d’appartements, au-dessus de combien de lits – j’ai pu accrocher et qui m’ont fait rêver. Métaphore tragique d’une époque qui se barre en couille – cette femme sublime qui initia tant d’adolescents à ce que fut la fascination de la séduction féminine à son apogée – devenue aujourd’hui ce crapaud. Pas seulement vieille. Mais épaisse, négligée, la peau dégueulasse, et son personnage de femme sale, bruyante. La débandade. On m’a appris qu’elle s’était convertie en égérie pour jeunes féministes. L’internationale des pouilleuses a encore frappé. Niveau de surprise : zéro. Je me roule en PLS sur mon sofa et je réécoute Hypnotize de Biggie, en boucle.

    Ce que j'en pense :

    Je suis quand même allé jusqu’à la page 122 ! Je me suis bien fait avoir par le battage médiatique « parisien » autour de ce livre. Et pourtant je suis très méfiant mais je ne sais pas ce qui m’a pris, le titre sans doute… mais j’ai vite déchanté. Cette soit disant correspondance n’a rien d’épistolaire mais ressemble à des monologues assez ennuyeux sauf au tout début. De temps en temps il y a une belle phrase, un beau coup de gueule, mais pour moi ça ne suffit pas.

    Cher connard

     

     

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  • Plus bas dans la vallée

    "Plus bas dans la vallée" de Ron Rash - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Un an après son départ pour le Brésil, Serena, personnage emblématique de l’œuvre de Ron Rash, revient dans les Great Smoky Mountains. Selon le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp, tous les arbres de la dernière parcelle qu’elle possède aux États-Unis doivent être abattus avant la fin de juillet. Il ne reste que trois jours. La pluie incessante qui fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier, les serpents impitoyables, l’épuisement des bûcherons en sous-effectif rendent la tâche presque impossible. La « Lady Macbeth des Appalaches » sera-t-elle à la hauteur de sa sinistre réputation ?
    Autour de ce diamant noir, six nouvelles âpres mais traversées d’éclairs d’un humour parfois grinçant disent la vie rude et privée d’horizon des enfants oubliés de l’Amérique que sont les habitants de cette contrée.

    Première page :

    Quand Serena Pemberton descendit de l'hydravion Com• modore, en juillet 1931, un modeste mais fervent contingent de reporters et de photographes l'attendait. À l'exception du pilote, elle était seule. Ceux qui l'accompagneraient au camp forestier, à la fois bêtes et gens, étaient arrivés par bateau la veille au soir. Ils avaient déjà pris place à bord du train qui les emmènerait de Miami en Caroline du Nord. Tous sauf Galloway, son exécuteur des basses besognes, qui s'était procuré une automobile pour conduire sa patronne à la gare. Tandis qu'on mettait en place l'échelle métallique mobile, il vint se poster à côté de la marche du bas. C'était un homme de petite taille, au corps maigre et nerveux, aux vêtements miteux; un moignon violacé dépassait de l'une de ses manches. Alors que les flashs des appareils photo crépitaient à quelques centimètres à peine de son visage, il ne cillait pas.

    Au moment où Serena entamait la descente, la première question qu'on lui cria porta sur les rumeurs entourant la mort de son mari. Il sembla, l'espace d'un instant, qu'elle n’y répondrait pas…

    Ce que j'en pense :

    Le texte qui donne son nom au livre est trop long pour être une nouvelle et trop court pour être vraiment un roman. L’univers de Ron Rash a besoin de temps et d’espace pour s’épanouir et donner sa pleine mesure comme dans « Une terre d’ombre ». Les autres nouvelles sont bien réussies mais dans des genres très différents. Dans certaines on retrouve l’humour noir souvent piquant de l’auteur.

    Plus bas dans la vallée

     

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