• La mélancolie des baleines

    "La mélancolie des baleines" de Philippe Gerin - Gaïa

    Présentation de l'éditeur :

    Pour honorer la promesse faite à leur fils Eldfell de l’emmener voir les baleines en Islande, Ayden et Sasha sont de retour là où tout a commencé pour eux. Mais neuf ans après, l’île a bien changé et la vulnérabilité nouvelle de leur enfant teinte d’inquiétude l’euphorie du voyage tant attendu.
    Chauffeur de bus, Guðmundur arpente inlassablement chaque jour la route circulaire. À la nuit tombée, il se rêve écrivain et couche sur le papier des bribes de romans. Abandonné par ses parents, l’homme aux yeux vairons cherche à savoir qui il est vraiment. La tache de naissance à la forme énigmatique, sur son cou, pourra-t-elle l’aider à percer le mystère de ses origines ?...

    NE PAS LIRE entièrement la 4ème de couverture qui en dit beaucoup trop

    Première page :

    tu entends chut tu entends Sasha écoute là dans les vagues

     

    La voix d’Eldfell n’était plus qu’un filet d’eau sans force qui cherchait désespérément un passage entre les galets polis du lit d’une rivière asséchée depuis mille ans. Sasha se tenait juste derrière lui sur le sable noir poisseux. Elle avait posé ses mains sur les épaules menues de l’enfant et penchait son buste au-dessus de lui. Ses longues mèches de cheveux emmêlées balayaient le cou strié de veines bleues d’Eldfell, mais il ne semblait pas y prêter attention. Tout son corps minuscule était tendu vers la mer, les vagues roulantes et l’écume agonisante.

     

    tu entends tu entends Sasha chut

     

    Le murmure fut immédiatement emporté par une rafale de vent désordonnée qui drainait dans son sillage des millions de grains de sable. Ils percutèrent les visages transis par la froideur comme autant de piqûres d’aiguilles acérées. Eldfell dut fermer les yeux un instant et sa respiration fut coupée par l’air glacial qui forçait le passage. Il vacilla. Sasha pensa que le corps délié de l’enfant allait plier et se répandre dans les vasques d’eau à leurs pieds. Mais Eldfell résista. Courageux, il parvint à rester debout. La plage s’immobilisa à nouveau. La peau de l’enfant, humide des embruns salés, dégageait une odeur sauvage inhabituelle. Sasha respira longuement l’odeur inconnue. Elle chercha dans ses souvenirs des réminiscences,…

    Ce que j'en pense :

    Une fable dépaysante sur le thème de la disparition, de l’absence (actuelle ou à venir). L’auteur nous transporte de façon allégorique dans un monde qui pourrait s’éteindre. Les paysages sont envoûtants et mystérieux et font pleinement partie du récit. Au final, l’auteur nous fait voyager de manière poétique, mélancolique et parfois douloureuse avec les personnages de ce roman.

    La mélancolie des baleines

     

     

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  • Il était un fleuve

    "Il était un fleuve" de Diane Setterfield - Plon

    Présentation de l'éditeur :

    Une auberge au bord de la Tamise, une nuit de solstice d'hiver, quelque part au XIXe siècle. Un étranger gravement blessé pousse la porte, avec dans ses bras une petite fille noyée. L'homme s'appelle Henry Daunt. Quant à la fillette, personne ne connaît son nom. Quelques heures plus tard, elle revient à la vie. Qui est cette miraculée ? Amelia, la fille des Vaughan, enlevée deux ans plus tôt, Alice, la fille du bâtard mulâtre des Armstrong, ou une petite gitane du camp d'à côté ? À moins qu'il ne s'agisse de la fille du batelier, le Silencieux, mort il y a plusieurs siècles et qui fait désormais traverser la rivière aux âmes...
    Une année durant, Henry va explorer toutes les pistes, fouiller le passé, les frontières de ce monde, en commençant par le fleuve.

    Première page :

    L'histoire débute ainsi...

    Il était une fois une auberge paisiblement installée sur les berges de la Tamise à Radcot, à une journée de marche de la source. Les auberges étaient nombreuses en amont du fleuve à cette époque, et partout on pouvait s'y soûler, mais outre le cidre et la bière qu'il convenait d'y trouver, chacune présen­tait une spécificité. Le Red Lion à Kelmscott était réputé pour la musique : les bateliers y jouaient du violon le soir, et les fromagers y chantaient des complaintes sur l'amour perdu. À Inglesham, il y avait le Green Dragon, havre de contemplation fleurant le tabac. Si vous étiez joueur, le Stag à Easton Hastings était parfait pour vous, mais si vous préfériez les ambiances bruyantes et querelleuses, rien ne valait le Plough, aux abords de Buscot. Le Swan, à Radcot, possédait lui aussi sa spécialité. On s'y rendait pour écouter des histoires.

    Le Swan était un établissement très ancien, peut-être le plus ancien de tous. Sa construction s'était échelonnée sur trois périodes : le premier bâtiment était vieux, le deuxième très vieux, et le troisième encore plus vieux. Ces trois différents corps de logis étaient réunis par le chaume qui leur servait de toit, le lichen qui poussait sur leurs pierres vénérables, et le lierre qui grimpait le long de leurs murs. L'été, les gens venaient des villes par le chemin de fer nouvellement installé, en excursion pour la journée, et louaient une barque afin de passer l'après-midi sur le fleuve, avec un pique-nique et une bouteille de bière; …

    Ce que j'en pense ;

    On est très vite dans une atmosphère étonnante, entre fantasme et réalité. Le fleuve est omniprésent, il est le personnage principal de l’histoire, il représente le bien et le mal, la vie et la mort. Les autres personnages sont également bien présents et nous n’avons aucune peine à les suivre dans leurs aventures, leurs rêves, leurs mensonges… Le récit est très bien conduit et, ce qui ne gâte rien, l'écriture est splendide. Le lecteur se laisse imprégner par ce conte merveilleux.

    Il était un fleuve

     

     

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  • La loi sauvage

    "La loi sauvage" de Nathalie Kuperman - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    «Votre fille, c'est une catastrophe.»
    C'est ce que dit la maîtresse à une mère un matin devant l'école. La phrase fait son chemin dans l'esprit fragile de Sophie et la renvoie à une douleur ancienne, également d'origine scolaire. Ressurgissant au contact du mot «catastrophe», cet événement traumatique entraîne toutes sortes de perturbations dans sa vie, y compris dans son travail. Chargée de rédiger des notices pour appareils ménagers, elle laisse affleurer ses angoisses dans les modes d'emploi qui deviennent de plus en plus loufoques...
    La loi sauvage est une descente en spirale dans l'univers mental d'une mère aux prises avec la vie scolaire de sa fille, mais aussi avec sa vie quotidienne, sentimentale et professionnelle. L'amour maternel est ici décrit, avec l'originalité et l'humour propres à l'auteur, à la fois comme un recours salutaire et une passion toxique.

    Première page :

    La maîtresse, que je croisai dans la rue un mardi matin — j’avais déjà allumé ma cigarette et j’étais ennuyée d’apparaître devant elle avec cet attribut qui me rendait déjà coupable —, m’apostropha d’un Votre fille, c’est une catastrophe. Et, me sentant avide de connaître les raisons de la sentence, elle se déroba, m’expliquant qu’elle était débordée et que l’on se verrait après les vacances de la Toussaint.

    Sur le coup, je me suis dit qu’elle avait le mérite d’énoncer les choses clairement. Et puis, elle avait bonne réputation. C’était le genre de maîtresse adorée de tous parce que vieille école, rompue à l’exercice, bedonnante et gentille, bientôt à la retraite. Camille, m’étais-je dit en découvrant le nom de ma fille sur la liste le jour de la rentrée, avait une chance folle de l’avoir.

    J’errais dans le passage Ferrand à l’affût d’un signe supplémentaire, incapable de m’éloigner de l’endroit où avait eu lieu l’échange, guettant une parole qui serait restée en suspension et que je n’aurais pas su entendre. Mais la maîtresse n’avait pas eu le temps de m’accorder un mot de plus. C’était sans appel ; elle me recevrait après les vacances.

    Ce que j'en pense :

    Au début on se dit qu’on va passer un bon moment : style réaliste et plein d’humour, avec alternance de propos sur la maîtresse et écriture de mode d’emploi…J’ai tenu une cinquantaine de pages, j’ai essayé de poursuivre au moins jusqu’à la moitié, mais j’ai vite trouvé cette lecture lassante et même exaspérante. J’ai abandonné et je ne sais pas si je lirai d’autres ouvrages de cette autrice.

    La loi sauvage

     

     

     

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  • "La vie mensongère des adultes" de Elena Ferrante - Gallimard

    Présentation de l'éditeur ;

    «Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide. »
    Giovanna, fille unique d’un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L’année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu’inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l’appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d’une personne mystérieusement recouverte de feutre noir. Elle décide alors d’aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples. Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l’adolescente découvre un autre univers social, une façon d’être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu’elle tente de concilier.

    Première page :

    Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père déclara à ma mère que j’étais très laide. Cette phrase fut prononcée à mi-voix, dans l’appartement que mes parents avaient acheté juste après leur mariage au Rione Alto, en haut de San Giacomo dei Capri. Tout est resté figé – les lieux de Naples, la lumière bleutée d’un mois de février glacial, ces mots. En revanche, moi je n’ai fait que glisser, et je glisse aujourd’hui encore à l’intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire, alors qu’en réalité je ne suis rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : je ne suis qu’un écheveau emmêlé dont personne ne sait, pas même celle qui écrit en ce moment, s’il contient le juste fil d’un récit, ou si tout n’est que douleur confuse, sans rédemption possible.

    Ce que j'en pense :

    Au début du livre on se dit que ce livre va être intéressant mais on déchante assez vite. L’intrigue est assez « paresseuse ». Oui, on découvre la ville de Naples de façon originale ainsi que la diversité de la langue italienne avec ses « dialectes » mais on se lasse très vite. Je suis quand même allé au bout car l’écriture de l’autrice nous y conduit de manière plutôt agréable.

    La vie mensongère des adultes

     

     

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  • Pleine terre

    "Pleine terre" de Corinne Royer - Actes Sud

    Présentation de l'éditeur :

    Ce matin-là, Jacques Bonhomme n’est pas dans sa cuisine, pas sur son tracteur, pas auprès de ses vaches. Depuis la veille, le jeune homme est en cavale : il a quitté sa ferme et s’est enfui, pourchassé par les gendarmes comme un criminel. Que s’est-il passé ?
    D’autres voix que la sienne – la mère d’un ami, un vieux voisin, une sœur, un fonctionnaire – racontent les épisodes qui ont conduit à sa rébellion. Intelligent, travailleur, engagé pour une approche saine de la terre et des bêtes, l’éleveur a subi l’acharnement d’une administration qui pousse les paysans à la production de masse, à la déshumanisation de leurs pratiques et à la négation de leurs savoir-faire ancestraux. Désormais dépouillé de ses rêves et de sa dignité, Jacques oscille entre le désespoir et la révolte, entre le renoncement et la paradoxale euphorie de la cavale vécue comme une possible liberté, une autre réalité.
    Inspiré d’un fait divers dramatique, ce roman aussi psychologique que politique pointe les espérances confisquées et la fragilité des agriculteurs face aux aberrations d’un système dégradant notre rapport au vivant. De sa plume fervente et fraternelle, Corinne Royer célèbre une nature en sursis, témoigne de l’effondrement du monde paysan et interroge le chaos de nos sociétés contemporaines, qui semblent sourdes à la tragédie se jouant dans nos campagnes.

    Première page :

    C’était le jour mais il lui semblait que la nuit ne finirait plus. Allongé à même la sente où courait une végétation touffue, il avait ouvert les yeux aux premiers cris des passereaux. À présent, l’aube grandissait. Il ne s’en imprégnait pas, il restait tout entier dans l’ombre. Son bassin était si lourdement ancré
    au sol que les fougères écrasées sous le sacrum avaient rendu une sève huileuse qui lui inondait les reins. Depuis combien d’années ne s’était-il pas éveillé ainsi, à l’aplomb du ciel, dans la clarté encore laiteuse, entre les plis charnus de la terre ? Il fallait sans doute remonter aux fantaisies de l’adolescence, autant dire un sacré bail. Face tournée vers les grands frênes, pieds parfaitement à plat, il ne bougeait pas. Ses jambes étaient positionnées de telle manière que s’il avait relevé la nuque, il n’aurait rien vu du paysage qui se déployait devant lui – seulement la masse de ses cuisses et les deux sphères de ses genoux.
    Il referma les yeux.
    Le vert tenace qui l’entourait, il n’avait de toute façon pas le courage de le regarder. C’eût été comme s’extraire d’un sommeil de momie : autant se découdre les paupières ou, plus résolument, tailler dedans.

    Ce que j'en pense :

    C’est un texte d’une grande puissance qui nous fait pénétrer dans une ruralité profonde. Le tableau du milieu paysan est assez noir et rude et en même temps d’une grande finesse mais sans aucune concession devant les nécessités économiques (soi-disant modernes). C’est à la fois un roman et un manifeste pour une vraie agriculture paysanne et naturelle. De plus l’écriture est splendide. Un coup de coeur.

    Pleine terre

     

     

     

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  • Ainsi Berlin

    "Ainsi Berlin" de Laurent Petitmangin - La manufacture de livres

    Présentation de l'éditeur :

    Alors que la guerre vient de s’achever, dans les décombres de Berlin, Käthe et Gerd s’engagent dans la construction du monde nouveau pour lequel ils se sont battus. Ils imaginent un programme où les enfants des élites intellectuelles, retirés à leurs familles, élevés loin de toute sensiblerie, formeraient une génération d’individus supérieurs assurant l’avenir de l’Allemagne de l’Est. Mais, à l’ouest du mur qui s’élève, une femme a d'autres idéaux et des rêves de renouveau. Liz, architecte américaine, entend bien tout faire pour défendre les valeurs du monde occidental. Quand Gerd rencontre Liz, la force de ses convictions commence à vaciller...

    Première page :

    Il me tomba littéralement des bras. Un jeune gars, sûrement plus jeune que moi de quelques années, c’était difficile à dire, la guerre compliquait tout, la lecture des visages aussi, et le sang qui versait de son cou en jets saccadés achevait de le rendre sans âge. Son corps, je le ceinturai plusieurs minutes, pour l’empêcher de s’effondrer, une drôle d’impression, une drôle d’idée là où on était rendus. Un corps qui me semblait proche, la chaleur d’un frère, il n’était pas si lourd, mais ce fut ma tête, prise d’un soudain dégoût, qui commanda de le lâcher.

    Je m’accroupis quand même à côté de lui, je lui dis « attends », et juste ce mot que je répétai plusieurs fois, comme s’il suffisait à tout enrayer. Je l’embrassai, maladroitement, sur le front, vaine excuse, je mâchurai le sang sur sa chemise. Je restai encore, je toussai et déglutis, moi qui pouvais encore le faire, je crachai poudre et poussière, tout ce que nous venions de vivre, ces quelques minutes essentielles et celles qui avaient précipité l’instant, l’acmé d’une journée comme tant d’autres déjà, et je me sauvai, car cela ne servait plus à rien de rester.

    Ce que j'en pense :

    C’est une déception ! Je n’ai pas retrouvé l’émotion de son livre précédent (Ce qu’il faut de nuit). Le sujet pourrait avoir un certain intérêt mais on se perd un peu dans ces histoires d’espionnage et de contre espionnage. On n’a aucune empathie pour les différents personnages (sauf un peu pour celui de Liz). On frôle même l’ennui.

    Ainsi Berlin

     

     

     

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  • Mon mari

    "Mon mari" de Maud Ventura - L'iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    "Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. "
    Elle a une vie parfaite. Une belle maison, deux enfants et l'homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire " mon mari ". Et pourtant elle veut plus encore : il faut qu'ils s'aiment comme au premier jour. Alors elle note méthodiquement ses " fautes ", les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle se veut irréprochable et prépare minutieusement chacun de leur tête-à-tête. Elle est follement amoureuse de son mari. Du lundi au dimanche, la tension monte, on rit, on s'effraie, on flirte avec le point de rupture, on se projette dans ce théâtre amoureux.

    Première page :

    Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari.

    J’aime mon mari comme au premier jour, d’un amour adolescent et anachronique. Je l’aime comme si j’avais quinze ans, comme si nous venions de nous rencontrer, comme si nous n’avions aucune attache, ni maison ni enfants. Je l’aime comme si je n’avais jamais été quittée, comme si je n’avais rien appris, comme s’il avait été le premier, comme si j’allais mourir dimanche.

    Je vis dans la peur de le perdre. Je crains à chaque instant que les circonstances tournent mal. Je me protège de menaces qui n’existent pas.

    Ce que j'en pense :

    C’est vrai qu’en regardant la couverture du livre on a l’impression d’être dans une autre époque un peu désuète. Ce roman est cependant très moderne, au moins dans son écriture, dans l’humour distancié et plutôt piquant, acide. Il pourrait aussi nous faire penser que l’amour serait une sorte de maladie, avec cette héroïne tellement amoureuse qu’elle en parait complètement névrosée. Ce livre est très original malgré une certaine perte d’intérêt après la moitié de l’ouvrage. Il faut cependant aller jusqu’à la fin pour le savourer pleinement.

    Mon mari

     

     

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  • Le bureau des affaires occultes

    "Le bureau des affaires occultes" de Eric Fouassier - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Automne 1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente.
    Valentin Verne, jeune inspecteur du service des mœurs, est muté à la brigade de Sûreté fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime.
    Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour le mystérieux et l’irrationnel, Valentin Verne sait en décrypter les codes. Nommé par le préfet à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences.
    Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le seul surnom du Vicaire ?
    Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?
    Qui est le chasseur, qui est le gibier ?

    Première page :

    Affronter sa peur.

    Lorsqu’il a découpé la toile de tente à l’aide d’un tesson de bouteille, l’enfant croyait trouver un refuge. Il ne pouvait pas imaginer ce qui l’attendait à l’intérieur. L’escalade de la peur. Tous ces regards enfiévrés, tous ces visages effarés qui lui renvoient sa propre terreur…Maintenant il gît là, tremblant de tous ses membres, recroquevillé dans une pénombre poisseuse. Les rares chandelles disposées à l’intérieur n’ont pas pour fonction de chasser l’obscurité, mais de créer un savant jeu d’ombres et de clartés. Elles semblent flotter dans l’air, tels des papillons de flamme. À leur lueur inquiétante le jeune garçon préférerait encore le tunnel d’encre de la rue. Le noir, le néant. Tout, plutôt que ces visions d’épouvante qui l’assaillent sous la toile humide. Mais il n’ose plus bouger. Il se contente de fermer les yeux. Comme si le rideau de ses paupières constituait un rempart efficace. Suffisait à faire disparaître l’insoutenable.

    Combien de temps demeure-t‑il ainsi, comme pétrifié ? Une minute, une heure, un siècle ? Il n’en a pas la moindre idée. Affronter sa peur… Il s’y était préparé dans sa tête. Il se croyait suffisamment fort pour s’arracher au piège. Mais là, il ne sait plus. Il n’arrive plus à faire émerger la moindre pensée cohérente du chaos…

    Ce que j'en pense :

    Voilà un polar historique assez addictif. Cela m'a fait penser à ces romans feuilletons du 19ème siècle remplis de rebondissements. C'est écrit avec un vocabulaire dans l'esprit de l'époque. Toute la partie historique est assez bien rendue. C'est vrai que certains passages paraissent invraisemblables et quelques personnages sont plutôt caricaturaux, mais on sait bien que cela est permis avec ce genre de livre. Au final, ce roman est plaisant à lire. Bien sûr, on attend une suite et pourquoi pas une adaptation télévisée !

    Le bureau des affaires occultes

     

     

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  • "Norlande" de Jérôme Leroy - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Clara, 17 ans, fait partie des rescapés d’un massacre qui a ensanglanté la paisible Norlande. Comme Clara n’arrive plus à parler, elle écrit à une amie française. Elle cherche à comprendre l’attentat qui a décimé ses camarades pacifistes, cet été-là, sur l’île de Clamarnic. Elle raconte, aussi, une manipulation amoureuse et une innocence perdue. Norlande,enquête poignante d’une jeune femme sur elle-même, est un suspense psychologique tout en nuances. Et l’autopsie de nos sociétés en proie à la paranoïa identitaire.

    Première page :

    Non, ma chère Émilie, je ne peux pas dire que j’aille beaucoup mieux. Je ne peux toujours pas sortir de la clinique Reine-Astrid. D’ailleurs, je n’en ai aucune envie. Cela fait, si je compte bien, huit mois que je m’y trouve.
    Huit mois.
    Peut-être en faudra-t-il neuf, comme pour une gestation, comme pour une nouvelle naissance. Est-ce que l’on peut renaître à dix-sept ans, dis-moi, Émilie ?
    Toi, n’as-tu pas attendu d’avoir quinze ans ? Je n’ai rien oublié de ton histoire, tu sais. Celle que tu m’as racontée à la fin de ton premier séjour en Norlande, quand tu es devenue ma correspondante française venant du lycée Corneille de Rouen au gymnasium de Ladore, à Ardis, notre capitale.
    Je sais à quel point tu as aimé, aussi, le premier été que tu as passé ici. Cela t’avait émerveillée parce que le soleil ne se couchait jamais. Nous allions souvent faire du camping sauvage en bande et tu adorais, comme nous tous, te baigner dans la région des Lacs, à deux heures du matin,…

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman prévu pour des ados, ce qui explique sans doute son côté un peu trop simpliste. Le pays de Norlande est bien trop parfait et les habitants bien trop « gentils ». Bien sûr on pense au massacre dans une ile de Norvège en 2011. L’histoire se lit facilement, amène son petit lot d’émotions et questionne sur la montée des extrémismes. Ce roman a la forme d'un journal adressé à une amie française mais ça parait très artificiel pour montrer que les idées d'extrême droite progressent partout.

    Norlande

     

     

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  • Vanda

    "Vanda" de Marion Brunet - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Personne ne connaît vraiment Vanda, cette fille un peu paumée qui vit seule avec son fils Noé dans un cabanon au bord de l’eau, en marge de la ville. Une dizaine d’année plus tôt elle se rêvait artiste, mais elle est devenue femme de ménage en hôpital psychiatrique. Entre Vanda et son gamin de six ans, qu’elle protège comme une louve, couve un amour fou qui exclut tout compromis. Alors quand Simon, le père de l’enfant, fait soudain irruption dans leur vie après sept ans d’absence, l’univers instable que Vanda s’est construit vacille. Et la rage qu’elle retient menace d’exploser.

    Première page :

    Elle l’a reconnu tout de suite, s’est arrêtée de respirer, glacée. Il boit près des enceintes, remue à peine dans un balancement raisonnable de la tête, le sourire ennuyé du mec qui n’a pas traîné dans ce genre d’endroit depuis longtemps.

    Qu’est-ce qu’il fout là ? Vanda ne l’a pas revu depuis presque sept ans. Sept ans c’est loin, une autre vie – formule éculée pour une réalité charnelle. Le type ne bouge pas, il y a longtemps déjà il était comme ça, incapable de danser, le corps qui s’empêche, il n’y avait que dans le sexe qu’il devenait mouvant, surprenant de désordre et prêt à l’envol.

    Tournant le dos à la scène, Vanda traverse le groupe de danseurs, pousse les corps en sueur, les torses qui tressautent et se heurtent. Les visages luisants et orangés sont tordus dans la lumière, les dents à découvert. À mesure que le groupe sur scène s’excite de plus en plus et que l’ambiance du bar monte encore d’un cran, elle réalise qu’elle est déjà drôlement bourrée. Le vertige de l’alcool et l’impression d’être envahie sur ses terres. Lui, près des enceintes, il ne fait plus partie de son paysage.

    Ce que j'en pense :

    Très beau portrait d’une mère beaucoup trop possessive, qui a appelé son fils « Bulot ». L’environnement social est très présent : manifestations, travail épuisant et mal considéré, difficulté pour se loger et vivre décemment.... On sent bien sûr poindre le drame qui parait inéluctable. C’est un livre fort, à l’atmosphère assez pesante. Rien à voir donc avec ces fameux romans « qui font du bien ».

    Vanda

     

     

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