• Yoga

    Voilà un livre que j'ai abandonné (c'est bien le mot) après avoir lu une centaine de pages. Je suis d'accord pour dire que Carrère écrit très bien mais j'avoue que je me suis ennuyé... Je cherchais, en le lisant, quelque chose de plus que ce que j'avais entendu ou lu dans ses interview... mais il avait sans doute dit l'essentiel ! 


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  • L'intimité

    "L'intimité" de Alice Ferney - Actes Sud

    Présentation de l'éditeur :

    Alexandre et Ada forment un couple heureux et s’apprêtent à accueillir un enfant. À l’heure de partir à la maternité, Ada confie son premier-né à leur voisine Sandra, une célibataire qui a décidé de longue date qu’elle ne serait pas mère. Après cette soirée décisive, la libraire féministe garde un attachement indéfectible au jeune garçon et à sa famille. Quelques années plus tard, sur un site de rencontres, Alexandre fait la connaissance d’Alba, enseignante qui l’impressionne par sa beauté lisse et sa volonté de fer…

    Sandra, Alexandre, Alba – sur ces trois piliers, Alice Ferney construit son roman : en révélant les aspirations, les craintes, les opinions, les hésitations, les choix de ces personnages, elle orchestre une polyphonie où s’illustrent les différentes manières de former un couple, d’être un parent, de donner (ou non) la vie. S’amusant à glisser des dialogues philosophiques dans une comédie de mœurs, alternant les points de vue pour déplier toutes les réalités d’un projet ou d’une certitude, elle ausculte magistralement une société qui sans cesse repousse les limites de la nature et interroge celles de l’éthique pour satisfaire au bonheur individuel et familial.

    Première page :

    Le pressentir ou l’imaginer aurait été funeste : elle les vit ensemble pour la dernière fois ce jour-là, un samedi de septembre, en fin de matinée. Ils formaient un de ces couples que les autres admirent sans les connaître ou même envient, et elle les admirait en effet. Les architectes du quatrième, ainsi les appelait-on dans l’immeuble. Ils étaient jeunes et amoureux, instruits et entreprenants, franchement doués sans être pour autant arrogants ou orgueilleux, ce qui les rendait sympathiques. Des gens à qui tout souriait, comme on dit, et qui, preuve supplémentaire d’intelligence, ne la ramenaient pas. L’heure de la naissance étant venue, ils s’en allaient à la maternité. En tant que voisine familière et amicale – elle occupait l’appartement au-dessous du leur sans jamais s’être plainte du bruit qu’occasionnent forcément des jambes enfantines –, Sandra avait accepté de garder leur fils et c’est avec sa main dans la sienne, avec cette inhabituelle sensation de petitesse et de fragilité, qu’elle leur a dit au revoir, ne vous inquiétez pas pour Nicolas, on va bien s’amuser tous les deux. Elle faisait là une promesse difficile à tenir car elle ne s’était jamais plu dans la compagnie des enfants et croyait ne pas savoir s’y prendre avec eux. À ce soir mon grand, a dit l’homme, tandis que la mère – la belle Ada – envoyait un dernier baiser. Aussitôt le jeune Nicolas a refait vers elle le même geste : embrasser ses doigts et lancer sa main vers le ciel, un geste que visiblement il faisait pour la première fois et qui l’amusa, comme nous enthousiasment les inaugurations et les découvertes. Les yeux d’Ada brillaient anormalement, Sandra le remarqua, la future mère devait être émue par l’inquiétude…

    Ce que j'en pense : 

    L’intimité aborde tout ce qui touche à la maternité et aux relations dans le couple. Le sujet est bien sûr très actuel. Les 50 premières pages m’ont particulièrement intéressé. Mais la suite tourne à la démonstration et les arguments pour ou contre sont avancés par les protagonistes sur des thèmes comme l’asexualité, la PMA, la GPA… C’est bien documenté (trop !) mais les personnages y perdent de l’intérêt et ne suscitent plus d’empathie (sauf la voisine Sandra). Ce livre, contrairement à d’autres romans de l’autrice, m’a donc déçu.

    L'intimité

     

     

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  • Loin-Confins

    "Loin-Confins" de Marie-Sabine Roger - Rouergue

    Présentation de l'éditeur :

    Il y a longtemps de cela, bien avant d’être la femme libre qu’elle est devenue, Tanah se souvient avoir été l’enfant d’un roi, la fille du souverain déchu et exilé d’un éblouissant archipel, Loin-Confins, dans les immensités bleues de l’océan Frénétique. Et comme tous ceux qui ont une île en eux, elle est capable de refaire le voyage vers l’année de ses neuf ans, lorsque tout bascula, et d’y retrouver son père. Il lui a transmis les semences du rêve mais c’est auprès de lui qu’elle a aussi appris la force destructrice des songes. 
    Dans ce beau et grave roman qui joue amoureusement avec les mots et les géographies, Marie-Sabine Roger revient à ce combat perdu qu’on nomme l’enfance et nous raconte l’attachement sans bornes d’une petite fille pour un père qui n’était pas comme les autres.

    Première page :

    La princesse est enfant. Elle est assise, sage. L'air froid pique ses yeux mais c'est sans importance, elle est pelotonnée contre le Roi son père, Agapito V, Souverain de Loin-Confins et des contrées annexes, Patelin, Pétrassel, Macapète et Mouk-Mouk, Empereur honoraire d'Ergastule et Mitard.

    Il n'y a pas, pour elle, de torture plus douce que ce vent coulis glacial qui se lève parfois à l'angle du balcon. C'est le prix à payer, le temps de la leçon. Tant pis si le nez coule.

    La petite princesse se prénomme Tanah. Elle apprend. Un jour peut-être - même si Uest peu probable - à son tour, elle sera Reine.

    Pour l'instant, la princesse Tanah renifle, elle a la chair de poule, elle se colle un peu plus à son père, qui n'a jamais froid, lui. Qui est fort.

    Qui est Roi.

    Elle n'entend pas, elle n'écoute pas, la voix agacée de sa mère qui les rappelle à Tordre, il faut rentrer, il se fait tard.

    Ce que j'en pense :

    On peut compter sur Marie-Sabine Roger pour nous raconter la différence, la folie… avec ce qu’il faut d’imagination, de sensibilité, d’humour… mais aussi avec beaucoup de réalisme. Ce livre peut étonner dans les premières pages et sans doute rebuter certains lecteurs qui ne voudraient pas entrer dans cet univers fantastique, onirique, merveilleux mais un peu surprenant. On se rend vite compte que le sujet est d’une grande force : la relation entre un père très original (malade aux yeux de la société) et sa « fille-princesse ».  On se prend même à s’évader nous aussi dans ce pays de « Loin-Confins ».

    Loin-ConfinsLoin-ConfinsLoin-ConfinsLoin-Confins

     

     

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  • Ce qu'il faut de nuit

    "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent Petitmangin - La manufacture du livre

    Présentation de l'éditeur :

    C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
    Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.

    Première page :

    Fus s’arrache sur le terrain. Il tacle. Il aime tacler. Il le fait bien, sans trop démonter l’adversaire. Suffisamment vicieux quand même pour lui mettre un petit coup. Parfois le gars se rebiffe, mais Fus est grand, et quand il joue il a un air mauvais. Il s’appelle Fus depuis ses trois ans. Fus pour Fußball. À la luxo. Personne ne l’appelle plus autrement. C’est Fus pour ses maîtres, ses copains, pour moi son père. Je le regarde jouer tous les dimanches. Qu’il pleuve, qu’il gèle. Penché sur la main courante, à l’écart des autres. Le terrain est bien éloigné de tout, cadré de peupliers, le parking en contrebas. 

    Ce que j'en pense :

    C’est un très bon premier roman que l’on peut qualifier de « social ». Il aborde également à sa manière la montée du front national et la perte d’influence du PS dans la Lorraine ouvrière et anciennement industrielle. Mais l’essentiel du livre nous montre comment cette « fracture sociale » passe à l’intérieur d’une famille, comment le père est complètement démuni face à ce qui arrive autour de lui. Cela aurait pu être démonstratif ou militant mais c’est écrit de façon simple et très pudique et cela donne beaucoup de sensibilité et de force à ce livre.

    Ce qu'il faut de nuitCe qu'il faut de nuitCe qu'il faut de nuitCe qu'il faut de nuit

     

     

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  • Elmet

    "Elmet" de Fiona Mozley -Joëlle Losfeld

    Présentation de l'éditeur :

    John Smythe est venu s’installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d’origine de leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Édimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des sœurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d’une voisine pour toute éducation.
    Menacé d’expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu’il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L’assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence ; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants…
    Ce conte sinistre et délicat culmine en une scène finale d’une intense brutalité qui contraste avec la beauté et le lyrisme discret de la prose de l’ensemble du roman.

    Première page :

    Je ne projette pas d’ombre. La fumée dans mon dos étouffe la lumière du jour. Je compte les traverses, et les chiffres défilent. Je compte les rivets et les boulons. Je marche vers le nord. Mes deux premiers pas sont lents et traînants. Je ne suis pas sûr d’avoir pris la bonne direction, mais je dois m’en tenir à mon choix : j’ai franchi le tourniquet, et la barrière s’est refermée. Je sens encore l’odeur des braises. Contour charbonneux d’une épave qui ondule. J’entends à nouveau les voix de ces hommes et de la fille. La rage. La peur. La détermination. Puis ces vibrations destructrices dans les bois. La langue des flammes. Leurs crachats secs et brûlants. Ma sœur à la peau maculée de sang, et cette terre vouée à la destruction. Je longe la voie ferrée. Quand j’entends une locomotive au loin, je me jette derrière les aubépines. Pas de trains de passagers, juste de marchandises. Des wagons en acier maculés d’emblèmes inattendus: l’héraldique d’une jeunesse qui a bien vieilli. De la rouille, des gravillons, des décennies de brouillard sale. La pluie tombe puis s’arrête. Les herbes folles sont trempées. La semelle de mes chaussures crisse dessus. Si mes muscles me font mal, je les ignore. Je cours. Je marche. Je reprends ma course. Je traîne des pieds. Je me repose un peu. Je bois dans des trous remplis d’eau de pluie. Je me redresse. Je repars.

    Ce que j'en pense :

    Le narrateur est un jeune garçon plutôt discret et sensible, ce qui donne à cette histoire assez violent et brutale une grande originalité, sans rien lui enlever de sa force. C’est une fable intemporelle, même si elle semble se situer de nos jours. C’est très bien écrit (et traduit) et l’auteure sait donner une grande présence à la plupart des personnages.

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  • L'autre moitié de soi

    "L'autre moitié de soi" de Brit Bennett - Autrement

    Présentation de l'éditeur :

    Quatorze ans après la disparition des jumelles Vignes, l’une d’elles réapparaît à Mallard, leur ville natale, dans le Sud d’une Amérique fraîchement déségrégationnée. Adolescentes, elles avaient fugué main dans la main, décidées à affronter le monde. Pourtant, lorsque Desiree refait surface, elle a perdu la trace de sa jumelle depuis bien longtemps: Stella a disparu des années auparavant pour mener à Boston la vie d’une jeune femme Blanche. Mais jusqu’où peut-on renoncer à une partie de soi-même?

    Dans ce roman magistral sur l’identité, l’auteure interroge les mailles fragiles dont sont tissés les individus, entre la filiation, le rêve de devenir une autre personne et le besoin dévorant de trouver sa place.

    Première page :

    Le matin où l’une des jumelles disparues revint à Mallard, Lou LeBon se précipita au diner pour annoncer la nouvelle et, aujourd’hui encore, des années plus tard, tout le monde se souvient du tollé qu’il provoqua lorsqu’il franchit les portes vitrées, en nage, la poitrine palpitante et le cou assombri par l’effort. Les clients mal réveillés braillaient autour de lui – une dizaine, même si, par la suite, ils seraient plus nombreux à prétendre avoir été présents, ne serait-ce que pour pouvoir dire qu’ils avaient été, au moins une fois dans leur vie, témoins d’un événement vraiment excitant. Dans cette petite localité rurale, il ne se passait jamais rien qui sortait de l’ordinaire. Le dernier fait notable était justement la disparition des jumelles Vignes, et ça remontait à plus de quinze ans. Ce matin d’avril 1968, donc, comme il se rendait au travail, Lou avait aperçu Desiree Vignes qui marchait le long de Partridge Road, une petite valise de cuir à la main. Elle était la même que lorsqu’elle était partie à seize ans : le teint clair, couleur sable légèrement humide.

    Ce que j'en pense :

    Très belle lecture où la plupart des personnages sont à la recherche de leur véritable identité : noir/blanc, homme/femme, riche/pauvre... Où se trouve notre vérité profonde, derrière quels mensonges, quelles supercheries ou inventions ? Le récit est riche et complexe dans le temps et l’espace mais le lecteur n’est jamais perdu dans cette quête de soi-même. Un roman à ne pas laisser passer.

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  • Térébenthine

    "Térébenthine" de Carole Fives - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    «Certains, ou plutôt devrais-je dire certaines, se sont étonnés du peu d’artistes femmes citées dans notre programme d’histoire de l’art. Je leur ai donné carte blanche aujourd’hui. Mesdemoiselles, c’est à vous!»
    Quand la narratrice s’inscrit aux Beaux-Arts, au début des années 2000, la peinture est considérée comme morte. Les professeurs découragent les vocations, les galeries n’exposent plus de toiles.
    Devenir peintre est pourtant son rêve. Celui aussi de Luc et Lucie, avec qui elle forme un groupe quasi clandestin dans les sous-sols de l’école. Un lieu de création en marge, en rupture.
    Pendant ces années d’apprentissage, leur petit groupe affronte les humiliations et le mépris. L’avenir semble bouché. Mais quelque chose résiste, intensément.

    Première page :

    Luc est debout devant sa toile, brosse à la main. Il prend du recul, s’avance, recule à nouveau… C’est un grand format, un lac immense dans une lumière froide. Une bande verticale à droite présente un motif plus abstrait, des cercles fluo, à intervalles réguliers.

    Lucie et toi êtes assises à côté, sur un canapé de récup.

    — T’en as pas marre, Luc, ça fait trois mois que tu bloques sur cette toile…

    — Je n’arrive pas à terminer, il ne manque pas grandchose mais ça ne tient pas… si seulement je savais ce que c’est…

    — Et tu comptes y passer toute l’année ?

    Luc s’assied sur son tabouret pivotant, ne lâche pas sa toile des yeux.

    — C’est sûrement la partie gauche, c’est encore déséquilibré, je cherche, je cherche, c’est rageant, si près du but…

    Ce que j'en pense :

    On sent bien que l’auteure maîtrise parfaitement le sujet : la peinture dans l’art contemporain. Ce roman nous apprend énormément sur ce thème sans jamais paraître didactique : l’enseignement aux Beaux Arts, la place des femmes en tant qu’artistes… Pas de longueurs dans ce récit qui se lit rapidement et qui parait très juste. L’écriture est agréable et vivante. Un  beau roman qui nous montre comment peut naître une romancière en passant de la peinture aux mots.

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  • "Les évasions particulières" de Véronique Olmi - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Elles sont trois sœurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l’aînée, rêve d’une vie d’artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d’un monde éblouissant et cruel.

    En 1970, dans cette société française qui change, où les femmes s’émancipent tandis que les hommes perdent leurs repères, les trois sœurs vont, chacune à sa façon, trouver comment vivre une vie à soi, une vie forte, loin de la morale, de l’éducation ou de la religion de l’enfance.

    Cette saga familiale, qui nous entraîne de l’après Mai 68 à la grande nuit du 10 Mai 1981, est tout autant une déambulation tendre et tragique dans ce siècle que la chronique d’une époque où les consciences s’éveillent au bouleversement du monde et annoncent le chaos à venir.

    Première page :

    Hélène arrivait d'un autre monde. Elle rentrait chez elle avec sa valise et son nouveau ciré rouge, chapeau de pluie-assorti, elle était différente et voyante. Elle aimait porter ce ciré, le bruit empesé que faisait le tissu quand elle s'asseyait, son odeur un peu âpre et chimique, son rouge lumineux. Il la protégeait de la pluie quand elle vivait à Neuilly chez son oncle, du mistral lorsqu'elle revenait vivre à Aix-en-Provence chez son père, (l'était la fin de l'été 1970, elle faisait ces allers et retours depuis plus de huit ans maintenant, le luxe à Neuilly, la simplicité à Aix, et elle vivait celle situation sans poser de-questions. Elle s'adaptait, (l'était une enfant de onze ans.

    En semaine l'aéroport de Marignane était un hall désert. Son père venait la chercher, et lui qui n'avait jamais pris l'avion l'attendait avec appréhension, la voyait de loin avec son ciré-rouge, souvent la seule enfant au milieu de tous ces adultes qui soudain affluaient, des hommes d'affaires pour la plupart. Elle avait autour du cou une étiquette à son nom, «Hélène Malivieri», mais n'avait plus, comme lorsqu'elle était plus jeune, à tenir la main d'hôtesses de l'air qui ressemblaient toutes à Erançoisc Dorléac et s'avançaient au-devant de son père avec-un air affranchi et une sensualité piquante.

    Ce que j'en pense :

    J’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans ce livre qui ne correspondait pas à ce que j’avais lu de Véronique Olmi, en particulier ses premiers romans. Et puis au fil des pages j’ai « pénétré » la vie de cette famille, les parents et les trois filles. C’est une belle façon de voir l’évolution des mentalités en une dizaine d’années et de nous replonger dans des souvenirs personnels.

     

     

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  • Luz

    Luz

    "Luz" de Marin Ledun - J'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    Premier dimanche des vacances d'été. Luz claque la porte de chez elle, furieuse après ces adultes qui restent à table jusqu'au milieu de l'après-midi, qui rient et qui boivent trop. Légèrement grisée par le soleil brûlant, l'adolescente gagne les rives de la Volte où se prélassent des groupes de baigneurs. Elle rencontre Thomas, un élève de troisième qu'elle connaît peu mais qui lui plaît, accompagné d'une amie. Tous trois décident de se rendre jusqu'à un point d'eau difficile d'accès, mais beaucoup moins fréquenté. Là où la nature devient dangereuse, les rencontres aussi...

    Première page :

    Des éclats de rire et des bruits de pas résonnent quelque part dans la maison. Premier dimanche des vacances d'été. Fenêtres et portes entrouvertes laissent filtrer un léger courant d'air qui apporte une illusion de fraîcheur. Des gouttes de sueur perlent sur les tempes de Luz. Son dos et ses mains sont moites. Elle relève les pans de sa robe au-dessus des genoux et gravit l'escalier quatre à quatre.

    À l'étage, la chaleur est insupportable. Luz file dans sa chambre, balance sa serviette de bain, un tube de crème solaire et son lecteur MP3 dans son sac à dos, puis retourne dans le couloir qu'elle traverse presque en courant. Le plancher craque sous ses pieds. Elle jette un œil dans la salle…

    Ce que j'en pense :

    Pour de basses raisons commerciales, ce livre est classé en « policier, thriller »,par l’éditeur. C’est, au mieux un assez bon roman pré ado. Les sujets abordés sont importants (famille, alcoolisme, machisme, agression sexuelle) mais sont traités de façon superficielle. Marin Ledun a fait beaucoup mieux depuis.

    Luz

     

      

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  • Quand Dieu boxait en amateur

    "Quand Dieu boxait en amateur" de Guy Boley - folio

    Présentation de l'éditeur :

    "Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, ouvrir son dictionnaire et recopier des mots dont il se demande comment il parviendrait à les tordre sous sa langue pour construire des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier". Dans une France rurale oubliée, un gamin passionné par les mots grandit auprès d'une mère que la littérature effraie. Elle veut faire de lui un homme. Alors très tôt, René devient forgeron puis champion de boxe, domptant l'enclume et le ring avec la même grâce. Mais jamais ne faiblit son amour des lettres. Quand son ami d'enfance, devenu abbé de la paroisse du quartier, lui offre le rôle principal de sa pièce de théâtre, René se lance dans le plus dur et le plus lumineux des combats, sous les yeux ébahis de son fils.

    Première page :

    Besançon est une petite ville de l’est de la France qui, sous ses airs de ne pas y toucher, n’en est pas moins capitale de la Franche-Comté et de l’horlogerie, préfecture du Doubs, chef-lieu d’un arrondissement composé de treize cantons et de trois cent onze communes, ville natale de Victor Hugo et des frères Lumière mais aussi, excusez du peu, capitale de l’ancienne Séquanie, connue alors sous le nom latin de Vesontio, cité qui fut, en cette époque barbare, une ville pilote d’envergure puisqu’elle possédait déjà, bien avant l’invention du tourisme, un sens inné de l’hospitalité. Des hordes d’envahisseurs portant la hache, la masse d’arme ou l’espingole en guise de caméscope la visitaient régulièrement et laissaient, dans le gris-bleu de ses pierres, stigmatisés, gravés, burinés ou ciselés, quelques indices de leurs passages qui constituent ce que l’on nomme en une formule quelque peu pompeuse : la longue et douloureuse histoire de la cité.

    Ce que j'en pense :

    C’est un récit magnifique mais pas seulement un hommage au père comme cela peut sembler à première vue. C’est un livre d’amour et de passions, de blessures et de tragédie, le tout bien ancré dans un milieu populaire des années 60. C’est plein de sensibilité, d’humour et de poésie. L’écriture en est splendide.

    Quand Dieu boxait en amateur

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