• Jour de gloire

    "Jour de gloire" de Pascale Fonteneau
    éditions du Masque

    Présentation de l'éditeur :

    Monique et Sylvie sont copines, copines d'usine parce que voisines sur la chaîne. Quand leur entreprise est délocalisée, elles sont avec les autres ouvriers devant les grilles pour crier leur colère. Galvanisées par les discours syndicaux, Monique et Sylvie se croient enfin actrices de leur destin. Hélas, leurs espoirs de justice sociale seront balayés par la télé-réalité et les rêves de star de la fille de Monique. Sans oublier ces morts violentes qu'il faudra bien venger. Accablé, chacun va devoir réviser son idéal de vie à la baisse. A moins que le jour de gloire...

    Première page :

    "Trois semaines avant de s'achever dans un bain de sang, l'histoire commence dans la cuisine de Monique. Elle m'y attend avec une figure comme on en voit à la télé quand les journalistes parlent de la faim dans le monde ou de la mort accidentelle d'une vedette de la chanson.

    Comme eux, Monique secoue la tête d'un air navré. Par mimétisme, je le suis aussi.

    Monique et moi sommes assises dans la cuisine de Monique où elle tient à me résumer l'histoire entendue à la radio juste avant mon arrivée.

    - Une histoire horrible, m'a-t-elle prévenue.

    Il s'agit d'une femme, une Danoise âgée de trente-deux ans, qui, après avoir fait appel aux techniques de la fécondation artificielle, a mis au monde des jumeaux de couleur noire. L'histoire est horrible parce que son mari est très blond et très blanc comme tous les Danois. En théorie, c'est pourtant son sperme qui devait être utilisé."

    Ce que j'en pense :

    Pascale Fonteneau ne se prend pas au sérieux dans ce roman. C'est léger, plein d'ironie (pour le monde ouvrier mais surtout pour le monde de la télé) et ça se lit avec plaisir.

    Jour de gloire

    Jour de gloire

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  • Les petits polars du Monde

    "Les petits polars du monde" - 2 tomes de 13 nouvelles inédites

    Présentation de l'éditeur :

    Cette collection de deux fois treize nouvelles inédites propose un portrait de groupe du polar français d’aujourd’hui. Elle réunit quelques-uns des maîtres du genre, qui ont écrit pour vous des histoires étonnantes, effrayantes ou amusantes sur le thème des vacances et du voyage. Parmi eux, plusieurs lauréats du Prix SNCF du polar, qui, depuis 2000, contribue à la promotion et à la reconnaissance du genre. Le Monde et SNCF sont heureux de vous présenter ce florilège, illustré par les plus grands dessinateurs.

    Au programme :

    Les Négatifs de la Canebière et Voiles de mort -  Didier Daeninckx, illustré par Loustal
    Ce crétin de Stendhal et Plein le dos -  Jean-Bernard Pouy, illustré par Florence Cestac et François Avril
    Tessa et La Cavale de Lina - Marc Villard, illustré par Jean Christophe Chauzy et Cabanes
    Parfums d’été - Dominique Sylvain. Illustration, Lorenzo Mattotti
    Famille nucléaire et Chérie noire -  Caryl Ferey, illustré par Charles Berberian  et Jean-Christophe Chauzy
    Momo et Ava et Marilyn -  Alexandra Schwartzbrod, illustré par Miles Hyman
    Crise de nerfs - Chantal Pelletier. Illustration, François Avril
    Le Grand Voyage et Hostiles -  Franck Thilliez, illustré par Dominique Corbasson  et Jean-Philippe Peyraud
    Triste comme un enfant - Michel Quint. Illustration, Miles Hyman
    Un été 22 - Tito Topin. Illustration, Cabanes
    Les Indiens - Marcus Malte. Illustration, Jean-Philippe Peyraud
    Le Temps égaré - Sylvie Granotier. Illustration, Loustal
    Roman de gare - Pierre Pelot. Illustration, Jean-Christophe Chauzy
    Monsieur Meurtre - Jean Vautrin, illustré par Baru
    Que ta volonté soit faite - Marin Ledun, illustré par Götting
    Dix doigts dans l’engrenage - Christian Roux, illustré par Anthony Pastor
    Le Machiniste - Anne Secret, illustré par Jean-Philippe Peyraud
    Dernier été -  Patrick Pécherot, illustré par Joe Pinelli
    Boulevard du Midi - Brigitte Aubert, illustré par Max Cabanes
    Hématomes - Romain Slocombe, illustré par Jean-Claude Denis

    Extrait : (Première page de "Le Machiniste" de Anne Secret)

    "Juin 1982. Métro Belleville. Victor glisse un ticket dans la machine. Il n'utilise pas sa carte de service : inutile de se faire remarquer. La chaleur est étouffante. Il y a du monde sur le quai. À cette heure tardive, l'intervalle entre les rames est d'une bonne vingtaine de minutes.

    Rambuteau. Il sort de terre à l'angle de la rue Beaubourg. Le côté pair de la voie n'a pas bougé. En face, c'est le nouveau quartier de l'Horloge : une catastrophe.

    Il longe l'îlot entièrement reconstruit. La rue Brantôme est juste derrière, mais il n'a jamais eu le courage d'aller voir à quoi elle ressemble maintenant.

    Sur la piazza du Centre Pompidou stagne la faune habituelle : touristes, jeunes désargentés, provinciaux...

    Pendant cinq minutes, Victor considère le jeu savant d'un jongleur. Personne ne fait attention à lui.

    Boulevard de Sébastopol, il repère Gilles, scotché à la devanture d'une librairie. Ils ne se font pas signe. Victor prend la rue Berger. Il se sent à la fois épuisé et excité. Des palissades, place du Bellay. Un ensemble monstrueux est prévu là."

    Ce que j'en pense :

    Évidemment tous les textes ne se valent pas mais l'ensemble est très agréable. On peut ainsi de temps en temps passer une heure de plaisir noir. De plus, à côté des "grosses pointures", il y a des auteurs qui sont vraiment à découvrir.

     

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  • Comme dans un miroir

    "Comme dans un miroir" de Gunnar Staalesen
    folio policier

    Présentation del'éditeur :

    Berit Breheim s’inquiète : sa sœur Bodil et son mari n’ont pas donné signe de vie depuis une quinzaine de jours. Elle demande à Varg Veum de les chercher discrètement. Or le détective ne cesse de se heurter à l’histoire familiale des deux sœurs : trente-cinq ans plus tôt, leur mère s’est tuée en voiture en s’enfuyant avec son amant, un saxophoniste de jazz. Officiellement, il s’agissait d’un pacte macabre. Bodil a-t-elle suivi les traces de sa mère? Il ne faut pas oublier que le passé peut parfois renvoyer une image déformée...

    Première page :

    "Je l'avais vue bien avant que nous nous croisions.
    Nous allions chacun dans sa direction sur la portion de montagne que les Berguénois appellent Vidden, le haut plateau, comme s'il n'y en avait qu'un. Elle arrivait d'Ulriken, en direction de Floien. Je venais de faire l'ascension de Trappefjellet, et je longeais l'alignement de cairns sur ce qui s'appelle depuis très longtemps Alfjellet. C'était un jeudi de la mi-avril, et la température hésitait encore entre des valeurs à un ou deux chiffres. Plus bas, sur Midtfjellet, j'avais entendu le cri strident caractéristique du bécasseau. Sous les nuages qui filaient dans le ciel, la première formation d'oies sauvages volait vers le nord, mystérieusement attirées par le More. Le printemps arrivait. Mais sur Vidden, il restait des névés. Du côté des marais en face de Hyttelien, on s'enfonçait sérieusement dans la boue quand on quittait le sentier.
    Tout à coup, elle disparut, telle une fée des forêts. Sur le dernier tronçon avant le Borgaskar, un coup d'index de géant en travers de Vidden, je la perdis de vue. "

    Ce que j'en pense :

    Comme d'habitude chez Gunnar Staalesen l'enquête se déroule à un rythme plutôt lent. La lecture est souvent ralentie par les nombreux noms propres en norvégien. Mais on est plongé dans une atmosphère à la Simenon, il y a de l'humour et l'intrigue est plaisante.

     

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  • Purgatoire des innocents

    "Purgatoire des innocents" de Karine Giebel
    Fleuve Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Je m’appelle Raphaël, j’ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. 
    Avec mon frère, William, et deux autres complices, nous venons de dérober trente millions d’euros de bijoux. 
    Ç’aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. 
    Deux morts et un blessé grave. 
    Le blessé, c’est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre où Will pourra reprendre des forces.

    Je m’appelle Sandra. 
    Je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. 
    Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là…

    Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. 
    Je viens de mettre les pieds en enfer.

    Quelque chose qui marche et qui parle à ma place. 
    Et son sourire est le plus abominable qui soit…

    Première page :

    "15 h 00 - Paris, place Vendôme.

    - Collier en platine, incrusté d'un diamant blanc en poire de huit carats, de deux diamants jaunes de sept et cinq carats et de deux diamants roses de deux carats chacun.
    Il a psalmodié avec élégance et distinction. Presque à voix basse, tellement c'est indécent.
    Il scrute désormais le visage de la jeune femme, sûr de son effet. Elle a des yeux étonnants, qui le mettent légèrement mal à l'aise. Le gauche est bleu, irisé d'un soupçon de vert. Le droit est marron foncé. Deux bijoux sertis dans un visage délicat à la peau mate. D'ailleurs, elle n'est pas maquillée. Ses yeux n'ont vraiment besoin d'aucun artifice.
    Ce collier lui irait à merveille. Toutes les femmes ne sont pas faites pour porter trois millions d'euros autour du cou.
    Elle, si.
    Maintien de reine, élégance naturelle. Pourtant, elle ne doit pas nager dans le luxe depuis très longtemps. Ça aussi, le bijoutier le sent. Ayant l'habitude de voir défiler les clientes richissimes au milieu de ses vitrines, il distingue bien vite celles qui sont nées dans l'opulence de celles qui viennent d'y accéder."

    Ce que j'en pense :

    C'est un bon "page-turner", comme disent les anglais. En effet, on veut savoir comment tout cela va se passer et comment ça va se terminer (même si cela manque assez souvent de crédibilité). Il y a de l'angoisse, de la tension, le style est alerte, rapide mais on est très loin de retrouver la force  d'un de ses précédents romans  : "Juste une ombre".  Dans "Purgatoire des innocents…" tout semble beaucoup plus formel (au point d'avoir l'impression que l'auteure a ajouté des pages pour obtenir l'épaisseur d'un vrai thriller)  et, surtout, il n'y a plus cette adéquation entre le style et le contenu qui faisait de "Juste une ombre" un très bon livre.

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  • Bienvenue à Oakland

    "Bienvenue à Oakland" de Eric Miles Williamson
    traduction Alexandre Thiltges - Fayard

    Présentation de l'éditeur :

    États-Unis, de nos jours. T-Bird Murphy, la quarantaine, fils d’immigrés irlandais, se terre dans un box de parking. On le soupçonne d’un crime qu’il n’a peut-être pas commis.
          Incarnation du quart-monde occidental, T-Bird écrit sa rage. Un long monologue intérieur, animé par les figures de son passé, qui vient tromper sa solitude et mettre des mots sur la violence de l’exclusion.
          T-Bird a grandi dans le ghetto noir et mexicain d’Oakland, une ville industrielle qui rejette les Noirs, les Chicanos et les Blancs pauvres vers les décharges, sur les bords pollués de la baie de San Francisco.
          Pour faire mentir le destin, il a sacrifié à la sainte trinité : études, mariage et consommation. Il a fait tous les petits boulots, vécu dans les pires conditions. Mais on n’a jamais voulu voir en lui que l’enfant de ses origines, fauteur de troubles en puissance.
          Renvoyé à sa misère et du fond du chaos qui l’a englouti, il revendique la déchéance comme nouvelle forme de liberté, et la solidarité comme espérance de dignité.

    Première page :

     Rien ne me rend plus heureux que de vivre dans un trou, et je dois dire que j'ai vécu dans des sacrés trous de merde.

    J'ai vécu dans des cabanons de jardin qui puaient l'engrais et la tondeuse à essence, dans des entrepôts de matériaux de construction où j'inhalais des gaz d'échappement à longueur de nuit, dans des box soi-disant aménagés mais qui en fait ne l'étaient pas, avec sol en béton et établis branlants contre les murs, dans des relents de pisse de chat et d'opossums crevés. Ou alors, quand je trouvais où me garer sans avoir à me soucier des flics, des voisins, des commerçants et des veilleurs de nuit, je pionçais à l'arrière de mon break.

    Mais là, franchement, je suis le plus heureux des hommes.

    Je vis dans un garage individuel, au milieu de nulle part, dans ce putain de Missouri. Warrensburg. Deux cents dollars par mois. Le sol en béton est taché d'huile parce que les précédents locataires étaient des Chevy et des Ford.

    Ce que j'en pense :

    Dès les premières pages le ton est donné et tout le monde s'en prend plein la figure (le lecteur également)… on se demande si on tiendra les 405 pages. Et finalement on tient. C'est dur, violent, très noir, avec de l'humour (très noir lui aussi) mais au final, c'est un livre puissant, de la très bonne littérature "noire" (décidémént, le noir lui va très bien à ce bouquin, mais il y a quand même de belles lueurs surtout vers la fin). 

       

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  • Toi

    Toi

    "Toi" de Zoran Drvenkar
    Sonatine

    Présentation de l'éditeur :

    Imagine une tempête de neige sur l’autoroute. Un bouchon qui s’étire sur plusieurs kilomètres, aucune visibilité. Un homme sort de sa voiture et en silence assassine méticuleusement, à mains nues, vingt-six personnes dans les véhicules alentours. C’est le début d’une série de meurtres sans mobiles apparents commis par celui que la presse surnomme Le Voyageur. Imagine maintenant cinq adolescentes. Cinq amies avec leurs espoirs et leurs peurs, leurs envies et leurs problèmes. Cinq jeunes filles que rien ne peut séparer, qui vont être prises au piège d’une situation qui les dépasse. Prises en chasse par un homme à qui tu ne voudrais pas avoir affaire, elles vont se jeter dans une fuite en avant sauvage et désespérée. Imagine enfin un voyage jusqu’à un hôtel isolé en Norvège où tous ces protagonistes vont se retrouver pour une confrontation à la tension extrême et un dénouement qui te laissera sans voix. Zoran Drvenkar n’est pas un auteur comme les autres. Après Sorry (Sonatine Éditions, 2010), il subvertit une nouvelle fois tous les codes du genre et revient avec un thriller remarquable, à la construction vertigineuse. C’est dans un véritable piège qu’il entraîne un lecteur impliqué comme jamais, vibrant pour des personnages aussi complexes que fascinants.

    Première page :

    "Nous avons beau aspirer à la lumière, nous avons besoin de l’ombre. Le désir qui nous fait rechercher l’harmonie nous pousse aussi, dans un obscur recoin de notre cœur, vers le chaos. Un chaos tout relatif, nous ne sommes pas des barbares. Pourtant, c’est bien ce que nous devenons dès que notre monde déraille. Le chaos est toujours à l’affût.

    Jamais les pensées n’ont eu un impact aussi rapide. Les histoires ne se transmettent plus oralement, elles nous arrivent en kilo-octets à une vitesse vertigineuse, impossible désormais de détourner les yeux. Et quand l’excès se fait sentir, nous réagissons comme les barbares : nous transformons le chaos en mythe.

    Un de ces mythes est né il y a quatorze ans, en hiver, sur l’autoroute A4 entre Bad Hersfeld et Eisenach. Nous ne donnerons pas la date exacte, chacun peut se documenter s’il le souhaite. D’ailleurs, les mythes ne se soucient guère des dates, ils sont intemporels, ils sont l’ici et maintenant. Retournons donc dans le passé pour le transformer en présent.

    Nous sommes en novembre.

    Nous sommes en 1995.

    Nous sommes en pleine nuit.

    Depuis une heure déjà, le bouchon s’étire sur plusieurs kilomètres, d’abord sur trois voies, puis sur deux, enfin sur une avant l’arrêt complet. L’autoroute est balayée par la neige. La visibilité est réduite à quelques mètres. "

    Ce que j'en pense :

    Forme percutante, alerte. Intrigue assez prenante. Écriture originale avec  l'emploi de la deuxième personne du singulier qui s'adresse à chaque personnage, mais aussi au lecteur. C'est du travail bien fait mais il manque un petit quelque chose qui en ferait un très bon bouquin (une âme ?).

     

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  • Les derniers jours d'un homme

    "Les dernirs jours d'un homme" de Pascal Dessaint
    Rivages

    Présentation de l'éditeur :

    Une cité industrielle du Nord-Pas-de-Calais où la pollution a tout gangrené, une cité séparée du monde "sain et normal" par une autoroute, une cité qu'on ne quitte pas, sinon pour aller au cimetière. A une quinzaine d'années d'intervalle, deux voix se répondent. Celle d'un père, Clément, et celle de sa fille Judith. Les deux sont marqués par le deuil. Clément raconte la mort de sa jeune épouse et l'horreur de l'usine qu'il finit par lâcher, même si c'est pour trouver la précarité, pour arriver au drame qui va faire basculer sa vie. Judith, elle, est âgée de 18 ans et orpheline, elle a été élevée par son oncle Etienne, un homme à part, né avec un bras atrophié et qui, peut-être, boit pour oublier le malheur. Judith raconte sa vie avec l'oncle Etienne et cherche à éclaircir le mystère de la mort de son père. L'usine n'est plus là, il n'en reste que des traces indélébiles: crassiers, pollution, maladies et chômage. Cette usine était la vie des gens, leur gagne-pain; elle a aussi été leur mort.

    L'histoire de cette famille décimée, c'est l'histoire de toute une communauté doublement victime: à la fois de pratiques industrielles dévastatrices pour l'homme et son environnement, et aussi du cynisme d'affairistes voyous qui n'ont pas hésité à liquider une entreprise et ses ouvriers sur l'autel du profit.
    De manière transparente — seuls les noms propres sont légèrement modifiés —, Pascal Dessaint évoque le scandale de l'usine Metaleurop à Noyelles-Godault, qui, après avoir été le premier site mondial pour la production du germanium (sans parler des autres métaux), fut liquidée sans préavis pour les salariés et rasée en 2003 et 2006

     Avec ce roman choc sur un drame écologique et humain d'une rare ampleur, Pascal Dessaint, auteur d’une quinzaine d’ouvrages chez Rivages, élargit encore sa palette de romancier noir. Il quitte cette fois le pays toulousain pour renouer avec ses origines d'homme du Nord. Entre révolte et compassion, ni le ton ni le fond de ce livre ne peuvent laisser indifférent.

    Première page :

    "Automne

    Quelques jours avant sa mort, nous nous sommes cha­maillés. C'était parfaitement ridicule. Judith était déjà assise sur son rehausseur et je venais de vérifier que sa ceinture était bien mise. J'étais content, nous partions, pas longtemps et pas loin, mais nous partions. J'étais content et j'aurais pu être plus détendu. Depuis plusieurs semaines, je me faisais l'effet d'une meule de foin dans une prairie, une prairie près d'une forêt, une forêt en flammes. Je n'avais pas encore mis la clé dans le contact et Sabine a remarqué la toile d'araignée.

    Tu peux enlever cette toile d'araignée ? elle m'a demandé, un peu nerveuse.

    L'araignée avait tissé sa toile dans la coque du rétrovi­seur extérieur. C'était un rétroviseur réglable au tableau de bord. D'une pression du doigt, je pouvais faire pivoter le miroir. Les araignées ont parfois de drôles d'idées, ai-je pensé. Sabine attendait que je me décide. En quoi ça la gênait ? En quoi c'était gênant ? Nous ne prenions presque jamais la voiture. À l'époque où je travaillais à l'usine, je n'en avais pas besoin. Désormais, Thomas pas­sait me prendre et me raccompagnait tous les jours. Cette bagnole ne bougeait pas de la semaine, souvent de plusieurs semaines."

    Ce que j'en pense :

    Pas vraiment un roman noir, ni un polar, car tout est gris dans ce livre. On sent que Pascal Dessaint a retrouvé ses racines, c'est intime, émouvant. Bien sûr il y a parfois, comme dans d'autres romans de l'auteur, un excès de documentation qui peut paraitre superflu...

     

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  • Un avion sans elle

    "Un avion sans elle" de Michel Bussi
    Presses de la Cité

    Présentation de l'éditeur :

    Lyse-Rose ou Emilie ? Quelle est l'identité de l'unique rescapée d'un crash d'avion, une fillette de trois mois ? Deux familles, l'une riche, l'autre pas, se déchirent pour que leur soit reconnue la paternité de celle que les médias ont baptisée "Libellule". Dix-huit ans plus tard, un détective privé prétend avoir découvert le fin mot de l'affaire, avant d'être assassiné, laissant derrière lui un cahier contenant tous les détails de son enquête. Du quartier parisien de la Butte-aux-Cailles jusqu'à Dieppe, du Val-de-Marne aux pentes jurassiennes du mont Terrible, la jeune femme va dénouer les fils de sa propre histoire jusqu'à ce que les masques tombent. Hasards et coïncidences ne sont-ils que les ricochets du destin ? Ou bien quelqu'un, depuis le début, manipule-t-il tous les acteurs de ce drame ?

    Première page :

      "23 décembre 1980, 00 h 33

    L'Airbus 5403 Istanbul-Paris décrocha. Un plongeon de près de mille mètres en moins de dix secondes, presque à la verticale, avant de se stabiliser à nouveau. La plupart des passagers dormaient. Ils se réveillèrent brusquement, avec la sensation terrifiante de s'être assoupis sur le fauteuil d'un manège de foire.

     Ce furent les hurlements qui brisèrent net le fragile sommeil d'Izel, pas les soubresauts de l'avion. Les bourrasques, les trous d'air, elle en avait l'habitude, depuis presque trois ans qu'elle enchaînait les tours du monde pour Turkish Airlines. C'était son heure de pause. Elle dormait depuis moins de vingt minutes. Elle avait à peine ouvert les yeux que sa collègue de garde, Meliha, une vieille, penchait déjà vers elle son décolleté boudiné.

    — Izel ? Izel ? Fonce ! C'est chaud. C'est la tempête, dehors, il paraît. Zéro visibilité, d'après le commandant. Tu prends ton allée ?"

    Ce que j'en pense :

    Un beau sujet original, une intrigue assez bien menée mais il y a quelques longueurs. Ce n'est donc pas un chef d'œuvre comme certains l'ont écrit mais c'est tout de même un livre agréable à lire.

     

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  • Code rouge à Belle-Ile

    "Code rouge à Belle-Ile" de Jean Vigne
    Liv'éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Un homme est retrouvé mort sur une plage de Belle-Île-en-Mer par une joggeuse. Les gendarmes concluent aussitôt à une banale noyade, mais l’enquête se complique quand un deuxième corps est découvert. Fait troublant, non seulement les défunts se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais ils portent le même nom : Mathieu Pondeix. Jumeaux, sosies ou clones ? La théorie de l’accident est aussitôt rejetée. Il est certain que la mort ne frappe pas au hasard sur cette île bretonne légendaire. Accompagné de sa charmante coéquipière Christelle Boyer, le major Georges Desgneau va tenter de percer ce nouveau mystère au risque de croiser, lui aussi, la route de l’Ankou…

    Extrait :

    "Un brigadier à l'allure de jeune premier et au teint bronzé le salue respectueusement, avant d'enchaîner d'un flot de paroles trop rapides :

    -    On a retrouvé le mort sur la plage, voilà plus de deux heures. Nous ne l'avons pas touché, hormis le légiste, bien entendu.

    -    Le mort, répète le major, la mine blafarde.

    De vieux souvenirs remontent en lui. L'histoire de cadavres qui ne cessaient de s'accumuler sur les plages de Belle Île en Mer, pour mieux disparaître. L'un d'eux s'était même envolé de la morgue. Il était là, sagement enfermé dans son tiroir métallique et pouf... quelques heures plus tard, il avait pris ses cliques et ses claques, pour aller vaquer à on ne sait quelle affaire. Une aventure folle que Georges croyait à jamais disparue, balayée par les vagues du temps. Eh bien non, voilà de nouveau un mort sur l'une des plages de Belle-île, un an tout juste après cette foutue affaire... de quoi perdre son sang-froid, tout de même.

    -  Qui a découvert le cadavre ?

    Le brigadier, sourire Colgate aux lèvres, pointe du menton un coin de plage où, entre deux dunes, une jeune fille essaye de retrouver des couleurs. À ses côtés, une métisse de toute beauté tente de la rassurer, tâche ardue vu les circonstances. Pour dire vrai, Georges s'intéresse peu au témoin, préférant de loin la poitrine ma foi fort généreuse de sa collègue. L'homme aimerait bien s'y perdre, visiter le canyon vertigineux niché entre les deux monts dont l'escalade paraît prometteuse...

    La gendarmette découvre le regard en coin de son supérieur, ouvre une bouche surprise, fronce les sourcils. Aussitôt, Georges se raidit, rougit comme après une bonne cuite, détourne les yeux vers le lointain. Les nuages s'amoncellent au large, un grain est à craindre dans les prochaines heures et dans un délai plus court s'il continue à mater la belle, au lieu de s'occuper de ce satané cadavre. "

    Ce que j'en pense :

    Je ne sais pas ce que fait ce livre dans une sélection "polar" d'une bibliothèque départementale (car, heureusement je ne l'ai pas acheté!). Il faut lire l'extrait pour avoir une idée du style de l'auteur. L'écriture voudrait être humoristique mais cela devient très lourd, en particulier avec les allusions incessantes à la poitrine de la gendarmette ! N'est pas Jean Bernard Pouy qui veut !

      

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  • Juste une ombre

    "Juste une ombre" de Karine Giebel
    Fleuve Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Tu manipules ? Tu deviendras une proie. Tu domines ? Tu deviendras une esclave. Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t'imposer dans ce monde, y trouver ta place. Et puis un jour... Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. Juste une ombre. Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t'observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d'aller consulter un psychiatre. Tes amis s'écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t'aider. Tu es seule. Et l'ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard... Tu commandes ? Apprends l'obéissance. Tu méprises ? Apprends le respect. Tu veux vivre ? Meurs en silence...

    Première page :

    "La rue est longue. Étroite, Obscure et humide.

    Je n'ai pas très chaud dans mon manteau. Pour ne pas dire froid. Dans le dos, surtout.

    J'accélère, pressée de retrouver ma voiture. Et mon lit, l'instant d'après.

    Je n'aurais pas dû me garer si loin. Je n'aurais pas dû boire autant. Partir si tard.

    D'ailleurs, je n'aurais pas dû aller à cette soirée. À archiver dans les moments gâchés. Les temps perdus, si nombreux. Cette soirée, j'aurais mieux fait de la passer en compagnie d'un bon livre ou d'un beau mec. Mon mec.

    La moitié des lampadaires est en panne. Il fait sombre, il fait tard. Il fait seul.

    Le bruit de mes pas se cogne aux murs sales. Je commence sérieusement à avoir froid. Et sans trop savoir pourquoi, à avoir peur. Sentiment vague, diffus; qui m'étrangle en douceur. Deux mains glacées se sont lovées autour de mon cou sans que j'y prenne garde.

    Peur de quoi, au fait? L'avenue est déserte, je ne vais pas me faire attaquer par une poubelle !

    Allez, plus qu'une centaine de mètres. Peut-être deux, à tout casser. Rien du tout quoi.,.

    Soudain, j'entends quelqu'un marcher dans mon dos. Instinctivement, je passe la seconde puis je me retourne.

    Une ombre! vingt mètres derrière moi. Un homme, je crois. Pas le temps de voir s'il est grand, petit, gros ou maigre."

    Ce que j'en pense :

    Excellent thriller (ou polar psychologique) ; écriture alerte, rapide, incisive ; personnages profonds et complexes ; intrigues très bien conduites tout au long du livre. À conseiller aux amateurs d’angoisse et de frisson.

      

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