• Les petits contretemps

     "Les petits contretemps" de Gaëlle Héaulme - Buchet-Chastel

    Présentation de l'éditeur :

    Et si un jour on donnait libre cours à nos pulsions et à nos pensées les plus noires ? Sans hésiter, on se débarrasserait alors de nos bébés pleureurs et on ferait taire définitivement celui qui, depuis vingt ans, nous empêche de boire en silence le café du matin. 
    "Les petits contretemps" ce sont ces moments de basculement, où tout change soudain de couleur et de rythme. Des instantanés, des "vignettes", qui, dans une écriture très visuelle, fixent avec cruauté ces instants où tout dérape. Quand une journée en apparence comme les autres peut révéler le chaos, et la fiction réaliser nos rêves inavouables. 

    Première page :

    "Quand je me lève, il est assis dans la cuisine.

    À travers le carreau, je peux voir son dos, la saillie des omoplates, ses cheveux blanchis par endroits. Ses mains sont posées à plat sur ses genoux. La cafetière reflète en l’allongeant son visage, si bien que je peux détailler à la fois le dos sans fantaisie de mon mari et sa longue tête soporifique, légèrement tournée vers le poste de radio. Lui ne m’a pas encore vue.

    Je rentre.

    Aussitôt il commence à me parler. Je lui fais signe qu’il me faut d’abord mon café. Je lui fais ce geste chaque matin depuis bientôt vingt ans mais il ne peut s’empêcher de commenter les informations que la radio diffuse. Ses paroles sont exaltées, sa voix rapide pénètre dans mon crâne comme une petite aiguille blanche et brûlante.

    Je m’assois en face de la fenêtre qui donne sur le jardin. Il se lève et me sert mon café sans cesser de parler. Il est massif et me cache la vue. …"

     Ce que j'en pense :

    De toutes petites nouvelles, minimalistes, très visuelles. La première est extraordinaire, c'est sans contexte la meilleure du livre. Il faudrait ne lire que ce premier texte puis refermer le livre pour en lire une ou deux autres quelque temps après. Lire tout à la suite peut se révéler lassant car c'est un livre assez désespéré, avec de l'humour, de l'ironie mais aussi beaucoup de cruauté.

    Les petits contretemps

    Les petits contretemps

     

     

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  • Chiennes de vies

    "Chiennes de vies, chroniques du sud de l'Indiana" de Frank Bill - Gallimard

    Présentatioin de l'éditeur :

    Bienvenue dans l'Amérique profonde d'aujourd'hui, où les jobs syndiqués et les fermes familiales qui alimentaient les revendications sociales des Blancs ont cédé la place aux labos de meth, au trafic d'armes et aux combats de boxe à mains nues. Les protagonistes de Frank Bill sont des hommes et des femmes acculés au point de rupture - et bien au-delà. Pour un résultat toujours stupéfiant.
    Si le sud de l'Indiana dépeint par Frank Bill est hanté par un profond sentiment d'appartenance à une région qui rappelle le meilleur de la littérature du Sud, ses nouvelles vibrent aussi de toute l'énergie urbaine d'un Chuck Palahniuk, et révèlent un sens de l'intrigue décapant, inspiré de récriture noire à la Jim Thompson.
    Une prose nerveuse, à vif, impitoyable et haletante, qui fait l'effet à la fois d'une douche glacée et d'un coup de poing à l'estomac.

    Première page :

    "La porte éraflée s'ouvrit à la volée sur Trident et Darnel, qui déboulèrent dans la chambre de motel comme deux décharges de chevrotine. Se servant du lit à la courtepointe imprimée de marguerites pour établir une frontière entre les acheteurs et les vendeurs, Trident planta le Colt 45 dans sa main droite au milieu de la broussaille des sourcils joints de Karl, en même temps qu'il plaçait entre les yeux verts d'Irvine le canon scié calibre 12 qu'il tenait dans sa main gauche. Il éloigna ensuite du matelas les deux jeunes, les fit s'arrêter devant le mur repeint à la nicotine et ordonna : «Lâche les sacs, Karl !»
    Des spasmes convulsifs contractèrent les bras de débardeur de Karl, qui finit par laisser tomber les deux lourds sacs à dos militaires. Irvine, immobile à côté de lui, la poitrine se soulevant et s'abaissant à un rythme précipité, protesta d'un ton geignard, digne d'un vrai cul-terreux du sud de l'Indiana : «Hé, c'est not' deal, merde !»
    Derrière Trident, son grand frère Darnel repoussa d'un coup de pied la porte de la chambre, puis dirigea les deux acheteurs vers la droite du lit, tout contre la table de chevet, avant d'abattre une matraque en cuir lesté sur la pointe de cheveux en haut du front de Dodo Kirby, permettant ainsi aux genoux de ce dernier de lier connaissance avec la moquette trouée à la cigarette. Le cadet de Dodo, Uhl, avança d'un pas, et, dévoilant une mauvaise dentition en damier, articula : «Bordel, mec, tu peux pas...»"

    Ce que j'en pense :

    Il faut bien s'accrocher pour aller au bout de ces 17 tranches de vie très rudes dans cette Amérique profonde : alcoolisme, violence conjugale, drogue, viol, retour de guerres (Vietnam, Afganistan…). C'est sombre, noir, violent, sans espoir et c'est sans doute ce qui fait la limite d'un tel livre de nouvelles.

    Chiennes de vies

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  • "La boite aux lettres du cimetière" de Serge Pey - Zulma

    Présentation de l'éditeur :

    Tout commence et s’achève avec la porte de la maison d’enfance. Comment accueillir son monde, un 1er Mai, quand il n’y a pas de table assez grande – tous les bergers descendus de la montagne, les ouvriers agricoles, les camarades fomentant la grève générale ? À bout de bras, le père extirpe alors de ses gonds la lourde porte qu’il vient lui-même de construire et la couche sur deux tréteaux. Pour l’enfant ébahi, c’est le monde qui s’inverse…

    Après le Trésor de la Guerre d’Espagne qui nous avait fait découvrir le singulier talent de Serge Pey, la Boîte aux lettres du cimetière vient confirmer un ton unique dans l’art du récit, avec ces trente histoires cruelles, drolatiques ou tendres – des histoires à couper le souffle, tant par leur beauté immédiate, brutale, que par l’univers à la fois charnel, réaliste et enchanté qui se dévoile à nous.

     

    Première page :

    "Nous étions cinq. Et Maman nous dit que nous allions être sept avec ceux descendus de la montagne. Et quand nous avons vu arriver Francisco le camionneur et Hélios l'aiguiseur de couteaux, Maman a ajouté que nous serions neuf. On traîna alors la table de la cuisine qu'on installa à côté de la table du séjour. Mon frère disposa de nouvelles assiettes et des verres autour du bouquet de fleurs.

    Quand un peu plus tard, notre chien aboya, nous comprîmes que Floridor et Savate étaient aussi au rendez-vous.

    Enfin une voiture s'arrêta devant la porte, et ceux de la montagne, que nous attendions depuis le début de la matinée, descendirent avec deux inconnus. Maman dit alors à Papa que nous étions devenus douze, que midi allait sonner et qu'il n'y avait pas assez de place pour tout ce monde…"

    Ce que j'en pense :

    C'est une évocation poétique de l'enfance de l'auteur, hanté par la guerre civile espagnole. C'est souvent drôle, émouvant, politique, burlesque, parfois cruel. Les personnages y sont très originaux (comme le chasseur de grillon, le guitariste ou la tante Hirondelle). Après avoir refermé ce livre on a envie de se rendre à Collioure sur la tombe du poète Antonio Machado et d'y retrouver cette boite aux lettres.

     

     

     

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  • Tout le cimetière en parle

    "Tout le cimetière en parle" de Marie-Ange Guillaume - Le passage

    Présentation de l'éditeur :

    Les états d'âme du jeune " opérateur funéraire " fraîchement embauché, venu présenter son catalogue de cercueils à sa cliente fraîchement orpheline de père. Le monsieur de 87 ans qui ne veut plus se laisser emmerder par son taux de cholestérol. Le fait divers sanglant chez le petit couple " sans histoire ", comme on dit avant que la moquette soit repeinte en rouge. Le départ du chien et la détresse de son maître. La visite à l'amie dans son mouroir de luxe - on aurait voulu tout savoir d'elle, mais c'est trop tard et on parle météo. Le vieil homme magnifique à la vie si pleine, devenu la chose hospitalière d'une infirmière qui entre sans frapper. Le mortel qui veut durer et l'immortel qui se barbe : ça fait un partout... La mort, sujet réputé antipathique, Marie-Ange Guillaume l'ausculte avec humour, colère parfois, larmes quand le chagrin déborde. Si bien que ce livre salutaire revigore le vivant - il est bon d'apprivoiser cette chose hostile et invivable, puisqu'elle nous pend au nez.

    Première page :

    "Je suis sur le mauvais versant de la montagne et je descends tout schuss comme un skieur sans freins qui va finir par s’éclater contre un sapin. Le matériel commence à merder plus ou moins discrètement – faiblesses diverses, douleurs variées, trucs qui calent, machins qui coincent, rides et flapissures des chairs – mais on tente de me convaincre que cette décrépitude, ressentie chaque jour comme une offense à ce que j’ai été, n’est qu’une broutille aisément réparable, youpi. Dans ma télé à l’heure de la pub, on me vante les mérites d’une crème resurfaçante tartinée sur les joues d’une vieille (vingt-deux ans à tout casser) qui semble, en effet, impeccablement resurfacée – je ne sais pas quel génie a inventé ce vocabulaire mais j’espère qu’il a été payé correctement. Une autre vioque, tendance Jane Fonda vers quarante-trois ans, perchée sur le dos d’un chameau dans un Sahara filmé en Andalousie, se fiche bien de ses fuites urinaires, vu qu’elle porte sous son jean de baroudeuse la protection Tralala force 7. Sur un ton pimpant…"

    Ce que j'en pense :

    Tous les textes de ce recueil ne se valent pas mais certains sont d'une très grande force, comme "Aloïs A" , "Le vieil homme"…  lorsque l'humour se mélange à la tendresse, à la colère, à la révolte et à la poésie.

    Tout le cimetière en parle

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  • Ici et là, ou bien ailleurs

    "Ici et là, ou bien ailleurs" - 12 écrivains (de Foenkinos à Kaddour)- Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Il était une fois douze écrivains donnant de leurs nouvelles, d'ici, de là-bas ou bien d'ailleurs. Les douze destinations furent multiples et surprenantes, proches ou lointaines, émouvantes, dépaysantes assurément.

    Extrait (nouvelle de Marie Nimier)

    "Dans quelques instants, la lumière de la cabine se rallumera. Elle se rallume. Ton voisin s'étire, son masque occultant remonté sur le front. Tu enlèves tes bouchons d'oreilles. Le steward a le teint frais, les cheveux coupés court dégageant un cou très fin et très long, comme s'il avait plus de vertèbres que le commun des mortels. De là-haut, sa tête s'incline vers toi, personnellement. Thé ? Café ? Il répétera l'opération, avec la même patience, la même gentillesse obstinée, autant de fois qu'il y aura de passagers en état de boire quelque chose. Non sans appréhension, tu tires sur l'opercule qui obstrue ton verre de jus d'orange. Résistance, insistance, levier... soulagement. Opération réussie sans éclaboussure. Tu finis le croissant, la confiture, le petit pain, tu laisses l'omelette même si tu n'aimes pas laisser. Tu n'as jamais aimé laisser. Ni partir. Ni arriver."

    Ce que j'en pense :

    C'est plutôt un livre de "mauvaises nouvelles" et parfois de "fausses nouvelles". Deux textes sont nettement au dessus du lot : "L'éveil" de Carole Martinez et "Quelqu'un t'attend" de Marie Nimier. Ces deux auteures nous font pénétrer dans un univers original et magnifiquement écrit. Mais deux sur douze c'est loin de la moyenne  -;)

    Ici et là, ou bien ailleurs

     

     

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  • La source

    "La source" de Hubert Mingarelli - éditions Cadex

    Présentation de l'éditeur :

    Orfèvre en histoires courtes, Hubert Mingarelli condense dans La Source ce qui a fait son succès : une émotion tenue au plus près du silence par des mots simples, des phrases impeccables dans leur pouvoir d'évocation, une délicatesse vis-à-vis de ses personnages et cette façon incroyable qu'il a de faire d'eux nos propres frères. Une nuit qui en aurait contenu mille, presque belle. Et tandis qu'elle avançait et qu'ils se parlaient, George savait que des nuits comme ça, ils n'en auraient plus. Ils avaient l'air de prendre une dernière inspiration, de se remplir d'air une dernière fois avant de s'enfoncer dans l'eau profonde que serait leur monde au réveil.

    Première page :

    "Pendant un  moment George regarda Renzo dormir. Puis il lui parla, mais si bas que ça ne servit à rien. Il s'accroupir devant le lit, posa une main sur son épaule et lui dit, plus fort cette fois :

    - Réveille-toi.

    - Il fait encore nuit ? lui demanda son frère.

    - Oui, lui répondit George.
    - Laisse-moi me réveiller.

    - Entendu, mais pas longtemps.

    George se redressa et s'en alla. II attendit dans la cuisine, devant la fenêtre, et chercha à voir dans le ciel quelle journée ils auraient dans les gorges de Neviglie. Ce n'était jamais bon lorsqu'il pleuvait là-bas. L'eau grossissait et emportait la terre, les feuilles les branches, et il y faisait

    plus froid qu'ailleurs, et bien après qu'il eut cessé de pleuvoir. Il se pencha et aperçut une étoile. Ensuite il attendit, chassa l'idée de la pluie, puis ralluma le feu sous la cafetière."

    Ce que j'en pense :

    Retourner aux origines, surmonter le bruit et la colère, affronter la faille, découvrir la lumière et le bruit de la source… autant de symboles évoqués dans cette nouvelle parfaitement réussie où l'on retrouve l'art de Mingarelli de dire beaucoup avec presque rien.

    La source

    La sourceLa source

     

     

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  • Les petites filles respirent le même air que nous

    "Les petites filles respirent le même air que nous" de Paul Fournel - folio

    Présentation de l'éditeur :

    «On a joué à bleu-blanc-rouge. Quand la grosse Josiane s'est retournée pour nous surprendre, Maline s'est statufiée. Elle reste, bras écartés, bouche ouverte et jambe en l'air, comme une danseuse pataude. Les autres sont immobiles, au garde-à-vous. On jurerait qu'elles n'ont pas bougé. Madeleine quitte brusquement le jeu, sans raison ; elle s'ébroue, esquisse un ou deux mouvements de gymnastique et va pour rentrer en classe. En frôlant Maline, elle murmure : - Si la mort passe, tu resteras comme ça et on ne pourra même pas t'enterrer.» Dix petites filles inquiètes, dans dix-neuf nouvelles, qui jouent à cache-cache avec l'envie de grandir et la peur d'être grandes. Dix petites filles tendres dans les moments douloureux, ravissants ou magiques de leurs existences.

    Première page :

    "Elle avait essayé le côté gauche, le côté droit (celui de son cœur), elle s'était mise à plat ventre, elle avait embrassé son oreiller, elle était sur le dos les deux yeux grands ouverts ; plus ouverts encore qu'en plein jour, lui semblait-il. Elle tenait les mains croisées sur la poitrine. Entre les rideaux, passait une barre de lune qui coupait son lit en deux et touchait à peine celui de Thérèse, sa sœur. Elle dormait, elle. Chaque fois qu'elle inspi­rait, le coin du mouchoir à carreaux qui lui servait à dormir et à pleurer venait se coller un instant sur ses lèvres. Lorsqu'elle expirait, il flottait comme une algue.

    Au plafond, il y avait douze rosés par rangée, sauf vers la cheminée où il n'y en avait que dix ; au-dessus de la porte il n'en rentrait que deux."

    Ce que j'en pense :

    Livre paru en 1978 (trouvé dans une petite librairie indépendante : "La Gède aux livres" à Batz sur mer), donc très éloigné du "m'as-tu vu" des dernières rentrées littéraires. Il y a un côté à la fois poétique et cruel dans ces nouvelles mais elles vieillissent plutôt bien…

    Les petites filles respirent le même air que nous

    Les petites filles respirent le même air que nous

     

     

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  • Parures

    "Parures" de Franz Bartelt - Atelier In8

    Présentation de l'éditeur :

    Une mère et son jeune garçon vivent en HLM dans une cité Parures pouilleuse. Sans ressources mais obsédée par l'apparence et les vêtements, elle habille son fi ls avec sophistication, telle une star enfantine ou comme un acteur à sa disposition. Tout l’argent des allocations dispensé par la mairie est englouti dans des magasins de luxe. L’enfant est moqué par ses instituteurs et méprisé par les gamins du quartier. Jusqu’à ce qu’une assistante sociale impose le principe qui prévaut:
    les pauvres doivent ressembler à des pauvres. Les allocations de secours sont supprimées, et la mère perd pied, au bout du rouleau. On lui a volé son rêve.

    Première page :

    "Ailleurs, c'eût été différent, je le crois. En ville, par exemple. Ou dans un quartier convenable.

    Tout à l'heure, je me suis approché de la fenêtre, j'ai soulevé le carton qui remplace la vitre, geste machinal pour faire entrer un peu d'air frais dans la chambre.

    Maman est sur le lit. Elle ne dort pas. Nous avons toujours habité ce sale quartier. J'y suis né. Maman venait d'ailleurs. D'en ville. Il me semble.

    Au fond, rien n'est moins sûr : elle ne m'en a jamais parlé. J'ai seul choisi qu'elle vienne d'ailleurs. Pour expliquer. Pour comprendre.

    Dans la mesure, bien sûr, où il est utile de comprendre ce qu'on a vécu.

    Est-ce utile, de comprendre ? Autant vivre sans se poser de questions, comme les animaux. Avec de vraies souffrances, s'il faut souffrir : la faim, le froid, le mal de dents, la migraine, l'essoufflement, j'en passe. Je ne cite que les plus évidentes d'une liste de toute façon interminable, ici-bas. Elle contient déjà. de quoi meubler quelques vies intérieures. Certes, ce mobilier est rustique…"

    Ce que j'en pense :

    C'est une nouvelle moins drôle que parfois chez Bartelt. C'est plutôt cruelle et dérangeante, acide et finalement assez tragique. Bartelt est toujours aussi doué pour nous faire pénétrer dans cet univers où le pauvre doit ressembler à un pauvre.

    Parures

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  • Le congélateur

    "Le congélateur" de Pascale Dietrich - Les éditions In8

    Présentation de l'éditeur :

    Une bouteille de coca, une vieille Peugeot 306 et son thermos de café, un caddie bourré de surgelés jusqu'à la gueule… ne vous fiez pas aux apparences : ces objets inoffensifs masquent de terribles crimes. La famille, c’est sacré : que ne ferait-on pour la défendre ? Dans ces quatre histoires drolatiques, les troubles affectifs se déguisent sous des délires consuméristes.
    Pascale Dietrich croque notre société contemporaine avec une ironie gourmande. Mais elle fait preuve d’une intelligence diabolique pour le poison. Des histoires courtes aussi pétillantes que redoutables.

    Extrait de "Jean-Pierre":

    "Cela faisait six mois que j'étais enceinte. Le terme approchait lentement, mais sûrement. Avec Mathieu, comme la plupart des futurs parents, nous étions tout excités à l'idée de voir naître ce bébé. Nous ne parlions pratiquement plus que de ça et avions déjà tout préparé : la chambre, les layettes, la table à langer... Jusqu'à présent, nous étions sur la même longueur d'onde pour à peu près tout : nous pensions tous les deux qu'il fallait que notre fils bénéficie de l'allaitement maternel, d'une éducation douce mais stricte, et puis, concernant le choix du prénom, nous étions d'accord pour trouver quelque chose de moderne, mais pas trop m'as-tu-vu ni trop excentrique. Cette fin de maternité aurait donc très bien pu se passer, si le père de Mathieu n'avait pas eu la mauvaise idée de mourir subitement, broyé dans un accident de bus. Ça lui a fait un choc, à Mathieu. Pendant une semaine, il n'a pas mis le nez dehors et n'a rien avalé. Finalement, quand il est sorti de son mutisme, il avait pris une décision ferme et définitive, pour la première fois sans me concerter : son fils (le nôtre !) porterait le prénom de son père, en hommage. Sur le principe, je n'avais rien contre."

    Ce que j'en pense :

    C'est la femme (en particulier la mère) qui est au centre de ces histoires. Il y a de l'ironie, du sourire dans chacune de ces nouvelles. Je conseille particulièrement "Jean-Pierre" .

    Le congélateur

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  • Vieux Bob

    "Vieux Bob" de Pascal Garnier - éditions In8

    Présentation de l'éditeur :

    « C’est vrai, vieux Bob a pas pu s’empêcher. C’était si bon, le calme et puis la sciure sous son ventre, bref, il a pas pu se retenir. À coups de pompe dans le train il se traîne jusqu’à l’arbre, lève à peine la patte, fait trois gouttes qui se perdent dans ses poils. » Un vieux clébard incontinent, un simple d’esprit fasciné par les avions, deux étrangers dans le métro qui ne savent se dire leur attirance... Les personnages de ces neuf nouvelles sont attendrissants. S’ils sont pathétiques ? Oui. Et meurtriers, souvent. À l’image de John Fante, Pascal Garnier donne toujours l’impression de se balader avec un couteau en poche. Mais chez lui, l’effarement ne conduit pas à la rage : nous sommes ici du côté du cœur. L'auteur de Comment va la douleur ? Et de La Théorie du Panda est mort en 2010. Le recueil Vieux Bob s'inscrit pleinement dans l’œuvre de cet entomologiste sentimental

    Première page :

    "Elle s'est assise à côté de lui, sur le strapontin de droite, en sens inverse de la marche du métro. Il a jeté un vague coup d'œil par-dessus son épaule, ce parfum de petite fille l'a détourné un bref instant du paysage de suie entre les stations.

    Elle, c'est une petite secrétaire d'une vingtaine d'années, le genou cagneux, la veste mode aux épaules trop larges pour son ossature de moineau, la pupille expresse, la bouche prête à répondre : « Meeerde ! » si on la serre de trop près. En guise de sac à main elle porte une drôle de petite mallette mouchetée noir sur vert façon carton à dessin. Elle préférerait qu'on la prenne pour une artiste que pour une employée de bureau. Elle s'intéresse à tout, elle a lu Balzac, Zola, elle va voir toutes les grandes expos (la dernière c'était Manet ou Monet, elle confond toujours). Dans sa mallette elle a deux places pour samedi prochain, un concert de « Je-ne-sais-plus-qui » à la Maison de la Radio. Elle ira avec sa copine Martine qui a exactement les mêmes goûts qu'elle. Elle a faim, se demande ce que sa mère a préparé à dîner. Elle vit encore chez ses parents."

    Ce que j'en pense :

    Neuf nouvelles, neuf portraits touchants, réalistes… Pas  de détails inutiles, c'est court avec juste ce qu'il faut de noirceur quotidienne. Cela peut être parfois banalement drôle ou tristement amusant… la vie, décrite avec tendresse et lucidité, par un auteur qui est parti trop tôt vers le "grand loin".

    Vieux Bob

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