• La petite fille de Menno

    "La petite fille de Menno" de Roy Parvin
    traduction Bruno Boudard - Libretto

    Présentation de l'éditeur :

    Lindsay a quarante ans. Sa vie s’est arrêtée le jour où Whit, son mari, brillant écrivain buveur et bagarreur aujourd’hui décédé, l’a quittée pour une autre. Sous prétexte d’aller rendre visite à ses parents dans l’Est, elle entame un périple en train qui la conduit du nord de la Californie à New York en passant par l’Idaho, le Montana et surtout le Wyoming, dernier endroit où vécu son ex mari et où réside la femme qui l’accompagna dans ses derniers jours. Cette « marelle ferroviaire » sera l’occasion pour Lindsay d’un autre voyage intérieur et d’une lente métamorphose.

    Première page :

    "L'année des quarante ans de Lindsay avait com­mencé sous la pluie, et puis le printemps s'était à son tour retrouvé arrosé par les intempéries. Les saisons n'avaient pas vraiment suivi leur cours normal, et voilà maintenant que l'automne était revenu, qu'octobre devenait novembre, que le crissement mélodieux des rainettes annonçait l'arrivée prochaine des pluies.

    Elle avait vécu dans l'Ouest la moitié de sa vie, tout au nord de la Californie, sous les hautes cimes des séquoias, dans une région entièrement différente de celle de la vallée de l'Hudson, où elle avait passé son enfance. Elle n'y était pas retournée depuis des années et en arrivait presque à croire que cette vallée n'était qu'un vague souvenir, glané dans un livre lu il y avait longtemps. "

    Ce que j'en pense :

    Court récit d'un voyage initiatique et d'une rencontre entre deux femmes. Beaux portraits, description magnifique de paysages enneigés, le tout avec une économie de moyens mais avec beaucoup de nuances et une grande force.

       

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  • La vague

    "La vague" texte de Hubert Mingarelli
    illustration Barthélémy Toguo - les éditions du Chemin de fer

    Présentation de l'éditeur :

    Un bateau fait escale à Haïti. Tous les marins s’apprêtent à profiter des plaisirs qu’offre la terre ferme. Tous, sauf le narrateur et son ami Tjaden, consignés à bord…

    Dans cette histoire d’amitié fragile, suspendue entre deux temps, Hubert Mingarelli excelle à faire parler les silences et les non-dits. 

    Barthélémy Toguo explore la face ombreuse du texte et ses dessins s’immiscent en deçà des mots, tracent avec vigueur l’esquisse d’une humanité tendue et oppressée.

    Première page :

    "La mer était grise et blanche. Le ciel tombait sur la mer. Le vent soufflait. Alors nous vîmes la vague qui devait nous emporter, Tjaden et moi, plus tard, le lendemain, au moment où peut-être elle touchait Cuba ou la Floride. Comment savoir où elle allait. Elle était haute. Grossman, notre lieutenant, se cala contre la table à carte. Le barreur leva les yeux du compas à peine une seconde, et écarta les jambes. C’était Tjaden. Comprenant que nous avions un mauvais angle, je saisis le pupitre de la radio à deux mains, courbai la tête et attendis.

    “Donne un peu à gauche”, demanda le lieutenant, se tournant rapidement vers Tjaden, lui murmurant à moitié son ordre d’une voix blanche, comme s’il avait été tout à coup plus timide que d’habitude, ou alors parce qu’à ce moment-là, nous étions comme en équilibre, qu’on ne voyait que le ciel et qu’il ne fallait rien faire de trop bruyant qui put rompre tout ça."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve l'univers habituel de Mingarelli : l'amitié, la solitude, la marine... et cette faculté qu'il a de donner de la voix aux silences et aux non-dits.

      

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  • L'Antartique

    "L'Antartique" de Claire Keegan
    Traduction Jacqueline Odin - Sabine Wespieser éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    " Chaque fois que la femme heureuse en ménage partait, elle se demandait comment ce serait de coucher avec un autre homme. " Dès la première phrase de la nouvelle titre de son recueil, Claire Keegan ferre l'attention de son lecteur. La suite ne le décevra pas. Qu'elle évoque des amours malheureuses (dans L'Amour dans l'herbe haute, l'héroïne vient attendre, neuf ans après qu'ils se sont quittés, son amant sur la lande), les ravages sur ses enfants de la folie d'une mère (Brûlures dit le traumatisme de toute une famille), les rivalités familiales (Les Soeurs) ou la passion naissante entre un homme et une femme réunis par une petite annonce (Osez le grand frisson), l'auteur fait preuve d'une impressionnante maîtrise. Ses intrigues sont denses, ses personnages, souvent des femmes de la classe moyenne, criants de vérité, son style est net et tranchant, sa perception du monde et des rapports humains terriblement juste. Le tour de force de la nouvelliste tient certainement dans la paradoxale tranquillité avec laquelle elle laisse entrevoir les situations les plus extrêmes : ses créatures peuvent se débattre dans un monde indifférent et hostile, lutter contre l'absurdité de la vie, elles garderont toujours la maîtrise de leur destin.

    Première page :

    "Chaque fois que la femme heureuse en ménage partait, elle se demandait comment ce serait de coucher avec un autre homme. Ce week-end-là, elle avait bien l'intention de le découvrir. On était en décembre, elle sentait un rideau se fermer sur une année de plus. Elle voulait tenter l'expérience avant d'être trop vieille. Elle avait la certitude qu'elle serait déçue.

    Le vendredi soir, elle a pris le train à destination de la ville, lu pendant le trajet dans une voiture de première classe. Le livre ne l'a pas intéressée : elle devinait déjà la fin. Derrière la vitre, des maisons éclairées passaient à toute vitesse dans l'obscurité. Elle avait laissé un gratin de macaronis pour les enfants, rapporté du pressing les costumes de son mari. Elle lui avait dit qu'elle partait pour ses achats de Noël. Il n'avait aucune raison de ne pas lui faire confiance.

    Arrivée en ville, elle s'est rendue à l'hôtel en taxi. On lui a donné une petite chambre blanche avec vue sur Vicar's Close..."

    Ce que j'en pense :

    Dans ces nouvelles les personnages sont des révoltés silencieux. L'amour, le désir d'amour ou le manque d'amour sont à chaque fois présents. L'auteure décrit simplement le quotidien d'une ruralité irlandaise (ou américaine). Tout est dit, suggéré, en quelques pages. De la bonne nouvelle (même si certaines m'ont paru moins bien réussies)

      

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  • Le Bar parfait

    "Le Bar parfait" de Jean Bernard Pouy
    Editions de l'Atelier in8, collection Polaroïd

    Présentation de l'éditeur :

    Un marathonien du Blanc hante les rues de Paris à la recherche du bistrot parfait. Celui qui proposera mieux que Cabernet ou Sauvignon. Les établissements se succèdent et ne se ressemblent pas. Dans sa quête, il utilise un jeu de Monopoly et découvre ainsi des quartiers qu'il avait jusque-là négligés. Pendant ce temps, un groupe de tueurs prépare une descente dans un vieux rade. Le Bar parfait est une ballade au pays de l'alcool chaleureux, des éblouissements autour du zinc, des ivresses des arrières-salles enfumées. On marche dans la lumière sourde des bar-tabacs en compagnie d'un narrateur qui ressemble terriblement à un Jean-Bernard Pouy.

    Première page :

    "-  Un verre de vin blanc, s'il vous plaît.

    -  Muscadet ou sauvignon ?

    -  Au revoir monsieur.

    Et je suis sorti du rade.

    Faut pas pousser. Y a toujours, quand même, au moins, du Macon, du petit Chablis, du Chever-ny ou du Quincy, en cherchant bien, suffit d'aller chez un Nicolas, ce n'est jamais très loin, sur notre territoire, notre beau pinardland, celui que tout le monde nous envie, celui que tout le monde copie, putain, même au Chili, ils font du blanc.

    Faut pas pousser. C'est Prévert qui disait : « Le vin est un liquide rouge, sauf le matin où il est blanc »... Si ce n'est pas la sourate ultime, cette évidence, c'est quoi ? Du muscadet. Du sauvignon... Merde.

    J'en avais marre. Vers 11 heures, il me faut mon verre de blanc. Du bon. De la marque. Du naturel. Du cru. Du millésime. Du bio. Je m'en fous. Du blanc, simplement du bon blanc. De quoi attendre, humecté, le repas de midi.

    C'est mieux qu'un apéro, c'est une mise en bou­che. Une vieille habitude qui nettoie les plombages et hérisse un peu la langue. Un machin qui décape. Le moins sucré possible. "

     Ce que j'en pense :

    Nouvelle d'une soixantaine de pages où Pouy nous entraine dans sa tournée des bars parisiens. C'est gouleyant, plein de verve et d'ironie. Du bon Pouy (on en reprendrait bien une autre tournée)

      

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  • - Nouvelles

    "Amour en cage" - Jean Molla
    éditions Thierry Magnier

    Présentation de l'éditeur :

    Il y a des moments que l'on traverse en sachant qu'on ne les oubliera jamais. La rencontre avec la nouvelle compagne de son père, la rédemption brutale pour un jeune revendeur de drogue, un coup de foudre explosif... En treize histoires, d'une écriture juste et précise, Jean Molla dépeint avec brio ces instants de tension pour y dénicher les faiblesses et les forces qui sont au coeur de ses personnages. Il nous invite à voyager vers ce qui, dans le quotidien, ne l'est justement pas.

    Extrait :

    "D'abord. la lumière. Une vibration de néon blanche et crue. Deux aiguilles incandescentes qui se plantent dans mes pupilles. Je ferme les paupières. Ça fait mal. Mes yeux boursouflés semblent sur le point d'éclater.

    Des sons, ensuite. Un chuintement aussi régulier qu'un métronome, des carillons qui résonnent à intervalles variables. Des pas précipités dans un couloir, un roulement de chariot, la sonnerie d'un téléphone quelque part. Des murmures étouffés.

    Je sais où je suis.

    Impossible de bouger mes bras, ils sont sanglés. Une présence irritante et rigide dans la saignée du coude gauche. On m'a posé une perfusion. Mon nez est obstrué par un tube qui s'enfonce au fond de mon pharynx. Ma tête, mes membres, mon corps tout entier sont meurtris, taraudés par une douleur sourde. Je la devine prête à monter à l'assaut de mes nerfs, dès que les sédatifs auront cessé d'agir."

    Ce que j'en pense :

    Nouvelles très courtes. L'effet de surprise est garanti (presque toujours) à la fin de chaque texte. Humour assez noir mais lecture agréable, divertissante.

      

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  • - Nouvelles

    "Crise d'asthme" de Etgar Keret
    traduction de Rosie Pinhas-Delpuech - Babel

    Présentation de l'éditeur:

    Minimalismes, fantastiques, provocateurs, ces quarante-huit "textes-clips" d'Etgar Keret sont autant de plongées dans un univers littéraire inédit. Ecrits en état d'urgence, le souffle coupé, ils se jouent de la vraisemblance, font exploser les représentations attendues, brouillent les pistes, et leur brièveté redoutable ne les rend que plus aptes à embrasser l'inquiétante absurdité d'un monde à la dérive. L'écrivain israélien le plus insolent et le plus salutaire de sa génération a inventé en littérature une écriture fort singulière : celle de la violence instantanée, quotidienne qu'accompagne toujours son antidote - une poignée de valeurs sans lesquelles notre planète finira par tourner sans nous.

    Extrait :

    "CHAMPION DU MONDE

    Pour les cinquante ans de mon père, je lui ai offert une brosse dorée pour se nettoyer le nombril, dont le manche portait l'inscription : "A l'homme qui n'a besoin de rien." J'avais beaucoup hésité entre ça et une serviette brodée à son nom. Mon père a été d'excellente humeur pendant toute la soirée. Il a montré à tout le monde comment il se nettoyait le nombril avec la brosse tout en faisant des bruits d'éléphant satisfait. Ma mère lui a dit : "Menahem, arrête." Mais il ne s'est pas arrêté.

    Pour les cinquante ans de mon père, le locataire du dessous a décidé de ne pas partir, alors que son bail expirait. "Écoutez, monsieur Pullman, a-t-il dit en se penchant dans une posture de boucher par-dessus l'amplificateur Marantz désossé : au mois de février, je pars pour New York où je vais ouvrir avec mon beau-frère un laboratoire stéréo..."

    Ce que j'en pense :

    Courtes nouvelles, percutantes, violentes, tendres, provocantes, fantastiques, absurdes (le mélange est subtil)... proches de l'univers de Kafka. Pas ou peu de références à la situation politique en Israêl.

      

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  • - Nouvelles

    "Un type immonde" - Dennis Cooper - traduction Emmelene Landon
    éditions P.O.L.

    Présentation de l'éditeur :

    Ces dix-huit nouvelles dont l'écriture s'étend sur plus de vingt ans permettent de prendre la mesure de la richesse du talent de Dennis Cooper.
    Jouant et se jouant avec un humour décapant des tabous, des interdits, des fantasmes contemporains comme des pulsions les plus sauvages, il dresse aussi un état des lieux très sombre de la pensée et de la sensibilité occidentales.

    Première page :

    "« mesdames et messieurs, euh... » commence David Brooks. Il tape sur son micro VHP pour être sûr qu'il marche. Ping, ping. « L'histoire que vous allez voir est vraie, basée sur ma propre expérience d'adolescent drogué, psychotique et meurtrier, au début des années soixante-dix. Mais avant de m'installer derrière le rideau là-bas... » - il indique un petit théâtre de marionnettes grossièrement construit au centre de la scène vaste et vide de l'auditorium -« et d'emprunter la voix de mes pauvres victimes et compagnons morts... » - il rejette sa tête en arrière, une vieille habitude du temps de ses cheveux extrêmement longs et blonds - « je voudrais saluer... » - il regarde le dos de sa main et quelques mots griffonnés dessus - « le professeur William Griffith de l'Université du Texas, et sa classe de... » ..."

    Ce que j'en pense :

    Etat des lieux brutal d'une jeunesse contemporaine. Textes courts mais assez violents qui jouent des interdits, des fantasmes et de pulsions sauvages. Parfois difficile à supporter, dérangeant. Heureusement il y a l'humour (plutôt cynique).

     

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  • - Nouvelles

    "Chaque regard est un adieu" - Georges Bonnet
    Le temps qu'il fait

    Présentation de l'éditeur :

    Avec ce nouveau livre, Georges Bonnet semble chercher dans le noir un sens au bonheur impossible, à la vie empêchée de ses personnages, qui se tiennent presque sans bouger entre une tristesse étale et de brefs éclairs d'espoir. L'impuissance de ces êtres, humblement acceptée, jette sur ces récits une ombre désespérante et contient la menace d'un désenchantement ou d'une fin. Mais l'amour, l'amour tu, l'amour sans attente, y tient pourtant une place centrale, y opère un fragile « rassemblement du temps » et constitue un renfort à la vie.

    Le lecteur sera saisi, une fois encore, du sobre talent avec lequel l'auteur tire d'une écriture si dépouillée et probe de telles harmoniques de sentiments véridiques et d'impressions persistantes.

    Première page:

    "Joachim consulta sa montre-bracelet et secoua négativement la tête, se jugeant incorrigible.
    Il serait une fois de plus en retard au service de comptabilité de la grosse société, spécialisée dans la rénovation des bâtiments, qui l’employait depuis plus d’un an.
    Il prit son pas de chasseur alpin, choisit le trottoir le moins encombré, s’engouffra sous le porche qui donnait accès à la cour intérieure de l’établissement…
    Il suspendit en hâte son pardessus à la patère restée libre, pénétra silencieusement dans le bureau, se glissa entre les tables de ses collègues, jusqu’à sa propre table.
    Il savait que le chef comptable, un petit homme ombrageux qui ne l’aimait guère, ferait son rapport à la direction.

    À l’heure du déjeuner, une jeune secrétaire inconnue dans le service, vint lui remettre une lettre. On lui signifiait qu’il était congédié. Une enveloppe jointe contenait un chèque correspondant à trois mois de salaire.
    Il resta digne, mit la lettre et le chèque dans une poche de sa veste, traversa le bureau en silence, rejoignit ses collègues dans l’étroit vestiaire qui leur était réservé, enfila son pardessus."

    Ce que j'en pense :

    Belle écriture, élégante. Des histoires chargées de tendresse et d'humanité (avec également une petite dose de mélancolie). Quelques unes de ces nouvelles sont de véritables bijoux.

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  • - Nouvelles

    "l'abattoir (el matadero)" - Esteban Echeverria
    précédé de "Esthétique de l'abattoir" par Alberto Manguel
    traduction François Gaudry - L'Escampette

    Présentation de l'éditeur :

    L'abattoir d' Echeverria est le portrait digne de foi d'un tyran, mais aussi un témoignage contre toute tyrannie. De même que le Waterloo partiel de Fabrice éclaire la banalité et le chaos de toute guerre ou que l'inexplicable procès de K accuse le cauchemar métaphysique de la bureaucratie judiciaire, de même cet infernal abattoir illustre l'abus de pouvoir et la stupidité que cet abus encourage. (...) La tyrannie n'admet pas les critiques. Quiconque s'oppose à l'abattoir devient sa victime, car l'abattoir ne souffre ni interlocuteur ni adversaire. Le lecteur contemporain pense aux tyrannies classiques du siècle passé - l'Allemagne du Troisième Reich, la Russie de Staline, le Cambodge des Khmers rouges - mais aussi aux contaminations plus discrètes, plus particulières, comme celles qui ont lieu quotidiennement en Chine ou en France aujourd'hui, où le besoin d'imposer une discipline civique prétend justifier les abus d'une violence étatique de plus en plus impunie.

    Première page :

    "Ceci a beau être une histoire, je ne commencerai ni par l'arche de Noé ni par la généalogie des personnages comme le faisaient autrefois les historiens espagnols de l'Amérique, qui doivent nous servir de modèles. Bien des raisons m'incitent à ne pas suivre cet exemple, mais je les tairai pour ne pas paraître diffus. Je dirai seulement que les événements de mon récit eurent lieu dans les années 183... Nous étions en plein carême, époque de l'année où la viande se fait rare à Buenos Aires, car l'Église, adoptant le précepte d'Épictète, sustine, abstine, (souffre, abstiens-toi), prescrit aux estomacs des fidèles de faire maigre et abstinence, car la chair est peccamineuse et appelle la chair, dit le proverbe. Et comme l'Église, ab initio et par délégation directe de Dieu, exerce son empire immatériel sur les consciences et les estomacs, lesquels n'appartiennent que dans une certaine mesure à l'individu, rien de plus juste et de plus rationnel qu'elle prohibe ce qui est mauvais."

    Ce que j'en pense :

    Par un auteur argentin du 19ème siècle, un petit texte magnifiquement écrit qui illustre la tyrannie, l'abus de pouvoir.

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  • - Nouvelles

    La mort d'Edgar - Franz Bartelt
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    On retrouve dans ces neuf nouvelles la verve tour à tour truculente, sarcastique ou philosophique de Bartelt, son attention très fine aux êtres et à leurs misères. On y danse sur des musiques tristes La Samba des otaries ou le Quadrille des déménageurs trapus, on se suicide comme on plaisante, on rêve qu'on est ressuscité mais on meurt en se réveillant... Une fille parfaitement chaste a une réputation de lubricité qui enflamme tous les mâles du pays, un romancier se met à l'épreuve du réel en livrant sa femme à la débauche pour écrire un roman érotique (elle y prendra goût, hélas)... L'univers de Bartelt puise sa force dans un style remarquable d'inventivité roublarde, avec un sens exceptionnel de la formule et du dialogue comique.

    Première page :

    "Dans le canton, tout le monde avait reçu le même courrier bordé d’un liseré noir :
    « François Boadec a l’immense douleur de vous faire part du décès de son jeune frère, Edgar, à l’âge de vingt-deux ans. Lundi matin à la chapelle Saint-Antoine, une cérémonie d’adieu sera célébrée par le père Zoume. Le défunt sera inhumé dans le caveau de famille des Boadec, au cimetière de Neuville. »
    Suivaient quelques recommandations de l’âme du défunt à Dieu et l’adresse personnelle de François Boadec, au lieu-dit La Croix des Fiancés, une clairière au milieu de la forêt. C’était un homme qui ne se mêlait pas aux habitants de la petite ville. Il ne descendait à l’épicerie qu’une fois par semaine, le vendredi. Après quoi, il passait au bureau de tabac, achetait ce qu’il fallait pour enfumer l’hectare de terre sylvestre où il vivait.
    Comme le bar se trouvait sous le même toit que le bureau de tabac, il ne manquait pas de vider un verre de vin rouge, sans toutefois trop adresser la parole aux autres consommateurs. Il paraissait perdu dans une perpétuelle rêverie. Il avait l’air d’un poète. En beaucoup plus intelligent."

    Ce que j'en pense :

    L'art de la nouvelle chez Bartelt : l'ironie, l'humour noir, le comique de situation, les personnages, la chute... un vrai plaisir.

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