• - Nouvelles

    Les Idiots (petites vies) de Ermanno Cavazzoni
    traduction Monique Baccelli - éditions Attila

    Présentation de l'éditeur :

    Pigozzi rêve de faire décoller sa Fiat. Pelagatti assure que le Christ est un extraterrestre. Scalabrini adore lancer des objets en l'air. Primavera a un rapport dramatique aux allumettes. Pierini ne luit que du calcul mental. Vacondio s'attend au carambolage de la planète. Sauro prend la tension des gens en rase campagne. Naldo voit des Albanais partout, même chez sa femme... Parodiant les vies de saints du Moyen Âge, Ermanno Cavazzoni dresse 31 portraits d'idiots contemporains. Les paresseux et les croyants peuvent lire et méditer un portrait par jour, et tenir ainsi un bon mois. Et même se reposer le dimanche. Les autres font comme ils veulent.

    Première page :

    "Le signor Pigozzi avait lu dans le journal qu'un Allemand de l'Est, ingénieur mécanicien, ayant construit en 1976 un petit aéroplane à moteur avec des pièces récupérées sur de vieilles automobiles, s'était enfui en Allemagne de l'Ouest en survolant la frontière. C'était l'époque où les peuples étaient opprimés par le communisme.

    Comme Pigozzi possédait une vieille Fiat et ne s'entendait ni avec sa femme ni avec sa fille, il s'était mis à caresser l'idée de s'envoler un beau jour et de ne plus jamais revenir. C'était un technicien confirmé qui s'y connaissait en moteurs. De plus, il avait été influencé par une encyclopédie de géographie illustrée. Son idée était d'alléger au maximum sa Fiat, et il avait pour ce faire supprimé les portières et presque toute la carrosserie. Il avait également enlevé les roues arrière qu'il avait remplacées par une petite roue centrale récupérée chez un ferrailleur."

    Ce que j'en pense :

    Il vaut mieux lire ce livre à petite dose; ainsi on a plus de chance de rire de certains portraits.


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  • - Nouvelles

    "Attente en automne" - Charles Juliet
    P.O.L.

    Présentation de l'éditeur :

    L'amour s'empare d'un homme, mais la femme qui le hante est trop jeune, ou elle regarde ailleurs, ou elle a conscience que la distance qui les sépare ne pourra être abolie.
    Renvoyé à lui-même, à une solitude accrue, cet homme vit une crise qui l'ébranle en profondeur.
    Il renonce, ou à l'inverse, il se bat, s'ingénie à vaincre les résistances.
    Un jour, l'imprévu survient, à moins que le temps ait modifié la situation et rendu possible ce qui ne l'était pas.
    Alors cet amour qui lancinait, érodait, déchirait, soudain il délivre, pacifie, ouvre largement les portes sur une vie qui s'éclaire et va multiplier ses dons...

    Première page :

    "Je suis arrivé hier en fin d'après-midi. Dans le train, je continuais à m'interroger. Je me demandais encore si j'avais été bien inspiré en décidant de partir. Comment allais-je supporter la solitude dans ce hameau? Paris n'allait-il pas me manquer? Je me rassurais en me disant que je n'avais pris cet engagement qu'avec moi-même, et que si je ne me plaisais pas en ce lieu, rien ne m'y retiendrait. Tandis que je regardais fuir le paysage derrière la vitre, je songeais que j'avais une grande chance d'être à ce point libre de toute contrainte. Pourtant, je n'en ressentais aucune joie.

    A Rodez, j'ai pris un taxi. Le chauffeur, un costaud d'une quarantaine d'années, avait un nez de boxeur, et j'ai aussitôt pensé qu'il était peut-être un ancien joueur de rugby. Je ne m'étais pas trompé..."

    Ce que j'en pense :

    Trois nouvelles autour de rencontres, magnifiquement et simplement écrites. De belles histoires d'amour à la fois sensuelles et pudiques.

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  • - Jeunesse

    Mille crétins - Quim Monzo
    traduit du catalan par Edmond Raillard
    Editions Jacqueline Chambon

    Présentation de l'éditeur :

    Quim Monzó dit que Mille crétins est son livre le plus gai. Et il est vrai qu'il faut un sacré sens de l'humour pour traiter de sujets aussi joyeusement réconfortants que la douleur, la vieillesse, la mort, le désamour ou les querelles mesquines. En lisant ses nouvelles nous rions, mais nous rions de nous-mêmes, du bonheur d'être lucides.

    Première page :

    "Le fils de M. Beneset arrive à la maison de retraite et salue la jeune fille de la réception, une fille aimable et sensée. De fait, lorsqu'il cherchait une résidence qui pourrait recevoir M. Beneset, c'est elle qui a fait pencher la balance et l'a poussé à choisir celle-ci plutôt qu'une autre, qui lui plaisait aussi, au Putxet. La jeune fille et le fils de M. Beneset parlent de choses et d'autres. De la vie en général, de la Semaine sainte qui approche, de la rue qu'on vient de goudronner et de l'état de santé de M. Beneset. Quand il lui semble qu'ils ont suffisamment parlé, le fils dit : "Enfin..." et sourit comme pour dire : "Cette conversation est très intéressante mais il faut que je te laisse et que je monte dans la chambre." La fille, qui dans le fond en a assez d'échanger chaque fois les mêmes lieux communs avec les parents ou les amis de tous les pensionnaires, fait une tête pour dire : "Ben oui, moi aussi je regrette, mais je comprends qu'il y a des choses plus importantes, par exemple d'aller voir son père." Si bien que le fils de M. Beneset s'éloigne du comptoir et se dirige vers la cour. ..."

    Ce que j'en pense :

    Des nouvelles à l'humour plutôt caustique, avec une grande originalité. Tous les textes n'ont pas la même force (ce qui est souvent le cas dans les livres de nouvelles)

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  • Will du moulin

    Will du moulin de Robert Louis Stevenson
    traduction Marcel Schwob - éditions Allia

    Présentation de l'éditeur :

    Moins connu que L’Ile au trésor ou Dr Jekyll, Will du moulin était pourtant considéré par Henry James comme le chef-d’œuvre de Stevenson. Cette parabole sur le renoncement au monde, par sa pureté et sa simplicité, atteint la perfection d’une histoire zen.

    Extrait :

    "Le moulin qu'habitait Will avec ses parents d'adoption s'élevait dans une vallée en pente, entre des bois de pins et de grandes montagnes. Au-dessus, des sommets et des sommets s'étageaient, jusqu'au moment où ils émergeaient des bois touffus et se dressaient nus vers le ciel. Un peu plus haut, un long village gris s'étendait, semblable à une couture ou à une loque de vapeur, sur un versant boisé ; et, quand le vent était favorable, le son des cloches de l'église descendait, grêle et argentin, jusqu'à Will. Au-dessous, la vallée s'escarpait de plus en plus et allait en même temps s'élargissant ; et, d'une hauteur derrière le moulin, on pouvait l'apercevoir dans toute sa longueur, plus loin même, jusqu'à une vaste plaine, où la rivière étincelait en faisant un coude et allait de ville en ville dans son voyage vers la mer. Par hasard, au-delà de cette vallée, se trouvait une passe conduisant à un royaume voisin ; si bien que, tranquille et rurale comme elle l'était, la route qui longeait la rivière n'en était pas moins un lieu de passage entre deux sociétés splendides et puissantes. Pendant tout l'été, des berlines de voyage montaient lentement ou descendaient à toute bride devant le moulin."

    Mon avis :

    Belle découverte que ce petit texte très agréable (une cinquantaine de pages). Ecriture qui apparait très moderne.

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  • Le koala tueur et autres histoires du bush - Kenneth Cook
    traduction Mireille Vignol - Littératures autrement

    Présentation de l'éditeur :

    Avec ses redoutables crocodiles, ses excentriques mineurs d'opales, ses koalas féroces et ses cochons sauvages assoiffés de sang, l'impitoyable bush australien reste un territoire indompté. Et ce n'est pas Kenneth Cook qui aurait pu le soumettre ! Pour ce qui devait être l'un de ses plus grands succès de librairie, Cook a réuni peu avant sa disparition ces histoires courtes toutes plus hilarantes les unes que les autres, inspirées par ses tribulations à travers l'Australie. D'après lui, chacune de ces quinze rencontres avec la faune sauvage et ses frissons inattendus s'est déroulée comme il le raconte ici ; mais jamais il n'aurait osé les incorporer à ses romans tant elles paraissent incroyables. Et c'est précisément parce qu'elles sont tout à fait véridiques qu'il n'attendait pas qu'on le croie ! Dépaysement garanti, dans un grand éclat de rire.

    Première page d'une nouvelle : "La vie sexuelle des crocodiles :

    "Je remercie mère Nature pour les nombreux phénomènes qu'elle nous offre, dont l'un des plus étranges est sans nul doute l'exténuante vie sexuelle des crocodiles.

    Je m'en aperçus lors d'un voyage sur l'Hast Alligator River, qui longe la terre d'Arnhem, dans le territoire du Nord. Roger Huntingdon, professeur d'une quelconque science naturelle de l'université de Sydney, avait obtenu une bourse de recherche pour étudier les grands crocodiles d'estuaire du nord de l'Australie : il m'avait invité à l'accompagner. J'avais une connaissance limitée des crocodiles, et seulement les espèces d'eau douce, hormis un spécimen d'eau de mer rencontré dans de pénibles circonstances, après sa mort. L'offre de Roger m'avait semblé intéressante ; je l'avais acceptée.

    Petit homme mince et barbu aux cheveux en broussaille, Roger avait une quarantaine d'années. Ses yeux pétillaient d'intelligence au-dessus d'un grand nez crochu. Il me faisait penser à un perroquet barbu - une ressemblance accentuée par son habitude de porter des chemises à fleurs bariolées. S'exprimant d'une voix aiguë et exaltée, il avait tendance à s'enthousiasmer facilement. Il n'en restait pas moins un compagnon de voyage sympathique et fort bien informé."

    Mon avis :

    A découvrir cet auteur australien contemporain (mort en 1987). Très belle écriture, beaucoup d'humour, envie de lire à voix haute ces petites histoires à la bonne humeur communicative.

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  • Mon voisin

    Mon voisin - Milena Agus
    éditions Liana Levi - traduction Françoise Brun

    Présentation de l'éditeur :

    Glisser dans la baignoire en changeant le rideau de douche, faire croire à un accident, confier le petit à une famille normale... Pour se libérer de la pesanteur de la vie, elle s'amuse à imaginer le suicide parfait. Mais le jour où le voisin entre dans sa vie, son regard sur le monde change. Dans un Cagliari écrasé de soleil, Miléna Agus met en scène des personnages hors normes, enfants en mal d'amour, adultes en quète d'un peu de douceur.

    Extrait :

    "Le voisin, elle l'avait rencontré un jour alors qu'avec son petit elle rentrait de promenade. Il était très beau. Et ensuite, toujours à la même heure. Elle arrêtait la poussette et le fixait sans retenue. Mais lui ne les voyait pas, même quand la rue était vide.
    Il habitait la maison de l'autre côté du mur, et maintenant,quand elle emmenait son fils faire un tour, elle passait toujours par là. Ensuite ils montaient par les ruelles en pente, encaissées entre les murs, et débouchaient dans la lumière aveuglante de l'Esplanade, une avenue où on aperçoit tout Cagliari. Ils s'installaient sous un palmier, en surplomb de leur petit immeuble décrépit, qui était le plus moche, mais le plus beau aussi, parce qu'il y avait le jardin de la maison d'en face, avec sa végétation enchevêtrée qui formait un tapis sous son balcon à elle, au premier étage, la tenant comme suspendue en l'air quand elle s'y penchait.
    La maison du voisin restait cachée même de à-haut, de l'Esplanade, les frondaisons des arbres recouvraient tout, et là où elles s'éclaircissaient par instant émergeaient le blanc, le rose, le jaune des arbres fruitiers. Du mur descendaient, s'ouvrant un chemin entre les tessons de bouteille, les branches de lierre et les grappes violettes de glycines. Elles ne se lassait pas de rester là, émerveillée, espérant toujours entendre la voix de ce voisin si beau. Mais seuls les oiseaux chantaient."

    Mon avis :

    En une cinquantaine de pages cette nouvelle nous fait ressentir la mélancolie, la tristesse mais aussi la douceur, la légèreté, la chaleur. L'écriture restitue à merveille ces sensations et sentiments.

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