• - Nouvelles

    "La douane volante" - François Place
    Gallimard jeunesse

    Présentation de l'éditeur :

    Bretagne, 1914.
    La guerre menace. Une nuit, la charrette de la mort s'arrête devant la maison de Gwen le Tousseux, le jeune orphelin. C'est lui que vient chercher l'Ankou, pour l'emmener au pays dont on ne revient jamais... Quand Gwen se réveille, il est passé de l'autre côté, dans un monde comme surgi du passé. Dans ce pays étrange, effrayant mais fascinant, dominé par la douane volante, il va vivre des aventures extraordinaires.
    Gwen l'Egaré parviendra-t-il à retrouver sa terre natale ou son destin sera-t-il à jamais lié à Jorn, le redoutable officier de la douane volante? Une fresque magnifique, entre roman fantastique et récit initiatique, dans laquelle François Place révèle toute la dimension de son talent d'écrivain. Avec Gwen le Tousseux, laissez-vous emporter au-delà des frontières du réel et du temps.

    Première page :

    La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants. L'océan vient s'y fracasser. Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines. Moi, je n'avais pas quatorze ans quand j'ai embarqué pour ma première campagne de pêche. C'était au plus fort de l'hiver, et peu importe la coque de noix sur laquelle j'ai frotté mes sabots, peu importent les jours et les nuits à vider le poisson, les mains plongées dans l'eau glacée, peu importe les coups et les humiliations, peu importe la méchanceté crasse de ce maudit équipage et de son capitaine à moitié fou, peu importe, finalement, puisque j'en suis revenu vivant. Tremblant comme une feuille et claquant des dents, mais vivant. Sitôt débarqué, on m'a couché sur un lit d'algues au fond d'une carriole, avec pour toute compagnie un tas de poissons aux yeux ronds, et roule ! Mes poumons cherchaient l'air comme une vieille baudruche crevée.

    Ce que j'en pense :

    Très bon roman pour ados (et bien au delà!) à l'écriture classique. L'auteur nous transporte dans un temps et dans un lieu imaginaire mais pas si éloigné du réel. Roman fantastique, roman initiatique où différents thèmes sont abordés : la mort, la guerre, la mer, la médecine...

    __________


    votre commentaire
  • - Nouvelles

    "J'irai au pays des licornes" - Jean François Chabas
    L'école des loisirs - Médium

    Présentation de l'éditeur :

    La rue, ses menaces et ses combats, Jean-François Chabas connaît bien. Mais c’est la situation de la Thaïlande contemporaine qui a été le déclic de ce roman. Là-bas, les combats d’enfants sont légaux et les fortunes gagnées grâce aux paris, colossales. Avec amertume, poésie, réalisme et pudeur, c’est la face sombre de sa Boxe du Grand Accomplissement que l’auteur nous livre ici, ainsi que sa façon, subtile, originale, de parler de l’antisémitisme.

    Première page :

    "Un jour, j'irai au Pays des licornes. Des douces licornes blanches, qui marcheront au pas, autour de moi. Je verrai leurs naseaux frémir, et j'entendrai leur souffle; il sera pour moi une caresse.

    Je lèverai les yeux vers un ciel limpide. Je marcherai sur une herbe vert tendre. De grands arbres s'étendront dans la plaine, mais clairsemés. Car j'en ai soupé, des sombres forêts.

    Au Pays des licornes, il y aura des papillons.

    J'ai remarqué que les papillons adorent l'odeur de la lessive. Plusieurs fois, quand je lavais mon linge dans une bassine dont je sortais une main pas encore rincée, un papillon est venu se poser sur mes doigts. Mais ici, il y a seulement une petite espèce jaune pâle, qu'on appelle des Citrons.

    Au Pays des licornes, on trouvera des papillons de toutes tailles, avec des couleurs qu'on n'imagine pas. Enfin si, je les imagine, la nuit, quand je n'arrive pas à dormir à cause des hématomes, d'une dent cassée, de la peur, et surtout de l'inquiétude quant à l'avenir..."

    Ce que j'en pense :

    Un roman qui aborde des sujets d'actualité (la rue, l'exploitation des enfants, l'antisémitisme...) avec réalisme, pudeur et poésie. La fin me laisse un peu perplexe (mais pouvait-il en être autrement ?).

    __________


    votre commentaire
  • "Ti Poucet" - Texte de Stéphane Servant - Illustration de Ilya Green
    Rue du Monde

    Présentation :

    Quand on est Ti Poucet, il vaut toujours mieux se promener avec trois petits cailloux dans sa poche...

    Ilya Green

    Née en Provence, Ilya Green a fait des études de lettres et s'est mise à écrire très jeune. Ses livres témoignent d'un regard drôle et singulier sur l'enfance. Elle a également réalisé l'affiche de l'exposition "Drôles d'oiseaux, drôles d'animaux, 20 illustrateurs fêtent les 20 ans de Didier Jeunesse". Quelques livres de Ilya Green : Lilo, Ma mère est une étoile, Bou et les trois zours.

    Stéphane Servant

    Stéphane Servant a suivi des études de littérature anglaise, avant de se consacrer à l'écriture et à l'illustration pour la presse jeunesse. Il vit aujourd'hui près de Carcassonne. Quelques livres de Stéphane Servant : Comme en hiver, le machin, la cabane sur le toit.


    Première page :

    " En ville, tout le monde l’appelait Ti Poucet. A cause de sa taille. Et à cause des cailloux. Les trois cailloux qui traînaient toujours au fond de sa poche.

    Le Ti Poucet, on disait, avait préféré manger les miettes de pain et mettre les cailloux dans sa poche.
    Plutôt que de les semer sur le chemin.
    Plutôt que de suivre ses frangins.
    Plutôt que de rentrer chez lui.
    Plutôt que de retrouver ses parents un peu trop méchants..."

    Ce que j'en pense :

    Version très originale du Petit Poucet. Les illustrations sont magnifiques.

    __________


    votre commentaire
  • - Jeunesse

    L'auberge de nulle part de Roberto Innocenti et J. Patrick Lewis
    traductrice Anne Krief - Gallimard jeunesse

    Présentation :

    Comme je paressais, par un morne après-midi , mon imagination,, manifestement froissée d’être aussi peu sollicitée, me faussa soudain compagnie. Je venais de perdre ce que le poète Wordsworth appelait son « œil intérieur ».
    Mais avais-je réellement perdu l’imagination, ou l’avais-je simplement égarée en la laissant vaguer à sa guise dans le monde ordinaire, le monde normal ?
    Qu’allais-je devenir, moi qui était un artiste ?
    Comment pourrais-je continuer à travailler, à peindre, à vivre ?
    J’essayai bien de me raccrocher à quelques bribes de souvenirs, mais elles étaient loin de me suffire.
    S’il est vrai que les souvenirs sont de vieilles dentelles, eh bien, mon ami, l’imagination est une paire de chaussures neuves. Et, quand on a perdu ses chaussures neuves, il ne reste plus qu’à se lancer à leur recherche.

    Extrait :

    "Je rangeai mes pinceaux et mes chevalets, fis mon sac, fermai à double tour la porte de ma petite maison et advienne que pourra ! C'était assez incompréhensible, mais ma petite 4L rouge semblait savoir où elle allait : je roulais sur une route embouteillée en direction de jen'saisquelleville, quand la voiture s'engagea brusquement sur un chemin de terre, aussi long et désolé qu'un jour sans pain..."

    - Jeunesse

    Ce que j'en pense :

    Un très bel album aux superbes illustrations. Hymne à l'imagination et bel hommage à tous les créateurs de Cervantès à Saint Exupéry en passant par Melville ou Andersen.

     

    __________


    votre commentaire
  • - Jeunesse

    Le premier qui pleure a perdu - Sherman Alexie
    Traduction Valérie Le Plouhinec - Illustrations Ellen Forney
    Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Voici les péripéties poignantes et drôles de Junior, un jeune Indien Spokane, né dans une Réserve. Rien ne lui sera épargné – il a été le bébé qui a survécu par miracle, l’enfant dont on se moque et il est désormais l’adolescent qui subit en soupirant coups de poings et coups du sort. Jusqu’au jour où cet éternel optimiste réalise qu’un déplorable avenir l’attend s’il ne quitte pas la Réserve. Admis à Reardan, une école prestigieuse surtout fréquentée par les Blancs, Junior, se sent devenir un Indien à temps partiel… Dans ce roman plein d’humour où se devine l’autobiographie, Sherman Alexie raconte à merveille, tous les combats, petits et grands, contre soi-même et les autres, qui se gagnent de haute lutte, à condition de porter bien haut les armes de l’intelligence, de la lucidité et de l’humour.

    Première page :

    Je suis né avec de l'eau sur la tête.

    Bon d'accord, ce n'est pas tout à fait vrai. En fait, je suis né avec trop de liquide céphalo-rachidien à l'intérieur du crâne. Mais « liquide céphalo-rachidien », c'est tout simplement le terme savant qu'emploient les médecins pour parler d'huile de cervelle. Et l'huile de cervelle fonctionne dans les lobes comme l'huile de moteur dans une voiture. Elle fait tourner l'ensemble rapidement et sans accroc. Mais moi, bizarre comme je suis, je suis né avec trop d'huile dans le crâne, elle est devenue pâteuse, vaseuse, gluante, et tout ce qu'elle a fait c'est embourber le mécanisme. Le moteur qui me permettait de penser, de respirer et de vivre a ralenti et s'est enlisé.

    Ce que j'en pense :

    Sujet très intéressant mais le trait semble un peu forcé (style, humour). Les illustrations n'apportent pas grand chose au  livre.


    __________

    votre commentaire
  • - Jeunesse

    Les lionnes - Jean François Chabas
    Neuf de L'école des loisirs

     

    Présentation de l'éditeur :

    Ce sont deux lionnes qui avancent sans bruit dans les herbes sèches. Il y a la mère. Un an plus tôt, deux de ses soeurs ont été tuées à coups de tonnerre court par les hommes à l’odeur nouvelle, avec des peaux par-dessus leurs peaux. Il y a la fille. Elle a eu des petits jadis, ils ont été dévorés par un mâle rival de leur père. Depuis, elle ne s’est plus accouplée. Ensemble, elles ont quitté la harde, côte à côte, d’un seul pas. Elles sont seules.

    La première page :

    "La mère a rampé dans les hautes herbes sèches, elle s'y est installée et elle a attendu. Les hommes commençaient à allumer leurs lampes pour la soirée. La mère n'aimait pas ces lumières aiguës qui perçaient les ténèbres et faisaient mal à ses yeux déjà habitués à l'obscurité. Elle a posé sa tête sur ses pattes de devant. Ses moustaches, qui avaient été hérissées tandis qu'elle progressait vers l'ennemi, se trouvaient désormais collées à la partie inférieure de sa face.

    La mère haïssait les hommes, de cette haine qu'on peut seulement éprouver lorsqu'elle est provoquée par la peur ou la volonté de vengeance. Un an auparavant, elle avait vu deux de ses sœurs se faire tuer à ses côtés. Les hommes avaient brandi des tiges luisantes, il y avait eu des bruits étranges, des sortes de tonnerres courts, et ses sœurs étaient mortes."

    Ce que j'en pense :

    Très bon roman, bien écrit, pour jeunes à partir de 10/11 ans. C'est (presque) une fable qui nous montre qu'il est "bien plus terrible de vivre en hyène que de mourir en lionne".

    __________


    votre commentaire
  • L'histoire de Clara

    L'histoire de Clara
    de Vincent Cuvellier - illustration de Charles Dutertre
    Gallimard jeunesse - Giboulées

    Résumé :

    Clara est une enfant née dans une famille juive à Paris, en 1942. Lors d'un dimanche ensoleillé, les membres de sa famille passent la journée au Jardin d'Acclimatation. A leur retour, ils sont tous arrêtés par la Gestapo, sauf Clara, cachée par sa mère. Dix narrateurs différents racontent comment ils l'ont préservée et lui ont permis de grandir, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

    Extrait:

    Ma douce, oh ma fleur,

    Tu ris quand sonne l'heure

    De rentrer au pays

    Oh ma douce, oh ma fleur...

    Tu aimes cette chanson, Clara? Je crois que oui. Je le vois à tes yeux qui se ferment doucement quand je la fredonne à tes petites oreilles. Si tu pouvais parler... tu ne dirais rien... tu sourirais et tu t'endormirais, comme tu le fais à l'instant. Oh ma douce, oh ma fleur...

    Ça fait longtemps que tes joues n'ont pas vu le soleil. Oh, ce n'est pas ma faute, tu sais, si je le pouvais, je dresserais ta chambre au milieu d'un champ, mais il est devenu difficile pour nous de voir le ciel, de sentir le vent, de boire l'eau fraîche.

    Ce matin, ma Clara, je t'ai mis ta plus belle robe, la rosé, celle que j'ai brodée de ton nom. J'ai habillé ton frère aussi, Schlomo, et tes sœurs, Rachel et Simone. Rachel était tout excitée. Tu le sais, elle est un peu garçon manqué, elle n'aime rien tant que sauter au cou des girafes, rugir après les lions, faire des grimaces aux singes.

    Ce que j'en pense:

    Un livre touchant, émouvant mais sans doute trop "parfait" car tous les personnages rencontrés sont de "bons français". Le style n'est pas non plus à la hauteur, les voix données aux différents narrateurs paraissent empruntées.

     

    __________


    votre commentaire
  • L'invention de Hugo Cabret

    L'invention de Hugo Cabret, Brian Selznick
    traduction Danièle Laruelle - Bayard jeunesse

    Présentation de l'éditeur :

    Hugo Cabret est orphelin. Son oncle l'héberge dans les combles de la gare dont il est chargé de régler les horloges. Or le garçon a une obsession : achever de réparer l'automate sur lequel son père travaillait avant de mourir dans l'incendie du musée où il était employé. Hugo est persuadé que cet automate a un important message à lui délivrer...
    Brian Selznick, à la fois conteur, dessinateur et concepteur de livres, crée une forme de récit original où textes et images s'alternent et se complètent pour former la trame d'une aventure graphique inédite.
    Il a reçu pour ce livre le prix le plus prestigieux des Etats-Unis : le prix Caldecott.

    Extrait :

    "DE SON PERCHOIR DERRIÈRE L'HORLOGE, Hugo domine tout et observe. Il caresse nerveusement le petit carnet qu'il a dans sa poche et s'encourage à la patience.

    Dans le kiosque à jouets, le vieux se dispute avec la fille. Elle a à peu près l’âge d'Hugo ; il la voit souvent entrer dans la petite échoppe avec un livre sous le bras et disparaître derrière le comptoir.

    Le vieillard paraît agité aujourd'hui. S'est-il aperçu qu'il lui manque des jouets? Tant pis. C'est trop tard, personne n'y peut rien.

    Hugo a besoin de ces jouets.

    Le vieux et la fille se disputent un moment encore. Enfin, elle ferme son livre et part en courant."

     

    L'invention de Hugo Cabret

     

    Ce que j'en pense :
    Merveilleux hommage aux débuts du cinéma, à Georges Méliès en particulier. Livre très étonnant, ambiance originale. C'est un conte où l'écrit et l'illustration sont alternés. Livre pour enfants à partir de 10 ans jusqu'à ...


    __________

    votre commentaire
  • Mon père est un homme oiseau

    "Mon père est un homme oiseau" - Actes Sud Junior
    de David Almond, illustré par Polly Dunbar - traduction : Anne Vantal

     

    Présentation de l'éditeur :

    Le papa de Lizzie se prend pour un oiseau ! Il parle aux corneilles du jardin, mange des vers de terre et agite les bras en courant comme s'il volait... Il s'est même fabriqué une magnifique paire d'ailes pour participer au Grand Concours de l'Homme Volant. Au début, Lizzie se fait du souci pour son papa, mais finalement, elle se lancera avec lui dans ce projet farfelu.

    Extrait :

    Mon père est un homme oiseau

    "C'était un matin de printemps comme les autres au 12, allée des Alouettes. Dehors, les oiseaux pépiaient et sifflaient. Au loin grognait le grondement de la ville.

    Dring, dring, dring ! fit le réveille-matin. Lizzie sauta à bas du lit, se lava la figure, se frotta derrière tes oreilles, se brossa les dents, se brossa les cheveux, enfila son uniforme, descendit au rez-de-chaussée, remplit la bouilloire, la mit en marche, mit du pain dans le grille-pain, posa sur la table deux assiettes, deux tasses, deux couteaux, du lait, du beurre et de la confiture ; puis elle alla au pied de l'escalier."





    Mon avis :

    Ce livre peut paraitre loufoque mais derrière cette première impression il y a l'histoire d'une famille qui essaie d'accepter la disparition d'une mère. Très émouvant et magnifiquement illustré.

    __________



    votre commentaire
  • Mon coeur a des dents

    "Mon coeur a des dents" de Bernard Friot
    illustrations Bruno Douin - éditions Milan (Macadam)

    Présentation de l'éditeur :

    Macadam " innove en publiant de la poésie pour les adolescents : des textes d'une force incroyable, comme des petits concentrés de vie, d'amour ou de violence. Un lyrisme d'une vitalité et d'une modernité cinglantes, signé Bernard Friot.

    Extrait :

    "mon coeur a des dents
    des dents
    il mord qui approche dévore ceux qui m'aiment
    j'entends les os craquer les hurlements glacés des assassinés
    c'est pas
    appétissant
    sage mon coeur sage
    es-tu rassasié maintenant
    cesse s'il te plaît de grincer
    des dents
    j'habite un ogre en mon sein
    moi qui suis végétarien
    c'est un peu
    embarrassant
    je vais l'entourer de fil barbelé planter une pancarte
    attention danger
    au moins vous serez prévenu
    mon coeur minotaure en son labyrinthe
    vous attend
    à pleines dents "

    Mon avis :

    C'est de la poésie sans rime (ni raison), un peu folle, loufoque (mais parfois très sérieuse). Des textes à lire à voix haute pour jeunes (ou très vieux) ados (il y a sans doute un âge pour commencer mais il n'y en a pas pour s'arrêter!).

     

    __________


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique