• - Nouvelles

    Le potentiel érotique de ma femme - David Foenkinos
    Folio

    Présentation de l'éditeur :

    " On dit souvent qu'il existe des hommes à femmes, on peut considérer qu'Hector est un homme à objets. Bien loin de comparer la femme à l'objet, nous notons toutefois d'évidentes similitudes, et les angoisses de notre héros pourront se refléter dans les angoisses des infidèles, et de tous les hommes transpercés par la rareté féminine. " Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d'escalier, les premières pages de roman, les étiquettes de melon, les œufs d'oiseaux, les moments avec toi, les cordes de pendu, Hector est tombé amoureux et s'est marié. Alors, il s'est mis à collectionner sa femme.

    Première page :

    "Hector avait une tête de héros. On le sentait prêt à passer à l'acte, à braver tous les dangers de notre grosse humanité, à embraser les foules féminines, à organiser des vacances en famille, à discuter dans les ascenseurs avec des voisins, et, en cas de grande forme, à comprendre un film de David Lynch. Il serait une sorte de héros de notre temps, avec des mollets ronds. Mais voilà qu'il venait de décider de se suicider On avait vu mieux comme héros, merci. Un certain goût pour le spectacle lui avait fait opter pour le métro. Tout le monde saurait sa mort, ce serait comme Tavant-première médiatique d'un film qui ne marchera pas, Hector chancelait gentiment tout en écoutant, par politesse, les recommandations sonores en vue de ne pas acheter son billet à la sau­vette; au cas où il se raterait, ce serait utile de s'en souvenir. On ne connaissait rien de lui, alors on l'es­pérait un peu ce ratage, au moins pour savoir s'il faut se fier à la tête des gens."

    Ce que j'en pense :

    Parfois énervant cette façon de se mettre au dessus des personnages et de faire des apartés mais en fin de compte on finit par rentrer dans ce livre même si on n'y croit pas et si les plaisanteries paraissent un peu forcées.

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  • - Nouvelles

    Jésus et Tito - Velibor Colic
    Gaïa

    Présentation de l'éditeur :

    En 1970, dans la Yougoslavie de Tito, Velibor a six ans et veut devenir footballeur. Noir et Brésilien, de préférence. "Relativement tôt, je me suis rendu compte que mes souvenirs, mon enfance, toute ma vie d'avant, appartenaient au Jurassic Park communiste, disparu et enterré avec l'idée de la Yougoslavie". Velibor feuillette ses souvenirs : une enfance sous le signe de la bonne étoile rouge et une adolescence sous influence rock'n roll. On ne choisit pas toujours ses icônes : le petit Jésus contre le maréchal Tito est un match qui se joue tous les jours à la maison. Velibor navigue entre Jack London et Pelé, puis dans les années 80 entre les Clash et Bukowski. Son grand amour sera la littérature. Devenu grand, Velibor rêve d'être poète. Maudit, évidemment.

    Velibor Colic est né en 1964 en Bosnie, et vit en France depuis 1992. Plusieurs de ses ouvrages en serbo-croate sont traduits en français par Mireille Robin, comme Les Bosniaques ou La vie fantasmagoriquement brève et étrange d'Amadeo Modigliani. Depuis Archanges (2008), il écrit en français. Voici Jésus et Tito, à la croisée d'Amarcord de Fellini et de Je me souviens de Georges Perec.

    Première page :

    Ma Mère dit que nous sommes Croates, mon Père que nous sommes Yougoslaves. Moi, je n'en sais rien. Quand on passe nos vacances chez les cousins en Croatie, je me sens croate. Mais ça reste flou. D'autant qu'un de mes cousins me dit que je porte un prénom serbe. « Velibor, me dit-il, c'est un prénom de plouc, un truc de chez les Serbes. » Son prénom à lui est Ivan, et je l'envie pour ça. Mais bon, que faire ?

    - N'importe quoi, m'assure mon Père, Ivan, ce n'est que le prénom de l'un de ces foutus apôtres. Ton prénom à toi, mon fils, est un prénom slave...

    Ici, il faut dire que je suis né un vendredi, le 13 juin 1964, jour de la Saint-Antoine-de-Padoue. «Voilà, a dit ma Grand-Mère, le petit a lui-même choisi son prénom -ce sera Antoine. » Mon Père, en quatrième année de droit à Belgrade à l'époque, n'a rien dit. Ça l'embêtait vraiment que son fiston, 4 kg et demi, 55 centimètres, porte le nom d'un saint. Pendant deux jours d'affilée, il est allé à la bibliothèque municipale où il a épluché un tas de livres d'histoire. Il cherchait un prénom slave, bien antérieur à l'arrivée des chrétiens dans les Balkans.

    Le lundi matin, dès l'ouverture, il s'est pointé à la mairie tout content de sa trouvaille. Velibor, un prénom bien de chez nous. Ça veut dire Grand Sapin dans notre langue, mais bien évidemment un prénom, ça ne se traduit pas.

    Ce que j'en pense :

    Les souvenirs d'un enfant en Yougoslavie dans les années 70/80. C'est rempli d'ironie et d'humour (parfois "acerbe" ;-)), toujours tendre mais jamais aveugle ni naîf.

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  • - Nouvelles

    Noël hiver - Pascal Commère
    Le temps qu'il fait

    Présentation de l'éditeur :

    " Il n'est pas déraisonnable de penser que, marchant, nous allons vers les mots. Les mots qui disent l'origine et le but ultime, quoique l'enjeu de notre marche, assez obscur, pût sembler manquer certains jours de vigueur et tout autant de certitude. Nous allons vers les mots parce que nulle part ailleurs nous ne pouvons réchauffer cette part de nous qui a froid, que ce qu'ils laissent passer, qui est et n'est pas notre histoire, touche à quelque chose d'essentiel dans notre vie et que cela constitue à sa façon une manière d'espoir. Quand bien même l'espoir n'aurait point - et le faut-il ? - élu encore le domaine à investir. Nous marchons dans la neige et cela, disons-le, s'apparente à notre raison d'être ici, indépendamment de la direction envisagée."

    Première page :

    "Parce qu'il m'était devenu nécessaire de meubler un espace — fut-il réduit —, manière de préciser une identité toujours mouvante au sein de la communauté à laquelle j'appartiens, je choisis de ne pas jeter le journal. J'y venais de lire, sans grand intérêt d'abord, ce que je vais tenter d'exposer au fil des lignes qui suivent. Il s'agissait d'une annonce, en fait. Et cette annonce, qui émanait de l'une des sociétés savantes du chef-lieu et s'adressait à tous, proposait la rédaction d'un récit sur le thème de l'hiver. Présentée ainsi, la chose paraissait assez banale et je ne m'en effrayai pas. Maintenant je dois préciser que, désœuvré cet hiver-là, j'avais tenu récriture à distance, non sans éprouver quelque méfiance à son endroit. Il s'agissait de composer un livret qui pût, puisque la saison en était celle-ci, donner un avant-goût de la neige. Etant entendu que la neige, tant évoquée par les poètes, ne manquerait pas cette fois encore de servir de trait d'union. Un livre, je n'osais y penser. Mais le Livre. Le Livre de l'Hiver..."

    Ce que j'en pense :

    Une exploration (pas toujours simple) de paysages en hiver (avec neige), entre réflexion et souvenirs.

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  • - Nouvelles

    L'échappée belle - Anna Gavalda
    le disettante

    Présentation de l'éditeur :

    Simon, Garance et Lola, trois frères et sœurs devenus grands (vieux ?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château pendu au fin fond de la campagne tourangelle. Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. Légère, tendre, drôle, L'Echappée belle, cinquième livre d'Anna Gavalda aux éditions Le Dilettante, est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-sœurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune.

    Première page :

    Je n'étais pas encore assise, une fesse en l'air et la main sur la portière, que ma belle-sœur m'agressait déjà :

    -   Mais enfin... Tu n'as pas entendu les coups de klaxon ? Ça fait dix minutes qu'on est là!

    -   Bonjour, je lui réponds.

    Mon frère s'était retourné. Petit clin d'œil.

    -   Ça va, la belle ?

    -   Ça va.

    -   Tu veux que je mette tes affaires dans le coffre ?

    -   Non, je te remercie. J'ai juste ce petit sac et puis ma robe... Je vais la poser sur la plage arrière.

    Ce que j'en pense :

    Court récit à la première personne, comme une dernière parenthèse avant de basculer dans l'âge adulte. Agréable et divertissant.

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  • Ru

    - Nouvelles

    ru- Kim Thùy
    édition Liana Lévi

    Présentation de l'éditeur :

    Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l'enfance dans sa cage d'or à Saigon, l'arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d'un bateau au large du golfe de Siam, l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, ru dit le vide et le trop-plein, l'égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d'un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d'argent ou la puissance d'une odeur d'assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d'hier et d'aujourd'hui avec la maîtrise d'un grand écrivain.

    Kim Thúy a quitté le Vietnam avec d'autres boat people à l'âge de dix ans. Elle vit à Montréal depuis une trentaine d'années. Son parcours est hors du commun. Elle confie avoir fait toutes sortes de métiers - couturière, interprète, avocate, restauratrice - avant de se lancer dans l'écriture (en français) de ce premier roman.

    Première page :

    "Je suis venue au monde pendant l'offensive du Têt, aux premiers jours de la nouvelle année du Singe, lorsque les longues chaînes de pétards accrochées devant les maisons explosaient en polyphonie avec le son des mitraillettes.

    J'ai vu le jour à Saigon, là où les débris des pétards éclatés en mille miettes coloraient le sol de rouge comme des pétales de cerisier, ou comme le sang des deux millions de soldats déployés, éparpillés dans les villes et les villages d'un Vietnam déchiré en deux.

    Je suis née à l'ombre de ces cieux ornés de feux d'artifice, décorés de guirlandes lumineuses, traversés de roquettes et de fusées. Ma naissance a eu pour mission de remplacer les vies perdues. Ma vie avait le devoir de continuer celle de ma mère."

    Ce que j'en pense :

    Des fragments de souvenirs enchainés, peut être de façon un peu trop visible parfois, qui reconstituent la vie avant et après le départ du Vietnam. Le regard est à la fois intime et distancié et d'une grande humanité.


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  • - Nouvelles

    "D'aussi loin que je me souvienne il s'est toujours levé tôt" - Vincent Flamand
    éditions de l'aube

    Présentation de l'éditeur :

    "C'était un lutteur obsessionnel et courageux, peut-être comme tous ceux pour qui exister est un corps à corps, à qui rien ne semble simple, évident. Il attaquait la journée dans un grand cri de silence. J'ai su qu'il allait mourir le jour où il a cessé de se coiffer. " Avec ce récit où chaque mot est pesé, choisi avec soin, Vincent Flamand lance un vibrant hommage à son père - au père, dans sa plus belle acception. Je suis sûre qu'à sa lecture chacun se reconnaîtra, le sourire aux lèvres et larmes au coin des yeux. Théologien et philosophe de formation, Vincent Flamand, pur Wallon né en 1972, d'abord musicien punk, a exercé la prêtrise pendant six ans, avant de revenir vers la vie civile. Il nous propose ici son premier texte.

    Première page :

    D'aussi loin que je me souvienne, il s'est toujours levé tôt pour aller travailler «au bagne» comme il disait. C'était sa manière à lui de supporter l'inéluctable, de rire de celui qu'il croyait être devenu, si loin des rêves auxquels il avait refusé de renoncer. Peu de souvenirs de ses émergences, héroïques et malaisées; comme si flottaient dans ma mémoire quelques images de défaite qui ne le montraient pas, tel qu'en sa vérité d'homme, quand il s'approchait doucement, si douce­ment, de mon lit pour m'embrasser dans mon sommeil. Délicatesse héroïque, refus d'abdiquer. Je l'ai toujours admiré, pour de nombreuses raisons mais notamment pour cela : ce lever aux aurores, ce renoncement aux mirages de la nuit, cet arrachement aux fan­tasmes des songes, à la chaleur de sa femme.

    Ce que j'en pense :
    Hommage à un pére, très singulier, complexe et secret (comme beaucoup de pères !). Très bien écrit dans un style précis et clair.


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