• Vous n'aurez pas ma haine

    "Vous n'aurez pas ma haine" de Antoine Leiris - Livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre 2015, assassinée au Bataclan. Accablé par la perte, il n'a qu'une arme  : sa plume. À l'image de la lueur d'espoir et de douceur que fut sa lettre «Vous n'aurez pas ma haine», publiée sur Facebook quelques jours après les attentats, il nous raconte ici comment, malgré tout, la vie doit continuer.
    C'est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu'il nous offre.

    Première page :

    "13 novembre, 22 h 37

    Melvil s’est endormi sans un bruit, comme d’habitude lorsque sa maman n’est pas là. Il sait qu’avec papa les chansons sont moins douces et les câlins moins chauds, alors il n’en demande pas plus. Pour me tenir éveillé jusqu’à ce qu’elle revienne, je lis. L’histoire d’un romancier enquêteur qui découvre qu’un romancier assassin n’a en fait pas écrit le roman qui lui avait donné envie de devenir romancier. De retournement en retournement, je découvre que le romancier assassin n’a en fait tué personne. Tout ça pour ça. Mon téléphone posé sur la table de nuit retentit.

    "Coucou, tout va bien? Vous êtes chez vous?"

    Je n'ai pas envie d'être dérangé. Je déteste ces messages qui ne disent rien. Pas de réponse."

    Ce que j'en pense :

    Difficile de parler de ce livre tellement il est émouvant, fort et rempli d'amour. Lisez-le !

    Vous n'aurez pas ma haine

    Vous n'aurez pas ma haineVous n'aurez pas ma haineVous n'aurez pas ma haine

     

     

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  • Formica

    "Formica" de Fabcaro - 6 pieds sous terre

    Présentation de l'éditeur :

    C’est dimanche, c’est le jour du repas en famille, tout le monde est ravi de se retrouver ensemble autour de la table. Alors que tout est prévu pour faire de ce rendez-vous un moment d’amour et de partage surgit tout à coup la question à laquelle personne n’avait pensé : De quoi on pourrait parler ? Formica est construit comme une pièce de théâtre, avec une unité de lieu et de temps, et découpé en trois actes. Tragique. Mais pas que...

    Extrait :

    Formica

    Ce que j'en pense :

    A offrir de toute urgence avant de participer à un repas de famille....Tout le monde n'aura pas le même sens de l'humour... C'est absurde, piquant, désopilant, surréaliste... mais toujours très juste pour se moquer de nos travers!

    Formica

    FormicaFormicaFormica

     

     

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  • Cendrillon

    "Cendrillon" de Joël Pommerat - Actes Sud Papiers

    Présentation de l'éditeur :

    Une toute jeune fille comprend difficilement les derniers mots de sa mère mourante, mais n'ose lui faire répéter. Pourtant voilà Cendrillon liée à cette phrase : "Tant que tu penseras à moi tout le temps, sans jamais m'oublier plus de cinq minutes, je ne mourrai pas tout à fait." Joël Pommerat part du deuil et de ce malentendu pour éclairer le conte d'une nouvelle lumière. 

    Extrait :

    Dans une maison en verre.

    LA VOIX DE LA NARRATRICE. Un peu plus tard, le père de la très jeune fille décida qu'il était temps de se remarier. Il avait rencontré une femme qui avait deux charmantes jeunes filles. Elles habitaient toutes les trois dans une maison très particulière. Cette maison était construite tout en verre. Oui en verre.

    SŒUR LA GRANDE. Pourquoi i'z'arrivent pas?

    LA BELLE-MÈRE. J'en sais rien !

    SŒUR LA PETITE. Peut pas s'asseoir?

    LA BELLE-MÈRE. Non ! Ça fait grandir !

    SŒUR LA GRANDE. Elle te va bien cette robe !

    LA BELLE-MÈRE. Merci.

    SŒUR LA PETITE. T'as de la chance toi, tout te va !

    LA BELLE-MÈRE. Oui, je sais ! Hier encore, on m'a dit la même chose dans un magasin ! "C'est fou, à vous tout vous va ! Et puis vous faites si jeune ! Vos filles, si on savait pas que c'était vos filles, on les prendrait pour vos sœurs !"

    LES DEUX SŒURS. On sait, tu nous l'as dit déjà.

    LA BELLE-MÈRE. On me le dit tous les jours! …

    Ce que j'en pense :

    Pommerat a l’habitude d’adapter des contes au théâtre. Il met Cendrillon (Sandra) au gout du jour sans en édulcorer la cruauté… au contraire !  Cela peut même paraître cruel. Heureusement il y a de l’humour et les mises en scène peuvent développer le côté caricatural et burlesque de certains personnages (en particulier  la belle mère et les deux sœurs). J’ai déjà vu une mise en scène (très réjouissante) de cette pièce et je vais en voir une autre dans quelques semaines…

    Cendrillon

    CendrillonCendrillon

     

     

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  • Station Eleven

    "Station Eleven" de Emily St John Mandel - Rivages

    Présentation de l'éditeur :

    Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
    Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

    Première page :

    "Le roi se tenait, à la dérive, dans une flaque de lumière bleue. C'était l'acte IV du Roi Lear, un soir d'hiver à l'Elgin Théâtre de Toronto. En début de soirée, pendant que les spectateurs entraient dans la salle, trois fillettes - versions enfantines des filles de Lear -avaient joué à se taper dans les mains sur le plateau, et elles revenaient maintenant sous forme d'hallucinations dans la scène de la folie. Le roi titubant essayait de les attraper tandis qu'elles gambadaient çà et là dans les ombres. Il s'appelait Arthur Leander et avait cinquante et un ans. Des fleurs ornaient ses cheveux.

    « Me reconnais-tu ? demanda le comédien qui interprétait Gloucester.

    - Je me rappelle assez bien tes yeux », répondit Arthur, distrait par la version enfantine de Cordelia.

    Ce fut à ce moment-là que la chose se produisit. Son visage se crispa, il trébucha et tendit le bras vers une colonne, mais, évaluant mal la distance, se cogna durement le tranchant de la main.

    « Au-dessous de la taille ce sont des Centaures », dit-il. Non seulement ce n'était pas la bonne réplique, mais il la prononça d'une voix sifflante, à peine audible. Il nicha sa main contre sa poitrine, à la manière d'un oiseau blessé. L'acteur qui incarnait Edgar l'observait attentivement. On pouvait encore croire en cet instant qu'Arthur était emporté par son rôle…"

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman post-apocalyptique qui peut paraître assez classique au début mais il est bien conduit avec des retours en arrière et des personnages qui se croisent, s’éloignent et se retrouvent (au moins pour quelques uns). L’idée sous jacente est intéressante : c’est par l’art (la musique, le théâtre, le musée…) qu’un nouveau monde peut renaitre. J’ai bien aimé également  le regard critique porté sur notre société qui est esclave de l’électricité, des moyens de transport et de communication. C’est donc un très bon roman mais il lui manque ce petit quelque chose de puissant et profond qui en ferait un chef d’œuvre, comme « La route » de McCarthy. De l’auteure j’ai préféré « Dernière nuit à Montréal ».

    Station Eleven

    Station ElevenStation Eleven

     

     

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  • Et tu te soumettras à la loi de ton père

    "Et tu te soumettras à la loi de ton père" par Marie-Sabine Roger - Babel

    Présentation de l'éditeur :

    Une fillette d’une dizaine d’années témoigne du quotidien de sa famille, tyrannisée par un père intégriste, qui soumet les siens à sa vision altérée de la religion catholique. Chez elle, on ne doit pas poser de questions, pas demander d’explications. Seule compte la parole du Seigneur, faite de mots compliqués, alambiqués, inintelligibles, débitée par cet homme au cœur sec. Les aînés partis, la mère consacre toute son attention à Fabien, le petit dernier, qui ne grandit pas, ne sait pas tenir sa tête, ne vivra sans doute pas bien longtemps.
    Pour tenter de rendre plus supportable cette atmosphère pesante, celle à qui l’on vole son enfance s’obstine, invente ses propres réponses, se fraie un chemin à travers les mots et découvre le goût de l’insoumission.
    Dans ce court récit écrit sous la forme d’un monologue de plus en plus glaçant, Marie-Sabine Roger livre entre les lignes un vibrant plaidoyer pour la vie.

    Première page :

    "Je te crains.

    C'est une angoisse si présente qu'elle fait partie de moi, quotidienne à tel point que je ne la vois plus. Le côté pile de l'enfance.

    Et les lèvres qui tremblent, le cœur fou qui voudrait s'échapper de sa frêle prison de côtes resserrées en cerceau sur ma respiration, tout cela fait partie de ma vie, quand tu es là.

    Il suffit que tu apparaisses pour que je sois tétanisée. Je suppose que c'est ainsi qu'il faut aimer un père : avec la peur au ventre et la gorge nouée. Je n'ai reçu aucun exemple du contraire. Je ne vais pas chez d'autres gens, je ne suis jamais invitée.

    Pourtant tu ne dis rien, ou presque. Et lorsque tu t'adresses à nous, rarement, tu ne le fais que par sentences et maximes, phrases empruntées à d'autres et que je t'attribue. Tu es le chef, le patriarche, et tu règnes en tyran sur toute ta tribu. Il faut courber le front, ne pas faite de bruit, ne pas hausser le ton lorsqu'on s'adresse à toi."

    Ce que j'en pense :

    Ce livre se lit très vite, tellement on est happés par cette histoire. C’est un long monologue d’une fille de 10 ans, mais on voit bien que ce n’est pas un discours enfantin, on reconnaît la « patte » de MS Roger derrière les mots de la fillette. L’auteure nous montre comment l’intégrisme en religion conduit à la soumission, à la terreur, à la négation de la vraie vie. C’est dur, glaçant avec toutefois un petit espoir vers  la fin.

    Et tu te soumettras à la loi de ton père

    Et tu te soumettras à la loi de ton pèreEt tu te soumettras à la loi de ton pèreEt tu te soumettras à la loi de ton père

     

     

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  • Zaï, Zaï, Zaï, Zaï

    "Zaï, Zaï, Zaï, Zaï" de Fabcaro - 6 pieds sous terrre

    Présentation de l'éditeur :

    Voici le nouveau récit choral de l’imparable Fabcaro, entre road movie et fait divers, l’auteur fait surgir autour de son personnage en fuite, toutes les figures marquantes - et concernées - de la société (famille, médias, police, voisinage...) et l’on reste sans voix face à ce déferlement de réactions improbables ou, au contraire, bien trop prévisibles.

    Extrait :

    Zaï, Zaï, Zaï, Zaï

     

    Ce que j'en pense :

    C'est déjanté, drôle, souvent hilarant...  mais c'est aussi très profond. L'auteur nous montre avec beaucoup d'humour l'absurdité de ce monde. Les médias, les politiques, les policiers, les bobos... et même les auteurs de BD ont leur coup de griffe (salutaire!). Ce livre devrait être remboursé par la sécurité sociale !

    Zaï, Zaï, Zaï, Zaï

    Zaï, Zaï, Zaï, ZaïZaï, Zaï, Zaï, ZaïZaï, Zaï, Zaï, Zaï

     

     

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  • Toute une vie et un soir

    "Toute une vie et un soir" de Anne Griffin - Delcourt

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une bourgade du comté de Meath, Maurice Hannigan, un vieux fermier, s’installe au bar du Rainsford House Hotel. Il est seul, comme toujours – sauf que, ce soir, rien n’est pareil : Maurice, à sa manière, est enfin prêt à raconter son histoire. Il est là pour se souvenir – de tout ce qu’il a été́ et de tout ce qu’il ne sera plus. Au cours de la soirée, il va porter cinq toasts aux cinq personnes qui ont le plus compté pour lui. Il lève son verre à son grand frère Tony, à l’innocente Noreen, sa belle-sœur un peu timbrée, à la petite Molly, son premier enfant trop tôt disparu, au talent de son fils journaliste qui mène sa vie aux États-Unis, et enfin à la modestie de Sadie, sa femme tant aimée, partie deux ans plus tôt. Au fil de ces hommages, c’est toute une vie qui se révèle dans sa vérité franche et poignante… Un roman plein de pudeur et de grâce qui contient toute l’âme de l’Irlande.

    Première page :

    "18 h 25 Samedi 7 juin 2014 Bar du Rainsford IIousc Motel Rainsford, comte de Mcath, Irlande

    C'est moi ou leurs tabourets sont plus bas ? Peut-être que je me ratatine. À 84 ans, ce sont des choses qui arrivent. Ça et les poils dans les oreilles.

    Ouelle heure il est aux Étals-Unis, fiston ? 1 heure, 2 heures de l'après-midi ? Tu dois être collé à cet ordina­teur dans ton bureau climatisé, en train de taper sur ton clavier*. Ou bien chez, toi, sur la galerie, dans le fauteuil relax dont l'accoudoir est cassé, à lire l'article que tu viens d'écrire dans ce journal pour lequel tu travailles... C'est quoi, déjà, son nom ? Bon sang, impossible de le retrouver. Je t'imagine, le Iront plissé, essayant de te concentrer pendant qu'Adam et Caitriona font les fous pour* que tu les remarques.

    lei, c'est calme plat. Pas un pékin en vue. Il n'y a que moi, qui marmonne dans ma barbe et qui tambourine sur* le bar*, pressé de boire ma première gorgée. Si je réussis à me la faire servir*... Est-ce que je t'ai raconté, Kevin, que mon père tambourinait comme un as ? Sur la table, mon épaule, n'importe quelle surface où il pouvait poser l'index, pour enfoncer* ses arguments et obtenir l'attention qu'il méritait…."

    Ce que j'en pense :

    Voilà un excellent roman, à  la fois drôle, tendre et tragique. L’auteure nous fait rentrer dans l’univers de ce vieux monsieur de 84 ans de façon magnifique. Elle sait nous transmettre beaucoup d’émotions avec pudeur et sans pathos, en nous faisant partager les toutes petites choses du quotidien avec des bonheurs tout simples. On est tellement bien dans ce livre, avec ce vieux monsieur qu’on n’a pas envie de le quitter !

    Toute une vie et un soir

    Toute une vie et un soirToute une vie et un soirToute une vie et un soir

     

     

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