• Parures

    "Parures" de Franz Bartelt - Atelier In8

    Présentation de l'éditeur :

    Une mère et son jeune garçon vivent en HLM dans une cité Parures pouilleuse. Sans ressources mais obsédée par l'apparence et les vêtements, elle habille son fi ls avec sophistication, telle une star enfantine ou comme un acteur à sa disposition. Tout l’argent des allocations dispensé par la mairie est englouti dans des magasins de luxe. L’enfant est moqué par ses instituteurs et méprisé par les gamins du quartier. Jusqu’à ce qu’une assistante sociale impose le principe qui prévaut:
    les pauvres doivent ressembler à des pauvres. Les allocations de secours sont supprimées, et la mère perd pied, au bout du rouleau. On lui a volé son rêve.

    Première page :

    "Ailleurs, c'eût été différent, je le crois. En ville, par exemple. Ou dans un quartier convenable.

    Tout à l'heure, je me suis approché de la fenêtre, j'ai soulevé le carton qui remplace la vitre, geste machinal pour faire entrer un peu d'air frais dans la chambre.

    Maman est sur le lit. Elle ne dort pas. Nous avons toujours habité ce sale quartier. J'y suis né. Maman venait d'ailleurs. D'en ville. Il me semble.

    Au fond, rien n'est moins sûr : elle ne m'en a jamais parlé. J'ai seul choisi qu'elle vienne d'ailleurs. Pour expliquer. Pour comprendre.

    Dans la mesure, bien sûr, où il est utile de comprendre ce qu'on a vécu.

    Est-ce utile, de comprendre ? Autant vivre sans se poser de questions, comme les animaux. Avec de vraies souffrances, s'il faut souffrir : la faim, le froid, le mal de dents, la migraine, l'essoufflement, j'en passe. Je ne cite que les plus évidentes d'une liste de toute façon interminable, ici-bas. Elle contient déjà. de quoi meubler quelques vies intérieures. Certes, ce mobilier est rustique…"

    Ce que j'en pense :

    C'est une nouvelle moins drôle que parfois chez Bartelt. C'est plutôt cruelle et dérangeante, acide et finalement assez tragique. Bartelt est toujours aussi doué pour nous faire pénétrer dans cet univers où le pauvre doit ressembler à un pauvre.

    Parures

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  • manuel de survie à l'usage des incapables

    "Manuel de survie à l'usage des incapables" de Thomas Gunzig - éditions au diable vauvert

    Présentation de l'éditeur :

    Né en 1970 à Bruxelles, nouvelliste traduit dans le monde entier, Thomas Gunzig est lauréat du prix Victor Rossel pour son premier roman, Mort d'un parfait bilingue, et du Prix des Éditeurs pour son recueil Le Plus Petit Zoo du monde (Au diable vauvert). 
    Chroniqueur à la radio RTBF, il écrit également pour la scène. Pour son troisième roman, le supermarché, dernier temple du monde moderne, a inspiré son humour ravageur et son sens de l'aventure.

    «Au début, il n'y avait rien.
    Ni espace, ni lumière, ni temps qui passe.
    Pas d'hier, pas de demain, pas d'aujourd'hui.
    Pire qu'un jour de grève.
    Pire qu'une rupture de stock.
    Rien d'autre que le rien, mais bon, le rien,
    c'était déjà pas mal.
    Le rien, ça laisse quand même des perspectives.»

    Première page :

    "Wolf regardait l'eau sombre chargée de morceaux de glace.
    Il ne pensait à rien d'autre qu'au vent froid qui lui attaquait le visage. Il n'avait pas vraiment mal et ce n'était pas bon signe : ça voulait dire que les parties supérieures de son épiderme étaient gelées, ça voulait dire que c'était comme des brûlures et que la douleur ne viendrait que plus tard, ce soir, quand il serait en train de s'endormir, et que tout ce qu'il pourrait faire, ça serait mendier des aspirines au Norvégien qui dormait sur la couchette d'à côté.
    Sur ce bateau, Wolf était le moins expérimenté de tous. Les autres employés avaient déjà fait ça plusieurs fois : embarquer en Irlande sur un gros baleinier industriel et puis remonter vers le nord-est, en direction de l'Islande, passer l'île Jan Mayen pour remonter vers le Spitzberg. À partir de là, en pleine mer polaire, le seul endroit où en vertu des accords passés entre la Commission baleinière internationale, l'Organisation mondiale du commerce et les juristes de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, on pouvait attendre de tomber sur une baleine et on pouvait la harponner."

    Ce que j'en pense :

    Ce monde décrit par l'auteur est fou (mais pas si éloigné de la réalité). C'est truffé d'ironie, de burlesque, de délire. C'est parfois violent et dérangeant mais c'est une vraie bonne surprise dans laquelle il faut se laisser embarquer.

    manuel de survie à l'usage des incapables

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  • Ecoute la pluie

    "Ecoute la pluie" de Michèle Lesbre - Sabine Weispeser éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    « Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté. » Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns. Le choc a fait tout basculer. Plutôt que d’aller à la gare, elle s’enfonce dans les rues de Paris pour une longue errance nocturne sous l’orage. Revenue chez elle au petit matin, toujours incapable d’expliquer à son amant pourquoi elle n’était pas au rendez-vous, elle murmure à son intention le récit de sa nuit blanche. Lui, le photographe pour qui les mots ne sont jamais à la hauteur, sera-t-il capable de comprendre l’énigmatique message qu’elle finit par lui laisser : « Écoute la pluie » ? Avec ce roman dense et bouleversant, Michèle Lesbre poursuit une œuvre lumineuse qu’éclaire le sentiment du désir et de l’urgence de vivre.

    Première page :

    "Lorsque j’ai jeté un œil sur ma montre, hier soir, il était grand temps que je quitte l’agence. J’ai couru jusqu’à la station de métro, je ne voulais pas rater le train pour te rejoindre à l’hôtel des Embruns. Je pensais que, de ton côté, tu étais peut-être sur le chemin de la gare de Nantes. J’essayais de t’imaginer, sac noir sur le dos et petite valise. Depuis que nous ne vivons plus dans la même ville, quelques terrains vagues se faufilent entre nous, ceux de nos imaginaires, qui parfois me font peur. Où es-tu dans l’instant même où je pense à toi, à qui parles-tu ? Pourtant j’aime ces zones d’ombre, elles nous permettent de ne pas laisser l’ennui et l’habitude nous grignoter peu à peu.

    Sur le quai du métro, il n’y avait que quelques voyageurs et un vieil homme près duquel je me suis arrêtée. Il portait un imperméable beige et tenait une canne. Sur l’autre quai, une publicité pour des sous-vêtements masculins révélait le corps lisse et hâlé d’un jeune athlète, peut-être ai-je un souvenir précis de cette affiche à cause du petit homme voûté, de sa canne, de ce face-à-face insolite."

    Ce que j'en pense :

    C'est très bien écrit. Le début est d'une grande force mais la suite est plus laborieuse. Heureusement que le roman est court sinon l'ennui m'aurait guetté car l'introspection tourne un peu en rond.

    Ecoute la pluie

     

     

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