• Bad boy

    "Bad boy" de Peter Robinson
    traduction Marina Boraso - Le livre de poche policier

    Présentation de l'éditeur :

    Jaff est beau, ambitieux, et sait s'entourer d'un irrésistible parfum de mystère. Mais il est aussi très dangereux. Tracy, la fille de l'inspecteur Banks, a succombé à son charme... et à son emprise. Au point d'accepter de le suivre lorsqu’il tente de semer la police qui le recherche pour détention d'arme. Pour la jeune femme, c'est le début d'une traque mortelle à travers le pays. Parti soigner sa dernière désillusion amoureuse sous le soleil de la Californie, Banks, qui ignore tout, découvre à son retour le coup de tête de sa fille. Il sera alors confronté à l'enquête la plus angoissante et la plus personnelle de sa carrière.

    Première page :

    "En cette fin du mois d'août, la campagne détrempée du Yorkshire évoquait une symphonie en vert et or sous un ciel bleu ponctué de nuages blancs. C'était un vrai miracle que les fermiers se soient débrouillés pour faire les foins, car la pluie était tombée sans interruption pendant des jours et des jours. Ils avaient réussi, malgré tout, et les champs étaient maintenant parsemés de meules de paille bien nettes. Des tracteurs étincelants retournaient le chaume, révélant les bruns sombres de la terre fertile. Les parfums de la dernière moisson et l'odeur des premiers froids annonciateurs de l'automne se mêlaient dans l'air doux. Sur la lande, la bruyère pourpre était en pleine floraison, tandis qu'en bordure de la route, les hirondelles rassemblées sur les fils téléphoniques se préparaient à leur longue odyssée vers l'Afrique.

    Ce lundi matin, Annie Cabbot, en route pour le commissariat, regrettait beaucoup de ne pas pouvoir les accompagner. Elle aurait adoré passer quelques jours dans une réserve animalière, à croquer ou à photographier les girafes et les zèbres, les léopards, les lions et les éléphants. Ensuite elle aurait fait la route des vins, goûté à l'excellente cuisine de Cape Town et profité de la vie nocturne."

    Ce que j'en pense :

    Les aventures de l'inspecteur Banks décrites dans ce livre ne sont pas très palpitantes. Le personnage de la fille de Banks, ainsi que quelques uns des personnages plus secondaires, paraissent parfois un peu trop stéréotypés. Néanmoins ce livre, même s'il est un des moins intéressants de la série, peut se lire avec un certain plaisir lorsque l'on doit voyager quelques heures en train ! 

     

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  • Marguerite Duras La passion suspendue

    Marguerire Duras, La passion suspendue"
    entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre - Seuil

    Présentation de l'éditeur:

    « Pendant des années, j’ai eu une vie sociale et la facilité avec laquelle je rencontrais les gens ou je leur parlais se reflétait dans mes livres. Jusqu’à ce que je connaisse un homme, et peu à peu, toute cette mondanité a disparu. C’était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J’ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : c’était comme de découvrir les vides, les trous que j’avais en moi, et de trouver le courage de les dire. La femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c’était moi : exténuée par cette passion que, ne pouvant me confier par la parole, j’ai décidé d’écrire, presque avec froideur. »

    Entre 1987 et 1989, après le succès foudroyant de L’Amant qui fait d’elle un écrivain mondialement reconnu, Marguerite Duras se confie en toute liberté à une jeune journaliste italienne sur sa vie, son œuvre, son obscurité, puis sa gloire, la politique, la passion. Ce dialogue a paru une fois en langue italienne et avait disparu, ignoré des admirateurs de Duras qui vont ici réentendre sa voix.

    Extrait :

    "Comment vous décririez-vous enfant?

    Petite, je l'ai toujours été. Personne ne m'a jamais dit que j'étais mignonne, il n'y avait pas de miroir où se regarder chez nous.

    Quels sont vos souvenirs les plus anciens?

    C'est entre les plateaux, l'odeur de la pluie, du jasmin, de la viande, que j'isole les premières années de ma vie. Les après-midi épuisants en Indochine nous semblaient, à nous, enfants, renfermer cette impression de défi envers la nature étouffante qui nous entourait. Une impression d'interdit et de mystère pesait sur la forêt. Cette période nous plaisait tant, à mes deux frères et à moi, que nous nous aventurions, nous désenchevêtrant des lianes et des orchidées entremêlées, risquant à chaque instant de tomber sur des serpents ou, je ne sais pas, des tigres.

    Après la mort de votre père, à 4 ans, vous êtes restée avec votre mère et vos deux frères.

    Maintenant qu'ils sont tous morts, je peux en parler tranquillement. La douleur m'a abandonnée. Le plus jeune de mes frères avait un corps maigre, agile - il me rappelait, Dieu sait pourquoi, celui de mon premier amant, le Chinois. Il était silencieux, effrayé, et je n'ai pas pu me détacher de lui jusqu'au jour où il est mort. L'autre était un voyou, sans scrupule, sans remords, peut-être même sans aucun sentiment. Autoritaire, il nous faisait peur. Je l'associe maintenant encore au personnage de Robert Mitchum dans «la Nuit du chasseur», un mélange d'instinct paternel et d'instinct criminel. C'est de là, je crois, que provient cette méfiance que j'ai toujours éprouvée envers les hommes."

    Ce que j'en pense :

    Nous retrouvons dans ce livre la voix de Duras, entière, définitive, méchante parfois mais souvent très lucide sur la littérature, le cinéma, les artistes et sur sa vie intime. Un petit bémol : les questions sont parfois beaucoup plus longues que les réponses! 

     

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  • Le dernier lapon

    "Le dernier lapon" de Olivier Truc
    Métailié Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Kautokeino, Laponie centrale, 10 janvier. Nuit polaire, froid glacial. Demain le soleil, disparu depuis 40 jours, va renaître. Demain entre 11h14 et 11h41, Klemet va redevenir un homme, avec une ombre. Demain le centre culturel va exposer un tambour de chaman légué par un compagnon de Paul-Émile Victor. 
    Mais dans la nuit, le tambour est volé. Les soupçons iront des fondamentalistes protestants aux indépendantistes sami. La mort d'un éleveur de rennes n'arrange rien à l'affaire. La Laponie, si tranquille en apparence, va se révéler terre de conflits, de colères et de mystères. Klemet, le Lapon, et sa jeune coéquipière Nina, enquêteurs de la police des rennes, se lancent dans une enquête déroutante. Mais à Kautokeino, on n'aime guère les vagues. Ils sont renvoyés à leurs patrouilles en motoneige à travers la toundra, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes. 
    Les mystères du 72e tambour vont les rattraper. Pourquoi en 1939 l'un des guides sami a-t-il confié à l'expédition française ce tambour, de quel message était-il porteur ? Que racontent les joïks traditionnels que chante le vieil oncle de Klemet ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et qui a l'air de si bien connaître la géologie de la région ? À qui s'adressent les prières de la pieuse Berit ? Que cache la beauté sauvage d'Aslak, qui vit en marge du monde moderne avec sa femme à moitié folle ? 
    Dans un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l'hypermodernité et de la tradition d'un peuple luttant pour sa survie culturelle. Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.

    Première page :

    "1693.
    Laponie centrale.

    Aslak trébucha. Signe de fatigue. Normalement, ses pas trouvaient toujours. Le vieil homme n'avait pas lâché son paquet. Il roula sur lui-même. Le choc fut amorti par la couche de bruyère. Un lemming s'en échappa. Aslak se redressa. D'un coup d'oeil derrière lui, il estima la distance de ses poursuivants. Les aboiements approchaient. Il lui restait peu de temps. Il reprit sa course silencieuse. Le visage creusé et des pommettes rebondies lui donnaient un air mystique. Ses yeux étaient enflammés. Ses pieds trouvaient à nouveau seuls la trace. Son corps se dédoublait. Il sourit, respira plus vite, à s'en faire tourner la tête, léger, le regard aiguisé, les pas infaillibles. Il savait qu'il ne chuterait plus. Il savait aussi qu'il ne survivrait pas à cette nuit doucereuse. Ils le pistaient depuis trop longtemps. Cela devait finir. Il ne perdait pas un détail de ce qui l'entourait, le plateau qui s'élevait, le mouvement des pierres, la berge élégante du lac à la forme de tête d'ours, les montagnes au loin, pelées, douces, où ses yeux distinguaient des rennes assoupis. Un torrent s'écoulait. Il s'arrêta, le souffle à peine haletant. Ici. Il fixa les lieux. Le torrent qui s'écoulait et se déversait dans le lac, les traces de rennes qui filaient dans la montagne vers l'est, où la lueur du soleil à venir indiquait le début de sa dernière journée. Il resta grave, serra son paquet. Un petit îlot s'élevait dans un coin du lac. Il s'en approcha, trancha des branches de bouleau nain à l'aide de son couteau. L'îlot était couvert de bruyère et d'arbrisseaux. Les aboiements se rapprochaient. Il se déchaussa, jeta dans l'eau les branches pour éviter de laisser ses traces dans la vase. Il continua ainsi jusqu'au rocher, grimpa, souleva les bruyères et enfouit son paquet. Il rebroussa chemin, puis il reprit sa course. Il n'avait plus peur."

    Ce que j'en pense :

    Ce livre nous fait découvrir un territoire, des paysages, une civilisation assez fascinants. Le duo des policiers Klemet/Nina fonctionne bien (on a même envie de les suivre dans d'autres aventures). Ce n'est pas un thriller au rythme haletant, l'écriture n'est pas non plus transcendante mais c'est un premier roman assez réussi.

      

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