• Marguerite Duras La passion suspendue

    Marguerite Duras La passion suspendue

    Marguerire Duras, La passion suspendue"
    entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre - Seuil

    Présentation de l'éditeur:

    « Pendant des années, j’ai eu une vie sociale et la facilité avec laquelle je rencontrais les gens ou je leur parlais se reflétait dans mes livres. Jusqu’à ce que je connaisse un homme, et peu à peu, toute cette mondanité a disparu. C’était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J’ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : c’était comme de découvrir les vides, les trous que j’avais en moi, et de trouver le courage de les dire. La femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c’était moi : exténuée par cette passion que, ne pouvant me confier par la parole, j’ai décidé d’écrire, presque avec froideur. »

    Entre 1987 et 1989, après le succès foudroyant de L’Amant qui fait d’elle un écrivain mondialement reconnu, Marguerite Duras se confie en toute liberté à une jeune journaliste italienne sur sa vie, son œuvre, son obscurité, puis sa gloire, la politique, la passion. Ce dialogue a paru une fois en langue italienne et avait disparu, ignoré des admirateurs de Duras qui vont ici réentendre sa voix.

    Extrait :

    "Comment vous décririez-vous enfant?

    Petite, je l'ai toujours été. Personne ne m'a jamais dit que j'étais mignonne, il n'y avait pas de miroir où se regarder chez nous.

    Quels sont vos souvenirs les plus anciens?

    C'est entre les plateaux, l'odeur de la pluie, du jasmin, de la viande, que j'isole les premières années de ma vie. Les après-midi épuisants en Indochine nous semblaient, à nous, enfants, renfermer cette impression de défi envers la nature étouffante qui nous entourait. Une impression d'interdit et de mystère pesait sur la forêt. Cette période nous plaisait tant, à mes deux frères et à moi, que nous nous aventurions, nous désenchevêtrant des lianes et des orchidées entremêlées, risquant à chaque instant de tomber sur des serpents ou, je ne sais pas, des tigres.

    Après la mort de votre père, à 4 ans, vous êtes restée avec votre mère et vos deux frères.

    Maintenant qu'ils sont tous morts, je peux en parler tranquillement. La douleur m'a abandonnée. Le plus jeune de mes frères avait un corps maigre, agile - il me rappelait, Dieu sait pourquoi, celui de mon premier amant, le Chinois. Il était silencieux, effrayé, et je n'ai pas pu me détacher de lui jusqu'au jour où il est mort. L'autre était un voyou, sans scrupule, sans remords, peut-être même sans aucun sentiment. Autoritaire, il nous faisait peur. Je l'associe maintenant encore au personnage de Robert Mitchum dans «la Nuit du chasseur», un mélange d'instinct paternel et d'instinct criminel. C'est de là, je crois, que provient cette méfiance que j'ai toujours éprouvée envers les hommes."

    Ce que j'en pense :

    Nous retrouvons dans ce livre la voix de Duras, entière, définitive, méchante parfois mais souvent très lucide sur la littérature, le cinéma, les artistes et sur sa vie intime. Un petit bémol : les questions sont parfois beaucoup plus longues que les réponses! 

     

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