• Les murs de sang

    "Les murs de sang" de Jérôme Camut et Nathalie Hug
    calmann-lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Douze ans que Jack van Bogaert est séparé de sa fille, Lucie. Après une jeunesse tumultueuse et un séjour prolongé dans une prison balinaise, il coule des jours paisibles auprès de Libby, la femme qu’il aime, sur une petite île paradisiaque. Un bonheur inespéré auquel s’ajoutent des retrouvailles avec Lucie, dont la mère vient de mourir et qu’il est venu récupérer en Suisse. Survient un stupide accident de voiture sur une route de montagne, et tout bascule.

     Avec cette intrigue ingénieuse filée sur trois époques, Jérôme Camut et Nathalie Hug nous offrent un thriller complexe, sensible, virtuose.

    Première page :

    "Le matin du jour où sa vie bascula, Jack van Bogaert prit la route du volcan. À mi-chemin du sommet, il se gara sur le bas-côté et coupa le moteur de sa Jeep. De cet endroit d'Elisabeth Island, le regard portait loin et l'altitude créait l'illusion d'une courbure de l'horizon. Jack s'arrêtait là chaque jour pour scruter le relief des îles Vierges et la longue silhouette de Saint-Domingue, plus à l'ouest.

    Il s'abîma longtemps dans la contemplation du paysage avant de s'engager sur une route défoncée et caillouteuse, jusqu'à une paillette nichée sur les berges du cratère. Cette bicoque enfouie sous un entrelacs de palmiers, décolorée par le soleil, servait à la fois de résidence et de magasin à une vieille Créole surnommée Gnokie.

    Le carton occupée placardé sur la vitrine de l'épicerie indiquait que la propriétaire des lieux jardinait. Jack entra dans le magasin, se fraya un chemin entre les piles de caisses et les rayonnages branlants, puis poussa la petite porte rouge qui donnait sur le potager.

    Le dos courbé entre deux rangs de tomates, Gnokie binait la terre en marmonnant, ses quelques dents serrées sur une pipe en écume. D'un rapide coup d'oeil, Jack repéra la demi-douzaine de cagettes qui s'entassaient dans l'ombre d'un auvent ; sa commande du jour."

    Ce que j'en pense :

    Ce livre est bien fait pour qu'on le lise jusqu'au bout : suspense, rythme, émotions...Mais on avance dans l'intrigue sans vraiment y croire : il y a des invraisemblances géographiques, les ficelles sont souvent très grosses et le style frôle parfois le ridicule. On peut lire ce livre pour s'occuper, se vider la tête...

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  • Le sel de la vie

    "Le sel de la vie" de Françoise Héritier
    Odile Jacob

    Présentation de l'éditeur :

     " II y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie". Dans cette méditation tout en intimité et en sensualité, l'anthropologue Françoise Héritier traque ces choses agréables auxquelles notre être profond aspire, ces images et ces émotions, ces moments empreints de souvenirs qui font le goût de notre existence, qui la rendent plus riche, plus intéressante que ce que nous croyons souvent et dont rien, jamais, ne pourra être enlevé à chacun.

    Extrait :

    "... écouter religieusement Mozart, les Beatles ou Astrud Gilberto, faire un aller-retour en une nuit en Suisse pour assister à un concert de son chanteur préféré, se gorger de fraises des bois, prendre les chemins côtiers un jour de grand vent, attendre une éclipse ou le passage nocturne d'un grand duc, se creuser la tête pour savoir ce qui ferait plaisir à l'autre, marcher nu-pieds, prêter l'oreille à des voix répercutées par la mer, s'étirer et bâiller, allumer juste une petite lampe ou de gros projecteurs, courir le guilledou et faire des compliments, être à l'affût des regards qui en disent long, corner une page même si cela ne se fait pas, envoyer bouler un temps la politesse, oublier de prendre son courrier, se tenir par le bras ou par la main, marcher à contre-courant, tenir la porte à un élégant vieux monsieur, se rouler en boule, ..."

    Ce que j'en pense :

    C'est une belle idée au départ : faire une énumération (à la Perec ou ito Naga) de tout ce qui donne gout à la vie. Mais il y en a trop de sel et cela finit par être presque indigeste. La mise en page ne favorise pas non plus la lecture.

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  • Le testament américain

    "Le testament américain" de Franz Bartelt
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Le village de Neuville s'enorgueillit d'avoir vu naître, à la faveur d'un accident d'avion, l'illustre Clébac Darouin, milliardaire américain. Celui-ci est resté reconnaissant à ce coin de campagne de lui avoir permis de voir le jour, et il inonde le bourg de ses bienfaits. Son dernier cadeau est le plus somptueux : il offre par testament aux Neuvillois un cimetière hors normes. Chaque habitant y aura sa tombe, vaste comme une maison. La cité funéraire se bâtit à l'abri de murs, et chacun y a son petit palais de marbre. Le nouveau cimetière va bientôt attirer les journalistes (dont la jeune et trop excitante Anne-Marie), mais aussi quelques complications inattendues... On retrouve ici l'univers inimitable de Franz Bartelt, et son style formidable de précision, d'ironie et de roublardise.

    Première page :

    "Tout le monde savait que Clébac Darouin avait racheté des hectares de plaine et de forêt qu'il avait fait entourer de murs et au milieu desquels s'élevait son tombeau, une construction plus massive que l'église, mais allégée par un ensemble de baies et de vitraux, de cheminées ouvragées, d'escaliers et de balcons, dans un style qui était la synthèse du Bauhaus, de la Renaissance italienne et du kitsch hollywoodien. Il était mort et toute la population l'avait conduit à sa dernière demeure.

    Une semaine plus tard, le notaire, qui était de la ville, rassembla tous les habitants sur la place du village, devant le bistrot Matouillet. Des tables avaient été installées dehors et, comme il faisait beau, chacun était venu avec son siège. Il n'y avait pas de mystère, car plus d'une fois et pendant près d'une décennie, Clébac Darouin avait affirmé, oralement comme par écrit, qu'il n'avait oublié personne sur son testament et que sa fortune serait équitablement partagée entre chaque citoyen de Neuville, son village natal.

    Juché sur une table, le notaire examinait la petite foule avec un air de profond dégoût."

    Ce que j'en pense :

    Franz Bartelt nous a montré qu'on peut rire en littérature. Ce dernier livre est dans la même veine que les précédents mais cela fonctionne moins bien sans que je puisse définir vraiment pourquoi... Peut être y a-t-il un peu moins de folie et un peu trop de gauloiserie?

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  • Nos vies désaccordées

    "Nos vies désaccordées" de Gaëlle Josse
    éditions Autrement

    Présentation de l'éditeur :

    "Avec Sophie, j'ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles. jamais je n'ai été aussi désarmé qu'aujourd'hui, ni plus serein peut-être." François Vallier, jeune pianiste célèbre, découvre un jour que Sophie, qu'il a aimée passionnément puis abandonnée dans des circonstances dramatiques, est internée depuis plusieurs années. Il quitte tout pour la retrouver. Confronté à un univers inconnu, il va devoir se dépouiller de son personnage, se regarder en face. Dans ce temps suspendu, il va revivre son histoire avec Sophie, une artiste fragile et imprévisible, 
    jusqu'au basculement. La musique de nos vies parfois nous échappe. Comment la retrouver ?

    Première page :

     "À l'heure dite, je suis venu chercher les clés. Je n'avais pas changé d'avis, c'était l'essentiel, mais en laissant derrière moi cette agence immobilière assoupie dans son décor de publicités champêtres, j'ai dû m'arrêter quelques instants. Vertige.

     Devant mes yeux, les passants, les terrasses des cafés et les affiches des cinémas se sont rejoints en une valse lente, et le mouvement s'est accéléré. Je me suis assis à la table la plus proche. La valse a ralenti.

     Je dois dire que depuis quelques mois, ma vie ressemble à un manège dont les nacelles, figées entre ciel et terre, auraient perdu tout espoir d'en redescendre un jour.

     Il est vrai que de Carnegie Hall à Paris, et de Paris à cette bergerie perdue des Pyrénées, tout est allé vite. Pas assez à mon goût, mais le fait est là : me voici arrivé à un embranchement imprévu."

    Ce que j'en pense :

    Récit inspiré de l'histoire de Robert et Clara Schumann. Ce livre (très différent de son premier livre "Les heures silencieuses") raconte une belle histoire d'amour et de pardon, de musique, de deuil et de folie... Pas d'effet de style dans ce court roman à l'écriture juste et fine.

      

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