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Triste tigre
"Triste tigre" de Neige Sinno - P.O.L.
Présentation de l'éditeur :
J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
Première page :
Portrait de mon violeur
Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c’est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c’est facile, on peut tousse mettre à leur place. Même si on n’a pas vécu ça,une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c’est, ou on croit qu’on peut imaginer.
Le bourreau, en revanche, c’est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l’idée de ce qu’on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s’approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu’il ouvre grand la bouche. Ça, c’est vrai que c’est fascinant. C’est au-delà de la compréhension. Et le reste, quand c’est fini, se rhabiller, retourner vivre dans sa famille comme si de rien n’était.
Ce que j'en pense :
Bien sûr ce n’est pas un roman, ce n’est pas non plus un récit autobiographique…C’est un « objet littéraire » qui nous fait pénétrer dans la tête de Neige Sinno, ses réflexions, ses questionnements par rapport à elle-même, à sa famille, ses amis, son bourreau.... Elle interroge également beaucoup d’auteurs : Nabokov, Christine Angot, Viginia Woolf, Toni Morrisson… Ici, aucune place pour le voyeurisme, même si les faits sont décrits très précisément. C’est un texte sincère, lucide et bouleversant.
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