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Tenir sa langue
"Tenir sa langue" de Polina Panassenko - L'Olivier
Présentation de l'éditeur :
« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »
Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.
À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.
Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.
Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.
Première page :
Mon audience a lieu au tribunal de Bobigny. Convocation à 9 heures. Je n'y suis jamais allée, je pars en avance. En descendant dans le métro, je tape Comment par- Ier à un juge ? dans la barre de recherche de mon téléphone. Après trois stations, je me demande s'il va vraiment falloir commencer chaque phrase par votre honneur, monsieur le président ou madame la juge. Je me demande si au tribunal ils font comme certains parents. Si on leur répond juste oui, ils disent oui qui ? Tant que tu n'as pas dit oui madame la juge, ils t'ignorent.
Arrivée au tribunal, j'attends mon avocate devant la salle d'audience. Des petits groupes anxieux s'agglutinent de part et d'autre de la porte. Une femme se de- mande à voix haute pourquoi certains avocats ont de la fourrure au bout de la cravate et d'autres non.
Ce que j'en pense :
Conformément au titre du livre l’autrice tient merveilleusement sa langue. C’est toujours très juste et rempli d’humour plutôt piquant. Elle met le doigt là où ça fait mal : que signifie « être intégré.e » dans une France qui a encore peur de ce qui est multiculturel. On a envie de lire à voix haute de nombreux passages pour vraiment les savourer
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