• Les filles de Monroe

    Les filles de Monroe

    "Les filles de Monroe" de Antoine Volodine - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Il pleut presque sans cesse, dans la vaste cité psychiatrique isolée de tout. Le long des rues obscures, entre les vieux bâtiments, errent infirmiers, malades et policiers, ainsi que d’autres créatures au statut incertain. Le pouvoir médical et politique continue à s’exercer sur les hospitalisés de basse catégorie, et, bien que rusant et mentant en permanence, malades et morts obéissent.

    Toutefois, cet ordre immuable est remis en cause par une menace : Monroe, un dissident exécuté des années plus tôt, envoie depuis l’au-delà des guerrières ayant pour mission de rétablir la logique du Parti et le cours naturel de l’Histoire. Breton et son acolyte qui pourrait tout aussi bien être son double ont la charge de débusquer les revenantes, au moyen d’une lunette spéciale. Mais rapportent-ils bien ce qu’ils voient ? Dans la pénombre, il n’est pas facile de distinguer un mort d’un vivant… Et les sentiments ont une logique qui n’est pas forcément celle de l’État.

    Première page :

    La fille resta suspendue un instant à la corniche qui courait le long du troisième étage, puis elle tomba et disparut dans l’obscurité luisante de la rue Dellwo. Elle s’appelait Rausch. Rebecca Rausch. Trente ans plus tôt, je l’avais follement aimée. Et ensuite, elle était morte.

    Après la brève traînée noire de cette chute, il n’y eut aucun changement au cœur de la nuit. L’image sans couleur était très nette mais il ne s’y passait rien. Il avait plu. Des gouttes froides se rassemblaient sous les fils électriques qui reliaient les maisons et, avec régularité, elles se détachaient pour s’écraser beaucoup plus bas, sur les pavés ou sur les flaques, après un bref scintillement et, sans doute, une note cristalline. C’était une image fixe, mais rien n’empêchait d’y superposer une discrète bande sonore. Des tintements espacés d’après la pluie. En dehors de cela, aucun bruit ne donnait vie au décor. Deux lampadaires sur trois étaient éteints. Pas une seule lumière ne brillait derrière les fenêtres. Au milieu de la chaussée, les rails du tramway paraissaient en piteux état, émergés ou noyés selon les creux et les bosses du sol.

    La fille était toujours là, en chien de fusil sur le pavé. Au bout de cinq minutes, elle remua.

    Ce que j'en pense :

    L’univers de Volodine est très étrange, un peu spécial, assez noir et plutôt désespéré. Le monde qu’il décrit est un monde d'après le totalitarisme, d’après la catastrophe et les guerres, un monde qui touche à sa fin. On ne distingue plus le rêve et la réalité, les vivants et les morts. Cela peut bien sûr déconcerter mais ça vaut vraiment le coup de pénétrer dans ce monde vertigineux, un peu fou et pas mal schizophrène. L’écriture participe elle aussi à cette immersion originale et inquiétante.

    Les filles de Monroe

     

     

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