• Une croix sur l'enfance

    Une croix sur l'enfance

    "Une croix sur l'enfance en Vendée"  de Jean Pierre Sautreau - Geste

    Présentation de l'éditeur :

    Je viens d’avoir 11 ans cet avril 1960, et j’apprends que je vais partir au Séminaire de Chavagnes-En-Paillers rejoindre des dizaines d’autres enfants. Comme eux, on m’a découvert la vocation sacerdotale. J’ai soi-disant reçu un mystérieux appel à être prêtre. En réalité, cette élection ne résulte ni d’un événement extraordinaire, ni d’un choix personnel, mais de la conjuration d’adultes : enseignant, abbés de la paroisse, recruteur spécial autour du bon élève d’une famille catholique modèle plus ou moins subjuguée.

    Je deviens ainsi l’agneau sacrifié d’une Église en mal de troupes pour assurer son développement. Mon enfance va m’être arrachée, ma singularité piétinée. Je vais connaître l’humiliation et la souillure, la solitude et la mélancolie avant d’être chassé six ans plus tard du troupeau et revenir vers des parents déçus et incompréhensifs. Bousculé dans ma construction d’être, privé notamment d’adolescence, je resterai marqué à vie par ces années, blessé en particulier par la distension du lien avec une mère qui m’a alors laissé partir.

    Extrait :

    "Séminaire, le mot funeste est dans l'en-tête du feuillet que ma mère me déplie début août. Le mot du printemps totalement gommé par l'enivrante parenthèse de juillet. Le courrier du Petit séminaire De Chavagnes-en-Paillers détaille les modalités de ma rentrée mi-septembre, les conditions pécuniaires de ma pension, liste le trousseau et les fournitures nécessaires. Cette fois je dégringole de ma marelle. Je reste planté bêtement. Les anneaux se resserrent. Je découvre qu'on m'a inscrit dans cet établissement dans la foulée de ma retraite pascale. La décision a été forcément prise conjointement entre la paroisse et mes parents. Pourquoi ne m'ont-ils rien dit? Ont-ils été manœuvrés? Ont-ils simplement donné leur bénédiction ou épousent-ils la flatteuse vaticination de ce Monseigneur à la pince alerte? Aucun mot, aucune larme, je suis totalement pris de court, décontenancé. Je ne sais pas même rebondir au t'as l'air surpris que ma figure, sans doute défaite, inspire à ma mère. Je file dans le jardin auprès du vieux cerisier boursouflé et gommeux. Je n'ai pas de chambre où laisser aller ma douleur, mon lit est toujours parmi eux. Je n'ai pour refuge que cet arbre cabane.

    J'ai onze ans et je ne veux pas être différent des autres. J'ai onze ans et je me vois comme les autres."

    Ce que j'en pense :

    Un livre qui démonte de manière implacable cette « chasse aux vocations » organisée par l’église catholique de Vendée dans les années 1960. L’auteur démontre comment des parents aimants peuvent ainsi confier un enfant à une « machine à broyer l’esprit » et surtout comment on peut réussir à imposer le silence pendant autant d’années. On retrouve bien sûr dans ce livre la plume ciselée et riche de Jean Pierre Sautreau.

    Un livre puissant, indispensable pour comprendre le poids de l'église dans ces années, en particulier en milieu rural.

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