• Les onze

     

    - Nouvelles

    "Les onze" - Pierre Michon
    éditions Verdier

    Présentation de l'éditeur :

    Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
    Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la politique dite de Terreur.
    Mais qui fut le commanditaire de cette œuvre ?
    À quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Élie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
    Mêlant fiction et histoire, Michon fait apparaître avec la puissance d’évocation qu’on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l’expression de Michelet qui, à son tour, devient ici l’un des protagonistes du drame.

    Extrait :

    "Et que dois-je peindre ? dit-il. Cette fois il regarda Proli franchement, comme si Proli était un laquais. Proli le regardait de même. Celui-ci lâcha d’une voix flûtée et aiguisée, qui ressembla un instant à celle de Robespierre :
    — Tu sais peindre les dieux et les héros, citoyen peintre ? C’est une assemblée de héros que nous te demandons. Peins-les comme des dieux ou des monstres, ou même comme des hommes, si le cœur t’en dit. Peins Le Grand Comité de l’an II. Le Comité de salut public. Fais-en ce que tu veux : des saints, des tyrans, des larrons, des princes. Mais mets-les tous ensemble, en bonne séance fraternelle, comme des frères.
    Il y eut un silence. Le feu était mort, la lumière seule de la grande lanterne carrée tombait d’aplomb sur l’or répandu à la place exactement où reposaient tout à l’heure les vieux os. Les visages étaient dans l’ombre. Soudain de l’autre côté du mur dans l’église Saint-Nicolas un cheval invisible s’ébroua violemment et s’enleva des quatre fers, on entendit les sabots retomber comme des marteaux sur le pavé vide du vaisseau vide ; il poussait à pleins naseaux un cri de trompette. On aurait dit qu’il riait. Ils rirent aussi tous les quatre. Corentin riant toujours se leva et remit posément les pièces d’or dans le sac, en boucla le lacet, le prit. Il dit que c’était oui."

    Ce que j'en pense :

    Un roman très bien écrit, brillant, qui rend réel un tableau qui n'a jamais existé. Très dense (trop?), érudit... on est admiratif mais pas forcément enthousiasmé.

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Septembre 2010 à 10:55

    Je découvre votre blog dont le contenu est, j'avoue, d'une richesse impressionnante ! Simplement un avis personnel au sujet des "Onze", que j'ai beaucoup aimé : au délà de la beauté de la langue, je crois qu'on peut faire passer l'érudition au second plan, en ce qui me concerne, et s'attacher à la psychologie des personnages, des hommes ordinaires dans des circonstances exceptionnelles, et cela prend un tout autre intérêt, pour moi tout du moins. Voilà ! Et aucun doute, je reviendrai en visite !

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