• Englebert des collines

    Englebert des collines

    "Englebert des collines" de Jean hatzfeld
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    "Un matin, j'étais avec Alexis. Nous avons dissimulé deux enfants sous les feuillages et nous avons cherché notre trou de vase. Les tueurs sont venus en chantant. Ils se sont approchés tout près, j'ai senti leur odeur. J'ai chuchoté à Alexis : "Cette fois, nous sommes bientôt morts". Il m'a répondu : "Ne bouge pas, je vais les feinter". Il a hurlé le rire de la hyène. C'était très bien imité. Ils ont reculé de peur de la morsure. Mais en s'écartant de leur chemin, ils ont découvert une cachette de femmes et d'enfants. On a entendu les coups plus que les pleurs parce que les malchanceux choisissaient de mourir en silence". Voilà une quinzaine d'années, dans la ville de Nyamata, Jean Hatzfeld a rencontré Englebert Munyambonwa, qui arpentait en haillons la grande rue, s'arrêtant dans tous les cabarets, hélant les passants. Une amitié est née avec ce personnage fantasque, rescapé des brousses de Nyiramatuntu, fils d'éleveurs, grand marcheur aussi érudit qu'alcoolique, accompagné par ses fantômes dans un vagabondage sans fin.

    Extrait :

    "À cinq heures trente, dès que la clarté passe à la fenêtre, je me réveille, tous les matins sans exception. Me réveiller tôt ne me surprend pas. C’est une habitude prise dans l’enfance, quand je poussais les vaches à boire à la rivière avant l’école. Je me lève pour la toilette dans la cour, je cire les souliers et je sors dans la rue, même si je ne trouve rien à faire. Mes parents le savaient, mes avoisinants et les enfants chez Marie-Louise aussi. À Kigali quand je chômais sans rien dans les poches, j’allais à la messe de six heures à l’église Saint-André. Je ne peux jamais rester dans le lit après cinq heures trente, même si la fièvre de malaria m’attaque. Les souvenirs me dérangent, les gens m’embrouillent tôt le matin, je les fuis.

    Dans la rue, je marche. Je pars à la recherche du premier soleil du matin. Les mauvaises langues disent que je sors si tôt pour goûter gratuitement la bière de sorgho qui finit sa distillation dans les petits cabarets. Ce sont des racontars. Je vais à Rwakibirizi, c’est une affaire de huit kilomètres. Je ne cours jamais, c’est quand même de la gymnastique. Si une idée plaisante me rattrape en chemin, je la garde."

    Ce que j'en pense :

    Jean Hatzfeld donne la parole (et quelle parole !!) à un personnage vagabond-intellectuel-alcoolique-bavard… qui a connu le Rwanda avant, pendant et après le génocide. C'est une voix que l'on n'oublie pas.

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