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"Qui-vive" de Valérie Zenatti - Éditions de l'Olivier
Présentation de l'éditeur :
Mathilde est devenue insomniaque. Puis elle a perdu le sens du toucher. Il y a eu d’autres signes : des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, le retour de la guerre en Europe. Mathilde est désorientée.
Est-ce pour cela qu’elle décide subitement de prendre un avion pour Israël ? Comme si la réponse aux questions qu’elle se pose l’attendait là-bas depuis toujours.
De Tel-Aviv à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus – et quelques fantômes – ne font qu’approfondir le mystère.
Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît. Prenant l’Histoire à bras-le-corps, Qui-vive est aussi l’itinéraire d’une femme qui cherche à réconcilier son paysage intérieur avec le monde qui l’entoure. Un roman aux multiples facettes qui confirme de manière éclatante le talent de son auteure.
Première page :
C'est là, c'est peut-être là qu'est née l'impulsion qui jaillirait des années plus tard, lorsque j'ai appris la mort de Leonard Cohen par une alerte sur mon téléphone, à cinq heures du matin, dans un réveil bref et halluciné, par ce geste devenu mécanique de tendre une main pour s'informer de l'heure et des secousses du monde, parfois pour découvrir le message d'un être aimé qui dilaterait le coeur. J'ai lu son nom, son âge, le fait qu'il était mort, et j'en ai eu la poitrine crochetée de stupeur, parce que Donald Trump venait d'être élu président des États-Unis. J'ai reposé le téléphone, me suis rendormie, et j'ai rêvé que j'apprenais la mort de Leonard Cohen à la radio, et je me suis réveillée en pleurant. Julien m'a serrée contre lui. Tu as fait un cauchemar ? Tout va bien, on a le temps, on bosse pas aujourd'hui, on est tranquilles. Une nouvelle vérification sur mon portable m'a assurée que l'information était réelle. Nous étions le 11 novembre 2016. Donald Trump avait été élu le 8, Leonard Cohen était mort le 7, mais la famille avait gardé la disparition secrète. Je me suis demandé pourquoi. Pendant quelques jours, nous avions vécu sans savoir, et découvrir cette dissimulation était un autre choc.
Ce que j'en pense :
C’est un livre à lire en écoutant Léonard Cohen. On peut s’imaginer, avec l’auteure, dans cette quête de sens dans ce monde perturbé, cherchant notre place entre lumière et barbelés. Valérie Zenatti s’interroge (et nous interroge) sur la religion, l’histoire (les histoires), sur notre humanité. Elle le fait de façon intime mais son personnage est très proche et nous touche. Ce livre a été écrit avant le 7 octobre il ne faut donc pas en attendre des théories géopolitiques mais se satisfaire, face à la violence des hommes, de la force de la poésie et de la musique...
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"la clé dans le puits" de Lorenzo Viani - La fosse aux ours
Présentation de l'éditeur :
La clé dans le puits, publié en 1933, se présente comme une série de portraits d’aliénés de l’hôpital psychiatrique de Maggiano près de Lucques en Toscane.
Ce livre est une descente courageuse dans le monde souterrain de la folie et une attaque en règle contre la morale bourgeoise et l’art officiel. Ce petit peuple qu’il évoque c’est celui que Lorenzo Viani fréquente, aime et défend de longue date, celui de la rue, celui des champs, celui des lieux délaissés par l’histoire et par les classes dirigeantes.« Si la folie était douloureuse on entendrait crier dans chaque maison. »
Première page :
LE MARCHAND AMBULANT
Tu ne croyais pas qu'existât l'enfer
à présent tu vas venir avec moi pour l'éternité.
Un méchant parapluie ouvert à l'envers et planté par terre constitue toute la boutique du marchand ambulant. S'il pleut, le marchand déploie sa boutique au-dessus de sa tête et va par la campagne, heureux, béat. Bobines de fil à coudre, cartons d'aiguilles, pelotes de laine, écheveaux de fils, papier et enveloppes, cire à cacheter et ficelle. Au bout de chaque baleine pend une poupée, ou des bonshommes avec un sifflet dans le cul, mais en pierre.
Assis sur le muret d'un petit fossé en pleine campagne, le marchand ambulant ramage, sifflote, pépie, croasse, imitant les oiseaux, petits et grands.
- Bobobiiines, aiguiaiguiaiguiiilles, pelopelopeloootes, cirecirecireàcacacacheteeer.
Des coups de vent verts odorants d'herbe naissante au milieu d'autant de couleurs de lointains. Le mercier crie :
- Oh, les gens ! Êtes-vous donc tous morts ?
- Eh bien, pourquoi t'a-t-on conduit ici?
- Oh, c'est vous qui me dites ça ? Il y avait un dépôt
Ce que j'en pense :
Cette maison d'édition "La fosse aux ours" est une excellente maison d'édition. Je n'avais encore jamais été déçu par un de leur livre. Mais celui ci, j'ai été obligé de l'abandonner après une vingtaine de pages : impossible de rentrer dans le sujet, d'accrocher à l'écriture, aucun plaisir !
Abandonné
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"La femme de ménage" de Freida McFadden - J'ai lu
Présentation de l'éditeur :
Chaque jour, Millie fait le ménage dans la belle maison des Winchester, une riche famille new-yorkaise. Elle récupère aussi leur fille à l'école et prépare les repas avant d'aller se coucher dans sa chambre, au grenier. Pour la jeune femme, ce nouveau travail est une chance inespérée. L'occasion de repartir de zéro. Mais, sous des dehors respectables, sa patronne se montre de plus en plus instable et toxique. Et puis il y a aussi cette rumeur dérangeante qui court dans le quartier : Mme Winchester aurait tenté de noyer sa fille quelques années auparavant. Heureusement, le charmant M. Winchester est là pour rendre la situation plus supportable. Mais le danger se tapit parfois sous des apparences trompeuses. Et lorsque Millie découvre que la porte de sa chambre mansardée ne ferme que de l'extérieur, il est peut-être déjà trop tard...
Première page :
Prologue
Si je quitte cette maison, ce sera menottes aux poignets. J’aurais dû m’enfuir quand j’en ai eu l’occasion. À présent, ma chance est passée. Maintenant que les policiers sont dans la maison et qu’ils ont découvert ce qu’il y a en haut, il n’y a plus de retour en arrière possible. Ils sont à environ cinq secondes de me lire mes droits. Je ne sais pas trop pourquoi ils ne l’ont pas encore fait. Peut-être qu’ils espèrent me piéger, que je leur dise quelque chose que je ne devrais pas. Bonne chance, les gars !Le flic aux cheveux noirs parsemés de gris est assis sur le canapé à côté de moi. Il déplace sa carcasse trapue sur le cuir italien caramel brûlé. Je me demande quel genre de canapé il a chez lui. C’est sûr que le sien ne coûte pas autant que celui-ci. Probablement un truc d’une couleur naze, genre orange, couvert de peaux de bête, et plein de petites déchirures au niveau des coutures. Je me demande s’il pense au canapé qui l’attend chez lui et s’il se dit qu’il aimerait en avoir un comme ça
Ce que j'en pense :
Au début de ce roman je me suis laissé entrainé par l’ironie plutôt piquante de l’autrice. Après une cinquantaine de pages cette ironie n’a pas suffi pour que je considère ce livre comme un bon thriller. Les personnages sont beaucoup trop caricaturaux, leur psychologie assez sommaire et certaines situations sont peu crédibles. J’ai pensé un moment que ce livre était une parodie de thriller mais malheureusement cela n’en est pas une.
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"Le passe-partout" de Masako Togawa - folio policier
Présentation de l'éditeur :
La résidence K, édifice de brique rouge abritant des femmes célibataires, apparaît aux habitants de Tokyo comme une demeure tranquille pour dames respectables. Lorsque le passe-partout qui permet de pénétrer dans les cent cinquante chambres de l'immeuble disparaît de la loge de la gardienne, les locataires retiennent leur souffle. Car la clé n'ouvre pas seulement les portes, elle donne aussi accès aux secrets les plus intimes des résidentes. Certaines d'entre elles ont tout intérêt à brouiller les pistes...
Première page :
PROLOGUE 1er avril 1951 : Au carrefour d’Ōtsuka Nakamachi
Ce matin-là, le sol était couvert d’une fine couche de neige, inhabituelle à cette saison.
Grâce au soleil qui brillait entre les nuages, elle fondit avant midi, et la gaieté du printemps revint.
À midi pile, malgré le feu rouge, une femme s’élança pour traverser le carrefour d’Ōtsuka. La tête couverte d’une écharpe, rouge elle aussi, elle portait un épais manteau d’hiver et un fuseau de ski noir, alors que les passants commençaient à transpirer sous le soleil vif…
Elle avait parcouru un tiers de l’avenue lorsque surgit de la direction du temple Gokokuji un petit camion roulant à vive allure, chargé de caisses de clous. Le jeune chauffeur sifflotait, cette neige imprévue lui rappelait les joues rouges des filles de son village. Il appuya sur l’accélérateur pour arriver en haut de la côte. Le feu était vert pour lui, il voulait en profiter. Juste avant le carrefour, il aperçut du coin de l’œil une femme avec une écharpe rouge qui lui rappela encore les joues des filles de sa terre natale.
Ce que j'en pense :
Ce livre donne une image originale et un peu sombre de la société japonaise des années 60. J’ai bien aimé la description de la solitude de ces femmes de la résidence K. J’ai même eu de la tendresse pour certaines qui cherchent un autre but dans leur vie, malgré un passé malheureux. Mais à partir des deux tiers du roman l’ennui m’a peu à peu gagné. Le final, qui explique soi disant tous les mystères, arrive de façon très artificielle.
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"Une tombe pour deux" de Ron Rash - Gallimard
Présentation de l'éditeur :
Les Hampton, propriétaires de vastes terres, de la scierie et du magasin général de Blowing Rock, petite ville de Caroline du Nord, désapprouvent l'amitié que leur fils Jacob porte à Blackburn, croque-mort défiguré et boiteux à la suite d'une polio. Et plus fortement encore son mariage avec la très jeune Naomi, fille d'un paysan sans le sou. Profitant de l'éloignement de Jacob, parti combattre en Corée après avoir confié Naomi à son ami, ils élaborent un plan inqualifiable justifié à leurs yeux par une certaine idée de l'amour parental. En fait, il s'agit surtout de protéger leurs intérêts et l'honneur de la famille.
Première page :
Jacob était de faction, posté au bord d'une rivière séparant les deux armées. La nuit était plus froide que toutes celles qu'il avait connues chez lui, dans le comté de Watauga. Ce froid faisait plus que s'insinuer sous la peau. Il enfermait les doigts et les pieds dans une gangue de fer, faisait cliqueter les dents comme du verre sur le point de se briser. Aucune épaisseur de laine et de coton, sous la parka doublée de molleton, ne l'atténuait. Depuis des semaines, Jacob attendait que le froid cesse. On était maintenant en mars, pourtant ces lieux n'obéissaient à aucun calendrier. La rivière était toujours gelée. Il imaginait la glace descendue jusqu'au fond – pas de courant, les poissons stoppés net, comme montés sur des supports. La rivière avait un nom, mais Jacob refusait de le laisser se graver dans sa mémoire. Depuis qu'il avait posé le pied sur le quai du port de Pusan, son but avait été d'oublier et non pas de se souvenir.
À Fort Polk, il avait entendu toutes sortes d'histoires sur ce qui l'attendait en Corée. Pour la plupart, ce n'étaient que des foutaises : les Nord-Coréens mangeaient des rats et des serpents crus, voyaient dans le noir aussi bien que les chats.
Ce que j'en pense :
C’est chaque fois une grande joie de découvrir un nouveau roman de Ron Rash. Celui-ci, de façon originale pour l’auteur, commence par nous emmener en Corée. Les scènes de guerre y sont terribles. Lorsque nous revenons en Caroline du Nord nous retrouvons le Ron Rash qui sait parfaitement nous mettre au cœur de la nature et de ces petites choses ordinaires comme une truite qui avale une miette de pain. Là où l’auteur excelle c’est de nous donner à voir des personnages inoubliables (surtout Blackburn).
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"Le livre de Daniel" de Chris de Stoop - Globe
Présentation de l'éditeur :
En 2014, dans le silence de sa ferme isolée, Daniel, quatre-vingt-quatre ans, est assassiné à coups de fourche par des jeunes de Roubaix qui veulent de l’argent. Ils le filment avec leurs portables puis font circuler la vidéo de sa mise à mort.
Maître du journalisme d’investigation, Chris de Stoop se trouve être le neveu de Daniel. Après avoir enquêté dans le village du vieil homme, en Belgique, il décide de se porter partie civile au procès des bourreaux de son oncle. Il ne cherche pas réparation ; il cherche à comprendre ce qui a pu mener cinq jeunes désœuvrés au meurtre.
Un paysan marginalisé, un crime impitoyable et le procès de l’indifférence : à travers l’autopsie de ce fait divers bouleversant, Chris de Stoop signe un chef-d’œuvre dans la lignée de De sang froid de Truman Capote.
Extrait :
Dans ma propre ferme familiale, où j'ai pris l'habitude de venir pour écrire, je reste un long moment dans la « belle pièce » à regarder par la fenêtre. Ici aussi, la porte d'entrée et les fenêtres sont du côté de la cour intérieure, là où tout se passe. D'un coup d'œil, on embrasse tout ce qui bouge, vole, rampe ou creuse. La ravissante petite tête rouge d'un chardonneret dans le sapin au tronc tordu. La lumière sur un vieux tas de bois aux reflets cuivrés. La mousse qui envahit les joints de l'allée en béton. Le toit de tuiles légèrement verdies de la grange bicentenaire, avec, ici aussi, les anciennes toilettes et l'étable côte à côte, réunies fraternellement au-dessus de la même fosse. La beauté du déclin, qui prend à la gorge.
Ce que j'en pense :
Magnifique récit qui rend hommage à un homme considéré comme un « moins que rien », un « vieux crasseux » mais qui était rempli d’humanité. C’est aussi une enquête sur un milieu rural « ordinaire » avec ses jeunes désœuvrés qui peuvent basculer dans la violence et ces gens « ordinaires » qui ferment souvent les yeux. C’est aussi une belle réflexion sur la justice et, en particulier sur la justice restaurative.
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"Roberto et Gélatine" de Germano Zullo et Albertine - La joie de lire
Présentation de l'éditeur :
Gélatine, petite fille espiègle et de caractère, veut que son grand frère, Roberto, s’occupe d’elle. Mais Roberto est très occupé. Sur son ordinateur il écrit un roman, une histoire de grands pour les grands, car Roberto n’est plus un enfant… Il n’a pas le temps de s’occuper de sa petite soeur envahissante. Mais Gélatine est très insistante, tant et si bien que Roberto accepte de lui lire une histoire. Mais une seule ! Puis il retourne à son travail de grand. Vexée, Gélatine se venge en imaginant avec Doudou une histoire dans laquelle elle transforme Roberto en vilain crapaud…
Extrait :
Ce que j'en pense :
Magnifique livre avec des dessins épurés, sobres mais plein d’intensité, de force et d’émotion. Une histoire à lire en duo pour faire le plein d’amour et de tendresse.
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"L'effondrement" de Edouard Louis - Seuil
Présentation de l'éditeur :
Mon frère a passé une grande partie de sa vie à rêver. Dans son univers ouvrier et pauvre où la violence sociale se manifestait souvent par la manière dont elle limitait les désirs, lui imaginait qu’il deviendrait un artisan mondialement connu, qu’il voyagerait, qu’il ferait fortune, qu’il réparerait des cathédrales, que son père, qui avait disparu, reviendrait et l’aimerait.
Ses rêves se sont heurtés à son monde et il n’a pu en réaliser aucun.
Il voulait fuir sa vie plus que tout mais personne ne lui avait appris à fuir et tout ce qu’il était, sa brutalité, son comportement avec les femmes et avec les autres, le condamnait ; il ne lui restait que les jeux de hasard et l’alcool pour oublier.
À trente-huit ans, après des années d’échecs et de dépression, il a été retrouvé mort sur le sol de son petit studio.
Ce livre est l’histoire d’un effondrementPremière page :
Je n'ai rien ressenti à l'annonce de la mort de mon frère ; ni tristesse, ni désespoir, ni joie, ni plaisir. J'ai reçu la nouvelle comme on recevrait des informations sur le temps qu'il fait dehors, ou comme on écouterait une personne quelconque nous dérouler le récit de son après-midi au supermarché. Je ne l'avais pas vu depuis presque dix ans. Je ne voulais plus le voir. Certains jours, ma mère tentait de me faire changer d'avis, d'une voix hésitante, comme si elle avait eu peur de me froisser ou de créer un conflit entre elle et moi:
- Tu sais, ton frère, peut-être que tu devrais lui donner une chance... je crois que ça lui ferait plaisir. Il parle beaucoup de toi...
J'interrompais la conversation brutalement, avec une brutalité que je ne connaissais pas de moi….
Ce que j'en pense :
Je me disais en milieu de lecture que ce livre me paraissait moins fort que son précédent et que cela pouvait finalement être gênant pour les lecteurs de découvrir l'intimité des membres de la famille de l'auteur. Mais Edouard Louis a cette façon de se questionner, de se remettre en cause qui fait de ce cas très particulier une histoire qui non seulement nous touche mais nous interpelle profondément.
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"Urushi" de Aki Shimazaki - Actes Sud
Présentation de l'éditeur :
Après le décès de sa mère Kyôko, Suzuko Niré a grandi dans une famille recomposée mais unie, entourée de sa tante Anzu, de son père, et de son frère adoptif Tôru. Aujourd’hui âgée de quinze ans, l’adolescente porte à ce dernier un amour dévorant et ne souhaite qu’une chose : retrouver celui qui est parti de la maison trop tôt, pour vivre à ses côtés. Son absence provoque chez elle une immense tristesse.
Un soir, en rentrant de l’école, Suzuko recueille un moineau blessé. Et découvre en cet oisillon qui ne pourra plus jamais voler une incarnation de ses propres fragilités.Première page :
Je descends du bus et me dirige vers le sentier qui mène chez moi. D’en bas, on aperçoit notre maison au toit de tuiles grises. Je marche lentement. Mon sac à dos pèse sur mes épaules à cause d’un livre épais que j’ai emprunté à la bibliothèque de l’école.
Ma montre indique six heures cinq. On est mercredi. Ma mère doit être rentrée de son atelier et en train de préparer le dîner. Ce soir, ce sera du sukiyaki, le plat favori de mon père. J’ai très faim après avoir chanté pendant plus d’une heure dans la chorale de notre lycée. Et, cet après-midi, notre classe a couru trois kilomètres. C’était une journée fatigante.
Malgré tout, j’ai le coeur en joie. Ce matin, j’ai appris que mon frère Tôru reviendrait ce vendredi de Hawaï, où il a participé à un stage de karaté avec un collègue de sa compagnie. D’après maman qui a reçu son message, il restera tout le week-end ici, à Yonago, avant de retourner lundi à son travail à Nagoya.
Ce que j'en pense :
Tout petit roman qui se lit très facilement. J’aurai peut-être du lire les précédents livres de la pentalogie et je l’aurai sans doute un peu mieux apprécié. C’est doux, tendre, à l’eau de rose, souvent prévisible, parfois à la limite du « cucul ». Cela manque vraiment de profondeur.
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"Jacaranda" de Gaël Faye - Grasset
Présentation de l'éditeur :
Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.Première page :
La guerre ! J’ignore pourquoi j’ai répondu « la guerre » quand Sophie, la déléguée qui préparait ma défense au conseil de classe, m’a demandé pour quelles raisons mes résultats du dernier trimestre étaient si catastrophiques. Elle a insisté : « La guerre ? » J’ai répété : « Oui, la guerre. » Je n’allais quand même pas avouer que je n’avais rien foutu, que j’étais un tire-au-flanc qui passait son temps à rêvasser et à écouter du rock. Il fallait trouver une explication convaincante, impossible à vérifier, et qui puisse émouvoir le conseil de classe. J’aurais pu prendre l’excuse de la maladie grave, du cancer ou de l’insuffisance cardiaque, mais il aurait fallu fournir des justificatifs médicaux ; ou raconter que mes parents s’étaient récemment séparés, mais c’était le cas de la moitié des élèves du bahut et ça ne les empêchait pas d’avoir des notes convenables. Alors, sans trop réfléchir, j’ai dit que c’était à cause de la guerre dans le pays de ma mère. Je n’en revenais pas d’inventer un mensonge pareil ! Mais plus j’y pensais et plus je trouvais cette histoire crédible. Aux infos, on parlait de ce conflit depuis des semaines, avec des images choquantes qui hantaient l’esprit.
Ce que j'en pense :
Le sujet est terrible. On mesure à la lecture de ce roman l’énorme traumatisme vécu par les Tutsi et nos responsabilités en tant qu’occidentaux, pour avoir laisser faire ou avoir fermer les yeux. L’écriture ne gomme pas la cruauté de certaines scènes faisant malheureusement partie de l’histoire du pays. Un bon livre et des personnages représentatifs de plusieurs générations. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Stella. Un petit bémol : j’ai trouvé quelques longueurs dans la dernière partie et des passages un peu trop factuels.
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