• Zébu boy

    Zébu boy

    "Zébu Boy" de Aurélie Champagne - Monsieur Toussaint Louverture

    Présentation de l'éditeur :

    Madagascar, mars 1947, l’insurrection gronde. Peuple saigné, soldats déshonorés, ce soir, l’île va se soulever, prendre armes et amulettes pour se libérer. Et avec elle, le bel Ambila, Zébu Boy, fierté de son père, qui s’est engagé pour la Très Grande France, s’est battu pour elle et a survécu à la Meuse, aux Allemands, aux Frontstalags. Héros rentré défait et sans solde, il a tout perdu et dû ravaler ses rêves de citoyenneté. Ambila qui ne croit plus en rien, sinon à l’argent qui lui permettra de racheter le cheptel de son père et de prouver à tous de quoi il est fait. Ambila, le guerrier sans patrie, sans uniforme, sans godasses, sans mère, qui erre comme arraché à la vie et se retrouve emporté dans les combats, dans son passé, dans la forêt.

    Roman de la croyance, du deuil et de la survie, Zébu Boy fait naître les fleurs et se changer les balles en eau. Tout entier traversé d’incantations, ce premier roman qui oscille entre destin et pragmatisme, est porté par une langue puissante et fait entendre la voix mystérieuse qui retentit en chaque survivant.

     

    Première page :

    "Quarante-quatre fois treize. Moins soixante-quatorze. Moins soixante. Il trancha :

    « Il m’en faut cent… »

    Un caisson de bois au milieu de la pièce faisait office de guéridon. Ambila y posa une liasse de billets de vingt et tenta vainement d’ériger en piles un tapis de pièces éparses :

    « Quatre cents francs… C’est ce que j’ai. »

    Randrianantoandro éclata d’un rire théâtral.

    « Pour ça, je t’en donne quatre-vingts. Et c’est déjà trop. »

    Ambila se pinça les lèvres. Ses lunettes glissaient sur son nez.

    L’ombiasy était tenu par tous comme le meilleur de l’île. Impossible de repartir avec si peu. Quatre-vingts amulettes. Pas après tout ce chemin. Ni la route à venir. Il insista et, face au refus du sorcier, sortit sa chaussette.

    L’ombiasy resta un moment en arrêt devant les renflements du bas de laine qu’il soupesa d’une main à l’autre. Chaque roulis provoquait un petit bruit sec qui semblait ricocher sur les murs humides. Il vida le contenu sur la caisse.

    Une centaine de dents se dispersa sur le bois au milieu des pièces : incisives, molaires, canines de toute taille et tout aspect. La plupart avaient encore leur émail naturel. Certaines, jaunies de tabac ou d’alcool, paraissaient gâtées, friables. D’autres, serties d’un placage en métal, mouchetées de plombage ou d’amalgame. La plupart étaient composées d’or et roulaient à l’air libre dans un tintement cristallin."

    Ce que j'en pense :

    Voilà un roman original qui évoque de façon documentée le soulèvement de 1947 à Madagascar, insurrection en partie gommée de la mémoire collective en France. En lisant ce livre on pénètre vraiment dans un autre univers social, religieux, culturel…nourri de croyances, de révoltes, de solidarité. C’est parfois déroutant, mais toujours puissant et dépaysant. Cependant la présence d’un lexique pour expliquer les nombreux termes malgaches n’aurait pas été superflue.

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