• Roman sans titre

    - Nouvelles

    "Roman sans titre" de Duong Thu Huong
    traduction Phan Huy Duong - Sabin Wespieser éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    "Roman sans titre". Paru pour la première fois en France en 1992 aux Éditions des Femmes, Roman sans titre est aujourd'hui réédité chez Sabine Wespieser éditeur où sont publiés depuis 2006 les livres de la grande romancière vietnamienne. Premier des romans de Duong Thu Huong à avoir été interdit de publication au Viêt-nam, il met en scène la dérive hallucinée d'un combattant pendant la guerre contre les Américains. Quân, capitaine d'une unité de combat, est envoyé dans la lointaine zone K par Luong, son supérieur, pour retrouver Biên, en passe de sombrer dans la folie. Les trois hommes sont amis depuis l'enfance ; originaires du même village, ils se sont enrôlés le même jour, transportés par leur exaltation patriotique et guerrière. En traversant la jungle et les vallées sinistrées par les bombardements, Quân prend la mesure du fossé qui s'est creusé entre eux. Au fil de son angoissant périple, alors qu'affluent les images de sa vie heureuse et à jamais disparue de jeune homme pressé de défendre son idéal, Quân découvre également l'ampleur des destructions subies par son pays. Le rêve d'un nouveau Viêt-nam s'est perdu dans des slogans qui résonnent de manière de plus en plus absurde à ses oreilles. Plongeant au cœur des ténèbres avec une force lumineuse, Duong Thu Huong dénonce, avec ce roman qui tient une place centrale dans son œuvre, la vanité de la guerre et le cynisme de ses instigateurs.

    Première page : 

    "Toute la nuit, j'entendis le vent hurler à travers la gorge des Âmes perdues.

     D'interminables gémissements entrecoupés de sanglots. Parfois, il hennissait comme une jument en chaleur. Le toit de bambou tremblait, les tiges écrasées sifflaient. On eût dit une symphonie funèbre traversant la campagne. Notre veilleuse vacillait, prête à s'éteindre. Je sortis la tête de la couverture. Je soufflai la flamme, avec le vague espoir de sombrer corps et âme dans la nuit.

     Une branche morte frappait le mur en cadence. Impossible de dormir. Dehors, le vent mugissait comme une bête sauvage. Alors je murmurai une prière : « Chères sœurs qui avez vécu, qui êtes mortes en êtres humains, ne nous hantez plus. Protégez-nous. Armez nos corps, éclairez nos esprits. Que nous puissions vaincre à chaque combat... Quand viendra la victoire, quand notre patrie connaîtra la paix, nous vous ramènerons à la terre de vos ancêtres. »

    J'enfouis mon visage sous la couverture. J'essayai d'oublier le vent. Mais le vent continuait de traverser la couverture, de s'engouffrer dans la gorge des Âmes perdues."

    Ce que j'en pense : 

    Une guerre évoquée, jamais vraiment décrite. Un héros sans espoir qui survit entre rêve, hallucination. Des personnages et des décors comme dans un théâtre grandeur nature. Une écriture simple, poétique et une belle traduction. Mieux qu'un reportage pour rendre compte d'une révolution qui échappe au peuple.

      

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