• Le liseur

    "Le liseur" de Bernhard Schlink - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    A l'âge de quinze ans, Michaël – le narrateur – découvre l'amour dans les bras d'Hanna, une voisine de vingt ans son aînée ; pendant six mois, il la rejoint tous les jours et partage avec elle plaisirs de la chair et moments de lecture. Mais sa maîtresse, personnage secret, disparaît un jour mystérieusement. Sept ans plus tard, Michaël la retrouve par hasard, alors qu'il assiste à un procès pour crime de guerre, où elle figure au banc des accusés ; il découvre à cette occasion un fait qui pourrait atténuer sa condamnation, mais choisit de n'en rien dire, par respect pour celle qui a marqué si profondément sa vie. Il renouera leur relation au cours des dix-huit années d'incarcération de celle qu'il comprend enfin un peu mieux.

    Première page :

    "À quinze ans, j'ai eu la jaunisse. La maladie débuta en automne et se termina au printemps. Plus l'année finissante devenait froide et sombre, plus j'étais faible. C'est seulement avec l'année nouvelle que je remontai la pente. Janvier fut tiède, et ma mère installa mon lit sur le balcon. Je voyais le ciel, le soleil, les nuages, et j'entendais les enfants jouer dans la cour. Par un début de soirée de février, j'entendis chanter un merle.

    Ma première sortie, de la rue des Fleurs où nous habitions au deuxième étage d'un gros immeuble datant du début du siècle, fut pour aller dans la rue de la Gare. C'est là qu'un matin d'octobre, en rentrant du lycée, j'avais été pris de vomissements. Cela faisait plusieurs jours que je me sentais faible, plus faible que je ne l'avais jamais été encore de ma vie. Chaque pas me coûtait. Quand je montais des escaliers, à la maison ou au lycée, mes jambes me portaient à peine. Je n'arrivais pas non plus à manger. Même lorsque je me mettais à table en ayant faim, les aliments me dégoûtaient tout de suite. Le matin, je me réveillais la bouche sèche, avec l'impression que dans mon ventre les organes pesaient et n'étaient pas à leur place. J'avais honte d'être aussi faible. J'eus encore plus honte de vomir."

     

    Ce que j'en pense :

    Livre sensible, sensuel et délicat, lorsqu'il évoque les relations entre Michaël  et Hanna, de vingt ans son aînée, mais également quand il parle du nazisme, de culpabilité et de responsabilité de toute une génération. Il est préférable de lire ce livre sans avoir vu le film car le mystère et le questionnement qui entourent Hanna ont beaucoup moins de force.

    Le liseurLe liseurLe liseur

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  • Et rester vivant

    "Et rester vivant" de Jean-Philippe Blondel - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Le narrateur a vingt-deux ans. Il a perdu sa mère, son frère, dans un accident de voiture. L'histoire commence, il vient de perdre son père dans un accident de voiture... Seul désormais, il décide de vendre l'appartement familial et de partir avec ses deux plus proches amis : Laure et Samuel. Direction : Morro Bay, Californie. Morro Bay : une obsession nourrie depuis des années par la chanson de Lloyd Cole. La Californie : le pays mythique qui a marqué une génération. "Et rester vivant" raconte ce voyage initiatique. Entre fous rires et douleur. Découvertes, rencontres et retours sur le passe. Pour la première fois, Jean-Philippe Blondel se raconte. On retrouve sa douceur; on découvre son incroyable capacité de résistance. Et ce texte, qui fait définitivement le deuil, rend surtout un véritable hommage à la vie.

    Première page :

    "Bien sûr, ça m'a déjà traversé l'esprit, d'écrire sur cette période-là.

    J'ai tourné autour. J'ai effleuré.

    Mais je me disais que si je me mettais vraiment à raconter ce qui s'était passé, personne ne me croirait.

    Parce qu'il y a des limites à la fiction, mine de rien.

    Bref, je ne l'ai jamais fait.

    Je n'ai pas changé d'avis.

    Je ne cherche pas l'adhésion. C'est un combat perdu d'avance.

    Simplement, hier soir, j'ai reçu ce drôle de message électronique. 11 émanait d'un collègue écrivain que je connais à peine mais dont je lis avec plaisir les rares romans - il est du genre dilettante, dans l'écriture de livres, un tous les quatre ou cinq ans, ça semble lui suffire. Il s'appelle Laurent Sagalovitsch.

    Il habite sur la côte Pacifique du Canada. Hier, il devait s'ennuyer un peu.

    Alors il a surfé sur Internet, comme nous le faisons tous parfois, par pur désœuvrement. Il est allé sur le site de Lloyd Cole, un chanteur anglais dont il avait beaucoup écouté les disques dans les années quatre-vingt…

    Ce que j'en pense :

    C'est sobre, lucide, plein de pudeur, pas  de pathos dans cette autobiographie. On entre dans la tête du narrateur, c'est parfois étonnant, décousu, mais il y a de très belles pages.

    Et rester vivant

    Et rester vivant

     

     

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  • Le pas de l'âne

    "Le pas de l'âne" de Michel Séonnet - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Ce pourrait n'être qu'une accumulation de faits divers misérables.
    Élise a quitté mari et enfants et erre sur les routes.
    Noël vit dans la rue et dort dans des containers à poubelles.
    Isabelle est une enfant malade qui meurt autant de solitude.
    Deux filles se pendent à la même poutre d'une usine désaffectée. Loâna abandonne dans la benne à ordures l'enfant sortie de son ventre.
    Hervé, handicapé mental, fugue.
    La vieille Marthe va mourir.
    Des vies de rien. De celles que l'on croise sans les voir au détour d'une rue, d'un article de journal.
    Mais ici, au lieu de se perdre dans l'oubli et l'indifférence, c'est comme si elles venaient se greffer les unes sur les autres. Elles s'éveillent mutuellement. Se poussent en avant un peu comme des boules. Habituellement, dans les romans, les vies se croisent. Ici elles s'ajoutent.
    «Ce n'était peut-être qu'un seul mouvement, répète Élise, un seul mouvement de vie à l'intérieur duquel tout pouvait se déplacer, se transformer, s'échanger.»
    Les ânes sont les artisans de ce mouvement en avant qui vient tirer les personnages de l'oubli. De la mort aussi. Qui les conduit les uns aux autres.
    Le «pas de l'âne», c'est le mouvement de l'écriture elle-même.

    Première page :

    "Où avait-elle déniché ce gosse qui l'accompagnait, gamin enfui, sans doute, un jour de plus que rage, lançant son poing dans la gueule du père trop saoul, trop con, trop violent, et parti sur les routes (le gamin), tombant un beau jour sur cette femme qui avait l'âge d'être sa mère, ne sachant pas qui elle était, d'où elle venait, mais se laissant faire par cette douceur dont il n'avait pas même idée, douceur de mère ou bien d'amante il n'aurait su le dire puisqu'il n'avait connu d'amour que dans les coups et la violence et même ce qu'il avait cru aimer c'était encore taper sur la fille quand ça lui prenait, et le poing dans la gueule du père c'était peut-être pour en finir avec tout ça, même s'il n'avait pu prévoir cette femme sur sa route, sa tendresse, ses caresses, les mots qu'elle lui disait comme de petites histoires, et lui qui écoutait, la tête posée sur son épaule, ou entre ses seins.

    - Allez viens maintenant.

    Et ils reprenaient la marche, ou le stop, sous le regard interrogateur des camionneurs qui du coup dévisageaient la femme comme si c'était une pute - si le petit con la tirait, ils voyaient pas pourquoi ils allaient se gêner -…"

    Ce que j'en pense :

    C'est subtil, profond, sensible, très bien construit et remarquablement écrit, avec des moments d'une  grande force. C'est une très belle découverte (merci à Jean Pierre Simeon qui parle de Michel Séonnet dans son dernier livre "La poésie sauvera le monde"). Pourquoi un tel auteur est-il pratiquement absent des médias ?

    Pour en savoir plus, aller sur son site: http://petitspointscardinaux.net/la-vie-les-livres/

    Le pas de l'âneLe pas de l'âne

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  • Le silence du diable

    "Le silence du diable" de Leslie Kaplan -POL

    Présentation de l'éditeur :

    Jackie et Lou sont peu à peu obsédés par l’idée du renoncement qui peut survenir à tout moment de la vie ou qui peut même être déjà là, imprégnant tout acte, toute pensée, dès l’enfance. Ce renoncement, cette fin de la pensée, c’est ce que Leslie Kaplan appelle Le Silence du Diable.

    Première page :

    "Le matin il se réveille et il dit à voix haute, Lou.

    Il a une image dans la tête. Une affiche, comme dans un western, avec le mot wanted écrit en gros, et la figure de Lou.

    Désirée, il traduit, et en même temps il donne un coup de poing dans l'oreiller.

    Non, il corrige aussitôt en jetant l'oreiller à travers la pièce. Pas désirée. Recherchée.

    Il se lève.

    Il se dit, une fois debout, qu'il y a dans ce genre d'affiches d'autres mots, mais lesquels. Il a oublié.

    Il s'habille. Il passe un T-shirt, ensuite un pull. Au moment de sortir la tête du pull, il s'arrête, il étend les bras à l'horizontale, la tête est restée à l'intérieur du pull, il tourne sur place, les yeux fermés. Il voit parfaitement Lou, il voit aussi les mots écrits dans le bas de l'affiche, sous la tête de Lou, mais il n'arrive pas à les lire."

    Ce que j'en pense :

    Un livre constitué de petits chapitres, avec une écriture très dense et forte. C'est une réflexion sur la parole, l'écriture, sur le monde de l'art (du théâtre en particulier), sur l'enfant et les réactions ambivalentes que cela provoque, sur la folie qui peut concerner tout le monde.

    Le silence du diable

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  • En face

    "En face" de Pierre Demarty - Flammarion

    Présentation del'éditeur :

    Un homme, un jour, sort de chez lui, traverse la rue, et entre dans l'immeuble d'en face. Il n'en sortira plus - ou presque. C'est le début d'un étrange voyage immobile, qui l'entraînera dans des rêveries de grand large et des épopées insensées. A quoi ressemble le monde quand on a décidé de lui tourner le dos? Et que viennent faire là-dedans Paimpol, l'Islande, les goélettes et la philatélie ? Ça, il n'en sait rien encore, nous non plus, on va bien voir. Évoquant Bartleby et Blondin, Echenoz et Jarmusch par son humour autant que son univers mystérieux, En face nous embarque dans un drôle de périple, bercé de ritournelles et ponctué d'images fabuleusement déjantées. On s'y plonge comme dans une énigme; on en sort comme d'un songe.

    Première page :

    "Le 3 octobre, à cinq heures, un homme, dont le nom ne vous dira rien (lui-même ne vous en dirait guère plus), sort de son appartement, referme doucement la porte derrière lui, descend les escaliers, sort de l'immeuble, marque un temps d'arrêt, un dernier temps d'arrêt, à moins que ce ne soit le premier, traverse la rue, et voilà, c'est la dernière fois que Jean Nochez (appelons-le Jean Nochez) franchit le seuil de chez lui, ça y est, c'est décidé, ça a mûri et maintenant c'est décidé, encore que, décidé, le mot est fort, il sort, pour la dernière fois du moins avant longtemps, il ne sait pas encore combien de temps exactement, moi non plus, ni vous, on va bien voir.

    En tout cas c'est Solange qui va en faire, une tête."

    Ce que j'en pense :

    C'est un roman où il ne se passe rien mais le narrateur nous prend à témoin, comme si nous partagions quelques verres dans un bar, et il nous cause de cet homme qui va vivre en face de chez lui. Les digressions sont nombreuses et assez réjouissantes (jeu avec des références littéraires, des chansons, des expressions courantes…). On peut mettre un peu de temps à rentrer dans cet univers à l'écriture soignée (parfois un peu trop).

    En face

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  • La cité sans aiguilles

    "La cité sans aiguilles" de Marc Torres - Viviane Hamy

    Présentation de l'éditeur :

    Il était une fois... L'Horloger, l'Écrivain et le Guerrier, qui laissent derrière eux famille et patrie pour rejoindre la mystérieuse Cité sans aiguilles. Chacun commence alors un périple en solitaire.

    Pourtant, tous les chemins finissent par se croiser et c'est ensemble qu'ils poursuivront leur quête vers la Cité gouvernée par l'exceptionnel Roi Blanc. Elvira, la reine, et Guillaume, l'ami et précieux conseiller, sont les garants de l'équilibre du souverain, de sa sagesse et de sa bonté. Cependant, une souffrance intolérable a fait du Roi Blanc le Roi Fou, celui qui a renié son œuvre, et met en danger le bonheur et la paix de ses sujets en voulant à toute force inverser le temps... Ce défi lancé aux dieux l aidera-t-il à surmonter sa douleur ? Quels arcanes devront franchir nos personnages pour rendre à ses sujets la joie et l'allégresse que la folie du Roi leur a confisquées ?

    La Cité sans aiguilles est un voyage au pays des mythes et des légendes, une réflexion subtile sur l'art, la transmission, le pouvoir, l'amour fou, et les liens ténus qui tissent la vie des hommes.

    Première page :

    "Il avait dit adieu à sa famille, rangé sur sa mule son précieux matériel, sa vieille gourde en peau de chèvre et quelques provisions pour le voyage.

    Ses parents s’étaient levés à l’aurore pour le regarder partir. Sa mère l’avait longuement embrassé au moment de se séparer : le creux de sa nuque se rappelait encore l’humidité de ses larmes sur son col.

    – Tu es sûr de ta décision ? avait-elle insisté.

    – Ne vous inquiétez pas pour moi, mère.

    Où allait-il ? Il ne savait pas. Cela n’était pas important. On voyageait avant tout pour partir, non pour arriver.

    Son père l’avait accompagné jusqu’à la sortie du village, puisque, à défaut de larmes, les hommes ont leurs gestes pour pleurer.

    – Tu n’as rien oublié, au moins ?

    – Quoi de plus important que les souvenirs que j’emporte ?

    Il aurait pu dire qu’il reviendrait, et son père aurait fait semblant de le croire, mais tous deux savaient qu’ils se seraient menti."

     

    Ce que j'en pense :

    Conte poétique et philosophique, fable sur le temps, l'amour, l'art… voyage initiatique … le tout parsemé de sentences pleines de sagesse. Très beau livre, original, bien écrit, qui nous plonge dans l'univers merveilleux du "Il était une fois".

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  • Madame Diogène

    "Madame Diogène" de Aurélien Delsaux - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Madame Diogène ne vit pas dans un tonneau mais dans un appartement transformé en terrier. Elle y a accumulé au fil du temps des tombereaux d’immondices dont les remugles ont alerté les voisins. Elle n’en a cure, elle règne sur son domaine, observe le monde de sa fenêtre, en guette l’effondrement et le chaos. Elle sait qu’autre chose se prépare.
    Plongée vertigineuse dans la folie, analyse minutieuse de la solitude radicale, ce premier roman d’Aurélien Delsaux explore avec une force et une maîtrise étonnantes un territoire aussi hallucinant qu’insoupçonné.

    Première page :

    "- Ouvrez maintenant, soyez raisonnable. Ouvrez !

    On frappe et on gueule à sa porte, elle a ouvert un œil, le jour entre dedans et, par de maigres interstices, inonde de blanc jusqu'à son terrier. Je sais que vous êtes là : ouvrez !

    La rumeur des voitures qui monte du boulevard lui parvient, assourdie, comme un bourdonnement de guêpes que les coups, incessants, ponctuent. Parfois, elle parvient à entendre le Gros maugréer, la traitant de vieille charogne, de vieille teigne ;

    Tu vas ouvrir, vieille teigne ! grogne-t-il sans cesser de tambouriner.

    C'est presque devenu quotidien. Il tape, commençant quand il fait encore nuit, d'abord des coups secs, serrés, puis de plus en plus fort, du poing, du pied, il cogne et cogne encore. Il se dit qu'elle va avoir la trouille, il fait trembler toutes les cloisons, il se dit qu'elle n'a pas le choix."

    Ce que j'en pense :

    C'est un huis clos assez oppressant, étouffant. L'auteur décrit avec froideur et précision ce personnage qui plonge dans la folie mais réussit à nous le rendre presque sympathique. Ce roman ne peut pas laisser indifférent.

    Madame Diogène

    Madame Diogène

    Madame DiogèneMadame Diogène

     

     

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  • Une femme blessée

    "Une femme blessée" de Marina Carrère d'Encausse - éditions Anne Carrière

    Présentation de l'éditeur :

    Fatimah vit au Kurdistan irakien avec son mari, leurs enfants et la famille de son mari. Un jour, elle est emmenée à l’hôpital de Souleymanyeh, très grièvement brûlée. Un accident domestique, apparemment… « Apparemment » car ces accidents dont sont victimes de nombreuses femmes, en général très jeunes, masquent souvent des crimes d’honneur.

    Tandis que Fatimah va lutter pour vivre malgré ses blessures, pour ses enfants et le bébé qu’elle porte et qu’elle appelle le « bébé de la honte », la vie dans son village s’organise sans elle. À tel point qu’il semble qu’elle n’ait jamais existé. Seule sa fille aînée continuera à évoquer son souvenir.

    Que va devenir Fatimah ? Que s’est-il passé le jour de l’« accident » ? le jour où le « bébé de la honte » a été conçu ? Quels mystères planent sur cette femme ?

    Un roman poignant pour décrire la terrible réalité des crimes d’honneur.

    Première page :

    "Premier jour. Souleymanieh, Kurdistan irakien, hôpital des grands brûlés

    Il est 15 heures. Le soleil est au plus haut. Il fait chaud, l'air est étouffant. La rue est bruyante, la poussière omniprésente.
    À l'intérieur de l'hôpital, le calme n'en est que plus remarquable. Les stores baissés tamisent la lumière, il fait bon. Un havre de paix, en quelque sorte...
    On pourrait le penser si, dehors, il n'y avait l'enfer de la guerre. Cela fait près de trente ans déjà que le pays, hommes, femmes, enfants subissent l'horreur, la peur, la violence.
    Pourtant, l'horreur s'étend jusque dans les chambres de l'hôpital. On perçoit des gémissements. Pas des cris - les malades sont plutôt courageux, dignes -, mais des plaintes sourdes.
    Et puis, il règne une odeur fade, douceâtre, une odeur de pourri. C'est celle des corps grièvement brûlés. On a beau tout faire pour couvrir cette odeur - le sol vient d'être nettoyé, un chariot rempli de produits détergents et antiseptiques est parqué dans le hall -, elle est là, lancinante, elle s'infiltre dans les narines, occupe le terrain."

    Ce que j'en pense :

    Le thème du livre est intéressant et on sent bien que l'auteure connaît parfaitement son sujet. Mais la conduite du récit est assez convenue et le style en est plutôt simpliste. Pas facile d'être écrivain lorsqu'on est la fille de sa mère (Hélène) et la sœur de son frère (Emmanuel) mais ça aide quand même pour être publiée et achetée !

    Une femme blessée

     

     

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  • Un ciel rouge le matin

    "Un ciel rouge le matin" de Paul Lynch - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Tableau âpre et ténébreux de l'Irlande du XIXe siècle et de sa brutale réalité sociale, Un ciel rouge, le matin possède la puissance d'évocation des paysages du Donegal où il se déroule en partie. Le lyrisme sombre et poétique de Paul Lynch, qui signe là un remarquable premier roman, en exprime la force autant que les nuances, entre ombre et lumière.

    Printemps 1832. Coll Coyle, jeune métayer au service d'un puissant propriétaire anglais, apprend qu'il est expulsé avec femme et enfants de la terre qu'il exploite. Ignorant la raison de sa disgrâce, il décide d'aller voir l'héritier de la famille, qui règne désormais en maître. Mais la confrontation tourne au drame : Coll Coyle n'a d'autre choix que de fuir. C'est le début d'une véritable chasse à l'homme, qui va le mener de la péninsule d'Inishowen à Londonderry puis aux États-Unis, en Pennsylvanie. Pleine de rage et d'espoirs déçus, son odyssée tragique parle d'oppression et de vengeance, du lien viscéral qui unit les hommes à leur terre.

    Première page :

    "D'abord il n'y a que du noir dans le ciel, et ensuite vient le sang, la brèche de lumière matinale à l'extrémité du monde. Cette rougeur qui se répand fait pâlir la clarté des étoiles, les collines émergent de l'ombre et les nuages prennent consistance. La première averse de la journée descend d'un ciel taciturne et tire une mélodie de la terre. Les arbres se dépouillent de leur vêture d'obscurité, ils s'étirent, leurs doigts feuillus frémissant sous le vent, des flèches de lumière se propagent ici et là, cramoisies puis dorées. La pluie s'arrête, il entend les oiseaux s'éveiller. Ils clignent des yeux en secouant la tête, éparpillent leurs chants à travers le ciel. La vieille terre frissonnante se tourne lentement vers le soleil levant.

    Une tension contracte tout son être et Coyle refuse d'admettre qu'il a peur. Pendant des heures il a contemplé avec effroi la lente éclosion du jour. Derrière la vitre trouble, l'aube sur Carnavarn lui apparaît comme gondolée, une moirure de pourpre changeant. Sur les murs, la paresseuse retraite des ombres."

    Ce que j'en pense :

    Une chasse à l'homme en forme de western, où règne une grand violence sociale et économique. Les paysages sont admirablement décrits, avec beaucoup de phrases nominales, d'adjectifs. Premier roman à l'écriture travaillée (trop peut-être).

    Un ciel rouge le matin

     

     

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  • Bird Box

    "Bird Box" de Josh Malerman - calmann-lévy

    Présentation de l'éditeur :

    La plupart des gens n’ont pas voulu y croire. Les incidents se passaient loin, sans témoins. Mais bientôt, la menace s’est rapprochée, a touché les voisins. Ensuite, Internet a cessé de fonctionner. La télévision et la radio se sont tues. Les téléphones ne sonnaient plus. Certains, barricadés derrière leurs portes et leurs fenêtres, espéraient pouvoir y échapper.
    Depuis qu’ils sont nés, les enfants de Malorie n’ont jamais vu le ciel. Elle les a élevés seule, à l’abri du danger qui s’est abattu sur le monde. Elle a perdu des proches, a assisté à leur fi n cruelle. On dit qu’un simple coup d’oeil suffit pour perdre la raison, être pris d’une pulsion meurtrière et retourner sa violence contre soi. Elle sait que bientôt les murs de la maison ne pourront plus protéger son petit garçon et sa petite fille. Alors, les yeux bandés, tous trois vont affronter l’extérieur, et entamer un voyage terrifiant sur le fleuve, tentative désespérée pour rejoindre une colonie de rescapés.

    Arriveront-ils à bon port, guidés par leur seule ouïe et leur instinct ?

    Première page :

    "Malorie fait les cent pas dans la cuisine, une pièce chargée de souvenirs.

    Ses mains sont moites. Elle tremble. D'un orteil elle tape nerveusement sur les carreaux craquelés. Il est encore tôt ; le soleil ne pointe probablement qu'à peine au-dessus de l'horizon. La faible lumière semble atténuer l'opacité des couvertures collées contre les vitres.

    Il y a du brouillard.

    Les enfants dorment sous le grillage drapé d'un tissu noir au bout du couloir. Peut-être l'ont-ils entendue, un peu plus tôt, œuvrer à genoux dans la cour. Les microphones ont forcément transmis le moindre bruit aux amplificateurs installés à côté de leurs lits.

    Elle regarde ses mains, qui brillent légèrement à la lueur des bougies. Oui, elles sont humides. La rosée du matin n'a pas encore séché.

    Malorie pousse un profond soupir avant de souffler la bougie. Elle fait le tour de la petite pièce, observe les ustensiles rouilles et les assiettes craquelées."

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre qui se veut effrayant. Le point de départ de ce livre est plutôt intéressant et on s'y laisse prendre, on cherche à savoir ce qui rend fou les gens qui ont ouvert les yeux. Mais c'est quand même un peu long et, en tant que roman post-apocalyptique, c'est loin d'avoir la force de "La route" de Mc Carthy…

    Bird Box

     

     

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